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vendredi 8 janvier 2021

"Trois essais sur la théorie de la sexualité" de Sigmund Freud (1905)

(…) la suggestion hypnotique peut supprimer l’inversion, ce qui paraîtrait bien étonnant si l’on admettait le caractère congénital.

Chez tout individu, soit mâle, soit femelle, on trouve des vestiges de l’organe génital du sexe opposé. 

« Apporte-moi un fichu, qui ait couvert son sein. La jarretière de ma bien-aimée » (Faust)

On peut dire que, chez aucun individu normal, ne manque un élément qu’on peut désigner comme pervers, s’ajoutant au but sexuel normal ; et ce fait seul devrait suffire à nous montrer combien il est peu justifié d’attacher au terme de perversion un caractère du blâme. 

(…) la pulsion sexuelle […] est la source d’énergie la plus importante de la névrose

(…) l’hystérie […] : besoin sexuel excessif et aversion sexuelle exagérée.

Par « pulsion », nous désignons le représentant psychique d’une source continue d’excitation provenant de l’intérieur de l’organisme, que nous différencions de l’excitation extérieure et discontinue. La pulsion est donc à la limite des domaines psychique et physique. 

(…) ce curieux phénomène d’amnésie qui, pour la plupart des individus, sinon pour tous, couvre d’un voile épais les six ou huit premières années de leur vie.

C’est l’amnésie infantile qui […] fait que l’on néglige de prendre en considération l’importance de la période infantile dans le développement de la vie sexuelle en général.

Les sociologues semblent d’accord pour dire que le processus détournant les forces sexuelles de leur but et les employant à des buts nouveaux, processus auquel on a donné le nom de sublimation, constitue l’un des facteurs les plus importants pour les acquisitions de la civilisation.

Il semble bien aussi que l’enfant, quand il suce, recherche dans cet acte un plaisir déjà éprouvé et qui, maintenant, lui revient à la mémoire. 

Le contenu intestinal, pour une muqueuse pourvue de sensibilité sexuelle, joue donne le rôle de corps excitant…

La retenue des matières fécales qui, dans les débuts, répond à l’intention d’en user comme excitant masturbatoire de la zone anale…

L’enfant est, en général, porté à la cruauté car la pulsion de maîtriser n’est pas encore arrêtée par la vue de la douleur d’autrui. La pitié ne se développant que relativement tard. 

Je vois la preuve que certaines secousses mécaniques provoquent le plaisir dans le fait que les enfants adorent certains jeux, tels que la balançoire, et qu’y ayant goûté, ils ne cessent d’en demander la répétition. Les secousses rythmiques d’une promenade en voiture ou d’un voyage en chemin de fer impressionnent les enfants plus âgés…

Si ensuite intervient le refoulement qui change en leur contraire les préférences de l’enfant, il arrivera que l’adolescent ou l’adulte réagiront par un état nauséeux au balancement et au bercement…

Beaucoup de personnes constatent qu’elles ont pour la première fois ressenti une excitation de l’appareil génital pendant les luttes corps à corps avec des camarades.

(…) nous pouvons supposer que, par un processus sur la même voie, mais dirigé en sens inverse, l’état d’excitation sexuelle influera sur l’utilisation de l’attention disponible. 

(…) la puberté… Maintenant, un but sexuel nouveau est donné, à la réalisation duquel toutes les pulsions partielles coopèrent, tandis que les zones érogènes se subordonnent au primat de la zone génitale.

(…) à la satisfaction, c’est-à-dire à une extinction partielle et temporaire de libido.

L’angoisse chez les enfants n’est à l’origine pas autre chose qu’un sentiment d’absence de la personne aimée. 

Il s’agit surtout des jeunes filles qui, à la grande joie des parents, restent attachées, bien au-delà de la puberté, à l’amour filial plein et entier ; il est intéressant de constater que ces jeunes filles, quand elles viennent à se marier, ne sont pas en état de donner à leur mari tout ce qui lui est dû. Ce seront des épouses froides, et elles resteront sexuellement insensibles. 

(…) la fréquence de l’inversion dans la noblesse d’aujourd’hui s’explique mieux lorsque l’on tient compte du fait que, dans les familles nobles, on emploie surtout des domestiques mâles, et que les mères s’adonnent moins complètement aux soins de leurs enfants. 

(…) nous nous sommes vus forcés d’admettre que la disposition à la perversion est bien la disposition générale, originelle, de la pulsion sexuelle, laquelle ne devient normale qu’en raison de modifications organiques et d’inhibitions psychiques survenues au cours de son développement.

(…) refoulement […] Les excitations sont produites de la même manière qu’auparavant, mais sont détournées de leur but par une inhibition psychique, et sont dirigées sur d’autres voies jusqu’au moment où elles s’extérioriseront sous la forme de symptômes morbides. 

(…) sans que les anciennes tendances disparaissent, la névrose se substitue à la perversion. Cela nous rappelle l’adage : jeune catin, vieille dévote. 

Pendant l’Antiquité, on glorifiait la pulsion, et cette pulsion ennoblissait l’objet, de si petite valeur qu’il fût ; tandis que, dans les temps modernes, nous méprisons l’activité sexuelle en elle-même et ne l’excusons en quelque sorte que par suite des qualités que nous retrouvons dans son objet. 

La plupart des cas d’insomnie nerveuse sont dus à une insatisfaction sexuelle.

Tout être humain se voit imposer la tâche de maîtriser le complexe d’Œdipe ; s’il faillit à cette tâche, il sera un névrosé.

(…) nous répondrons à ceux qui, de leur hauteur, jettent un regard de mépris sur la psychanalyse, qu’ils devraient se rappeler combien l’idée d’une sexualité plus étendue se rapproche de l’Eros du divin Platon. 

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