Dom Juan : - Ah ! Ah ! je m’en vais te donner un louis d’or tout à l’heure, pourvu que tu veuilles jurer (…) Va, va, je te le donne pour l’amour de l’humanité.
Il y a bien quelque chose là-dedans que je ne comprends pas ; mais quoi que ce puisse être, cela n’est pas capable ni de convaincre mon esprit, ni d’ébranler mon âme ; et si j’ai dit que je voulais corriger ma conduite et me jeter dans un train de vie exemplaire, c’est un dessein que j’ai formé par pure politique, un stratagème utile, une grimace nécessaire où je veux me contraindre, pour ménager un père dont j’ai besoin et me mettre à couvert, du côté des hommes, de cent fâcheuses aventures qui pourraient m’arriver.
Sganarelle : - Sachez Monsieur que tant va la cruche à l’eau qu’enfin elle se brise ; et comme dit fort bien cet auteur que je ne connais pas, l’homme est en ce monde ainsi que l’oiseau sur la branche ; la branche est attachée à un arbre ; qui s’attache à un arbre suit de bons préceptes ; les bons préceptes valent mieux que les belles paroles ; les belles paroles se trouvent à la cour ; à la cour sont les courtisans ; les courtisans suivent la mode ; la mode vient de la fantaisie ; la fantaisie est une faculté de l’âme ; l’âme est ce qui nous donne la vie ; la vie finit par la mort ; la mort nous fait penser au Ciel […] ; les pauvres ont de la nécessité, nécessité n’a point de loi ; qui n’a point de loi vit en bête brute ; et par conséquent, vous serez damné à tous les diables.
Dom Juan : - Si le Ciel me donne un avis, il faut qu’il parle un peu plus clairement, s’il veut que je l’entende.
Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu’il arrive, que je sois capable de me repentir.
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