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lundi 11 janvier 2021

"Carmen" de Prosper Mérimée (1845)

D’abord elle ne me plut pas, et je repris mon ouvrage ; mais elle, suivant l’usage des femmes et des chats qui ne viennent pas quand on les appelle et qui viennent quand on ne les appelle pas, s’arrêta devant moi et m’adressa la parole.

Pour les gens de sa race, la liberté est tout, et ils mettraient le feu à une ville pour s’épargner un jour de prison. 

(…) mais tu es un joli garçon, et tu m’as plu. Nous sommes quittes. Bonjour.

Je n’aime pas les gens qui se font prier, dit-elle. Tu m’as rendu un plus grand service la première fois, sans savoir si tu y gagnerais quelque chose. Hier, tu as marchandé avec moi. Je ne sais pas pourquoi je suis venue, car je ne t’aime plus. 

Ce fut de cette façon engageante que cette diable de fille me montra la nouvelle carrière qu’elle me destinait, la seule, à vrai dire, qui me restât, maintenant que j’avais encouru la peine de mort. Vous le dirai-je monsieur ? elle me détermina sans beaucoup de peine. Il me semblait que je m’unissais à elle plus intimement par cette vie de hasards et de rébellion. 

On s’oublie quand on parle de soi.

- Je t’en prie, lui dis-je, sois raisonnable. Écoute-moi ! tout le passé est oublié. Pourtant, tu le sais, c’est toi qui m’as perdu ; c’est pour toi que je suis devenu un voleur et un meurtrier. Carmen ! ma Carmen ! laisse-moi te sauver et me sauver avec toi.
- José, répondit-elle, tu me demandes l’impossible. Je ne t’aime plus ; toi, tu m’aimes encore, et c’est pour cela que tu veux me tuer. Je pourrais bien encore te faire quelque mensonge ; mais je ne veux pas m’en donner la peine. Tout est fini entre nous. Comme mon rom, tu as le droit de tuer ta romi ; mais Carmen est toujours libre. Calli elle est née, calli elle mourra. 

Ce sont les Calés qui sont coupables pour l’avoir élevée ainsi.

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