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lundi 1 août 2022

« Livre de la vie » de Thérèse d’Avila (1562)

Qu’il soit béni à jamais, et plaise à Sa Majesté de me brûler vive, plutôt que de cesser de l’aimer.

(…) sans l’aide se Sa Majesté, il semblait impossible que l’on pût supporter un tel mal avec tant de joie.


(…) je ne disais de mal de personne, si peu que ce fût, mais, le plus souvent, j’évitais toute médisance, car j’avais toujours à l’esprit de ne pas vouloir dire d’autrui ce que je n’aurais pas voulu que l’on dise de moi.


Je ne me rappelle pas jusqu’à ce jour lui avoir rien demandé [saint Joseph] qu’il ne m’ait donné. Je suis émerveillée des grandes faveurs que Dieu m’a accordées par l’entremise de ce bienheureux saint, ainsi que des périls dont il m’a délivrée, tant du corps que de l’âme ; il semble que d’autres saints ont reçu du Seigneur la grâce de nous secourir dans un besoin particulier ; mais de ce glorieux saint, je sais par expérience qu’il le fait en toutes circonstances, et le Seigneur veut ainsi nous donner à entendre que, tout comme il fut lui-même soumis sur cette terre à celui qu’il appelait son père et qui, étant son père nourricier, avait sur lui autorité, au ciel, de même, il obéit à tout ce que ce saint lui demande.


(…) je ne veux ni le monde, ni rien qui vienne de lui ; et rien de me semble pouvoir me satisfaire, si ce n’est vous…


(…) même lorsque je vous abandonnais, vous, vous ne m’avez jamais tout à fait abandonnée, et vous m’avez aidée en me tendant toujours la main…


Je ne sais pourquoi nous nous étonnons de voir tous les malheurs de l’Eglise, puisque ceux-là mêmes qui devraient être des modèles de vertu pour tous ont effacé le travail dont l’esprit des saints de jadis avait marqué les ordres religieux. Plaise à la Divine Majesté d’y apporter le remède qu’elle verra nécessaire. Amen.


Pendant vingt ans, en particulier, j’ai eu tous les matins des vomissements et il m’arrivait de ne pouvoir prendre de petit déjeuner avant midi, et quelquefois plus tard (…) Quant à mon rhumatisme aigu et aux autres accès fébriles que j’avais fréquemment, j’en suis délivrée depuis huit ans (…) dans la maladie et la tentation, la véritable oraison consiste pour l’âme qui aime à offrir ses souffrances en se rappelant celui pour qui elle souffre et à s’y résigner…


(…) comme mon père avait atteint un état si élevé, il n’était plus aussi souvent avec moi : à peine m’avait-il vue qu’il s’en allait en disant que c’était du temps perdu…


Aussi, sauf l’année dont j’ai parlé, depuis vingt-huit ans que j’ai commencé à faire oraison, j’en ai passé plus de dix-huit à me battre, dans ce combat entre le commerce de Dieu et celui du monde.


(…) l’oraison mentale n’est rien d’autre, à mon avis, qu’un commerce d’amitié où l’on s’entretient seul à seul avec celui dont nous savons qu’il nous aime.


(…) maintes et maintes fois, pendant quelques années, j’étais plus occupée du désir de voir la fin de l’heure que je devais passer en oraison et d’entendre sonner l’horloge que de penser à d’autres bonne choses…


J’aime tout particulièrement saint Augustin (…) parce qu’il avait été pécheur, car je trouvais un grand réconfort auprès des saints qui l’avait été et que le Seigneur avait ramenés ensuite à lui (…)  Mais je le redis, une seule chose me désolait : c’est que le Seigneur ne les avait appelés qu’une fois et ils n’étaient pas retombés, tandis que moi, il m’avait appelée tant de fois, que j’en étais accablée. Mais en considérant l’amour qu’il me portait, je reprenais courage, car jamais je n’ai douté de sa miséricorde ; de moi, si, et plus d’une fois.


Je commençai à me plaire de plus en plus à passer mon temps avec lui et à détourner mes regards des tentations…


Il est clair que nous aimons une personne d’autant plus que nous nous rappelons souvent ses bienfaits. Eh bien, s’il est licite et fort méritoire de nous rappeler toujours que Dieu nous a donné l’être, qu’il nous a tirés du néant…


Il faut qu’ils s’accoutument à ne plus se soucier de voir ni d’entendre (…) à demeurer dans la solitude et, isolés, à penser à leur vie passée (…) méditer sur la vie du Christ… 


(…) qu’il aide ce maître à porter sa croix (…) qu’il prenne donc la décision, même si cette sécheresse devait durer toute sa vie, de ne jamais laisser le Christ tomber avec sa croix. 


(…) qu’il ne se soucie pas des mauvaises pensées, mais considère que le démon en présentait aussi à saint Jérôme dans le désert.


(…) car, assurément, de toutes les heures, où, depuis lors, le Seigneur m’a permis de jouir de lui, une seule me semble avoir payé toutes les angoisses que j’ai si longtemps endurées en persévérant dans l’oraison.


(…) car les faveurs qui s’ensuivent sont si éminentes, qu’il nous donne l’expérience de notre misère avant de nous les accorder pour qu’il ne nous arrive point la même chose qu’à Lucifer.


(…) et cela vient surtout, je crois, de ce qu’ils n’embrassent pas dès le début la croix du Christ et vivent dans l’affliction, persuadés de ne rien faire.


Sa Majesté (…) sait que ces âmes désirent déjà toujours penser à lui et l’aimer. C’est cette détermination qu’il veut de nous…


(…) il est très important que nul ne s’effraye ni ne se trouble de cette sécheresse, de cette inquiétude ou de la distraction dans les pensées. Pour gagner la liberté d’esprit et ne pas vivre sans cesse dans l’affliction, commençons par ne pas redouter la croix…


(…) l’avoir toujours présent en elle et lui parler, lui demander ce dont elle a besoin et se plaindre à lui de ses peines, se réjouir avec lui de ses joies, ne pas l’oublier pour autant et chercher, non des prières étudiées, mais des paroles conformes à ses désirs et à ses besoins (…) Cette façon de vivre en compagnie du Christ nous est profitable dans tous les états et c’est un moyen très sûr de progresser dans le premier degré d’oraison…


(…) tout cet édifice est fondé sur l’humilité…


(…) l’entendement cesse d’agir parce que Dieu le suspend (…) Prétendre ou penser le suspendre nous-mêmes, c’est ce que je demande de ne point faire…


Quand Sa Majesté le veut, en un instant elle nous enseigne tout, d’une manière qui m’ébahit.


Ayons une grande confiance, car il importe de ne pas diminuer nos désirs, mais, au contraire, de croire ce que Dieu nous a dit : si nous nous donnons courage, nous parviendrons peu à peu, même si ce n’est pas sur-le-champ, à un état que bien des saints atteignent avec sa faveur…


(…) ce que nous devons surtout chercher au début, c’est que l’âme ne s’occupe que d’elle-même et considère qu’il n’y a que Dieu et elle sur la terre…(…) Qu’ils se mettent en présence du Christ (…) et, sans effort de leur entendement, qu’ils lui parlent et se réjouissent avec lui, sans se fatiguer à construire un discours : qu’ils présentent leurs besoins et les raisons qu’il aurait de ne pas les admettre devant lui.


(…) nous nous mettons à méditer sur une scène de la Passion, par exemple le Seigneur attaché à une colonne…


(…) une fois que l’âme se tient pour vaincue et comprend clairement qu’elle n’a rien de bon par elle-même et qu’elle se sent honteuse devant un si grand Roi et voit le peu qu’elle lui donne pour tout ce qu’elle lui doit…


J’ai toujours eu ce défaut, je le répète, de ne pas savoir me faire comprendre, sauf avec beaucoup de paroles.


A peine en est-elle arrivée là qu’elle commence à perdre le désir des biens d’ici-bas (…) ce contentement (…) est un miracle si nous comprenons en quoi il consiste, car il s’en faut toujours d’un « oui-non » ; or là tout est « oui » à ce moment-là…


Est-il possible qu’elle comprenne que vous vous complaisez en elle et qu’elle recommence à vous offenser après tant de faveurs et de marques de votre amour pour elle, ce dont on ne peut douter, puisqu’on en voit si clairement les effets ? Oui, assurément, non pas une, mais bien des fois, et c’est la mienne. Et plaise à votre bonté, Seigneur, que moi seule sois l’ingrate, celle qui vous a montré un tel excès de malice et d’ingratitude ; car, même de ce mal votre infinie bonté a su tirer quelque bien…


(…) n’avoir d’autre résolution que d’aider le Christ à porter sa croix…


(…) se rappeler la brièveté de toutes choses, que tout est néant…

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