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mercredi 17 octobre 2018

"Cessez d’être gentil, soyez vrai !" de Thomas d’Ansembourg (2001)


Nous avons appris à nous couper de nous pour être avec l’autre […]. Comment être soi sans cesser d’être avec l’autre, comme être avec l’autre sans cesser d’être soi ?

« Il faut que… », « Il est temps… », « C’est pas normal que… ». Nous verrons comment ce langage nous déconnecte de nous-même, et nous asservit d’autant plus subtilement qu’il paraît être un langage responsable.

Le sentiment fonctionne comme un signal clignotant sur un tableau de bord : il nous indique qu’une fonction est ou n’est pas remplie, qu’un besoin est ou n’est pas satisfait.

Ce n’est pas un besoin virtuel, apparemment insatiable et donc menaçant. C’est une demande concrète, bien définie en termes d’espace et de temps, et par rapport à laquelle nous pouvons nous situer, adopter une attitude.

En nous concentrant sur nos vrais besoins au lieu de nos bagarres pour nos demandes, nous nous libérons mutuellement du piège et nous nous donnons un espace de rencontre et de créativité !

[…] les personnes qui dégagent un bien-être profond, une joie d’être au monde […] ne cherchent pas à remplir leur vie de choses à faire ou de gens à voir mais à remplir de vie les relations qu’elles nourrissent et les choses qu’elles font.

L’observation neutre […] sans jugement, sans interprétation, sans reproche critique dans le ton de la voix ou l’expression du visage […] permet d’ouvrir le dialogue […].

Ceci est pour moi l’aspect fondamental de la communication : donner le sens de ce que je fais ou de ce que je veux […] le tragique « C’est pour ton bien » qui a fait tant de ravages […] mécanique subtile qui engendre la violence dès l’enfance, et ce, d’une façon d’autant plus inconsciente qu’elle se pare de bonnes intentions. Cette attitude, font heureusement, a de moins en moins cours […] La cause actuelle de l’inconfort de beaucoup de parents, d’enseignants et d’éducateurs tient beaucoup à ce qu’ils sont invités par les jeunes, de façon directe ou indirecte à requalifier leurs priorités et à (re)définir le sens de leurs actes et de leur vie. 

Qu’est-ce qui fait qu’il est si difficile pour ces parents d’écouter leur adolescent ? La plupart du temps, je constate que c’est parce qu’ils croient qu’ils doivent faire quelque chose, agir, performer, obtenir un résultat, une solution et si possible tout de suite. Or, il se peut qu’ils ne voient pas de solution et se sentent impuissants, ou qu’ils soient fatigués de tenter d’en trouver. 

Cette attitude comporte deux bienfaits. D’une part, je m’ouvre à l’extraordinaire potentiel d’amour du monde, ce que Rilke décrit sans doute par ce vers : « Une boîte prête à l’envol sur chaque chose veille. » Je crois profondément que si nous étions prêts à goûter tout l’amour qui nous est proposé sans cesse sous les mille facettes du monde, nous serions tellement plus en paix.

Si nous voulons, malgré la culpabilité, arriver à nous occuper de nous, nous croyons qu’il faut nous couper des autres. En résultent beaucoup de ruptures, de séparations, de divorces, de fuites et d’enfermements parce que « je ne parviens pas à rester moi-même tout en étant avec l’autre, donc je m’en sépare. »

… l’expérience m’enseigne que la qualité d’écoute et de respect qui se dégage de la recherche de cette solution dans un climat de bienveillance est telle, que la solution concrète apparaît comme un accessoire de la relation et non l’inverse !

Deux expressions clés :
- « Pour le moment »
- « Et en même temps »
(plutôt que « Mais »)

…vérifier l’identification adéquate du besoin sans y impliquer l’autre…
Tant pis, cette fois c’est assez ! Je mise sur la confiance, je table dessus, je calme en moi toutes les voix intérieures qui chahutent et protestent : « Fais attention, ça va mal se passer, fais gaffe », et je me répète : « Fais confiance, qu’est-ce que tu as à perdre, la peur n’était pas satisfaisante, au pire la confiance ne sera pas satisfaisante non plus.

Même au sein du couple (…) tant de comportements sont guidés non pas par la joie d’aimer mais par la peur de ne plus être aimé, non pas par la joie de donner mais par la peur de ne pas recevoir en retour…

Ensemble nous ne tentons pas de combler nos manques mais d’échanger de la plénitude !

Si je parviens aujourd’hui à accompagner les personnes au fond de leur puits d’une façon plus satisfaisante, c’est que j’ai compris qu’elles ont surtout besoin de présence, de ne plus être seules.

Nous ferons attention à bien lester le sentiment d’un besoin. Si nous ne reflétons que le sentiment, nous risquons de rester dans la plainte et l’agression.

C’est, à mon sens, la seule façon de ne pas partir dans le cercle vicieux ou la spirale de la violence ; se maintenir dans la bienveillance, accueillir intérieurement et la souffrance de l’autre et la souffrance que son attitude provoque en nous.

Et c’est vrai que si nous ne nous connaissons pas bien, si nous ne nous ancrons pas solidement à l’intérieur de nous-mêmes, l’intimité tant avec nous qu’avec les autres peut faire peur : peur de se perdre, de se dissoudre comme une goutte dans l’océan. 

Enfin, je recommande la gratitude : porter en soi et exprimer de la gratitude pour tous les besoins qui sont comblés (…) Lorsque nous nous nourrissons de l’énergie portée par tout ce qui va bien, nous trouvons la force d’affronter tout ce qui va mal.

« Qu’est-ce que le Mal, sinon du Bien torturé par sa propre soif ? » (Khalil Gibran)

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