Il y a donc des périodes où l’être humain
n’est pas en condition de devenir amoureux, quel que soit le stimulant, quelle
que soit la séduction.
L’une est représentée par la
dépression : quelqu’un de déprimé ne peut pas devenir amoureux parce qu’il
n’a pas d’élan vital, qu’il n’a pas de désir de vivre suffisant, qu’il n’a pas
d’espérance.
L’énamourement suppose un malaise dans le
présent, la lente accumulation d’une tension, beaucoup d’énergie vitale, et,
enfin, un facteur déclenchant, un stimulant approprié.
Les grandes amours sont des accélérations
de processus de mutation, des mouvements en avant.
L’énamourement advient quand nous
rencontrons quelqu’un qui nous aide à croître, à réaliser de nouvelles
possibilités.
Ces moments de discontinuité sont donc des
instants ou le sujet s’abandonne, s’ouvre à l’émotion.
Ils se reconnaissent non parce qu’ils ont
les mêmes idées, mais parce qu‘ils ont le même élan et le même espoir.
Il faut avoir confiance et résister dans
l’attente.
Le souffle de l’absolu respire dans tout.
Tout ce qui est éclairé par la lumière de l’être est beau. L’être est beau en
soi, logique, nécessaire, admirable et merveilleux.
Nous nous sentons mus et traversés par une
force transcendante. Nous sommes comme une note d’une grande symphonie.
…nous voulons être authentique et purs.
Les êtres amoureux se disent la vérité par nécessité intérieure. Ils ne se
mentent pas à eux-mêmes […] le véritable amoureux est vif, léger, souple.
J’entrevois nos essences, la mienne et la
sienne. Et son essence n’est pas seulement celle qui se manifeste à présent, mais
toutes les possibilités qui sont cachées en lui et que lui-même ignore. C’est
comme si une tâche était de rendre l’être aimé pareil à celui que Dieu pouvait
concevoir.
Le projet germe, il naît absolument libre
et capricieux comme un mouvement vers le monde, comme un jeu dans le monde. Le
projet est possible parce que le monde est transfiguré, prêt à l’accueillir. Ce
n’est pas un effort, une peine. C’est la danse, la créativité.
Le séducteur feint donc d’être amoureux,
mais il a soin de ne faire aucun geste qui alerte l’autre personne, qui la
mette sur la défensive. L’énamourement est en effet un abandon dangereux, et
chacun de nous s’en défend. Le séducteur contourne ingénieusement toutes les
défenses. Il répète qu’il ne demande rien, qu’il ne désire rien, qu’il est prêt
à disparaître à chaque instant […] Le véritable amoureux, au contraire, est
d’ordinaire émotif, exigeant, trop pressant et, en même temps, hésitant et
timide. Il se fait insistant, il implore, puis il balbutie, tremble, pleure. L’énamourement
n’est jamais une plaisanterie ou un jeu. S’il y a une chose que les amoureux
ignorent, c’est bien l’humour. L’amoureux fait tout sérieusement. Il met sa vie
en jeu, et il vous demande de mettre en jeu la vôtre. Celui qui n’est pas prêt
à le faire, qui ne se sent pas suffisamment attiré, recule et se défend.
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