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dimanche 5 mai 2019

"Persistance d’impressions ombreuses" de Jean-Louis Cordebard (1988)


Elle dort en chienne de carabine.

Gare saint-Lazare, il faut que je pisse. Parvenu au local ad-hoc, prestement logé dans la première case libre - jusque là rien d’anormal - je m’apprête à procéder-jusque-là rien qui justifie qu’on se penche sur mon cas -. Or voici que justement ces messieurs des cases voisines, celui de droite comme celui de gauche, à peine ébauché mon geste légitime, le monsieur de gauche se penchant un peu moins que celui de droite, marquent un intérêt extraordinairement vif à l’ouverture de ma braguette. Intrigué moi-même, j’y porte un regard attentif : une mouche sort de mon pantalon. Comment ces deux messieurs pouvaient ils s’en douter ?

Voilà ce qu’on se dit entre matrones à demi-soldes, proférant à voix moustachues de bons gros sentiments, de bonnes rosses intentions tout en pétrissant nerveusement des mouchoirs ou des coins de tabliers, preuve que les rancunes, les remords, les passions assouvies et inassouvies n’ont pas encore déserté ces âmes épaisses.

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