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vendredi 17 juillet 2015

"Légendes d'automne" de Jim Harrison (1979)


Rien n’est plus absurde que la rencontre d’un enfant et d’une balle de fusil. […] ce qui est immuable demeure immuable et chacun, à sa propre manière, se casse la tête sur cette question éternelle dont la réponse est pourtant d’une clarté si lumineuse. Même les dieux n’en sont pas exempts : Jésus lui-même ne peut retenir un cri de désespoir au moment où il se risque au seuil de l’éternité.
("Légendes d'automne")

Quand il se penchait sur elle et qu’elle faisait semblant de le repousser à coup de poings, il se disait que ce simulacre d’amour n’était finalement rien d’autre qu’une forme tolérable de masturbation.

Bien des années plus tard et à l’image de tous les êtres à peu près intelligents, Nordstrom médita sur le côté accidentel des affections humaines. Et s’il n’était pas tombé de pluie, ce jour-là ?

Nordstrom regarda les jambes de Laura lorsque sa jupe se releva au moment où elle s’allongea pour mieux regarder l’oiseau à la recherche de sa proie, dans le champ. Nordstrom était transfiguré et ne souhaitait rien d’autre que de rester là, sans bouger, jusqu’à ce que le blé se mette à pousser à travers son corps.

Laura avait été son accusatrice principale, et, de loin, la plus convaincante. Durant la période prolongée et extrêmement coûteuse où elle se rendait chaque jour chez un psychanalyste, Nordstrom ne pût s’empêcher de lui demander de quoi elle pouvait bien parler aussi souvent et aussi longuement. Puis il se risqua à juger que les états d’âme qu’elle exposait à son analyste étaient probablement issus de sa grande imagination. Laura entra dans une colère folle et répondit que Nordstrom n’avait même pas assez d’imagination pour avoir des problèmes dignes de ce nom. Nordstrom fut un peu vexé de cette remarque jusqu’au jour ou il apprit avec ravissement que l’analyste de Laura venait de se faire arrêter sur Rodeo Drive pour s’être masturbé en public.
("L’homme qui abandonna son nom")

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