Nous ne fûmes que deux ou trois sur la dizaine de frères à décrire le chemin inverse : c’est « l’expérience de Dieu » - si j’ose la nommer ainsi - qui avait été déterminante, et l’accès au Christ des évangiles et de Paul avait suivi, plus ou moins laborieusement, qui nous amenés à identifier plus ou moins « Dieu » et « le Père ». On ne s’étonnera pas que, de ce fait, mon évangile préféré ait toujours été le quatrième, celui de Jean, le mystique !
Mais à dire vrai, mon expérience spirituelle originaire sera mieux exprimée si je dis « Dieu est », plutôt que « Dieu existe ». Ce qui s’imposa à moi et ce qui a continué ensuite à m’habiter, ce fut essentiellement une « présence ». « Dieu existe » sonne à mes oreilles comme une affirmation rationnelle, à distance de l’expérience intime.
C’est bien d’ailleurs pourquoi on dit de la foi, comme de l’espérance et de la charité qu’elles sont des « vertus théologales » , ce qui signifie qu’elles ont Dieu lui-même comme objet, à la différence, par exemple, des vertus morales qui s’appliquent à d’autres objets au nom de la relation à Dieu.
Les anciens, saint Thomas en particulier, tenaient pour absolument nécessaire ce qu’ils appelaient la « théologie négative » : toute affirmation positive concernant Dieu doit être niée en même temps que tenue pour juste, en ce sens que la réalité divine est toujours au-delà des prises de notre raison humaine.
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