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dimanche 11 septembre 2022

« Dieu seul suffit » de Slawomir Biela (2006)

« Il est essentiel que la grâce gagne et que l’enfant grandisse en toi : l’enfant, celui qui vit en toi la vérité de ton incapacité, de ton néant, de ta misère, mais qui, en même temps, attend tout de la main miséricordieuse de Dieu. » (Père Tadeusz Dajczer)

Au lieu d’essayer de se dépouiller héroïquement de tous les appuis, il dira plutôt : « Seigneur, tu sais que je suis esclave de ce que je possède. « Je suis un être de chair, vendu au pouvoir du péché » (Rm, 7,14). Je ne sais rien donner, pas même la moindre chose, car j’en suis esclave. Mais Toi, tu peux tout. Je te demande donc de m’accorder la grâce nécessaire pour te suivre. »

Le plus important n‘est pas une action héroïque, mais notre décision face à l’appel de Dieu. A quoi veux-tu tendre : veux-tu perdre ou amasser ?

Si tu te décides à suivre Jésus, cela signifie que tu acceptes de perdre les choses qui constituent tes sécurités, pour gagner à leur place le Seigneur comme appui.


Littéralement tout peut devenir une idole, et par là-même, un appui. Cela peut-être la maison dont nous prenons soin comme d’une personne bien-aimée, l’appartement sans cesse embelli (…) En effet, si la maison, le travail sont pour nous des appuis qui nous rendent esclaves, nous traitons les hommes souvent aussi comme des instruments pour atteindre le but que nous nous sommes fixés.


L’idéal serait d’effectuer ce que nous avons à faire, avec l’engagement total que Jésus attend de nous, mais, en même temps, de le faire comme si tout devait nous être enlevé dès le lendemain.


(…) une seule chose compte : Dieu et toi ; toi qui le choisis et désires t’unir à Lui.


Si nous acceptions tous les dépouillements avec reconnaissance, y voyant un don de Dieu et nous abandonnant à Lui, alors les paroles du Seigneur : « Mon joug est aisé et mon fardeau est léger » (Mt,11, 30), commenceraient peu à peu à se réaliser dans notre vie.


Jésus a dit : « Qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera » (Luc 9,24). Telle est la perspective du chemin vers la sainteté : perdre pour le Christ tous nos appuis, tout ce qui a pour nous une valeur quelconque.


Le processus de la perte des illusions dans le mariage engendre de la souffrance. Mais sur le chemin vers la sainteté, c’est un don précieux. Moins les époux peuvent trouver d’appui l’un sur l’autre, plus ils ont de chance de commencer à avoir besoin du Christ pour trouver en lui leur unique appui (…)

Celui qui cherche le véritable amour essaie de voir son conjoint à la lumière de la foi et de le regarder comme Dieu le regarde (…) Rappelons alors que l’important est avant tout d’essayer et non de réussir. D’ailleurs, est-ce que nous nous tournons avec humilité vers Dieu pour qu’IL nous accorde la grâce de regarder notre conjoint de la même manière que Lui ? (…)

Toutes ces situations douteuses où Dieu nous ôte l’illusion de pouvoir trouver appui sur notre mari ou sur notre femme au lieu de le chercher sur Lui-même, deviendront alors moins pénibles.


Plus les parents se sont appuyés sur leur enfant, plus grave est alors sa révolte (…) Nous désirerions avant tout qu’ils se sachent aimés de Dieu en permanence et gratuitement, c’est-à-dire que cela dépende de leurs succès ou de leurs échecs. Or (…) nous ne montrons pas d’amour à l’enfant qui a échoué, cet amour dont il a besoin et après lequel il languit. En effet chaque personne désire être aimée gratuitement sans qu’entrent en ligne de compte ses chutes ni le mal qui habite en elle (…) Il apprendra ainsi à se relever rapidement de ses chutes et, en se mettant à l’écoute du Créateur, à dialoguer avec Lui. Alors il recherchera sa volonté et lui obéira.


Lorsque nous aidons quelqu’un ou lui rendons service, nous comptons d’habitude sur le fait qu’il nous revaudra notre sollicitude, voire même notre sacrifice. Nous attendons cela de notre conjoint, nos enfants, notre famille, nos amis ou collaborateurs. Nous oublions qu’en vérité, c’est Dieu qui aide les autres à travers nous et non nous-mêmes.


Lorsque sainte Thérèse est entrée au Carmel pour se donner entièrement à Jésus, elle a délaissé son père, lui qu'elle aimait appeler son Roi, lui qui l’aimait et la comprenait. Qui non seulement prenait soin d'elle mais était aussi son confident. D'un point de vue humain, elle l'a quitté. Cela s'est passé au moment où il devenait de plus en plus infirme et dépendant de son entourage. D'ailleurs, peu après, il fut atteint d'une maladie qui diminuait de beaucoup son autonomie, l'humiliait et exigeait une sollicitude particulière.

L'attitude de Thérèse face à la maladie de son père montre comment cette fille remplie de tendresse était détachée des liens humains envers l'homme dont elle était le plus proche, détachée de tout appui illusoire sur lui. Elle l'aimait de manière surnaturelle : avec les yeux de la foi, elle voyait en lui un futur saint.


Imagine qu’une personne beaucoup plus forte que toi et très orgueilleuse te provoque en duel. Si tu sais ne pas pouvoir l'affronter dans la lutte, il vaut mieux ne pas relever le défi. Au Moyen Âge, ce comportement était pour un chevalier la pire des offenses. De même, satan sera particulièrement humilié et vaincu par un dédain de ce genre, par le fait d'ignorer la tentation.


Il faut malgré tout implorer Dieu, (…) comme Pierre se noyant, comme les Apôtres pris dans la tempête sur le lac : « Seigneur, sauve moi ! Jésus, prends pitié de moi ! » Il faut prier pour qu'il nous préserve lui-même de fouler aux pieds l'amour de Dieu : « Tu vois que non seulement je te trahis mais que je contamine aussi les autres par ma tristesse et ma façon trop humaine de penser. Seigneur sauve moi ! »


Cependant, le sentiment grandissant de désarroi qui se déclenche généralement lorsque Dieu enlève les appuis, doit conduire à s'appuyer uniquement sur Lui. (…) La faiblesse (…) est donc, au fond, une bénédiction et un grand bienfait pour nous (…) Nous sommes en quelque sorte forcés d'implorer la miséricorde de Dieu, donc de chercher un appui sur Lui.


Saint Jean de la Croix avertit que l'âme qui s'attache à une créature, ne pourra en aucune manière unir avec l’être infini de Dieu. En aucune manière… (…) Cela concerne aussi le mariage : voilà pourquoi vient un temps où le mari et la femme se sentent seuls et complètement incompris par le conjoint. (…) Si l’âme s’attache à une créature, alors le don devient plus important que le Donateur, il le voile et commence à jouer le rôle d'une idole (…) il faut essayer consciemment de ne pas s'attacher aux autres, éviter de susciter des attachement en nous et chez les autres.


Généralement, lorsque nous allons nous confesser, nous devons lutter contre une forme masquée de pharisaïsme qui se cache quelque part très profondément en nous. Nous ne croyons pas réellement à la présence du Christ dans le prêtre qui nous confesse et, le traitant de manière humaine, nous essayons en quelque sorte de cacher l'immensité du mal qui est en nous. Nous n'avons pas confiance dans le fait que l'aveu complet de notre mal nous obtiendra le miracle de la transformation. Nous nous comportons comme un criminel qui, se tenant devant le tribunal, manipule la vérité de manière à diminuer l'étendue de sa faute.


La tentation de compter sur les marques d'affection, la compréhension et le dévouement humain de la personne qui nous est proche, reviendra sans cesse. Cependant cette personne peut demeurer dans l'obscurité spirituelle. Alors la barrière dressée par l'impossibilité de communiquer, que Dieu permet dans de telles situations, est parfois difficile à franchir. Il nous sera parfois dur d'accepter ces épreuves ; et nous entretiendrons toujours l'espoir illusoire de trouver de la compréhension humaine et de vivre une intimité dans l'amitié. Cela peut constituer une sorte de souffrance et de douloureux désenchantement. (…) Seul Dieu est infaillible et fidèle (…) C’est comme s’Il voulait nous dire : « C’est moi qui suis ton appui et non cette personne. »


Enfin de compte, le plus important est de tomber amoureux de Dieu et uniquement de Lui, afin qu’en nous unissant à Lui, qui seul nous aime vraiment, nous puissions un jour nous immerger pour toujours dans le feu transformant de son amour.


Le pauvre de cœur est l'homme qui ne possède aucun appui en dehors de Dieu (…) Il s'agit de se soumettre à chaque moment à l'action de Dieu et de reconnaître humblement que c'est Dieu Lui-même qui opère chaque bien en nous et par nous (…) C'est seulement lorsque nous perdons toute illusion de pouvoir être par nous-mêmes bons chrétiens, bons parents ou bons époux, que naîtra en nous une supplication confiante envers Dieu afin qu'Il nous guide Lui-même. Il ne faut donc pas s'étonner qu'à mesure où se fait le travail intérieur, nous voyions de plus en plus de mal en nous et que nous découvrions de plus en plus notre dépendance vis-à-vis de Dieu. Cette situation nous incite à implorer sa miséricorde, grâce à laquelle peut naître le véritable bien : non plus le nôtre, mais celui du Christ qui agit en nous et par nous. Le chemin qui mène à ce bien passe par la connaissance de notre propre mal et celle de la miséricorde infinie de Dieu, qui ne cesse de se répandre sur nous.


Le sentiment de sécurité construit sur des pratiques religieuses est une illusion, car aucune pratique ne constitue la garantie que nous sommes sur le juste chemin spirituel. Elle ne donne donc aucun appui réel. Seul Dieu, Donateur de tous les dons, peut offrir cet appui.


Peut-être qu'au fond, tu ne veux pas t'appuyer sur Lui : ton péché consiste à vouloir être comme Dieu, maître de toi-même (…) L'homme qui se découvre esclave, devrait aussitôt courir vers le Rédempteur pour bénéficier de la grâce de la libération qu’Il nous a gagnée sur la croix, et déposer  à ses pieds toutes ses illusions et ses tentations.


Nous cependant, nous nous parons d’attributs divins, comme la constance et la stabilité, et donc que nous recevons de Lui. Et c'est sur eux, non sur Dieu seul, que nous construisons notre sentiment de sécurité ; sur eux que nous nous appuyons. S’appuyer sur des dons dissociés de leur Divin Donateur engendre l'orgueil que produit l'illusion de l'autosuffisance.


Mais la seule vraie grandeur est celle que l'on construit sur Dieu Lui-même.


La personne authentiquement humble n'est pas consciente de son humilité.


On ne peut espérer qu'en Dieu. Si, avec humilité et persévérance, tu te présentes devant Lui en reconnaissant tes différentes formes d'hypocrisie, en essayant de penser du bien des autres et de ne voir en toi aucun bien, le miracle pourra enfin se produire. Au moment de ta mort, Jésus se penchera sur ta misère, et alors, l'arbre sec de ton âme reverdira. En un instant, tu y verras de beaux fruits, nés non plus de ton action mais de la miséricorde de Dieu.


Aujourd'hui, dans nos rencontres avec Lui, nous pouvons seulement nous comporter comme pendant une visite chez le médecin : décrire ce qui nous fait mal, parler de la maladie qui nous ronge. En effet, on ne peut pas donner sa maladie au médecin. On peut seulement décrire ses symptômes et lui demander comment se soigner.


Les paroles de Sainte Thérèse de L’Enfant-Jésus peuvent nous indiquer comment nous devons prier : « Reconnaître son néant, attendre tout du Bon Dieu ».


Nous pouvons seulement saisir la main du Créateur, c’est-à-dire sa toute-puissance et son amour infini, pour que s’accomplisse cet admirable mariage dont il nous déploie la perspective : l’union du « rien » humain avec le Tout de Dieu, qui désire se donner entièrement à l’homme, le transformer et le remplir de son propre bonheur divin.


(…) en cherchant la volonté de Dieu liée à chaque chose, nous pouvons à chaque moment de notre vie trouver un appui authentique et sûr.


La beauté nous monde qui nous environne, la bonté que les autres nous témoignent, de même que nos valeurs et capacités propres ne sont rien d’autre qu’une forme de sa présence dans notre vie.


Dans la vie intérieure, Dieu devient progressivement un appui pour nous à mesure que les autres nous déçoivent et que nous éprouvons notre propre faiblesse. Les situations de dépouillement nous poussent de plus en plus à rendre à Dieu le gouvernail de notre vie, en diminuant devant Lui et en croyant que c’est toujours de Lui que tout dépend. 

C’est le chemin qui mène à la paix intérieure, à l’harmonie et à la liberté.


Comptant uniquement sur le Rédempteur, le pauvre de cœur désire ne s’appuyer sur rien ni personne en dehors de Dieu. Il implore chaque jour son Seigneur de lui accorder Sa miséricorde, car cette supplication est son seul moyen de vivre face à la vision de plus en plus claire qu’il a de sa noirceur spirituelle.


(…) si nous étions certains que Lui seul, et personne d’autre, décide de la face du monde et de la tournure de notre vie, nous ne compterions que sur Lui. C’est aussi à Lui que nous ferions appel à chaque instant dans la prière, en une supplication résolue (…) Nous oublions alors qu’il n’y a que deux possibilités : soit Dieu veut ces difficultés, pour des raison que nous ne sommes pas obligés de comprendre, soit, du moins, Il les permet.


Toute exigence est une négation de l’attitude du mendiant (…) Le mendiant reçoit chaque aumône avec gratitude, il est libre de toute exigence (…) En vivant dans la vérité, le mendiant de Dieu sait bien n’avoir rien par lui-même. Mais il sait aussi qu’il n’est pas possible de vivre sans s’appuyer sur quelque chose. C’est pourquoi toute son existence est un cri, un ardent et continuel appel vers Dieu, l’unique appui réel.


Nous commencerons alors à comprendre que seule la vie en union avec Jésus a un sens, et que tout le reste partira en poussière.


Toute personne qui vient chercher de l’aide chez nous, même s’il ne s’en rend pas compte, sort sali de la cendre de notre misère. C’est douloureux d’en prendre conscience mais nous pouvons en tirer une signification profonde : il ne nous reste finalement rien d’autre à faire que de crier vers  Jésus, afin que ce soit lui, en nous et pour nous, qui rencontre les personnes.


La flamme de l’amour de Dieu est, en réalité, notre seule espérance. Si nos illusions ne sont pas brûlées en nous pendant notre vie, cela devra s'effectuer après notre mort, d'une manière beaucoup plus douloureuse. Car, au ciel, aucun appui illusoire n'existera plus : il n'y aura plus que notre participation à la vie intérieure de Dieu.

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