« Sympathie pour le démon » de Bernardo Carvalho (2018)

« Ivanov est le type même du séducteur. Il n'aime personne à part lui », lui dit sa femme dans la voiture, alors qu’ils revenaient chez eux après avoir assisté à la pièce.

Les écrivains sont plus fragiles. Psychologiquement, je veux dire. Ils sont narcissiques et ils croient n'importe quoi, même à l'amour. Tu dis à un écrivain qu'il est génial et il te mange dans la main, il devient dépendant de tout ce que tu dis. Et là, il suffit que tu dise du mal de leurs livres pour les ravager. Les écrivains sont les types les plus faciles à démonter. 

À l'époque où le Rat et le chihuahua se séparaient, des chercheurs japonais en neurobiologie découvraient, à travers une série d'expériences sur des chiens, des hommes et des loups, que, lorsqu'un chien regarde son maître dans les yeux, on constate l'augmentation, dans leur cerveau, du taux d'ocytocine, dite l’hormone de l'attachement et de l'empathie (…) Cela n'arrive pas entre les loups et les humains, ce qui amena les chercheurs à la conclusion que l'utilisation de l'ocytocine par les chiens pour conquérir l'amour des hommes avait été acquise par les chiens au cours du long processus historique de domestication.

Berlin était devenu un Disneyland pour adultes après la chute du Mur. Tout y était possible, essayer toutes les drogues, tous les genres de sexualité, se promener la nuit, n'importe où, pour aussi glauque que ce fut, à l'abri de tout danger. Berlin était le froid dans l'estomac, sans conséquences.

Il comprit que répondre au rôle que le chihuahua lui avait attribué consistait à se livrer sans résistance à un vampire travesti en damoiselle.