L’observation directe des fillettes dès les premières années de la vie met hors de doute qu’à une certaine étape de leur développement elles se sentent lésées par comparaison avec l’autre sexe, en raison de l’infériorité de leurs organes génitaux externes.
Primitivement, la fille n’a aucun sentiment d’infériorité touchant son corps, et peut donc ne pas réaliser immédiatement qu’il présente un manque comparé à celui du garçon […] elle forgera la théorie que nous avons souvent rencontrée : « J’avais autrefois un organe comme les garçons, mais on me l’a pris. » La fillette s’efforce donc de faire du manque douloureusement ressenti une perte secondaire, et qui résulterait d’une castration.
Cette idée touche de très près à une autre que nous traiterons en détail. Le sexe féminin est considéré comme une blessure, et à ce titre il porte la marque d’une castration.
L’inconscient de la fille devenue adulte prend tardivement sa revanche du père qui a omis de lui accorder un pénis ; pourtant ces représailles ne s’appliquent pas à la personne du père, mais à l’homme qui, en raison d’un transfert de la libido, tient le rôle de celui-ci.
[…] deux groupes. Pour l’un, les phénomènes reposent sur l’aspiration intense, émotionnellement chargée mais inconsciente, à s’arroger le rôle masculin, soit sur le fantasme de possession d’un organe viril ; pour l’autre, les manifestations expriment un refus inconscient du rôle féminin, et des souhaits refoulés de tirer vengeance de l’homme, plus favorisé. Il n’existe pas de délimitation nette entre ces deux groupes.
Pour l’inconscient, le « regard fixe » est fréquemment l’équivalent d’une érection.
[…] regard fixe = serpent = phallus.
Chez ces patientes, nous rencontrons régulièrement sous une forme refoulée deux tendances : un désir de se venger de l’homme, et une aspiration à s’emparer par la force de l’organe convoité, c’est-à-dire de l’en dépouiller.
Depuis longtemps déjà, mais surtout durant la dernière guerre, j’ai été frappé de l’intérêt érotique que certaines femmes vouent aux hommes qui ont perdu un bras ou une jambe par amputation ou accident. Ces femmes ont le sentiment très vif d’être rejetées, et acceptent plus volontiers un homme mutilé qu’un sujet en pleine possession de son intégrité corporelle.
[…] une attitude assez fréquente à l’égard de l’homme, et parfois excessivement pénible pour lui ; c’est la tendance à le décevoir. Décevoir quelqu’un consiste à éveiller en lui une attente, pour ne pas la combler. Dans ses relations avec l’homme, la femme peut y parvenir, par exemple en répondant à ses avances, mais seulement jusqu’à un certain point, en se refusant ensuite à lui. Ce comportement s’exprime le plus fréquemment et le plus clairement par la frigidité de la femme.
[…] l’emprise inconsciente de l’aspiration de la femme frigide à être un homme. […] Dans la frigidité, c’est en règle générale au clitoris que la sensation agréable est localisée…
Alors que la femme frigide s’efforce inconsciemment de diminuer l’importance du sexe qui ne lui est pas accordé, il existe une autre forme de refus de l’homme qui tend au même but par des moyens contraires. Dans cette forme de rejet, l’homme n’est rien d’autre qu’un organe sexuel, donc n’est fait que de grossière sensualité.
Ce processus conduit les femmes névrosées à éviter instinctivement les hommes dotés de qualités masculines et actives éminentes. Elles portent leur choix amoureux sur des hommes passifs et efféminés, occasion dans la vie commune de renouveler quotidiennement la preuve que leur propre activité est supérieure à celle de l’homme.
Ces femmes évitent d’accepter l’aide de l’homme, et montrent le plus grand déplaisir à suivre ne serait-ce que l’exemple d’un homme.
« Comme femme, je voudrais être exceptionnelle ».
Les femmes dont les représentations et les sentiments sont régis par le complexe de castration […] transmettent ce complexe à leurs enfants […] soit en dénigrant dès l’enfance la sexualité féminine, soit en faisant inconsciemment percevoir à leur fille leur refus de l’homme.
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