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lundi 10 juin 2019

"La vie éternelle, roman" de Jacques Attali (1989)


… tous les dieux ne sont que des produits de l’imagination des hommes. Nous les avons inventés pour supporter le vertige de la solitude, parce que nous ne savons pas aimer les seuls êtres qui comptent vraiment, ceux qui vivent là autour de nous…

Bien sûr, comme vous, nous sommes terrifiés par la mort. Nous la pensons ainsi comme la fin de tout. Nous n’admettons pas qu’après nous les arbres resteront verts ; que, dans notre rue, notre maison, il y aura encore des enfants pour jouer, des hommes et des femmes pour s’aimer.

- Que veux-tu dire ? redemande Stauff.
- Que les mots ne sont peut-être les vrais golem, faits de l’argile des lettres. C’est avec elles que se forment les mythes seuls promis à l’éternité.
- Ce n’est vrai que s’il reste des hommes pour les entendre ! murmure Posquières.
- Tu as raison, approuva Golischa. On n’est jamais que le souvenir qu’on laisse.
- Non, rectifia Posquières, on n’est jamais que ceux à qui on laisse des souvenirs. Les hommes ou les Sir ne durent que dans la mémoire des autres. […] Les hommes ne valent donc que s’ils portent plus loin qu’eux-mêmes les rêves de leurs ancêtres. Ils ne sont hommes que par ce que font d’eux leurs enfants.
           
La seule façon pour un homme de se rendre éternel est de faire de sa vie une œuvre d’art. 

-Si, les mots sont vivants, dit Posquières. Et pour qu’ils durent, il ne faut pas les négliger, mais les prendre au sérieux, les cajôler, les bien choisir, les entourer d’autres mots. Aucun mot n’est sans importance. Ils tuent s’ils mentent. Ils meurent si on les oublie.


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