Nombre total de pages vues

samedi 4 mai 2019

"Hollywood story" de Franck Capra (1976)


Je m’attaquais au cinéma comme je m’étais attaqué aux études, avec l’ardeur d’un fanatique. J’avais épousé le cinéma. Ma maison c’étaient les studios. Je tirais tout ce que je pouvais de l’imagination des autres, je faisais en sorte que l’énergie compte là où le talent me faisait défaut.

Les jeunes écrivains new-yorkais se reconnaissaient aisément à un air vaguement supérieur de fils de famille qui s’encanaillent pour rire et qu’affichaient tous les scénaristes de la côte Est qui venaient travailler à Hollywood.

« Tu n’es pas un artiste. Tu es un prestidigitateur professionnel. Les artistes ne cessent de mourir et de renaitre de leurs cendres. Toi, tu traverses la fabrication de tes films à la noix, sans être jamais effleuré par le moindre doute… Et souviens toi de ça, mon ami : Harry Cohn est un porc. Et ceux qui fraient avec les porcs se retrouvent tôt ou tard avec un groin. »

C’était Briskin.
« Je ne me suis jamais autant marré depuis que les cochons ont bouffé mon petit frère ! »

De toute évidence, c’était quand il écrivait seul, dans le calme, que s’exprimaient le mieux ses qualités de créateur et sa perspicacité. Et je m’aperçus que, pour faire un bon metteur en scène, in ne suffisait pas d’avoir du talent. Pour être un bon metteur en scène, il faut être capable de donner le meilleur de soi-même lorsqu’on est sous la pression des évènements et des gens : il faut savoir rester alerte, rapide et sagace lorsqu’on est bombardé d’une douzaine de questions par minute.

Donc, messieurs les jeunes metteurs en scène, oubliez les exploits techniques, oubliez les effets de zoom et le montage subliminal, souvenez-vous seulement que vous racontez votre histoire, non pas avec des « trucs », mais avec des acteurs !

J’utilisai la bande son originale du plan d’ensemble pour donner la réplique à Jean Arthur lors du tournage du gros plan […] Résultat : le gros plan de Jean Arthur s’adaptait parfaitement au reste du puzzle.

J’avais trouvé la solution. Cohn pouvait bien emmener cent spécialistes à l’avant-première. Moi, je me contentais d’envoyer un seul homme équipé d’un magnétophone.

Mais quand le décorateur me montrait des dizaines de vrais menuisiers en train d’enfoncer de vrais clous dans de vraies planches, je n’avais plus tellement envie de rigoler. Toutes ces discussions d’amateur, tout ce vent se solidifiait pour devenir des clous, des planches, des briques et du ciment - achetés avec de vrais dollars. Ma première réaction était de vouloir filer me cacher en Amérique du sud, disparaître, me faire oublier. Mais, maintenant, j’étais pris au piège, fait comme un rat. J’étais contraint de dépenser des millions de dollars – à quoi ?

Un homme à l’air débraillé, en bras de chemise, et une femme corpulente avec des jambes Louis XV étaient assis devant le porche.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire