Dès les premières années de sa jeunesse, son caractère craintif, solitaire et réservé lui avait appris à ne pas considérer les objets comme froids et sans vie, mais à voir en eux des amis discrets et tendres qui confient des secrets à qui les écoute. Livres, tableaux, paysages et morceaux de musique lui parlaient, car elle avait conservé la faculté poétique propre à l’enfance de voir dans des corps peints, dans des objets inanimés, une réalité pleine de mouvement et riche en couleurs.
Et puis, cela avait été une nuit calme et claire. Et quand on marche ainsi à deux dans la nuit silencieuse, sans être entendu ni dérangé par personne, quand les ombres obscures des maisons se posent sur les paroles et que les voix sont emportées, sans écho, dans le silence, on est aussi confiant que si l’on se parlait à soi-même. Alors émergent des profondeurs toutes les pensées qui, dans le tourbillon de la journée, sombrent sans qu’on y prête attention, et auxquelles seule la tranquillité du soir permet de prendre leur essor ; et ces pensées se transforment en paroles presque sans qu’on le veuille.
Et elle protégea son bonheur et sa vie derrière des paroles insignifiantes froides et éculées, afin qu’ils puissent passer par un grand nombre de mains sans êtres méjugés, ni voler en éclats dépourvus de toute valeur.
…même dans l’élan le plus fou, ce n’était toujours qu’une nostalgie, une nostalgie faite de gémissements et de jubilation.
…elle ressentait à nouveau la force toute-puissante du printemps, comme un enfant qui, bondissant de joie, se précipite pour la première fois en poussant des cris d‘allégresse au-devant de la lumière douce du soleil.
- Je ne sais pas si tu m’as aimé, si tu m’as aimé comme je t’aime à présent. Dans un abandon total et dans l’oubli infini de toutes les mesquineries de cet amour, parfaitement sacré, qui ne peut que donner, sans rien refuser. Et je ne crois qu’à l’amour qui se sacrifie pour lui-même…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire