… tous les dieux ne sont
que des produits de l’imagination des hommes. Nous les avons inventés pour
supporter le vertige de la solitude, parce que nous ne savons pas aimer les
seuls êtres qui comptent vraiment, ceux qui vivent là autour de nous…
Bien sûr, comme vous, nous
sommes terrifiés par la mort. Nous la pensons ainsi comme la fin de tout. Nous
n’admettons pas qu’après nous les arbres resteront verts ; que, dans notre
rue, notre maison, il y aura encore des enfants pour jouer, des hommes et des
femmes pour s’aimer.
- Que veux-tu dire ? redemande
Stauff.
- Que les mots ne sont peut-être
les vrais golem, faits de l’argile des lettres. C’est avec elles que se forment
les mythes seuls promis à l’éternité.
- Ce n’est vrai que s’il
reste des hommes pour les entendre ! murmure Posquières.
- Tu as raison, approuva Golischa.
On n’est jamais que le souvenir qu’on laisse.
- Non, rectifia
Posquières, on n’est jamais que ceux à qui on laisse des souvenirs. Les hommes
ou les Sir ne durent que dans la mémoire des autres. […] Les hommes ne valent
donc que s’ils portent plus loin qu’eux-mêmes les rêves de leurs ancêtres. Ils
ne sont hommes que par ce que font d’eux leurs enfants.
La seule façon pour un
homme de se rendre éternel est de faire de sa vie une œuvre d’art.
-Si, les mots sont
vivants, dit Posquières. Et pour qu’ils durent, il ne faut pas les négliger,
mais les prendre au sérieux, les cajôler, les bien choisir, les entourer
d’autres mots. Aucun mot n’est sans importance. Ils tuent s’ils mentent. Ils meurent
si on les oublie.
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