Ainsi donc, la troisième partie est nécessaire à cause de la seconde ; la seconde à cause de la première. Mais la plus nécessaire, celle sur laquelle il faut se reposer, c’est la première. Nous, nous agissons à l’inverse. Nous nous attardons dans la troisième partie, toute notre sollicitude est pour elle, et nous négligeons absolument la première. Nous mentons en effet, mais nous sommes prêtes à démontrer qu’il ne faut pas mentir.
Si, entre gens vulgaires, la conversation tombe sur quelque maxime, garde le plus souvent le silence. Tu cours grand risque, en effet, de vomir aussitôt ce que tu n’as pas digéré. Et, lorsque quelqu’un te dit : « Tu ne sais rien », si tu n’es pas mordu par ce propos, sache que tu commences à être philosophe. Car ne n’est point en rendant aux bergers l’herbe qu’elles ont avalée, que les brebis leur montrent combien elles ont mangé. Mais, une fois qu’elles ont au-dedans digéré leur pâture, elles rendent au-dehors de la laine et du lait. Et toi aussi, ne fais pas étalage de maximes devant des gens vulgaires. Mais montre-leur les effets de ce que tu as digéré.
Si tu désires être philosophe, prépare-toi dès lors à être ridiculisé et raillé par la foule qui dira : « Il nous est revenu tout à coup philosophe ». Et : « D’où lui vient cet orgueilleux sourcil ? » […] Souviens-toi que, si tu persévères, ceux mêmes qui d’abord se moquaient de toi t’admireront plus tard. Mais, si tu te laisses abattre, tu te rendras doublement ridicule.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire