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lundi 23 mai 2016

« Vivre, à quoi ça sert ? » de Sœur Emmanuelle (2004)

Attention, ne jugeons pas ! […] Sœur Nina, une compagne de communauté fut pour moi comme une lumière à ce propos […] Chaque fois qu’elle apprenait l’histoire lamentable de telle ou tel, je l’entendais s’écrier : « Qu’est-ce que nous sommes ! ».

« Que le cœur de l’homme est creux et plein d’ordure ! »
« … tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre […] à tendre au repos par l’agitation ».
(Pascal, « Pensées »)

Roi ou mendiant, l’épilogue est le même : un cadavre descend dans la terre.

Combien de mères de famille veulent sincèrement assurer le bonheur autour d’elles, mais usent aussi de cette capacité féminine à la générosité et au dévouement pour mener la barque familiale et la régenter. 

… la projection imaginaire de soi-même et de sa réussite s’est déchirée […] Vidée de ses chimères, grelottant, tout ramage et plumage arrachés, son cœur dépouillé devient un gouffre. Place est faite alors, pour la vérité […] Le jour vient où, entre le plaisir et le bonheur, il faut choisir. 

Ceux qui savent assimiler la part de vérité de l’autre, surtout si elle est contraire à la leur, sortent du cercle infernal de l’ego.

J’ai tant cherché par les œuvres de mon esprit et de mes mains, à devenir… un modèle. 

… croire n’implique en aucune manière de « perdre la raison » ou de s’opposer à elle. C’est bien un acte de raison que de rendre compte de son impuissance. Aussi, « il n’y a rien de si conforme à la raison que ce désaveu de la raison » (Pascal). 

… à soixante-deux ans, je partis au bidonville […] Ce jour-là, j’ai distribué mes livres et j’ai brûlé mes cahiers de notes. Ces livres m’avaient été si chers et ces cahiers n’avaient paru si précieux […] A présent, je regarde craquer et disparaître dans le feu cette écriture hautaine, avide de tout garder et posséder. Elle disait bien, cette écriture qui couvrait des pages et des pages de mes cahiers, mon complexe de supériorité.

… « tous les corps ensemble, et tous les esprits ensemble, et toutes leurs productions, ne valent pas le moindre mouvement de charité. Cela est d’un ordre infiniment plus élevé. »

« L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête ». (Pascal) 

Je pense à Monod, le célèbre prix Nobel. Il avait déployé son génie au cours d’une conférence radiodiffusée. Le présentateur s’adressa ensuite à Mère Térésa : que pense-t-elle de cette éblouissante démonstration scientifique d’où naturellement, Dieu est absent ? Elle répond alors simplement : « Je crois en l’amour et en la compassion. » Monod avoua plus tard qu’il en avait été bouleversé. Au plus intime de lui-même, il lui parut soudain que, quelle que fût la prééminence de la science, elle se situait à des années-lumière de l’amour et de la compassion.  

L’acte pur, le don gratuit à 100%, existe-t-il ? La réponse est non [..] L’idéal, me semble-t-il, est de travailler dans le même mouvement à son propre bonheur et à celui des autres.

L’amour, c’est ce complément d’être que je donne, mais tel que l’autre le désire, et non par tel que je l’imagine. L’amour, c’est ce complément d’être, que réciproquement, l’autre me donne, mais à sa façon. 

Dans la relation vraie, l’un reste l’un, l’autre reste l’autre, mais l’un et l’autre se reconnaissent d’une même chair, d’un même sang, d’une unique humanité, somptueuse et fragile. 

Tends l’oreille : autour de toi, qui ou quoi attend ce que personne d’autre que toi ne peut offrir ? 

On croit toujours que c’est ou l’un ou l’autre, ou bien tout moi, ou bien tout toi. Dans les deux cas, c’est le règne de l’Un. A ce compte, c’est l’aridité. La fécondité d’une vie humaine dépend justement de l’étendue du troisième terme : ni toi seulement, ni moi seulement, mais le lien heureux entre nous, l’un et l’autre, dont le système dépasse largement la somme de ses composantes. 

C’est pourquoi tout passe et fuit, hormis l’amour. « L’amour ne passera jamais ». (1 Corinthiens, 13,8). 

Commence d’abord par mesurer le présent […] à l’aune de l’éternité […] Certains de tes objectifs te paraîtront pour ce qu’ils sont, tout à fait vains. D’autres brilleront d’un éclat jusqu’alors caché, parce que tu verras leur dimension d’amour. 

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