Je
la revoyais une nuit à mes côtés sur la jetée du port de ma ville natale. L’été,
le silence, l’approche de l’aube. Je la connaissais d’une semaine (Kant,
Hermann Hesse, tennis). Je la trouvais superbe. Nous marchions du même pas,
sans aucun bruit.
Des haillons d’un rouge
vineux s’effilochaient encore dans le ciel presque noir.
C’est un vieillard
toujours ivre, squelettique, tanguant dans des shorts immenses. À force de
s’esquinter en tombant, il n’a pratiquement plus de peau sur les genoux. […] La
brise du large fait claquer comme des drapeaux ses culottes trop grandes et lui
sèche un peu ses larmes.
Le judéo christianisme et
l’islam […] favorisent incontestablement le commerce. Pas l’hindouisme ni le
bouddhisme. […] Quand le temps est cyclique et non plus linéaire, à quoi bon
tenir ses livres et fignoler son bilan ! quand le tiroir-caisse, illusion
pernicieuse, est frappé d’irréalité , on ne peut nier que les affaires en
pâtissent.
Je regagnai ma chambre
tout ragaillardi, expulsai à coup de balais quelques bernard-l’ermite,
scolopendres et scorpions dont le karma me paraissait indécis, punaisai au mur
une grande feuille de papier pour les idées du lendemain et fis lessive et
toilette de tout ce qui pouvait être toiletté et lessivé. Je m’endormis
dans une chambre récurée comme un squelette. J’aurai voulu ce matin-là qu’une
main étrangère me ferme les paupières. J’étais inexplicablement allégé et le
bonheur se partage. J’étais seul, je les fermais donc moi-même. « Comment vais-je ? Bien, merci et
moi ? »
Mal dormi à cause de
fulgurants nuages couleur d’huître qui couvraient et découvraient la pleine
lune. Le jour venu, j’ai acheté un ananas, une petite raie, quelques cigares et
un quart de rhum.
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