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mardi 20 août 2019

« La sonate à Kreutzer » de Léon Tolstoï (1889)

Je vis que, dès la première rencontre, ses yeux avaient pris un éclat particulier et que, sans doute à cause de ma jalousie, il s’était établi immédiatement entre elle et lui une sorte de courant électrique qui amenait sur leurs visages des expressions, des sourires semblables. Elle rougissait… il rougissait aussi, elle souriait… il souriait (…) Et il y a entre eux le lien de la musique, la forme la plus raffinée du désir.

(…) cet homme devait non seulement lui plaire mais, sans le moindre doute, sans la moindre hésitation, la vaincre, la fouler, la tordre, la plier à sa volonté, faire d’elle tout ce qu’il désirerait. Je ne pouvais pas ne pas le voir et je souffrais affreusement. Malgré cela, ou peut-être à cause de cela, une force opposée à ma volonté me contraignait d’être non seulement poli mais affable avec lui (…) Pour ne pas céder au désir de le tuer sur-le-champ, il me fallait le flatter.

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