Nous sommes au chapitre 6, et le
peuple d'Israël, guidé par Josué, assiègent la ville de Jéricho (…) On doit
conclure que nous n'avons pas en Jos 6 un véritable récits de bataille (…) Le
texte de Jos 6 n'est pas un récit historique. (…) Le récit décrit la conquête
de la première ville de la Terre promise à travers une liturgie célébrée au son
d'instruments musicaux, les trompettes que des prêtres font résonner. Le
message est plutôt clair : la conquête de la Terre, tout comme sa possession,
est due non pas tant à des prouesses militaires qu’à la foi au Dieu d'Israël et
à son culte.
Le peuple d'Israël a voulu
constituer une bibliothèque, probablement sur le modèle des archives et des
autres bibliothèques qui existaient au Proche-Orient ancien. Il a voulu
démontrer qu'il avait une culture à la hauteur de celle des grandes
civilisations de l'époque.
Dans la Bible hébraïque on
atteint déjà le sommet avec la Torah, le Pentateuque : s’amorce ensuite une
longue descente. Les livres importants se trouvent au début de la Bible et ce
qui compte se déroule avant l'entrée dans la Terre et en grande partie en
dehors de la Terre. Les livres prophétiques se veulent en grande partie des
commentaires de la Torah et « les écrits », des méditations sur la Torah (…)
Dans la Bible chrétienne, en
revanche, nous avons une longue histoire qui commence avec la création du monde
et se prolonge jusqu'au livre des Maccabées dans la Bible catholique (…) Dans
la Bible chrétienne, donc, l'apogée se trouve à la fin, et non au début comme
dans la Bible hébraïque.
Les premiers livres de la
bibliothèque nationale Israël décrivent, pour le dire brièvement, l'origine de
l'univers (Gn 1-11) et les origines du peuple d'Israël (Gn 12 – Dt 14).
Le Pentateuque contient toute la
documentation concernant les origines d'Israël. Histoire et collections de lois
sont intégrées dans un ensemble qui a sa propre chronologie - de la création du
monde jusqu'à la mort de Moïse - mais pas d'unité de style ni de pensée. La
documentation n'a pas été réécrite, réélaborée et homogénéisée. Pour cette
raison, je préfère parler d'archives ou de bibliothèque.
(…) La composition du Pentateuque
est attribuée à Moïse par la tradition. Le même Pentateuque, cependant,
attribue à Moïse la rédaction du code de l’Alliance (Ex 24,4) et de la loi du
Deutéronome (Dt 31,9) seulement.
Après les événements qui
concernent les origines de l'univers (Gn 1-11) et les patriarches (Gn 12-50),
nous avons un long récit sur les origines du peuple d'Israël né sous la
direction de Moïse. Ce récit s'articule en quatre sections principales :
l’histoire de l'exode et de la sortie d'Égypte (Ex 1-15) ; les récits sur le
séjour au désert ; la longue halte d'Israël aux abords du mont Sinaï ; et
enfin, les quatre discours prononcés par Moïse en face de Jéricho qui forment
le cinquième livre du Pentateuque, le Deutéronome.
Les récits du Pentateuque n’ont
pas comme but d'informer sur le passé d'Israël mais plutôt de former la
conscience d'un peuple (…) Tout concourait à la disparition du peuple d'Israël
de la carte de l'univers. Combien de nations anciennes n'ont pas survécu aux
conquêtes assyriennes, babyloniennes, perses, grecques et romaines ? (…) Les récits
du Pentateuque cherchent donc à créer un peuple uni (…) Tous les membres du
peuple d'Israël descendent des mêmes ancêtres : Abraham et Sara, Isaac et
Rébecca, Jacob et ses deux épouses, Léa et Rachel. Ce qui est surprenant, si
nous comparons le Pentateuque à d'autres récits de ce type, c'est que, en
général, un peuple a un seul ancêtre, et non trois comme Israël (…) De plus, un
peuple porte le nom de son ancêtre, ou bien il y a quelconque lien étymologique
entre les deux. L'ancêtre d'Israël devrait être, selon ce principe bien connu,
Israël, un nom que Jacob a reçu lors d'un mystérieux épisode en Gn 32,23-33. Dans
ce livre, cependant, l'ancêtre d'Israël est Abraham, et non Jacob-Israël
Une grande partie des traditions
au sujet d'Abraham provienne de Hébron, une petite ville située à environ 40 km
au sud de Jérusalem (…) Hébron présente toutefois un avantage que Jérusalem ne
peut revendiquer : elle n'a jamais été conquise ni détruite par une armée
ennemie.
Une seule institution a survécu à
toutes ces vicissitudes sans trop de dommages : la famille élargie, le
« clan ». Pour cette raison, Israël peut s'identifier sans hésitation avec
Abraham et Sara et s'approprier l'histoire de cette première famille
(…) Abraham parcoure d'avance
toutes les routes des déplacements futurs du peuple (…) Le cycle d'Abraham a
toutefois exploité au maximum la figure du pasteur nomade pour lui faire
traverser toutes les routes de la Terre promise est celle que ses descendants
devront un jour parcourir.
Pourquoi introduire le personnage
d'Isaac dans la triade des patriarches, entre Abraham et Jacob ? La raison, à
mon avis, est simple : Abraham naît à Ur en Chaldée, hors de la terre promise ;
Jacob vivra 20 ans à Haran, loin de sa patrie, et mourra en Égypte. Ni l'un ni
l'autre n'ont vécu la totalité de leur vie dans la Terre promise. Seul Isaac
naît, grandit, vit et meurt dans la terre de Canaan.
Au contraire d'Abraham, qui est «
sérieux » et exemplaire, Jacob est beaucoup moins édifiant. Il est surtout rusé
(…) Il appartient à la famille des héros populaires, très populaires, tel
Guillaume Tell en Suisse, Till Eulenspiegel dans les Flandres et en Allemagne
du Nord et Robin Hood en Grande-Bretagne.
L'histoire de Joseph démontra en
fait l'essentiel : il est possible de bien vivre comme hébreu dans un pays
étranger, dans la « diaspora ». On y vit même mieux que dans sa patrie. La
survie des membres de la famille de Jacob dépend, en fait, du « succès » de
Joseph, « émigré » de force dans un pays prospère. (…) L'expérience de Joseph
est celle d'un conflit qui finit bien, une histoire qui donne de l'espérance et
qui inspire du courage (…) Elle démontre enfin que le pouvoir ne sert pas
seulement à opprimer, mais bien à sauver lorsqu'il est mis au service des
membres les plus nécessiteux de sa propre famille et de son propre peuple.
Les péripéties patriarcales sont
centrées sur des individus, sur des familles ou, tout au plus, sur un clan
comme celui de Jacob ; le récit de l'Exode se concentre au contraire sur le
peuple en tant que tel. (…)
Le récit de l'exode à une valeur
unique dans l'histoire d'Israël. Il est plus important que la conquête de la Terre
promise, que les victoires de Saül et de David sur les Philistins, que la prise
de Jérusalem par David et que la construction du temple de Salomon (…)
L'affranchissement de l'esclavage n'a pas été le résultat d'une action violente
(…) Moïse et Aaron sont allés chez le pharaon et lui ont parlé. Ils ont utilisé
cependant des arguments forts, telles les soi-disant « plaies d'Égypte » (…) Les
événements décrits sont tous des phénomènes naturels que le récit utilise d'une
manière stylisée. L'argument principal de Moïse -et du récit de l'exode- est
suffisamment facile à comprendre : le Pharaon est incapable de commander à la
nature. Son pouvoir est limité et non absolu, même sur ses sujets.
Israël demeure 40 ans au désert
(…) C'est la condition des membres d'Israël qui vivent dans la « diaspora », et
aussi de ceux qui résident dans la Terre promise, mais sous un gouvernement
étranger. Ils vivent dans un état transitoire, du « pas encore ».
Le monde hébraïque a, en fait,
privilégié l'aspect juridique du Pentateuque, tandis que le monde chrétien a
préféré les récits aux lois (…)
Le Dieu d'Israël, qui est en même
temps le Dieu de tout l'univers, se réserve une nation à son service cultuel
et, à cette fin, fait d'Israël un royaume de prêtres (…) Toutes les lois
d'Israël sont proclamées sur le mont Sinaï dans le désert par Dieu lui-même est
transmise par Moïse (…) Le séjour au désert et le « temps normatif » pour
Israël et le désert est le « lieu normatif » (…) Les lois ne sont pas liées non
plus au territoire de la Terre promise. Ils sont donc encore valides quand le
peuple vit hors de sa terre ou sans jouir d'une véritable autonomie. La loi, en
Israël, est plus personnelle que territoriale.
Le Pentateuque renferme, si on
peut dire ainsi, les archives juridiques d'Israël. Avec un vocabulaire plus
moderne, nous pourrions dire que le Pentateuque ne contient pas le droit positif
Israël. Il s'agit d'une œuvre de consultation plus qu'une série de lois à
appliquer ou effectivement appliquées par les juges.
Moïse porte un nom égyptien,
probablement abrégé, qui signifie « fils de », « engendré par » nous
retrouvons la même racine dans les noms propres Ramsès (« fils du dieu Ra »),
Tutmosis (« fils du dieu Tot »), Ahmosis (« fils du dieu Ah »). Si Israël
avait inventé son fondateur, il y aurait sûrement donné un nom sémitique et,
assurément, autre qu’égyptien.
Moïse épouse une femme étrangère,
alors que la loi - qu'il a lui-même proclamée - interdit les mariages avec des
étrangères (Dt 7,3-4). Ce même élément, très problématique, peut difficilement
avoir été inventé (…) Il aurait été plus simple de permettre à Moïse de fouler
la Terre promise.
(…) En Israël, le salut ne vient
pas des rois des chefs militaires, il vient des prophètes et surtout du plus
grand d'entre eux, Moïse.
(…) Les chapitres d'ouverture de
la genèse ont été composés à une époque tardive. Israël est une petite nation
entourée de grandes civilisations, surtout en Égypte et en Mésopotamie (…) Il
aurait pu réagir en adoptant une cultures plus sophistiquée. La réaction en
Israël a toutefois était tout autre. Dans plusieurs cas, on a copié, repris,
intégré et adapté les grandes idées des cultures étrangères pour se les
approprier (…) Les événements racontés en Gn 1-11 ont comme objectif principal
celui de rivaliser avec des récits analogues, notamment les grands mythes
mésopotamiens.
Avec la mort de Joseph (Gn 50,26)
prend fin l'histoire des ancêtres d'Israël, les soi-disant « patriarches ».
L'Exode débute avec la liste des
douze fils de Jacob, ancêtres des douze tribus qui forment le peuple d'Israël
en Égypte.
L'ensemble du Lévitique explique
ce que vivre en contact étroit avec la divinité signifie.
Le Deutéronome rassemble les
discours prononcés par Moïse aux derniers jours de sa vie (…) Moïse «
interprète » la loi pour le peuple. Le Deutéronome est pour cette raison, le
premier commentaire de la Torah…
L'identité du peuple existe dès
avant l'entrée dans la terre, avant la monarchie et avant la construction du
temple. Pour la même raison, elle pourra survivre à la perte de la terre et à
la disparition de la monarchie et du temple.
Les livres historiques reprennent
les principaux évènements de l’histoire d’Israël depuis le début de la conquête
(Jos 1) jusqu'à l'exil à Babylone (2R 25). Le livre de Josué décrit la conquête
de la terre promise sous la conduite, justement, de Josué. Celui des Juges est
consacré aux tribulations des tribus d'Israël durant une période agitée, marquée
par les invasions et les occupations des nations étrangères.
Ce sont les prophètes qui ont eu
raison pour avoir prévu les conséquences terribles d'une politique royale
erronée. Il s'agit de l'une des thèses les plus importantes des livres
historiques.
« Ils ont méprisé ses commandements, l'Alliance qu'il avait conclue
avec leurs pères et les ordres qu’il leurs avaient donnés ; ils ont marché
derrière du vide et sont devenus vides à leur tour, imitant les peuples
voisins, alors que le Seigneur leur avait ordonné de ne pas suivre leurs
coutumes. » (2R 17,15)
Le passage est très clair : les
prophètes avaient averti Israël et Juda, mais les deux royaumes n'ont pas prêté
l'oreille. (…) Il aurait été possible d'attribuer la fin des deux royaumes à
une politique étrangère erronée, à des coalitions inopportunes ou aux ruptures
fatidiques d'alliances conclues. Il aurait également été possible de parler de
faiblesse militaire ou d'erreur de stratégie. Non, pour l'auteur anonyme de 2R
17 la cause de la tragédie est d'origine éthique…
La possession de la terre et donc
un fil rouge qui traverse toute la collection de livres réunis sur le rayon des
« prophètes antérieurs » dans notre Bibliothèque nationale (…) Les livres
historiques ou « prophètes antérieurs » figure pourtant dans la Bibliothèque
nationale d'Israël parce qu'ils expliquent le passé, surtout la perte de la
terre et de l'indépendance. Mais ils sont aussi présents pour une autre raison
: ils mettent en relief les valeurs pérennes de l'existence d'Israël, celles
qui sont contenues dans la loi de Moïse. Ayant survécu à la perte de la terre
et à la fin de la monarchie, ces valeurs permettent au peuple de traverser
toutes les vicissitudes de son histoire.
Les prophètes ont formé la conscience
collective d'Israël, à un moment précis de son histoire. Bien plus, ils ont
exprimé des jugements et des opinions qui ont été confirmé par ces événements.
Les « prophètes antérieurs »
(Jos-2R) s'occupe du passé, un passé plus ou moins légendaire et parfois
mythique qui aide à comprendre le présent. Les « prophètes postérieurs » (Is-Ml)
scrute plutôt le présent pour y découvrir les premières esquisses du futur.
Aujourd'hui, on dirait que les prophètes traite principalement de l'actualité (…)
Certains, par exemple Osée, réfléchissent plus naturellement sur des problèmes
religieux au sens large du terme ; d'autres, comme dans le cas d'Amos, sur des problèmes
de justice sociale. Isaïe et Jérémie prennent position sur la politique des
rois et des dirigeants de leur temps, le premier à l'époque des invasions
assyriennes, le second durant la période de la conquête néobabylonienne. Michée
défend les intérêts des grands propriétaires de la campagne judéenne contre la
capitale, Jérusalem (…) Le livre d'Ezéchiel, de son côté, analyse la cause de
la chute le Jérusalem en 587 avant Jésus-Christ pour élaborer ensuite un plan
de reconstruction, et de restauration de la cité. On pourrait appliquer à son
livre le titre d'une œuvre récente sur le même sujet : « La chute et la renaissance
de Jérusalem ».
Les prophètes sont souvent des
personnages qui appartiennent aux grandes familles aristocratique de leur
village (…) Le prophète Amos était un gardien de troupeau, voire le
propriétaire de plusieurs troupeaux (…) Jérémie était prêtre, tout comme Ezéchiel.
En Israël comme ailleurs, les prêtres sont en général cultivés, parce qu'ils
ont la charge d'enseigner la Torah et d'instruire le peuple en matière de culte
(…) Nous pourrions dire que les prophètes sont des « commentateurs (…) Ils
avaient une vision sur les événements et sur l'avenir du peuple qui n'était ni
démagogique ni opportuniste. Pour cette raison, ils se sont souvent opposés à
leurs souverains, qui se laissaient souvent guider par le mirage du profit et
du bénéfice immédiat.
Une phrase d’Isaïe résume très
bien le principal reproche que les prophètes ont adressé à leur peuple : « Le bœuf reconnaît son propriétaire et
l’âne la mangeoire de son maître, mais Israël ne connaît pas, mon peuple ne
comprend pas » (Is 1,3). Ce texte d’Isaïe est la source utilisée par le Protévangile
de Jacques pour introduire un âne et une bœuf dans la scène de la nativité de
Jésus-Christ. Les deux animaux reconnaissent le Messie qui sera rejeté par les
siens.
Un second élément est d'abord lié
aux invasions assyriennes, puis néo-babyloniennes. La situation internationale
a provoqué des débats intenses sur la politique adoptée et a nécessairement
fait de profondes divisions au sein de la classe dirigeante. L'enjeu principal
était de savoir s'il fallait ou non s'allier à une puissance étrangère (…) Les
prophètes en général sont vivement opposés à de telles alliances. Ils seraient,
pour utiliser un vocabulaire moderne, partisan de « l'isolement splendide »,
cher à nos amis britanniques (…)
Jérusalem devait seulement se
tenir tranquille, dans son « splendide isolement », et non chercher le salut
dans des opérations militaires risquées. Elle n'a pas voulu et elle avait tort,
dit Isaïe.
« Maintenant quel est l'intérêt pour toi de t’enfoncer sur le chemin
qui mène à l'Égypte pour boire les eaux du Nil ? Quel est l'intérêt pour toi de
t’enfoncer sur le chemin qui mène à l’Assyrie, pour boire les eaux de
l'Euphrate ? » (Jr 2,18).
Jérémie invite Jérusalem à boire
l'eau d'une seule source, la « source d'eau vive », métaphore du Dieu d'Israël.
Concrètement, le prophète exhorte la cité à chercher le salut à l'intérieur
d'elle-même, dans ses propres ressources, et non à l'extérieur, dans des
alliances périlleuses avec des puissances étrangères.
Après l'exil, les choses changent
(…) Les prophètes postexiliques ressemblent à ces personnalités qui, après la
seconde guerre mondiale, on réussit à mobiliser les esprits pour la
reconstruction d'un monde différent.
(…) Amos condamne la mentalité
mercantile très répandue au sein de la classe aisée de son époque. Les riches
et les puissants du moment pense pouvoir tout acheter et vendre, ou presque (…)
Amos désapprouve par-dessus tout le commerce des personnes, la vente des
pauvres comme esclaves. La pratique est connue. Un pauvre qui ne réussit pas à
acquitter ses dettes doit céder ses fils et finalement servir comme esclave
pour payer la somme due au créditeur.
(…) Les trois prophètes majeurs -
Isaïe, Jérémie et Ezéchiel- parlent, chacun à sa façon, de la mise par écrit
des oracles. Par deux fois, dans le chapitre 8, Isaïe reçoit l'ordre de mettre
ses oracles par écrit (…) Jérémie, qui a vécu un peu moins d'un siècle après Isaïe,
ne parle pas de disciples, mais bien d'un secrétaire, Baruch. Jérémie devait
être un personnage aisé pour pouvoir disposer des services d’un secrétaire.
Le Dieu d'Israël maintient sa
souveraineté parce que la tragédie n'est pas due à la supériorité des dieux
assyriens ou babyloniens par rapport au Dieu de la nation défaite. C'est
lui-même qui a fait appel aux Assyriens ou Babyloniens pour châtier son peuple.
De plus, le Dieu qui a châtié peut aussi rétablir les relations avec son
peuple, lui offrir un avenir et, après le châtiment, le pardon.
Dans le monde antique,
transmettre veut dire mettre à jour et actualiser. La fidélité littérale au
texte est une invention moderne, qui est devenue véritablement effective
seulement après l'invention de l'imprimerie. Les livres prophétiques que nous
connaissons sont donc des œuvres qui contiennent des paroles originales des
prophètes, interprétées et commentées par leurs disciples et par les scribes
qui ont recopié les textes.
Le livre de Job.
Nous pourrions dire que, quand Job
lutte, Dieu lutte en lui. Ainsi se résout le drame de Job, quand il découvre
que la révolte mais pas uniquement sienne, mais qu’elle est plus profonde que
lui et qu'elle prend ses racines dans les mystères insondables et
incommensurables d'un Dieu qui combat à ses côtés pour les mêmes raisons.
Le livre de la Sagesse.
Le livre le plus récent des
livres sapientiaux, écrit probablement à Alexandrie, Égypte, à la fin du Ier
siècle avant Jésus-Christ, est aussi le plus hellénistique de tous. Un juif de
la diaspora égyptienne, imprégné de culture égyptienne, reformule la foi de ses
ancêtres pour l'actualiser dans le nouveau langage (…) Le langage est recherché
et ampoulé à l'occasion. L'auteur veut montrer sa bonne connaissance du grec,
et il aime étaler son érudition et utiliser un vocabulaire raffiné…
Les Psaumes.
L’unique indication fournie par
le livre même est une division en cinq livres (…) Hallel en hébreu signifie « louange ». De là dérive le mot alléluia qui veut dire « louez le
Seigneur (Yah -Weh) »
Ruth et Esther sont de variations
sur le thème universel de Cendrillon.
La présence de l’ange Raphaël qui
aide le jeune Tobit durant tout le voyage (…) Raphaël est probablement
l'ancêtre de nos « anges gardiens ».
Le livre de Judith - nom qui
signifie tout simplement « juive »- est le récit épique d'une Pasionaria qui réussit à libérer sa
ville, Béthulie, en séduisant le commandant de l'armée ennemie, Holopherne, et
en profitant de la situation pour lui trancher la tête.
On ne doit en aucune manière penser
que ces écrits puissent avoir quelques valeurs historiques.
Le livre de Daniel.
Il a été écrit dans une période
de persécutions, sous le règne des Séleucides de Syrie (200-142 avant
Jésus-Christ), vers 160 avant Jésus-Christ. Les récits et les visions de Daniel
offrent une solution à l'angoisse qui régnait dans le monde juif, opprimé par
les Séleucides (…)
Le livre de Daniel est le seul
membre de la famille apocalyptique avoir trouvé une place dans la Bibliothèque
nationale (…)
Une vision de Daniel ressort
parmi toutes les autres et connaîtra une fortune sans précédent. Je veux parler
de la vision du « Fils de l'homme », souvent cité dans le Nouveau Testament.
C'est certainement un des motifs principaux pour lesquelles le livre de Daniel
précède le Nouveau Testament dans les manuscrits de la Septante. Le texte, dans
son sens original, ne parle cependant pas du Messie attendu, mais bien de la « communauté
des saints », l'Israël qui est demeuré fidèle à son Dieu et qui recevra comme
récompense une royauté éternelle.
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