Quelques décennies ont suffi pour nous enfermer dans notre époque…
Tout le monde se méfie de la pensée et l’on se réfugie désormais dans un pragmatisme de son aloi.
Nous en avons assez de ces temps de tiédeur…
Ne lui demandez cependant pas de vous expliquer pourquoi elle ne pense plus, depuis qu’on lui a dit que les idéologies menaient l’humanité à la guerre.
Parce que le vide nous effraie et nous rebute…
Presse, radio, télévision renvoient à notre génération sa propre image et nous l’assènent comme modèle. Elles deviennent ainsi le meilleur instrument dont ait disposé une époque pour perpétuer sa médiocrité.
C’est pourquoi tout doit désormais être simple. Au placard les concepts, les théories, les systèmes ; il faut utiliser les images et les métaphores […] L’économie ne peut se comprendre sans graphiques, sans voyants de couleurs multicolores.
Cherchez, cherchez aujourd’hui ceux qui se préoccupent de ce que signifie la vie, qui s’interrogent sur des problèmes aussi barbares que la mort ou la liberté. Vous ne récolterez que des sourires ironiques, pour ne pas dire ennuyés.
L’aristocratie n’est ni un droit, ni un héritage ; c’est une exigence ; c’est l’orgueil souverain, revendiqué.
La lucidité n’a que faire des vérités suprêmes. Il n’y a finalement que le vide. Et surtout il y a moi. Il y a chacun de nous. Seul face au Néant, à l’absence d’absolu. C’est ici que se situe la vraie liberté ; et cette liberté-là est terrifiante.
La lutte devient totale, sublime, dès lors que chaque instant présent est conscient, désiré.
La prétention est Aristocrate libertaire.
(…) la pensée seule justifie sa faim insatiable d’action et lui donne les moyens de la satisfaire.
Il faut se créer un mythe, à force de fréquenter le même café, de dîner dans le même restaurant.
Besson, Modiano, Queffélec, tous réunis autour de Mamie Sagan et de Van Cauwelaert, notre « nouveau Rimbaud », publient chacun à leur tour des chefs-d’œuvre d’académisme : une petite intrigue amoureuse, un semblant de héros stendhalien, une touche de nostalgie assaisonnée d’un poil de psychologie fine ou d’érotisme mondain, et l’on obtient le plus bel ersatz de ces dernières années. Si vous êtes résolument moderne, égayez votre prose d’un viol, d’une femme battue et de deux ou trois réincarnations : voilà l’innovation qui fait la différence.
Notre époque a choisi, consciemment ou non, la médiocrité contre la grandeur ; et cela parce qu’un autre système dominé par un autre ressort s’est imposé, reposant sur un seul mot, sur une seule obsession : la peur.
Elle nous force à rabaisser notre orgueil, à le faire évoluer là où il ne ressemble plus à rien, sinon à l’arrivisme et au narcissisme. Il faut apprendre à ne s’épanouir que dans la conformité aux canons du groupe.
L’art, la culture, l’aventure, tout doit être spectacle pour être reconnu.
J’ai passé deux jours à rebours pour me retrouver il y a quelque temps, lorsque tu m’as dit me trouver adorable. J’ai dormi, mangé, lu à l’envers jusqu’à la minute précise.
Je veux que l’esprit reste dehors, libre à jamais.
J’aime la fête sauvage et baroque.
(…) l’illusion majeure, l’illusion de perfection. Voilà ma seconde chance : la perfection est un non-sens. Chance, car si elle existait je pourrais l’atteindre. Que serais-je alors ? Dans la perfection paradisiaque plus de contradiction pour nourrir ma pensée, plus de temps pour la dérouler. Je disparaîtrais avec elle. Je hais ce paradis à l’égal de l’enfer.
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