Nombre total de pages vues

dimanche 17 juillet 2022

« Incroyables chrétiens - 1001 personnes qui ont changé le monde » de Dominique Boulc’h (2020)

En 2018, dans le monde, tous les dix jours, un représentant de Eglise a été assassiné. Si peu de médias en ont parlé.

Tout observateur a remarqué dans le document final [de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme] l’usage régulier du concept de « personne » par rapport à l’emploi du mot « individu ». Cette analyse traduit notamment l’empreinte d’une pensée marquée par le christianisme (…) 

La pensée de Maritain a une influence décisive auprès des rédacteurs de la Déclaration universelle des Droits de l’homme, proclamée par les Nations Unies le 10 décembre 1948 (…) Dans son ouvrage Christianisme et démocratie, publié en 1942, le penseur Maritain conçoit que la « poussée démocratique, liée au christianisme, a surgi dans l’histoire humaine comme une manifestation temporelle de l’inspiration évangélique » (…)

De son côté, l’historien et académicien René Rémond notera que « l’universalité de cette Déclaration de Droits de l’homme est encore contestée aujourd’hui par certains Etats islamiques qui la remettent en question en raison, précisément, de ses origines chrétiennes et occidentales. »

(…) Dans le Figaro du 10 mai 2016, le journaliste Renaud Girard note qu’un « promeneur, cheminant sur les routes européennes, mais ignorant les racines chrétiennes de l’Europe, ne pourrait rien comprendre, ni à ses monuments, ni à ses noms de lieux, ni à ses jours fériés, ni à ses œuvres d’art, ni à ses livres de philosophie. »  (…)

« Quoi qu’on en pense de ses contrefaçons idéologiques, l’égalité est issue en droite ligne du message évangélique puis apostolique ; nulle part ailleurs l’orphelin, l’indigent, l’étranger, le stropiat, le vagabond ne se sont vu accorder une dignité égale à celle du puissant, du riche ou de l’indigène. » (Denis Tillinac, Dictionnaire amoureux du catholicisme) (…)

La fraternité a été introduite pendant la révolution de 1848 sur une proposition de Lamartine, au cours du rapprochement des forces républicaines et du christianisme social. « En 1848, c’est la rencontre entre les Lumières et les Evangiles », selon la magnifique expression du philosophe Régis Debray.


Dès les origines du christianisme, on distingue le spirituel et le temporel, à l’aune des paroles du Christ : « Rendez à césar ce qui est César et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Marc 12, 17). Au XVI è siècle, saint Thomas d’Aquin théorise la différence entre la loi de Dieu et le « droit naturel », œuvre des hommes. On peut donc parfaitement être chrétien et laïc.

(…) Ferdinand Buisson, père fondateur de la laïcité : « La morale laïque est étroitement liée à la morale évangélique (…) La morale laïque est ainsi redevable à l’Evangile pris à sa source, avant les dogmes, avant les systèmes ».


Henri IV. A l’issue de la Saint-Barthélémy, ses quatre année de prison au Louvre le transforment en véritable humaniste (…) Roi protestant d’un pays catholique, pour calmer les tensions entre les deux familles chrétiennes, il change de religion cinq fois au cours de sa vie. En 1598 le monarque promulgue l’Édit de Nantes, mettant ainsi fin aux guerres de religion qui déchirent la France.


La prise de conscience de la chrétienté devant l’abomination esclavagiste a débuté officiellement le 29 mai de l’année 1537, avec la Lettre apostolique Sublimis Deus du pape Paul III. Face au développement du Nouveau Monde, le souverain pontife, au nom de la sainte Église catholique romaine, interdit l’esclavage et prône le respect envers les non-chrétiens. Mais ses injonctions ne rencontrent aucun écho chez les trafiquant d’êtres humains (…)

Le prêtre dominicain Bartolomé de La Casas (…) « mauvaise conscience des conquistadors » (…) a été le premier « humanitaire » de toute l’histoire, selon Rony Brauman, ancien responsable de Médecins sans frontières (…)

Parmi les premiers à s’être opposés à l’esclavage se trouvent les Quakers (…) En 1787, les Quakers anglais ont fondé la Société pour l’abolition du commerce des esclaves (…) Un an plus tard, les Français suivent l’exemple britannique en créant la Société des amis des Noirs, fondée par Jacques Pierre Brissot et les élites protestantes. Ils seront à l’origine de la suppression de l’esclavage en 1793 à Saint-Domingue, l’ancienne colonie française devenue Haïti.

(…) les congrégations de missionnaires, à l’exemple des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny ou des Frères de Ploërmel, ont joué un rôle fondamental dans l’antiesclavagisme, en œuvrant pour l’émancipation des Noirs dans les colonies.

(…) le premier maître d’œuvre de la lutte est le pasteur Guillaume de Félice. Celui qui passera plus de quarante ans de sa vie à dénoncer cette hérésie, rédige en 1846 le texte d’une vaste pétition en faveur de l’abolition. Le mouvement est organisé dans les paroisses catholiques et protestantes. Les milliers de signatures sont déposées à l’Assemblée nationale. Il faudra attendre deux années avant le vote de l’abolition de l’esclavage par les parlementaires français en 1848 (…)

Fervent croyant, le président Lincoln appartient à l’Eglise baptiste. Sa bonté d’âme sera même critiquée par ses propres partisans (…)

La Case de l’oncle Tom est le livre le plus vendu du XIXè siècle; juste derrière la Bible. Son auteur, Harriet Stowe, est une abolitionniste déterminée. Elle est enseignante et pasteur à la Hartford Female Academy.


Rosa Parks, la petite couturière de Montgomery, est inspirée par une foi profonde, enseignée par son oncle pasteur mais également par l’Eglise épiscopale africaine, qui depuis des générations défend résolument le principe de l’égalité raciale (…) « J’ai eu la chance que Dieu m’insuffle la force dont j’avais besoin, au moment précis où la situation était mûre pour le changement. »

(…) saviez-vous que l’expression de « Nation arc-en-ciel » fut inventée par Desmond Tutu ? L’archevêque anglican du Cap est désigné par Mandela pour présider la commission « Vérité et réconciliation » afin de solder la douloureuse période de la guerre des races. Pendant quatre ans, le leader religieux offre une expérience humaine sans précédent dans l’histoire de l’humanité, où chacun est invité à prendre la parole. Les victimes, mais également les bourreaux, témoignent des horreurs commises au nom de l’apartheid (…) Nelson Mandela a souvent reconnu le rôle essentiel des Eglises sud-africaines pour la réussite du processus de paix.


(…) le poète sénégalais Léopold Sédar Senghor, premier président de la République du Sénégal indépendant, un fervent catholique réélu par cinq fois, de façon tout à fait démocratique, dans un pays à 90% musulman (…) Julius Nyerere, président de la République de Tanzanie. En 1985, contrairement aux habitudes de la majorité des autres chefs d’Etats africains, il se retire du pouvoir, après avoir quand même dirigé le pays pendant vingt-et-un ans ! (…) Croyant fervent et pratiquant - l’Eglise catholique a d’ailleurs ouvert sa cause de béatification - , Julius Nyerere joue un rôle de médiateur dans de nombreuses crises qui secouent l’Afrique : au Burundi, en Somalie, au Darfour.


On se souvient pourtant de la chasse aux « curetons » et aux « bonnes sœurs » pratiquée entre 1901 et 1904, où trente mille moines, frères ou religieuses furent contraints à l’exil d’une façon extrêmement violente (…) Les sœurs, qui avaient dû fermer leurs écoles et abandonner leurs habits de nonnes après la loi leur interdisant l’enseignement en 1902, reviennent ainsi en odeur de sainteté. Dans les hôpitaux publics, d’où elles avaient été chassées en 1905, combien de religieuses ont pansé et réconforté tant de blessés ? Georges Clémenceau, athée convaincu et d’une grande méfiance à l’égard de l’Eglise et de ses représentant, le reconnaîtra : « Il serait monstrueux de chasser de nouveau, la guerre terminée, les gens aux soins desquels on a été trop heureux de confier nos nombreux blessés, qui sans eux, trop souvent, n’en auraient reçu aucun. » (…) La fin de la guerre a été initiée par Matthias Erzberger, fervent catholique allemand, proche de Benoît XV. En juillet 1917, à la suite d’un séjour à Rome, le ministre d’Etat est séduit par le plan de paix proposé par le pape. La motion de paix est soumise au Reichstag et adoptée par la majorité des députés. C’est Matthias Erzberger qui présidera la délégation dans le train de la clairière de Rethondes. Le pacifiste convaincu appose sa signature au bas de la convention d’armistice, qu’il signe le 11 novembre 1918. Erzberger passera pour le « tombeur d’Empire » et sera assassiné en août 1921 par des néo-fascistes. Maria, sa fille aînée, venait d’entrer au Carmel.


Dès 1932, un journaliste français, Xavier de Hauteclocque, écrit plusieurs ouvrage pour dénoncer la montée du national-socialisme. Après un dernier séjour en Allemagne, l’aristocrate catholique est empoisonné par les nazis et meurt en avril 1935. Cousin germain du maréchal Philippe Leclerc de Hauteclocque, plus connu sous le nom de général Leclerc, Xavier de Hauteclocque a inspiré les premières actions de résistance française, nées à la suite des accords de Munich signés fin septembre 1938 (…) Fin 1938, les partisans de la NEF, un mouvement anti-fasciste et résolument chrétien, sont présents dans cent cinquante groupes et répartis dans la moitié des départements français. Tous ces démocrates d’inspiration chrétienne étaient plutôt minoritaires durant l’entre-deux-guerres, et souvent marginalisés (…) ils seront les premiers résistants au nazisme et à ses alliés vichystes (…)

Georges Bidault, éditorialiste au journal l’Aube, et futur successeur de Jean Moulin, considère que « ce sont les hommes des Nouvelles équipes françaises qui ont constitué la première infrastructure de la Résistance, au moins en zone occupée. » Parallèlement, entre les accords de Munich et les jours qui suivirent l’armistice, en juin 1940, les revues catholiques, La Chronique sociale, Étude, Témoignage chrétien et L’Aube attirent l’attention sur le danger nazi. Maurice Schuman le rappellera alors : « La part prise par ses fondateurs à la Résistance des premiers jours, a conféré aux catholiques français la plénitude du droit de cité que leur avait contesté la IIIè République. » (…) De son côté, en août 1940, Henri Frenay, profondément catholique, fonde avec la protestante Berty Albrecht une organisation clandestine qui sera considérée comme le premier mouvement historique de Résistance intérieure : le Mouvement de libération nationale. Quelques mois plus tard, à Lyon, une équipe de militants chrétiens, dirigée par un professeur de droit François de Menthon imprime le journal Liberté. Le premier numéro paraît le 25 novembre 1940. A la fin de l’année 1941 Liberté et le Mouvement de libération nationale s’unissent pour fonder un journal et le plus important mouvement de la Résistance : Combat. La très grand majorité des militants de Combat sont alors issus du catholicisme social.

Ne l’oublions pas, le Parti communiste français est seulement entré en résistance le 22 juin 1941, au moment où les armées de Hitler lancent l’opération Barbarossa et envahissent l’URSS. Avant cette date, ne voulant pas nuire au pacte de non-agression signé entre les Allemands et les Soviétiques, le PCF n’a formulé aucune critique envers les nazis, au nom de leur lutte commune contre la bourgeoisie (…)

En Bretagne, répondant à son appel lancé en juin 1940, invitant les Français à se joindre à lui, cent vingt-huit habitants ont quitté la très catholique île de Sein pour gagner Londres (…) Après leur arrivée en Angleterre, de Gaulle a comparé le nombre de Sénans avec les Français venus d’autres régions. Un tel constat qui a inspiré au général une phrase historique : « L’île de Sein est donc le quart de la France. »


Selon Patrick Cabanel, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Toulouse Le Mirail, « le pourcentage de membres du clergé catholique et protestant parmi les Justes est considérable, plus de 9%, une sur-représentation exceptionnelle, eu égard à l’étroitesse de la population ecclésiastique » (…)

Dans la capitale des Gaules, un pasteur suisse, Roland de Pury (…) crée avec le père jésuite Pierre Chaillet et d’autre religieux, l’organisation Amitié chrétienne, dont l’objectif est de sauver les juifs (…) Le père Chaillet, emprisonné, torturé puis relâché, continue sa lutte contre la barbarie de manière clandestine dans Les Cahiers du Témoignage chrétien (…)

A Toulouse, le dimanche 22 août 1942, une lettre rédigée du cardinal Saliège est lue dans toutes les églises de son diocèse (…) l’historien Jacques Sémelin en a fait l’écho : « Au terme d’années de travail sur la période nazie, j’affirme que deux discours publics, prononcés par des Français sont fondamentaux : celui du général de Gaulle le 18 juin 1940 et la lettre pastorale du cardinal Saliège contre l’intolérable et inique déportation des Juifs en France. Cette mémoire de Saliège n’est pas suffisamment reconnue dans notre pays. »

Au couvent des capucins de Marseille, le père Marie-Benoît de Bourg d’Iré (…) a évité les convois de la mort à près de quatre mille cinq cent Juifs (…)

Le jeune Serge Gainsbourg a été caché par des jésuites. Ses sœurs étaient alors, au même moment, sous la protection d’un couvent. Le célèbre neuropsychiatre Boris Cyrulnik lui aussi fut « sauvé par des chrétiens ». Serge Klarsfeld, qui deviendra le plus célèbre « traqueur de nazis », a été protégé par Pierre Merli, fervent catholique. (…) Grâce à tous ces actes exceptionnels, avec le soutien de femmes et d’hommes de courage et de cœur, plus des trois quarts des personnes juives résidant en France ont survécu à la Shoah (…)

« C’est à cette époque que j’ai découvert ce que vous appelez la charité et la miséricorde. Partout où il y avait une soutane noire, il y avait un refuge (…) Je dois la vie de ma petite famille à un monastère dans lequel ma femme et ma fille ont trouvé refuge… La mère de ma femme a été déportée mais ma femme et ma fille ont été protégées par les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul » (Emmanuel Levinas, Judaïsme et christianisme). L’opinion de l’éminent philosophe est partagée par Gilles Jacob, l’ancien président du Festival de Cannes. De confession juive, il a fui la barbarie en compagnie de son frère et de sa maman. Ils sont resté en vie grâce à une cachette dans un séminaire perdu de la Grande Chartreuse : « Je ne laisserai jamais dire que l’Eglise s’est mal conduite envers les Juifs pendant la guerre. Car ces prêtres m’ont sauvé la vie. Je leur dois tout, moi et ma famille. Et en plus, il n’ont pas cherché à nous convertir. «  (…)

Aucune autre communauté humaine n’a été autant victime des nazis en raison de son soutien à ses frères Juifs.


Dès novembre 1949, Gilbert Renault, alias le colonel Rémy, fonde le premier réseau de renseignement la confrérie Notre-Dame. Considéré comme le plus grand agent secret de la France libre, le colonel Rémy a puisé une force indéniable dans sa foi. La résistance au nazisme organisée depuis Londres doit également beaucoup à Maurice Schumann, le porte-parole de la France libre, également un chrétien rayonnant. Une fois l’armée allemande vaincue, il formera avec d’anciens résistants le MRP (Mouvement républicain populaire), le puissant parti démocrate-chrétien, qui, déjà, souhaitait dépasse le clivage gauche-droite.

Honoré d’Estienne d’Orves (…) l’officier de marine forme avec ses amis chrétiens un des plus importants réseaux de renseignement qui porte d’ailleurs son nom Estienne d’Orves. Martyr de la Résistance, il est exécuté, avant une dernière prière, au Mont-Valérien, le 29 août 1941.

(…) le réseau Défense de la France, dirigé par un autre héros de la Résistance, le catholique Philippe Viannay, qui par ailleurs, à l’issue du conflit mondial, fondera le quotidien France soir et le Centre de formation des journalistes.

Pendant l’occupation allemande, le Chant des partisans a retenti dans les maquis. Souvent considéré d’inspiration communiste, l’hymne de la Résistance a été écrit en vérité par l’écrivain juif Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon, à la foi catholique bien affirmée (…)

Des milliers de réfugiés affluent à Bordeaux, fuyant l’avancée nazie. Dans la préfecture de la Gironde, au consulat du Portugal, Aristides de Sousa Mendes (…) est un catholique profondément fervent. Grâce à sa foi et à son courage, trente mille réfugiés, dont dix mille Juifs, ont échappé à l’infamie nazie. Malgré tout, son nom reste inconnu des manuel d’histoire. Aujourd’hui, Aristides de Sousa Mendes est considéré par le comité Yad Vashem, comme l’un des plus grands justes.


Pendant la messe des Rameaux, en mars 1937, l’encyclique Mit brennender Sorge du pape Pie XI est lue dans toutes les églises catholiques allemandes (…)

Le pape Pie XII, tant décrié, a été réhabilité par Serge Klarsfeld, qui a passé sa vie a traquer les nazis : « Pie XII était un pape diplomate (…) Mais, en ouvrant es couvents, il a protégé la majorité des Juifs de Rome. Les hitlériens le considéraient comme un opposant. Goebbels l’a même traité de « pape des Juifs ». Tous les Juifs sont venus lui rendre hommage après la guerre ! Golda Meir, les rabbins de France et d’Italie. » Grâce à l’ouverture des archives du Vatican, les historiens ont appris le vol des plans militaires par des jésuites à Berlin, ou encore le relais du pape Pie XII de missives secrètes et d’enregistrement clandestins aux Alliés. En réalité, pendant toute la guerre, le Saint Siège est transformé en une agence d’espionnage.


La dictature argentine durera moins longtemps qu’au Chili, mais sera encore plus sanglante (…) Pour contrer les opposants, les autorités militaires mettent en place de véritables camps de concentration. Les historiens recommandent un chiffre hallucinant de trente mille morts ou disparus (…) Les deux Françaises apportent un soutien moral et toute une logistique aux « Folles de Mai ». En décembre 1977, l’armée enlève douze personnes liées aux mères éplorées (…) ainsi que les deux religieuses françaises. Après des séances de torture, ces femmes sont jetées vivantes depuis un avion dans l’océan.


A Paris, à la tribune de l’Assemblée nationale, le premier homme politique français à s’insurger contre la pratique de la torture durant la guerre d’Algérie est l’abbé Albert Gau, député de l’Aude.

Pourtant, en 1961, le général Challe, commandant des forces armées, refuse la politique d’autodétermination algérienne souhaitée par le président de Gaulle. Le 22 avril, avec ses homologues Salan, Jouhaud et Zeler, il organise à Alger le putsch des Généraux. Au quatrième jour de l’insurrection des officiers, le père François de l’Espinay, aumônier en chef en Algérie, rend visite à son ami le général Challe (…) Le soir même, après cette entrevue avec le père de l’Espinay, le général Challe se rend. Le coup d’Etat militaire échoue et les généraux sont arrêtés. Sans l’intervention déterminante du père de l’Espinay, la guerre d’Algérie aurait certainement pris une tournure encore plus dramatique.


Lech Walesa, pétri par la foi, reconnaît avoir été bien inspiré : « Après l’échec douloureux des grèves des années 1970, j’ai décidé de remettre toutes mes activités sous la tutelle divine (…) L’homme qui a confiance en Dieu reçoit de lui son soutien car il sait que, lui-même, il ne peut résoudre les problèmes difficiles. Aussi, je ne me vante pas les succès, ni ne pleure les défaites. Je sais que chaque victoire s’obtient par la force d’en haut. »


Pour marquer leur refus de l’occupation soviétique, les catholiques lituaniens ont planté des centaines de milliers de croix et de crucifix à Siauliai. La Colline des Croix, symbole de résistance, est aujourd’hui le monument le plus visité en Lituanie.


En janvier 1990 Erich et Margot Honecker, après une courte incarcération, sont jetés à la rue. N’ayant trouvé aucun camarade pour recueillir l’ex-dirigeant de la RDA et son épouse, c’est un pasteur, Uwe Holmer, pourtant considéré comme un ennemi de l’Etat par le régime communiste, qui leur ouvrira les portes des a maison. Les Honecker y resteront trois mois.


Le goulag le plus important et le plus sordide est situé dans les îles Solovki (…) D’après les archives du KGB, plus de cinq cent mille femmes et hommes d’Eglise, en majorité orthodoxes, sont morts dans ce goulag, après avoir subi d’atroces souffrances dues à la faim, au froid extrême, aux tortures, ajoutées aux épreuves morales telles que des blasphèmes et des actes sacrilèges (…) 

Mikhaïl Gorbatchev, lui-même, a été baptisé par sa grand-mère (…) A la stupéfaction du monde entier, les obsèques de Raïssa ont été célébrées, selon ses dernières volontés, à l’église. désormais Mikhaïl Gorbatchev est très clair avec sa foi chrétienne.


(…) Yann Arthus-Bertrand, agnostique, qui connaît si bien l’Afrique : « Beaucoup gueulent contre les missionnaires, mais ils n’ont pas compris leur rôle incroyable. Aujourd’hui, s’ils n’étaient pas là, le continent africain s’écroulerait ! Cette espèce de tradition d’aider les autres est formidable. Je ne sais si c’est la foi, mais ces religieuses et religieux sont resplendissants. »


Sur le même continent, plus de deux cent évêques d’Amérique latine ont également condamné l’ouverture de l’Amazonie à l’exploitation minière, en publiant un communiqué commun : « Nous demandons aux parlementaires de défendre l’Amazonie, en empêchant que davantage de compagnies minières détruisent un de nos plus importants patrimoines naturels. Nous ne nous résignons pas à la dégradation humaine et environnementale. » (…) Aujourd’hui, au Mexique, les narcotrafiquants assassinent régulièrement les prêtres qui dénoncent leur commerce de la mort : depuis 2013, trois à quatre prélats sont tués chaque année (…) 


Allez demander à un Argentin, un Bolivien, un Mexicain ou encore à un Congolais, un Gabonais, un Philippin de raconter l’histoire de leur pays. Si tous ces religieux avaient été à la solde du pouvoir, comme on le dit ici, vu de France, le peuple ne les aurait jamais suivis comme ils l’ont fait.


Le 26 février 1986, une marée humaine estimée à deux millions de personnes  se rassemble à EDSA, l’avenue principale de Manille. La foule chante, prie, psalmodie. L’armée refuse de les disperser. Sur les conseils des autorités américaines, le couple Marcos choisit la fuite, laissant à Cory Aquino, la présidence de la République. Les Philippins ont réussi l’une des premières et des plus impressionnantes révolutions pacifiques au monde.


Les leaders de Tian an Men, pour la plupart exilés en Ocident, n’ont pas renoncé à sauver la Chine. Mais cette fois, selon l’écrivain dissident Yu Jie, ils ne s’appuient plus sur la démocratie, mais « sur sa source : le message de l’Evangile. »

(…) A Hong-Kong (…) « Occupy Central » est co-fondé par le pasteur baptise Chu Yiu-Ming…


En Calabre, la Ndrangheta a menacé de mort don Giacomo Panizza, qui a installé son association au service des personnes handicapées, Projet Sud, dans un immeuble confisqué au milieu local (…) père Gisueppe Puglisi, dit Padre Pino, prêtre dans la banlieue de Palerme, fondateur d’un centre social pour sortir les enfants de l’embrigadement des criminels, et lui aussi victime de la mafia sicilienne. Il avait 56 ans…


Hervé Le Bras, démographe et Emmanuel Todd, anthropologue, ont dressé en 2013 un portrait inattendu de notre pays. Dans leur ouvrage Le mystère français, ils constatent que la France qui se porte le mieux est celle qui reste imprégnée de l’empreinte du christianisme, en dépit de l’effondrement de la pratique religieuse.


 (…) hormis l’Alsace, ce sont les départements ruraux et modestes qui sont les plus généreux, tels la Lozère, le Doubs ou le Cantal, où, précisément, la pratique religieuse est plus importante que dans la moyenne des départements français.

Les pratiquants réguliers aux offices du dimanche sont le champions de France pour les dons : 82 % d’entre eux donnent à au moins un œuvre ou une association, pas spécifiquement chrétienne, ce qui n’est le cas que pour 42% des Français.


Ce sont les congrégations religieuses qui sont  l’initiative des « fonds éthiques », appelés également Investissements socialement responsables (ISR). En 1983, Sœur Nicole Reille, alors économe et religieuse de l’Assomption, obtient des banques la création de fonds éthiques, pour que l’épargne des congrégations, destinées aux retraites des religieux, écartent des portefeuilles boursiers les entreprises appartenant à des secteurs d’activités moralement répréhensibles.


Au Moyen Âge, les avocats, en grande majorité des ecclésiastiques, doivent impérativement défendre une juste cause. Ces hommes portent une soutane de religieux fermée par trente-trois boutons, symbolisant l’âge du Christ à sa crucifixion. Cette référence à Jésus a été conservée. Depuis lors, les tuniques noires d’avocat ont toujours le même nombre de boutons.


Une alternative à l’enfermement est née il y a plus de quarante ans, grâce à la Fraternité brésilienne d’assistance aux condamnés. La FBAC est une ONG qui supervise une cinquantaine de prisons où les détenus reçoivent les clés de leur propre cellule. Pendant que les gardiens jouent plutôt un rôle d’assistant, les prisonniers, appelés personnes en convalescence, travaillent, étudient, font du sport, assistent à des conférences et participent, dans leur immense majorité, aux célébrations religieuses. La place accordée à la spiritualité est fondamentale pour favoriser la réhabilitation. Au Brésil, le taux de récidive est vertigineux, d’environ 70%, alors qu’il est proche du néant dans les établissements de la FBAC (…)

Dans l’Hexagone, on compte plus de 70% de récidive à la sortie de la prison (…) les prisons françaises détiennent le record européen de suicidés (un tous les trois jours).


Aux Etats-Unis, le livre de Rachel Carson Printemps silencieux, publié en 1962, eût un impact considérable sur les consciences. La biologiste (…) y évoque notamment un printemps privé du chant des oiseaux, décimés par les produits toxiques.


En 1970, à la tribune de la FAO (…) le pape Paul VI s’exprime en ces termes : « La détérioration progressive de ce qu’il est convenu d’appeler l’environnement risque de conduite à une véritable catastrophe écologique. »  (…) En 1978, Jean-Paul II place son enseignement sous le patronage de saint François d’Assise et l’année suivante le désigne patron des écologistes (…) Aujourd’hui, au cœur de notre monde, les moines et les moniales sont peut-être les seuls véritables écolos.


Les rédacteurs de La Vie claire, dans leurs éditoriaux, désignent également l’effritement de la famille et de la religion comme responsable de la déliquescence ambiante. Au niveau alimentaire, La Vie claire, journal précurseur, invite ses lecteurs à acheter uniquement des fruits et légumes de saison… Et notamment dans ses magasins ! La première boutique a été ouverte à Paris, en 1948, pour répondre notamment à la demande de son lectorat envers une alimentation naturelle et sains, telle que décrite dans la revue.


Élève chez les jésuites, proche des mouvements catholiques ouvrier, il fréquente l’Arche, une communauté chrétienne du militant pacifique Lanza del Vasto. Ce n’est un mystère pour personne, José Bové et son ancienne compagne, Alice Monier, ont été très marqués par le christianisme. Au printemps 1973, Bové découvre le Larzac et se lie avec un catholique fervent, Bernard Lambert, responsable des Paysans travailleurs. Quelques années plus tard, les deux amis vont fonder ensemble al Confédération paysanne. En 2015, José Bové s’est attiré els foudres d’une partie des a famille écologiste en affirmant son opposition ferme contre les manipulations génétiques et la gestation pour autrui, la GPA…


Pierre Rabhi est né en Algérie en 1938, de parents musulmans. Adopté par une famille de Français, il découvre les Évangiles et se convertit à 16 ans au christianisme.


En 1972, dans le sud du Massif Central, Lanza del Vasto suit un jeûne de protestation pour soutenir les paysans du Larzac, qui s’opposent à l’extension d’un camp militaire. Face aux agriculteurs les plus farouches, souvent maoïstes, voulant en découdre avec les gendarmes, la très grande majorité préfère l’action pacifiste car « à 85% nous étions chrétiens. Nous croyions à l’Évangile et nous avons adopté la non-violence (…) » Ainsi se souvient Pierre Burguière, l’un des leaders du mouvement au Larzac. Son collègue Léon Maillé ajoute : « On s’est sentis forts parce qu’on avait la caution de l’autorité religieuse. » En effet, les paysans avaient obtenu l’appui moral des évêques de Montpellier et Rodez.


(…) René Dubos, pour qui « les mots théologie et écologie sont pratiquement interchangeables ». Cet agronome et biologiste français, codécouvreur des antibiotiques, émigré aux Etats-Unis, a participé au premier Sommet de la Terre, à Stockholm en 1972. Le mystique René Dubos est devenu célèbre en prononçant quatre mots, tellement essentiels : « Penser global, agir local. »


L’Afrique est le continent le plus touché par le virus du sida. Tandis que Les Blancs européens voient toujours dans le préservatif la seule et unique solution pour éviter sa propagation, les Églises, surtout catholiques, prônent une éthique de la responsabilité, une éventuelle abstinence et une fidélité sexuelle entre conjoints. L’Organisation Mondiale de la Santé, et plusieurs dirigeants africains ont confirmé en 2009 l’efficacité d’un tel discours. Selon l’OMS, les pays catholiques, au départ parmi les plus touchés, ont été dix ans plus tard, parmi les plus épargnés. Pour Blaise Compaoré, l’ex-président du Burkina-Faso, « se focaliser sur le préservatif, c’est passer à côté du problème du sida. Beaucoup de gens ignorent le travail de l’Eglise en Afrique, qui apporte sa contribution. Si l’abstinence est un moyen de prévention, nous n’allons pas nous en priver ! »


(…) 42% des structures sanitaires en Afrique ont été fondées par l’Eglise catholique. En Éthiopie, 1% de catholiques fournit 90% de l’aide sociale dans ce pays.


Depuis 1999, le gynécologue Denis Mukwege a sauvé des milliers de congolaises, fracassés par des violences sexuelles d’une ampleur et d’une horreur effrayantes (…) Le docteur Mukwege, prix Nobel de la paix en 2018, tient à « servir Dieu et servir l’humanité ». A l’hôpital Panzi, en République démocratique du Congo, il assure un remarquable travail de clinicien, puis le dimanche, il revêt les habits du prédicateur pentecôtiste, reprenant le flambeau laissé par son père pasteur.


Dès le IVè siècle, l’Eglise met en place des distributions d’aides aux plus pauvres, victimes de la famine. Les évêques incitent les plus riches à faire des « dépôts de pieté » ; ces dons permettent de construire des asiles. Plus tard le nom d’hôtel-Dieu s’imposera. il ne s’agit pas encore d’un endroit où sont prodigués des soins médicaux, mais plutôt d’un lieu d’accueil pour les indigents (…) En 1195, Guy de Montpellier (…) fonde l’ordre du Saint-Esprit de Montpellier et crée le premier véritable hôpital, désormais un lieu d’accueil et de soins. Avec ses chevaliers, ils partent en véritable croisade contre toutes les misères (…) Aujourd’hui bon nombre d’hôpitaux publics ont conservé leur héritage chrétien grâce à leurs noms, tels Sainte-Anne, Saint-Vincent, Les Diaconesses, La Providence, La Pitié-Salpêtrière…


L’historienne Elisabeth Dufourcq a remarqué avec justesse : « Peut-être, n’est-ce pas un hasard si le XIX siècle post-napoléonien fut aussi celui de l’épanouissement de la vie religieuse féminine. Comment ne pas s’interroger sur les raisons du décalage qui s’instaure alors, entre l’immense fécondité des œuvres que les religieuses inspirent, fondent et et administrent, et la modestie de celles attribuées parallèlement aux femmes mariées ? »


Puis une Anglaise, Cicely Saunders, donne l’élan décisif à ce mouvement remarquable des soins palliatifs (…) En 1959 (…) l’infirmière anglaise pose les bases d’un établissement conformes aux dernière volontés de David Tasma. A Londres, le célèbre St Christopher’s Hospice devient ce lieu d’accueil destiné aux patients en phase terminale. Cet endroit d’inspiration religieuse, Cicely Saunders étant profondément chrétienne (…) est devenu une référence mondiale du mouvement des soins palliatifs. (…) Les soins palliatifs ont véritablement commencé d’exister en France à la fin des années 1980…


Difficile d’y croire ! Le planning familial a été imaginé par deux femmes profondément chrétiennes. En 1956, Evelyne Sullerot, protestant et fille de pasteur, fonde avec Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé, ancienne militant à la JEC (Jeune étudiante catholique), l’association La Maternité heureuse qui deviendra en 1960 le Mouvement français pour le planning familiale. Au nom de leur foi, la motivation première de leur engagement est de vouloir luter contre les milliers d’avortements clandestins (…) Quelques années après sa création, Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé quitte l’association, en désaccord avec la ligne générale du mouvement sur la légalisation de l’avortement ou sur les question d’éducation à la contraception. A l’instar de son amie, Evelyne Sullerot a toujours considéré que l’avortement était un malheur avant d’être un droit (…)

Simone Veil avait d’ailleurs participé le dimanche 13 janvier 2013 à Paris, à la plus importante manifestation contre le mariage pour tous, en brandissant même un drapeau de la Manif pour tous (…) Ce coup de tonnerre a largement, et volontairement, été ignoré des médias.


La médiation familiale (…) a pris son essor aux Etats-Unis dans les années 1970, dans un contexte de nombreuses séparations et divorces (…) Le Canadien John Haynes, thérapeute, est le père de la médiation familiale (…) John Haynes a toujours mis en avant sa foi de Quaker protestant…


Le pionnier de l’ostéopathie, Andrew Tayor Still (1828-1917) (…) a exercé la médecine apprise avec son père, un pasteur méthodiste (…) Still, à la fin de sa vie, estimera que « Dieu est le père de l’ostéopathie ». 


La pionnière de la physiothérapie est Sœur Elisabeth Kenny, une infirmière australienne qui a commencé à travailler aux principes de la réadaptation musculaire ds 1910.


Les mouvements d’écoute des personnes en détresse ont ainsi leur origine à New York en 1906, où le médecin et pasteur baptiste, Harry M. Warren, réunit autour de lui des bénévoles qui offrent une oreille attentive et bienveillante aux personnes durement éprouvées. La même année, l’Armée du salut fonde en Angleterre le London Anti-Suicide Bureau. En 1953, le révérend Chad Varah imagine une ligne téléphonique d’urgence avec son association The Samaritains.


En 1645, le très pieux Michel Buche imagine la toute première coopérative moderne : l’Association des Frères cordonniers. Les ouvrier travaillent ensemble, vivent en communauté, s’accordent du temps pour la prière et distribuent leurs surplus aux familles démunies. Deux ans plus  tard, la communauté des Frères tailleurs, née sous le patronage de la compagnie du Saint-Sacrement, se développe en France, en Espagne, en Rhénanie et en Italie.


En 1846, l’industriel Jean-Baptiste Godin s’installe à Guise, dans l’Aisne, pour y fonder une entreprise de fabrication des fameux « poëles Godin », dont il est l’inventeur. Godin a été lui-même simple ouvrier et a conservé le souvenir des difficiles conditions de vie et de labeur des travailleurs. Il utilise sa fortune personnelle pour améliorer le sort de ses employés. Godin rêve d’une société idéale, à l’image de Charles Fourier dont il admire les théories. Ce dernier a imaginé le Phalanstère (…) A partir de 1858, il fait construire à Guise un « Palais social », un véritable Versailles pour ses employés. Cette cité ouvrière, avec un kilomètre de coursives, rassemble des logements au confort exceptionnel pour l’époque, des écoles gratuites, un théâtre, une piscine pour les enfants, des jardins potagers… Le Familistère de Guise est aujourd’hui l’un des monuments les plus visités en Picardie (…) Certes Godin est un disciple du Christ, mais il est également viscéralement anti-clérical. C’est au Familistère de Guise que naît également en juin 1867 la notion de « fête du travail » qui sera célébrée chaque année. Plus tard, la date de la manifestation sera arrêtée au 1er mai.


Dans son ouvrage de référence « Economie sociale, la solidarité au défi de l’efficacité », Thierry Jeantet, président du Forum international des dirigeants de l’économie sociale et solidaire, souligne également que « les courants chrétiens ont joué un rôle important dans l’émergence de l’économie sociale. » Il rappelle que « les premières solidarités ont été souvent encouragées, parfois même portées, par les Églises. Au Moyen Âge, les systèmes initiaux d’assistance et de charité sont d’inspiration religieuse. Les corporations ou confréries ont leur « saint patron » et leurs membres assistent à des offices religieux communs. Des associations mutualistes, puis des mutuelles, seront d’abord un habillage d’anciennes organisations de bienfaisance ou d’entraide religieuses et seront présidées par des curés ou soutenues par un patronat d’inspiration chrétienne. »


C’est  à Frédéric Le Play, éminent sociologue et économiste aux fortes convictions chrétiennes, qu’on doit l’utilisation des termes « économie sociale » pour désigner des expériences novatrices destinées à répondre à des problèmes sociaux. Frédéric Le Play s’est penché le premier sur la condition ouvrière et fut nommé par le pape Léon XIII commandeur de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.


Au XVè siècle, les usuriers proliféraient en Italie (…) Un moine franciscain, Barnabé de Terni, a l’idée de créer en 1462 une institution caritative prêtant de l’argent sur gage aux familles pauvres. Sous le nom de Mont-de-piété, des Frères prêcheurs développent cette idée généreuse dans la péninsule italienne.


Le Crédit Mutuel se développera alors dans les campagnes. Cette nouvelle organisation de crédit populaire voit le jour en 1862, sous l’impulsion de Frédéric-Guillaume Raiffeisen, un luthérien convaincu. Le bourgmestre de la ville de Flammersfeld est confronté à la misère du monde rural. Au milieu du XIXè siècle, il fonde un caisse de crédit, où les prêts à taux bas sont accordés aux paysans, grâce à la solidarité de tous les sociétaires. Les motivations de Raiffeisen sont clairement religieuses.


(…) Albert de Mun, apôtre de la doctrine sociale de l’Eglise, dépose en 1886 une proposition de loi sur la protection des ouvriers victimes d’accidents dans leur travail. Le risque professionnel ne sera reconnu que dix ans plus tard. Albert de Mun veut interdite pendant quatre semaines le travail aux femmes ayant accouché. Sa proposition est refusée par les députés de la IIIè République. Il faudra attendre 1913, année où enfin les femmes enceintes, ou ayant accouché, pourront bénéficier d’un repos rémunéré, le congé maternité. Cet apôtre du christianisme social pose également le principe de la retraite pour les ouvriers et paysans…


Les patrons catholiques ont lu et relu l’encyclique sociales de Léon XIII. Le document pontifical est un véritable séisme dans la marche du monde. Dans Rerum Novarum, le pape dénonce les conditions de vie misérable des ouvriers. Il condamne les employeurs qui versent des salaires insuffisants et invite les travailleurs à se syndiquer.


Sous la IIIè République, le Sénat résiste à une telle idée. Ses représentants refusent le droit de vote aux femmes. Ils estiment que les choix de la gente féminine seraient trop influencés par les prêtres et l’ensemble du clergé ! (…) Au Canard enchaîné, les dessinateurs anticléricaux ridiculisent les nouvelles électrices : elles pourraient confondre l’urne et le bénitier !


A la fin des années 1600, le prêtre français Jean-Baptiste de la Salle vend tous ses biens et fonde la communauté des Frères des écoles chrétiennes. Plus de cent ans avant Jules Ferry, il applique la gratuité à tous les enfants, pauvres et riches.


En France, l’abbé Henri Grégoire fonde en 1794 le CNAM (le Conservatoire national des arts et métiers) offrant à toute personne la possibilité de développer ses qualifications professionnelles et d’élever le niveau de ses connaissances.


En France, en 1844, Jean Baptise Firimin Marbeau est frappé par l’abandon de leurs enfants par des ouvrières contraintes de travailler. Afin de sauver les tout-petits de l’indigence, l’homme politique et philanthrope fonde un premier lieu d’accueil pour les enfants qu’il baptise « crèche », en hommage au célèbre enfant né dans une crèche de Bethléem. Avec le soutien de l’Église catholique, Marbeau fonde en 1847 la Société des crèches parisiennes.


Maria Montessori définissait l’enfant comme un « embryon spirituel ». Ainsi, elle écrit en 1933 un ouvrage intitulé La messe expliquée aux enfants, un support pédagogique pour soutenir la formation religieuse des plus jeunes (…) Plus tard, un nouveau livre, au titre évocateur, L’éducation religieuse, la vie en Jésus-Christ balaiera toute ambigüité (…) Au total dans le monde, plus de vingt-deux mille écoles appliquent la méthode Montessori. En France, dans les écoles Montessori, on oublie trop souvent ce qui était central pour la fondatrice : l’anthropologie chrétienne de sa pédagogie…


(…) un éducateur suisse, Jacques de Coulon. Au début des années 1970, l’instituteur cherche des techniques pour améliorer l’attention et le calme intérieur, conditions préalables à tout apprentissage (…) Jacques de Coulon, précurseur des méthodes de méditation et de relaxation à l’école est porté par sa foi. Né dans une famille protestante, il s’est converti à la religion catholique à l’âge de 30 ans.


Dans toute l’éducation scoute, la priorité absolue est le service rendu aux autres. Cela s’apprend dès le plus jeune âge, par la pratique de la B.A. - la fameuse « bonne action », qui doit devenir un vrai réflexe ! (…) A la fin de sa vie, Badin-Powell s’adresse à « ses » jeunes : « C’est tout d’abord par la bonne action quotidienne que vous apprendrez à apporter du bonheur aux autres. La meilleure manière d’atteindre le bonheur est de le répandre autour de vous (…) Je crois que Dieu vous a placés dans le ce monde pour y être heureux et jouir de la vie. »


Paul Houdard est un gestionnaire retraité des huiles Lesieur, bénévole au sein d’ATD-Quart Monde, un mouvement catholique fondé par le père Wresinski. Avant d’accepter l’invitation de Coluche, Houdart évoque ce challenge avec ses compagnons du groupe de réflexion Evangile et politique qui se réunit régulièrement en l’église Saint-Merri, au cœur de Paris. Francis Bour, Marie Dumas et Jacques Mariette ne sautent pas au plafond. Devant l’ampleur de la tâche, et soucieux de gérer cette opération dans la rigueur, ils demandent à Coluche une délégation (…) Les premier repas seront confectionnés dans l’un des salles attenantes à l’église Saint-Merri ! (…) La première campagne des Restos s’achève au printemps 1986 au-delà de toutes les prévisions (…) dans une interview accordée à Libération, Marie Dumas reconnaît en souriant : « Je crois bien que Coluche n’a jamais su qu’on était des cathos. Je ne pense pas qu’on ait voulu le cacher. Non, c’était comme ça… »


L’histoire des colonies de vacances débute au XIXè siècle. A Zürich, le pasteur Bion imagine en 1876 une nouvelle formule pour faire voyager des enfants pendant les congés d’été (…) En France en 1881, à Clichy, le pasteur Théophile Lorriaux, un disciple du pasteur Bion, organise pour les enfants de familles ouvrières une colonie de vacances sous la dénomination Œuvre des trois semaines.


Une majeure partie des avancées sociales de notre pays est à l’initiative de la Jeunesse ouvrière chrétienne, la JOC, connue aussi pour son engagement viscéral dans la Résistance.


Dans le Schleswig-Holstein, en 1820, le pasteur Shröder offre aux nécessiteux des terrains pastoraux en fermage. Ces jardins pour des familles démunies se développent dans les principales villes allemandes. L’idée traverse la frontière. En 1889, Félicie Hervieu loue des parcelles de terrain à Sedan pour les mettre à disposition des familles indigentes de la ville. Secondées par un comité de dames patronnesses, Félicie Hervieu fonde l’Œuvre des la reconstitution de la famille. Les premiers jardins ouvriers sont ainsi nés dans les Ardennes.


On l’ignore trop souvent, la fête des mères, la fête des pères et la commémoration de l’anniversaire d’une personne ont été initiées par des chrétiens. En premier lieu ce sont les protestants qui ont habilité le rite de célébrer un anniversaire.


La Communauté européenne est née en 1951. Ce nom de communauté - terme empreint au christianisme - sera abandonné au profit d’une acceptation plus générale : l’Union européenne (…) Arsène Heitz, le dessinateur du fameux drapeau, revendique le choix de la couronne étoilée, un hommage à la Vierge marie, le bleu étant la couleur de Marie et le douze, un nombre très présent dans la Bible. D’ailleurs saint Jean décrit la Vierge Marie en ces termes : « Un signe grandiose est apparu dans le ciel, une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds, et sur sa tête, une couronne de douze étoiles » (Apocalypse, 12, 1). Pour coïncider avec le jour de la Fête de l’Immaculée Conception, l’adoption de ces couleurs a été officialisée un 8 décembre…


Saint Martin avait eu le souhait que tous les habitants de la Gaule puissent aller à la messe, à moins de vingt minutes de marche. C’est la raison pour laquelle il y avait trente-six mille paroisses. Puis, la loi municipale du 14 décembre 1789 décide que les paroisses de l’Ancien Régime deviennent toutes des communes.


Le nom de « cellule » a été inventé par Robert Hooke en 1665. Alors qu’il observait un morceau de liège au microscope, le savant anglais observa que cet organisme était en majorité constitué d’alvéoles régulières remplies d’air. En référence aux petits chambres des moines dans un monastère, Hooke donna alors le nom de « cellules d’air », qui rapidement deviendra tout simplement cellule.


En étudiant la description de cette prodigieuse machine, Jacques Perret propose, dans une lettre restée célèbre, datée du 16 avril 1955, le mot « ordinateur ». Tiré des Confessions de saint Augustin : « Domine deus, ordinator et creator » ; le mot « ordinator » désigne Dieu qui met de l’ordre dans le monde. Le terme « ordinateur » est ainsi né ! Le signe @, l’arobase, a déjà été inventé comme abréviation par les moines au Moyen Âge. Aujourd’hui, essentiellement utilisé dans les adresses e-mail, le caractère @ est un signe fusionnant deux caractères, le a et le d du mot latin ad (à ou vers en français). Les moines copistes ont ainsi abrégé le caractère en enroulant le d autour du a.


C'est au clergé que nous devons le renouvellement de l'agriculture en Europe au XVIIIe siècle, grâce notamment au défrichement des terres et aux ouvertures des chemins publics… Cependant, l'histoire entre les religieux et l'agriculture a une origine bien plus lointaine. Dès les premiers siècles du christianisme, des terrains stériles semés de ronces et d’épines ont été confiés aux moines, ainsi que des marais impraticables ou de vastes étendues de landes. Les religieux les ont cultivés de leurs propres mains. Tous ces lieux improbables sont la source des richesses parfois aujourd'hui reprochées au clergé. Sur tout le continent européen, avec ces milliers de milliers de friches devenues terres fertiles, les moines, en qualité de premiers laboureurs, furent vraiment les pères de l’agriculture.


La Bourgogne fait partie de nos régions où les abbayes ont connu un essor considérable. La Bourgogne est également devenue une terre viticole. À chaque abbaye son vin : Chambertin, Pouilly Fumé, Volnay, Chassagne, Meursault, Clos Vougeot, Romanée-Conti, Bourgueil, Chablis. Tant d’illustres cépages issus de monastères. Dans la région des Côtes du Rhône, on peut évoquer le Châteauneuf-du-pape…


Parmi les découvertes des religieux, la clémentine, un fruit récent qui doit son nom au frère spiritain Clément Rodier (…) En 1892, avec son ami botaniste Louis Charles Trabut, le frère Clément a croisé volontairement un bigaradier avec un mandarinier.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire