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dimanche 10 septembre 2017

« Le désert intérieur » de Marie-Madeleine Davy (1983)

(…) un texte appartenant à un traité hermétique de l’ancienne Egypte. Connue sous le titre d’Asclépius, cette prophétie concerne l’effondrement de l’Egypte spirituelle, cette terre des dieux, des temples de la piété, du culte qui deviendra veuve de ses dieux protecteurs. Ceux-ci l’abandonneront. Ils quitteront la terre égyptienne pour « remonter le ciel ». Avec le départ des dieux, l’homme basculera , il n’aura plus envie de vivre mais de mourir. « L’homme pieux sera tenu pour fou, l’impie pour sage.  ; le frénétique passera pour un brave, le pire criminel pour un homme de bien. » On rira de ceux qui croient à l’immortalité des âmes. Quant aux « anges malfaisants », ils se mêleront aux hommes et les contraindront à la violence et aux crimes.

Les prophètes et visionnaires de tous les temps - les vrais comme les faux - qui annoncent les malheurs sont crus avec facilité. Si l’un deux parlait d’une ère de paix, on prendrait son dire pour une plaisanterie ou bien encore on la fixerait pour une date tardive, la remettant ainsi à un « plus tard » concernant les générations futures.

Cette sacralisation désacralisante provoque aujourd’hui un regain d’intérêt pour la voyance, les prédictions, les présages, le spiritisme, la nécromancie, voire les horoscopes et une certaine forme de métapsychie qui relève principalement d’un psychisme dégradé, d’une incapacité métaphysique et surtout d’une carence de l’intelligence spirituelle.
Si nous avons par moments l’illusion que Dieu se retire du monde, c‘est parce que le monde se retire de lui. En nous éloignant de sa présence, nous pouvons avoir l’impression de son abandon. Or c’est nous qui somme absents. En étant absents de Dieu, nous nous retirons de l’humanité. Sacraliser le monde signifie le quitter, ne plus l’aimer, puisque l’amour n’est rédempteur que dans la mesure où il passe par Dieu, vit en Dieu qui seul est sacré.

Dieu étant présent dans l’homme - par la création à l’image divine - celui-ci contient le sacré à la façon d’un vase. Tel est le mystère de l’homme. L’étincelle divine est sacrée, mais l’homme en tant que créature appartient au monde profane voué à la mort. C’est en découvrant cette étincelle divine et en plongeant en elle que l’homme peut enfin participer à la sacralité divine.

Le plus sage est ne pas sous sentir entamés par l’ère de la machine et de la décomposition de ce qui a pu faire vive nos aïeux. Et cela en revenant à l’essentiel auquel des hommes ont pu, à toutes les époques, donner leur adhésion.

Les chrétiens préparaient le retour du Christ qu’ils attendent encore, car ils n’ont pas compris que le retour du Christ s’effectue dans les cœurs des hommes, comme le dira Origène.

(…) la déchristianisation a déjà commencé dans la jeune Eglise, l’Evangile n’a été vécu dans sa plénitude que durant les deux premiers siècles. Et c’est déjà beaucoup dans une histoire d’hommes ; cela fait plusieurs générations.

Jung avait montré que le désaccord avec soi-même provoque la conscience et donne le sens de la responsabilité.

Si l’homme ne croyait pas à la possibilité de son évolution intérieure, il lui serait inutile de l’amorcer. Dans la pensée antique et chrétienne se retrouve communément cette possibilité de progrès qui ne comporte aucun terme.

Comme l’a montré François Daumas, l’attrait irrésistible pour la solitude est très ancien. On le trouve en Egypte dès le IIè millénaire. Ainsi « une quinzaine de siècles avant que les Antoine et les Macaire recherchent l’isolement du désert pour y trouver Dieu », de nombreux solitaires s’adonnaient à la prière dans le silence du désert.

En Egypte, selon François Daumas, l’idéal de la retraite solitaire a préparé la voie du monachisme chrétien qui plus tard prendra naissance dans la même région. La sagesse des Thérapeutes et des Esséniens sera toujours considérée comme un modèle de vie contemplative.

Ces Juifs que sont les Thérapeutes sont influencés par la philosophie grecque et aussi par la sagesse égyptienne. Il apparaissent former une sorte de relais entre les philosophes grecs -  s’éloignant de la foule - et les ascètes chrétiens qui, dès le IIIè siècle, fuiront le monde en gagnant les déserts (…) ils récusent la dureté spartiate (…) Ils conservent une « mesure » que les Pères du Désert ignoreront (…) les Thérapeutes étaient aussi consacrés au culte et à la guérison du corps et de l’âme. Ils (…) se réunissaient une seule fois par semaine, le samedi, afin de célébrer ensemble le sabbat. Eloignés du tumulte des villes, ces amants de la solitude aimaient les jardins, les lieux solitaires afin de méditer la Loi dans le silence ; ils ne choisissaient pas les les déserts comme le feront plus tard les ascètes chrétiens.

Le texte sacré montre comment le désert est une réplique de la création divine avant que l’homme organise la terre à son gré, construise des villes dans lesquelles la voix divine n’est plus perçue, car les hommes pris dans l’agitation des cités cessent de se tourner vers la face de Dieu.

A moins d’appartenir à une secte exigeant le célibat, tout Juif se mariait jeune, vers dix-huit ans, et devait avoir des fils.

Ce qui est éternel n’a pas à s’affliger de la brièveté du temps dont il est devenu indépendant.

(…) le besoin de contact, éprouvé par l’homme de la collectivité, répond à son absence de structure ; on pourrait dire à son manque d’être. La foule est juxtaposition, addition d’individus et non de personnes (…) La masse ne favorise pas la fraternité humaine, ni l’intersubjectivité et encore moins la communion.

Dans la solitude, l’homme peut se croire patient et humble tant qu’il est privé de relation extérieure ; que l’occasion naisse à propos d’une soudaine contrariété, le retour à la nature première s’effectue au galop.

L’Eternel à refusé à Jérémie « la joie d’aimer » et de faire couple : « tu n’épouseras pas de femme, tu n’auras ni fils ni filles. » (16,2) et voici Jérémie célibataire dans un peuple où le non-mariage était insensé.

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