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dimanche 3 novembre 2024

« La Tannerie » de Celia Levi (2020)

Elle se comparait. Elle sentait que ses habits à elle étaient trop passe-partout, qu'ils ne suivaient aucune mode, qu'ils ne disaient rien sur elle, ou plutôt dans leur insignifiance ils disaient qu'elle n'était rien (…) Ils étaient aimables mais distants. Ils dissertèrent sur la petite ceinture qui traversait les Buttes-Chaumont, s'étendirent sur les colloques qu'ils organisaient en tant que doctorants, ils faisaient tous les trois des thèses en sciences politiques. Ils évaluaient les hôtels qu'ils avaient trouvés, les bars des villes où ils séjournaient. 

L'autre sujet de prédilection qui se substituait à celui des migrants c'était l'urgence climatique, la COP 21. À tour de rôle, ils faisaient la liste des initiatives louables, ils mélangeaient les concepts. Julien parlait de Notre-Dame-des-Landes, quelle expérience incroyable ! il n'y avait pas été mais il connaissait des gens qui apportaient leur soutien, cela paraissait si intéressant, une expérience du vivre-ensemble. Entre un shot de vodka et un rhum arrangé, ils passaient d'un pessimisme noir (la fin du monde était proche) à un enthousiasme béat pour les énergies renouvelables (…) Ils répétaient des phrases glanées à la radio, des formules toutes faites lues dans les journaux, s'en gargarisaient, l’œil embué ; les regards se faisaient vagues. Ils devenaient tendres. Chacun déclarant à l'autre combien il l'appréciait, un sentimentalisme débordant qui très vite leur ferait un peu honte. Jeanne, qui n'était pas habituée à boire autant, était émue, elle était bercée par ce flot de paroles ineptes. Elle était heureuse d'être embrassée, flattée de toute cette sympathie, qu'elle imaginait être une communion des âmes.


Elle regarderait les livres des bouquinistes, les vieilles affiches de botanique, les anciennes unes de Paris Match, les passants pressés, en pensant qu'elle avait le temps. Puis, repue de paresse, elle cheminerait vers la place d'Italie, elle passerait par le Jardin des Plantes, hésiterait à visiter le musée d'Histoire naturelle. Elle regarderait les roses, le romarin, se promènerait au milieu des plates-bandes, se pencherait sur les petites pancartes où le nom des plantes était écrit en latin. En remontant la rue Censier, elle jetterait un coup d'œil rapide à l'université laide et triste. Sur l'avenue des Gobelins, elle examinerait le programme du Gaumont. Elle allait si peu au cinéma, les films changeaient si vite.


Jeanne était ivre, elle s'appuyait sur Félicité. Le groupe parlait de liberté, de l'abolition du travail, de la fin de toute forme de domination, et ils trinquèrent à plusieurs reprises. Mouss commentait, il aimait bien leur philosophie. Jeanne intervint peu. Félicité n'était pas d'accord, le travail cela structurait le temps, c'était impossible une vie sans travail, on finissait pas peser sur la société. Les autres tordaient la bouche, se retenaient de l'interrompre, ils détournèrent la tête.


Le personnel s'accrochait à la promesse tacite d'une pérennisation de poste, d'une promotion, d'un changement de service. Ils étaient tous déclassés, payés au lance-pierres, occupant des emplois ne correspondant ni à leur niveau d'études, ni à leur compétence. Ils le répétaient souvent, agitant leur bac plus quelque chose, récitant à haute voix leur curriculum vita. Enfin, cette injustice qui leur était faite serait réparée. Longtemps, Jeanne n'avait pas envisagé les choses ainsi. Elle avait souhaité se modeler sur ses collègues en se frottant à eux (…) Il n'y eut aucun remous lorsque David fut licencié pour faute grave. Il avait plaisanté avec un artiste qui portait un kilt, lui avait demandé si c'était bien vrai que les Écossais ne portaient pas de sous-vêtements sous le kilt, et si c'était le cas pour lui. Cela avait été demandé avec élégance, dans le contexte d'une longue discussion sur l'art. Sur le moment, l'artiste avait salué David en lui donnant une tape sur l'épaule, l'appelant « old fellow ». Rien ne laissait paraître qu'il avait été offensé, pourtant il s'empressa de se plaindre à la direction. David fut entendu, il se défendit, ne comprenait pas en quoi il avait manqué de respect. Il fut contraint de s'excuser auprès de l'artiste. L'artiste accepta les excuses mais l'affaire n'en resta pas là, David, qui était orgueilleux, fit une remarque à l'artiste alors que ce dernier passait devant lui. L'artiste le prit par le collet, David en colère le repoussa violemment, l'Ecossais heurta une colonne. Les pompiers furent appelés. L'artiste pouvait porter plainte contre David ou même contre la Tannerie. Il fut mis à pied et renvoyé (…) 

« Si on n'était pas une bande de lâches, on ferait grève par solidarité. Ils voulaient juste se débarrasser de lui car il est vieux » déclara Saïd.

Un grand silence se fit. Ling et Mouss demandèrent comment on faisait grève. Sylvia répondit que c'était compliqué et qu'ils risquaient de perdre leur travail.

Ils ne s'attardèrent pas, se hâtèrent de monter pour pointer…


Ils n'avaient pas le temps d'y penser, la journée finie, épuisés, ils buvaient, ils oubliaient. Jeanne rentrait tard, se sentait l'âme amollie ; dans le taxi elle regardait défiler les immeubles, comme le Pont-Neuf était beau, la statue d'Henri IV à cheval qui trônait, la Seine noire, calme et menaçante, la Samaritaine sur laquelle se reflétaient les lumières des réverbères, les immeubles blancs, la perspective parfaite, sinueuse, qui ressemblait à un décor de théâtre (…) Et à gauche la Conciergerie, le pont Saint-Michel, Notre-Dame, le pont Marie. Son cœur éclatait d'une sensualité nostalgique pour le pavé mouillé, pour les grisettes, pour ce Paris disparu mais que l'on sentait encore entre deux ruelles, lorsqu'on apercevait une cour où le lierre poussait, un ivrogne accoudé au comptoir, ou un chat se glissant le long d'une gouttière.


« La politique, cria-t-il, c'est nous. C'est la rue qui se lève, les pavés tachés de sang seront lavés par nos larmes (…) devenons de petits insectes sous de grands tilleuls, des insectes pleureurs, c'est l'émotion qui guide nos pas, regardons frémir les feuilles dans le vent, imprégnons-nous de la nature sauvage et douce, leur politique à eux est vile, ces petits hommes qui se croient grands, ils ne sont rien que des cadavres en putréfaction, devenons air et eau (…) »

Une sourde-muette accompagnée d'une interprète s'insurgeait, on les empêchait de parler leur langue, ils étaient brimés, pourquoi devaient-ils se laisser imposer la langue de la majorité ? (…) Les laboratoires se servaient d'eux comme de cobayes, au mépris de leur santé, de leur désir ! C'était une attitude de domination, la même que celle des colons ! Les sourds étaient avec Nuit debout, avec les antispécistes, les femmes, les LGBT, leur combat était similaire. À travers leur lutte c'était la lutte de la minorité contre la majorité, du faible contre le fort, guerre aux oppresseurs, paix entre opprimés !


Après les études de libraire, n'ayant pas trouvé de travail, elle avait décidé de passer les concours de l'enseignement, elle avait raté l'agrégation et le Capes de lettres la première année, la deuxième année elle avait réussi le Capes, elle était en année de stage. Elle vivait un enfer. Ne savait ou donner de la tête entre les cours à l'IUFM, la préparation des leçons, les inspections constantes. Ses élèves étaient difficiles, elle n'arrivait pas à tenir sa classe. On lui ferait sûrement redoubler son année de stage. Le collège où elle enseignait était à une heure et demie de chez elle en transports en commun. C'était un flot ininterrompu, une élève la persécutait, sa vie se délitait, son compagnon menaçait de la quitter car elle était obsédée. Jeanne regardait par la vitre, se demandait si Julien n'allait pas passer, ou Xavier. Elle s'observait dans le miroir un peu oxydé qui rendait ses traits flous, délicats, elle regardait ses boucles blondes qui entouraient son visage, son menton était devenu plus pointu, son cou semblait plus long et gracile, sa bouche avait pris des contours plus précis, plus dessinés, et ses cernes légèrement violets lui conféraient un air romantique. Elle aurait aimé écouter avec attention son ancienne amie, qu'elle avait connue si calme et souriante. Elle sentait bien qu’elle était devenue fragile, nerveuse, ses doigts maigres tripotaient le verre fébrilement.


Marianne et Jeanne avaient fait plus ample connaissance avec Jacques, l'homme qui avait parlé de pleurer en chœur à la première AG à laquelle elles avaient assisté. II devait avoir une soixantaine d'années, avait des cheveux gris, bouclés, une longue barbe. Il portait toujours le même pantalon en velours élimé, ses chaussures en cuir avaient dû être élégantes autrefois (…) Il avait de grands yeux intenses, comme possédés.

« Je suis un anarchiste-taoïste, ce qui est un pléonasme, on ne peut pas être un vrai taoïste si l'on n'est pas anarchiste et vice versa » leur avait-il déclaré en guise de présentation (…)

Jacques ne les laissait pas s'exprimer, il continuait son long monologue, jusqu'à ce que, leur ayant tout dit, il aille voir un autre groupe avec qui il recommençait sa litanie. Il y avait de longs débats sur la démocratie. On brûla des urnes et de faux bulletins de vote. 


Les conversations sérieuses se tarissaient, il y avait des blancs. Jeanne scrutait Julien qui conversait avec son ami de choses culturelles. Ils se donnaient des rendez-vous. Xavier essayait d'attirer l'attention de la fille rousse qui admirait le collier de Zoé. Sylvia commentait le vin qu'elle buvait sans qu'on lui prête attention. Marianne se leva, elle avait faim, elle entraîna Jeanne qui se laissa faire malgré son envie de rester avec Julien.


Ce qui l'étonnait le plus c'était que rien n'était jamais acquis, et que ce qui avait été démontré par des arguments probants pouvait en une phrase être déconstruit, comme si aucune vérité n'existait en soi, que chaque question devait être examinée sous tous les angles possibles. Elle se trouvait convaincue par une thèse et son opposé.


« Le malheureux Aristote doit se retourner dans sa tombe. Car le logos je ne vois pas trop où il est, les discours de Nuit debout se limitant à des borborygmes ; l'ethos : je veux bien, c'est cette fameuse bienveillance dont on nous rebat les oreilles, la victoire du politically correct ; le pathos : oui, ha ha, ça y'en a du pathos, de la grandiloquence à revendre, on éprouve en effet de la pitié pour ces piètres orateurs. »

Ils ne la regardaient pas, conversaient entre eux, comme si elle n'était pas là. Jeanne se sentait transparente, rejetée dans la foule des anonymes qu'ils dédaignaient.


Et les États-Unis : le Colorado, la Californie, Marianne avait toujours voulu les visiter, un grand road-trip, les canyons rouges, le soleil brûlant à bord d'une décapotable, avec un fichu dans les cheveux, les rues en pente de San Francisco, le paradis des hippies, et puis les plages de Santa Monica avec les rouleaux qui déferlaient sur la grève au petit matin…


Était-on fait d'une suite d’expériences ? ou bien pouvait-on se forger ? Elle eût aimé qu'un événement la révélât à elle-même. Elle se demanda si elle avait changé depuis son arrivée à Paris. Elle eut l'impression que non. Elle avait travaillé son aspect extérieur, s'habillait avec soin, choisissait ses mots, avait étudié sa physionomie dans le miroir. Mais cette recherche de soi, cette quête qui semblait si importante d'un moi profond, elle ne l'avait pas envisagée. Elle avait souvent l'impression de se dissoudre dans des sensations, d'être absorbée par son environnement sans en jouir complètement.


Le directeur se tenait près de la veuve, il était droit ; ses mâchoires serrées, son front plissé exprimaient une douleur retenue mêlée d'une colère abstraite.


Lila, dont le contrat devait être renouvelé pour la troisième fois, avait demandé une augmentation de cent euros, la directrice des ressources humaines lui avait rétorqué : « Nous n'avons pas le budget, mais de toute façon à quoi cela vous servirait-il ? à vous acheter des chaussures? » Lila avait tout de même signé un troisième contrat.

dimanche 20 octobre 2024

« Les messages d’amour de Jésus à Gabrielle Bossis, une disciple de Thérèse » de Pierre Descouvemont (2023)

Pendant plus de soixante ans, Gabrielle n'entendait pas Jésus lui parler « en direct » mais, en méditant les évangiles, elle imaginait ce que Jésus pouvait lui dire dans la situation où elle se trouvait (…) elle priait comme les chrétiens ont pris l'habitude de le faire à partir du XIVè siècle, dans ce grand courant de spiritualité qui est né aux Pays-Bas chez les Frères de la vie commune et auquel on a donné le nom de devotio moderna. Une prière dans laquelle on cause familièrement avec Jésus en laissant parler son cœur. Écrit très probablement par Thomas a Kempis (1379-1471), l'Imitation de Jésus-Christ est le plus pur joyau de ce courant.

C'est ce qui arrive en 1936 à Gabrielle Bossis. Alors qu'elle se trouve sur le paquebot L'Ile de France qui l'emmène au Canada y jouer et y faire jouer comédies et ballets - elle a soixante-deux ans -, Jésus commence à lui dicter régulièrement, au cours de sa vie itinérante d'actrice, des messages qu'elle a mission de consigner par écrit. Ce n'est pas une « voix off» qu'elle entend par l'oreille, mais des paroles prononcées par Jésus dans le fond de son cœur.

Des paroles qui s'imposent à elles, que Jésus lui dicte et qu'elle doit transcrire littéralement.


Le 15 juillet 1948, elle reçoit les premières épreuves du premier volume qui paraît en librairie sans nom d'auteur fin juillet 1949, sous le titre Lui et moi - le titre qui avait été désigné par Jésus même. Il était préfacé par de grandes autorités ecclésiastiques de l’époque…


C'est seulement lors de la parution du deuxième tome de Lui et moi, en octobre 1950, qu'une Préface de Daniel-Rops révéla l'identité de l'auteur. 


(…) toutes les déclarations d'amour que le Seigneur veut nous faire et que tous les conseils qu'll veut nous donner, nous les possédons déjà : elles se trouvent dans l'Écriture, incessamment ruminée dans la lumière de l'Esprit Saint. Mais en voyant la façon dont Jésus forme directement Gabrielle Bossis, nous comprenons mieux la façon dont nous devons nous laisser interpeller par Jésus, lorsque nous ouvrons la Bible. Si nous n'entendons pas le son de sa voix, à nous aussi Jésus parle personnellement et Il nous invite à un vrai cœur à cœur avec Lui.


On la voit arriver chaque matin à l'église, pieds nus dans ses chaussures hiver comme été, un quart d'heure avant la messe de sept heures. Elle est heureuse de faire le catéchisme aux enfants de la paroisse…


Ce que personne ne soupçonne, ce sont ses longues heures d'oraison et ses austérités. Elle dort à même le sol, enveloppée dans une couverture, et on a retrouvé après sa mort le cilice qu'elle portait la nuit. Mais ce que tout le monde connaît et apprécie, c'est sa joie de vivre, son enthousiasme, son rire communicatif. 


(…) l’abbé Olive (…) son père spirituel (…) lui propose de se lancer dans une véritable aventure : « Mademoiselle Gabrielle, faites-moi donc une pièce qui puisse être jouée dans les patronages ». Gabrielle - qui approchait alors de la cinquantaine - obéit à la suggestion de l'abbé, car elle voit bien que, tout en distrayant son public, ses pièces pourront contribuer à l'évangéliser. Dès 1923, elle compose sa première pièce, Le Charme, et la joue dans la paroisse. Elle est très applaudie.

Aussitôt la voici invitée dans les paroisses environnantes, puis un peu partout en France et à l'étranger. Elle va sillonner la France en tous sens, la Corse, l'Afrique du Nord, la Palestine, pour jouer l'une des treize comédies en trois actes qu'elle compose en treize ans, de 1923 à 1936. Elle compose aussi quatorze saynètes ou ballets à jouer à la fin d'une soirée de bienfaisance.


En 1936, elle accepte d'organiser une tournée à travers le Canada (…) C’est au début de ce voyage, on l'a vu, sur le transatlantique Ile de France, que Jésus commence à lui parler « en direct » et, tout au long de sa tournée, Il ne cesse de lui réclamer son amour ! Un dialogue qui va se poursuivre quatorze ans, jusqu'à sa mort.


En 1934, Gabrielle avait composé les quelques mots qu'elle avait fait graver sur le granit blanc de sa tombe et qui rappelleraient ce qu'elle s'était efforcée de vivre avec Jésus tout au long de sa vie : 

O Christ, mon Frère 

Travailler près de Toi 

Souffrir avec Toi 

Mourir pour Toi 

Survivre en Toi


On retrouve aussi dans Lui et moi comme dans les écrits de Thérèse la merveilleuse possibilité qui nous est donnée de faire plaisir à Jésus - un Jésus qui « mendie » notre amour ! - par l'offrande des plus petites choses, notamment par l'offrande persévérante de notre sourire en toutes circonstances.


Et sais-tu ce que nous faisons en écrivant ces pages : nous enlevons ce préjugé que l'intimité de l'âme n'était possible que pour le religieux dans son cloître, tandis que Mon Amour secret est en réalité pour toute âme vivant en ce monde.


Jésus invite aussi Gabrielle à se préparer chaque jour à la Grande Rencontre qu'elle aura avec LUI à l'heure de sa mort. Elle doit s'y préparer comme elle a préparé toutes les fêtes qu'elle a si bien organisées sa vie durant. C'est Lui qui l'organisera et ce sera une fête merveilleuse pour le Ciel tout entier…


Je m'occupe de chaque âme comme si elle était seule au monde.


Mon Amour n'est pas un amour de masse. J'ai besoin de chaque âme comme si elle était seule au monde, comme si l'univers n'avait été créé que pour elle…


Je pensais, après une faveur : « Comme Il est bon ! » Tu dis que Je suis bon en ce moment. Je suis toujours bon, d'une inamovible bonté. Il faut t'en souvenir pour entretenir ton amour.


Oh ! Mes pauvres petits !... Si vous compreniez un seul instant Mon Amour, quelle vie céleste mèneriez-vous ! Vous vivriez davantage dans Mon Cœur que sur la terre.


« Seigneur comment Vous remercierai-je ?» En Me demandant davantage…


Vous trouvez naturel tout ce qui vous arrive d'heureux, enclins à croire que c'est venu tout seul... Un joyeux merci de votre part M'apporterait tant de joies qu'elles déclencheraient de nouveaux dons.


Même s'il fait tout noir dans votre cœur, si Ma Voix semble s'être tue pour toujours, pensez : « Il m'aime et Il s'est livré pour moi »


Dis-moi souvent : « Seigneur, je crois, mais augmentez ma Foi » et Je l’augmenterai.


Dis-toi bien que ce n'est pas une allégorie, ni une fantaisie, ni une comparaison, cette Présence de Moi en toi. Ce n'est pas une histoire à écouter, ni une chose qui serait arrivée à une autre : il s'agit de toi et Moi. Il s'agit d'un vérité à vivre. Vis-la donc avec sûreté et allégresse: tu y trouveras tant de bonheur et tu Me feras tant de joie !!


Si Je ne vous maintenais pas, vous ne seriez plus. M'aimeras-tu, pour M'en remercier ? Cette création continue de votre corps, de votre faculté de penser, vient de Mon Amour incessant. Employez l'un et l'autre à rendre louanges, comme si vous aviez commencé le chant à votre naissance pour ne le taire qu'au départ de la mort et le reprendre pendant l’Eternité.


Ah ! si vous croyiez, vous vivriez davantage avec les Invisibles qu'avec les visibles.


Retour après guerre à la campagne. Invite les anges et les saints à t'accompagner dans ta reconnaissance : vois-tu, ils sont là pour être avec toi dans toutes tes actions. Ce sont tes Frères aînés.


Nos croix sont donc des « cadeaux», disent tous les saints, car Dieu est tellement « tout-puissant» qu'Il est capable de « tout faire concourir au bien de ses enfants », comme dit l'apôtre Paul…


Je donne à chaque âme la vie qui peut la mieux conduire à Moi.


Rappelle-toi que rien n'arrive sans Ma permission et garde une grande tranquillité.

Vois-Moi dans les événements. Je suis le Directeur, tu aimeras tout dans la Direction. Tu me tendras les bras dans les faits de tous les jours.


Jette-toi dans mes bras et perds la direction de toi-même. Je t'aimerai aveugle, te laissant conduire. 


Reçois toute épreuve comme venant de Ma Main. 


Comme il faut compter pour peu tout ce qui n'est pas un péché ! 


Vois-tu. Je voudrais, à la fois, ne pas t'éprouver parce que Je t'aime et t'éprouver parce que Je t'aime et vois la récompense.


Si J'avais un autre moyen pour te rapprocher de Moi que la souffrance, Je te le donnerais.


Ma Fille, est-ce que tu ne comprends pas que les peines que Je t'envoie sont sur mesures, découpées pour tes moyens ? [...] Je t'attends là au tournant : Comment va-t-elle franchir l'obstacle ? Demandera-t-elle Mon secours? Dans un tendre élan filial, Me donnera-t-elle enfin, toute sa confiance? Oh ! la paix d'une âme toute remise en Moi !


L'amour grandit dans l'épreuve. Même dans les toutes petites épreuves, il grandit. Mais l'amour ne s'en aperçoit pas.


Pourquoi Me considères-tu, parfois, comme un Maître sévère au guet de te prendre en défaut ? Tu ne préférerais pas voir en Moi un Ami très aimant, prêt à t'excuser si tu tombes ?... L'Ami qui veille ! Est-ce que tu ne crois pas que c'est cela, Moi ? Réveille ta tendresse. Vis dans la confiance et l'amour. Demande-Moi la science de l'Amour de ton Dieu, de celui qu'il te donne et de celui que tu Lui dois.


Vivez davantage avec les saints. Ils vous aident tous à M'aimer mieux, maintenant qu'ils savent. Ah ! cette science de l'Amour !… Peux-tu te dire que tu l'approfondis chaque jour, ne serait-ce que pendant un quart d'heure ?

« Seigneur, soyez mon Professeur : comment faire ? »

Me regarder dans Mon Évangile. C'est une histoire qu'on raconte, Mon histoire. Tu Me suis. Tu Me vois consoler, guérir, souffrir, obéir pour vous à Mon Père.


Comme la vie des hommes serait consolée. Et quel ne serait pas leur bonheur, même au milieu des épreuves, s'ils croyaient bien que tout leur arrive par Mon désir de leur faire du bien et sur la mesure de chacun. Certains, au contraire, Me prêtent de la malveillance à leur égard et nourrissent contre leur Dieu des projets de vengeance (…) O toi, petite âme, qu'il te soit très simple de croire que Je t'aime plus que tu n'as jamais été aimée.


Je veux tant Me donner I... Si tu savais l'effort, non à vous donner, mais à ne pas vous donner... C'est pourquoi vos demandes Me soulagent. Mon Cœur est un brasier qui souffre de réduire sa Flamme dévorante. Active, activez-Le! 


Alors, fais-Moi de la place dans ton cœur : J'entrerai, avec toutes Mes Grâces.


(…) elle doit continuer à Lui offrir tous les sacrifices de sa vie, spécialement ceux qui proviennent des multiples contrariétés qu'elle rencontre dans sa vie quotidienne.


Offrez Mes Mérites au Père, comme s'ils étaient à vous. Con bien peu s'en servent ! Combien peu les désirent ? Et ils sont tous, à votre disposition.


Toutes les croix qu'elle accepte dans sa vie en croyant au mystère de la Providence, Gabrielle doit aussi les offrir. Elle doit être une hostie vivante, mais une hostie qui chante, car ce ne sont pas ses souffrances qui peuvent plaire à Dieu et sauver le monde, mais le chant d'amour dont elle accompagne son offrande. Gabrielle l'avait compris très tôt, puisqu'elle fait dire à un personnage de La Lionne, une pièce de 1928 : « Ce n'est pas quand cela coûte énormément que l'on a le plus de mérite... C'est quand on met beaucoup d'amour. » (Acte II, sc. 1).


« Comme je pensais craintivement à la souffrance ». Crois bien que la nature humaine ne peut pas aimer la souffrance pour elle-même. Ma nature humaine ne l'aimait pas non plus. Mais la surnature s'en empare comme d'un instrument à servir Dieu, soit pour Ses desseins propres - et c'est le plus parfait -, soit pour des grâces que nous voulons obtenir, mais que nous soumettons à la Volonté du Père.


(…) la souffrance, vois-tu, c'est le plus sûr moyen de se rapprocher de Moi, de ressembler à Moi.


Reçois en souriant les petite épreuves de chaque jour : tu panses Mes blessures.


Quand tu as une petite souffrance, il faut en être « très joyeuse ». Cela nous unit.


(…) les deux façons dont nous pouvions aimer Dieu : « Demeurer » dans son amour, « observer» ses commandements. Ce sont deux verbes qu'il ne faut jamais dissocier sous peine de tomber soit dans le pélagianisme, soit dans le quiétisme. Le pélagien essaye de devenir un saint « à la force des poignets » en oubliant que c'est Dieu qui est la Source de toutes les bonnes œuvres qu'il accomplit. Le quiétiste se repose tellement en Dieu qu'il oublie la part de combat que comporte nécessairement toute vie chrétienne authentique.


Nous idolâtrons une personne, un animal, une chose, un meuble ou un immeuble, une voiture ou une masure, dès que nous la désirons comme un trésor susceptible de nous procurer un bonheur que Dieu seul peut nous donner (…)

« Comme je pensais trop humainement aux succès ». Souviens-toi qu'un jour, tu donneras aux choses de la terre une valeur bien différente que celle que tu leur donnes maintenant.

« Ajaccio. Maison Saint-Joseph. Je pensais dans ma chambre que c'était le dernier jour de cette vue sur la Méditerranée, de ce soleil chaud. Il m'a dit » : La terre n'est qu'un passage. Pénètre-toi de cela.


Nous accepterions beaucoup plus facilement de ne plus être appréciés par une personne qui nous manifestait jadis toute sa sympathie, si nous prenions le temps de goûter le fait d'être habité à longueur de journées ou d'insomnies par un Père qui nous aime avec une tendresse « sans mesure » (Ps 119, 156). Dieu seul peut nous aider à vivre nos souffrances d'esseulement. Consoler quelqu'un, c'est être « avec » celui « qui se sent seul ». Saint Paul commence sa deuxième lettre aux Corinthiens en bénissant Dieu comme « le Dieu de qui vient tout réconfort, qui nous console de toutes nos détresses » (2 Co 1, 3-4).


Je voudrais, vois-tu, que nous ne nous quittions jamais. Essaie. Demande-Moi la force, contrebalançant ta légèreté. Pense bien qu'ainsi les gens Me verront mieux en toi, puisque tu te tiendras près de Moi. Oh ! la belle chose que de voir le Christ dans une âme ! Combien le rayonnement de cette âme sera plus doux et plus imprégnant... Donne-Moi la main !


« Jésus ne regarde pas autant à la grandeur des actions ni même à leur difficulté qu'à l'amour qui fait faire ces actes » (sainte Thérèse de l’Enfant Jésus).


Ce que Jésus demande instamment à sa comédienne, c'est de rester simple, de ne pas se vanter de ses multiples déplacements en France ou à l'étranger et de ne jamais chercher à briller. Le mot caché revient vingt-et-une fois dans les messages qu'Il lui adresse. Et, pour rester humble, qu'elle n'oublie pas de rendre grâce pour tous les dons qu'elle reçus et de fixer son regard sur la vie cachée qu'Il a vécue à Nazareth et qu'Il continue à vivre dans tous les tabernacles du monde.


Tu sais comme on les aime, les tout petits enfants, ceux qui ne sont capables de rien tout seuls ?


Lors même que tu finirais par ne plus M'aimer, Moi, Je t'aimerais toujours. Lors même que tu ne ferais plus silence pour M'écouter, Moi, Je mettrais encore Ma parole à portée de ton oreille.


Imagine alors la tendresse que J'apporte à écouter le récits de vos fautes, l'empressement à vous les pardonner.


Raconte la douleur de tes fautes, non pas tant parce qu'elles t'ont salie, que parce qu'elles M'ont peiné. Car tu as eu ce courage triste de peiner un Homme-Dieu qui avait donné Sa vie pour toi…


Dès que tu t'aperçois d'une faute, donne-la Moi pour que Je la répare.


(…) Votre prise d'habitude à un certain croupissement ordinaire (…) 

Est-ce que vous ne vivez pas comme si vous deviez toujours rester sur la terre ?

Vous donnez si rarement un regard même furtif à l'au-delà, votre résidence de demain, quand votre cœur, déjà, devrait y être, Me remerciant, Me louant, M'adorant dans tous les jours et toutes les actions du jour...


Aime-Moi comme tu peux. Je parachève.


En toute action mets ta petite part de bonne volonté et attends de Moi tout le reste.


Tu vois bien que par toi seule tu peux rien! Jette-toi chaque matin dans Mes bras et demande-Moi la Force, pour bien faire attention aux petits détails. Tu sais bien que la vie est faite de petites choses ? Ne compte plus sur toi. Compte sur Moi.


Mieux vaut demander à Jésus de nous serrer bien fort dans ses bras que de rester esclave de nos addictions !


Gémis de ne pas M'aimer davantage (…) Gémis de ne pas mieux espérer, de ne pas plus croire. Gémis même de ne pouvoir gémir. Et Moi, qui vois ton âme, J'ajouterai devant le Père tout ce qui te manque.


N'aie aucune confiance en toi ; n'attends rien de tes petits moyens ; alors, je t'aiderai, parce que te vidant de toi-même, Je pourrai te remplir.


Pour encourager Gabrielle à vivre ses ultimes combats dans les mois qui précèdent sa mort, Jésus lui rappelle qu'Il a dû lui-même s'aider de la prière des psaumes pour être fidèle jusqu'au bout à sa mission : (…) Ne vois-tu pas qu'il faut sans cesse Me donner la main? M'appeler et prendre la joie que J'apporte : la joie, c'est de la Force.


« Le total abandon, voilà ma seule loi.

Sommeiller sur son Cœur, tout près de son Visage.

Voilà mon Ciel à moi !… » (Sainte Thérèse de L’Enfant Jésus)


Comme j'allais m'endormir. Dis le Pater. Tu l'as déjà dit, mais il y a tant de façons de le dire ! 


Jésus ne cesse d'enraciner dans l'âme de Gabrielle la conviction que Dieu est un Père plein de tendresse en qui elle doit avoir une confiance totale et qui prend plaisir à recevoir ses actes d'amour apparemment les plus insignifiants. 


Appelle-toi toi-même le petit enfant de Dieu. Cela te donnera un sentiment nouveau.


Car Il veille sur ton intérieur qu'il connaît mieux que toi. Il est l'Ame de ton âme. Il a fait en toi Sa demeure. Tu sais bien qu'il faut aller le trouver là, souvent, Lui sourire, Lui souhaiter que Son Règne arrive, que Sa Volonté se fasse.


Demande souvent l'invasion de l'Esprit. Tu le sais : Il souffle où Il veut et davantage sur ceux qui L’appellent.


La première place, Ma Fille, donne-la Moi, et cela Me suffit.


Tout se passe dans ton intérieur, remué par l'Esprit. Tu te souviens de la piscine que l'Ange venait agiter afin de guérir ? Nul n'en connaissait le moment. Tiens-toi à l'écoute, respectueusement, amoureusement. Et l'Esprit passera. Ne Le connais-tu pas, cet Esprit ? Ce Feu de lumière intime, ce Feu de bonté douce qui, tout à coup, te traverse ? Attends donc en toi Son passage.


Ne parle pas selon toi. Parle selon Moi, à Ma place.

Ma petite fille, tu sais quand tu parles comme Moi ?

C'est quand tu mets de la bonté et du charme.

Quand tu touches.

Quand tu réponds gracieusement à une réflexion acerbe.

Quand tu excuses.

Quand tu sers.

Quand tu donnes.

Quand tu pacifies un caractère fâcheux.

Quand tu consoles.

Quand tu gardes une inaltérable égalité d'humeur.

Quand tu demeures humble sans chercher à surpasser.

Quand tu es reconnaissante pour l'amabilité des autres.

Quand tu es généreuse.


Après la communion. Si à chacune de tes actions de grâces, tu demandais à ma Mère de t'aider, J'y trouverais une grande joie.


Dans ses messages, Jésus rappelle souvent à Gabrielle qu'elle doit se réjouir, où qu'elle soit, de sa présence.


Que ta vie soit un constant recueillement, une incessante conversation avec ton Seigneur.


Peut-être tu ne peux pas causer avec Moi ? On n'a pas toujours quelque chose à dire... Mais tu peux marcher à côté de Moi et penser tendrement à Moi.


Cause avec Moi. Il ne m'est pas de prière plus douce.


Que Gabrielle n'hésite pas à parler de son travail, de ses préoccupations, même à l’église…


Que les trois Personnes soient tes trois Compagnes de vie.


Partage ta journée en trois phases. Le matin à ton réveil, donne-toi au Père Créateur qui t'offre son Fils en nourriture. Après la messe, donne-toi au Fils qui est en toi. Endors-toi dans le Saint-Esprit qui est l'amour.


Croire que Dieu s'occupe de vous, avec le plus grand soin (…) C’est cela, la gloire de Dieu : la confiance de l'homme. Et le règne de Dieu : c'est l'amour de l’homme.


Commence aujourd'hui, en la fête de saint Raphaël, le Guérisseur. Que l'archange Gabriel y ajoute la joie et saint Michel, la rapidité de l'action sainte.


(…) à mesure que les âmes profiteront de tes écrits, tu seras toi-même comblée de joies dans les mêmes proportions. Et chaque lecteur sera favorisé de la même Grâce. Tous ne formeront qu'une famille dont les membres sont solidaires ! La Famille de Mes amis intimes.

Est-ce que Ma consolation n'est pas de M'épancher sans cesse dans vos cœurs ? Je dis « sans cesse », tant Mon besoin est grand de Me tenir en éveil dans votre pensée.


Et tu ne sais pas tout. Tu ne l'apprendras qu'au Ciel. Et avec quelle joie... Je me plais à parcourir le chemin des cœurs par notre petit livre. Beaucoup lisent et sont percés d'une de Mes flèches directes. D'autres n'osent croire à tant d'amour et demeurent su le bord de la Vérité. Quelques-uns ferment, sans vouloir comprendre.


Thérèse a d'ailleurs prévu qu'on pourrait mal interpréter sa « Petite Voie » en éliminant l'importance de l'effort et du combat spirituel : « Bien des âmes disent : je n'ai pas la force d'accomplir tel sacrifice. Mais qu'elles fassent des efforts ! Le bon Dieu ne refuse jamais la première grâce qui donne le courage d'agir »


Parce que Je suis Dieu, tu crois que Je n'ai pas besoin de tendresse ?


Tu n'as pas lu dans l'Évangile que J'aie dit à Pierre ou à Jean ou aux autres: « Aime-Moi ».

Je respecte infiniment la décision de vos cœurs si libres. Et quels De sont pas Mes chemins les plus détournés, les plus divers pour chacun ! Avec quelles délicates précautions je fais Ma cour, soit par un souvenir, une pensée, un événement.


Mais quelle n’est pas Ma joie quand, de vous-mêmes, vous employez votre liberté à la recherche des moyens à prendre pour augmenter le nombre des rencontres et la force de notre intimité.


Vos pensées, vos actions sont monotones sans cette vive intention de Me plaire [...] Je veux être l'Être de tous vos instants.


Quand Je te demande de répéter souvent: « Je sais que Tu es là, je T'aime », c'est un exercice de piété. Tu sais, on fait faire l'exercice aux soldats jusqu'à ce qu'ils sachent bien leurs mouvements. C'est ainsi dans la vie de l’esprit : à force de répéter, de reprendre, on arrive à l'élan. Et c'est tout simple ensuite. Mais il faut l’exercice.


As-tu remarqué comme les gens parlent entre eux, se communiquant toutes leurs affaires personnelles. Ils y passent un temps considérable et sans grand profit. Ne crois-tu pas que s'ils se livraient à Moi, leur Ami, Je Me réjouirais d'être quelque chose dans les pensées de leur cœur et Je saurais magnifiquement récompenser leur confiance.


Je suis le Simple. Aime-Moi simplement :

Quand tu Me mets dans ta pensée, avec le regret de ne pouvoir mieux faire, tu M’aimes ;

Quand tu agis plus par devoir que par goût, tu M’aimes ;

Quand tu te diminues à tes yeux et devant les autres, tu M'aimes ;

Quand tu veux prier et que tu déplores les distractions qui t'emportent, tu M'aimes ;

Quand tu cherches tes mots sans traduire tes désirs, tu M’aimes ;

Quand tu excuses un mot blessant ;

Quand tu fais plaisir pour Me faire plaisir ;

Quand tu ne penses plus à toi pour essayer de Me rejoindre ;

Quand tu essaies déjà de tout quitter, comme un jour de mort ;

Quand tu places ta pensée parmi les Anges et les Saints, comme une arrivée d'avance;

Et quand, le soir, tu appelles ton matin de demain qui nous unira, tu M'aimes.


Ne vise pas à dire exactement tant de paroles de prières : aime-Moi tout simplement. Un regard intérieur. Un sourire d'amie tendre.


Sois la plus simple : même si durant cette heure tu ne faisais que répéter « Je t'aime », Je serais content. Tu es contente que ton BienAimé soit content ? Oh ! ma Gabrielle, ne vise plus qu'à Me rendre heureux... Avec de toutes petites choses, tu le peux : il te suffit d'en avoir l'intention. L'intention compte plus que l'action, tu le sais. C'est elle qui est dans le coeur, et c'est le cœur que je considère en vous.


Et toi, comment ne t'adresserais-tu pas sans cesse à cette Bonté, dont le contact t'enrichirait plus que tu ne le supposes. Adresse-toi à Elle, même sans motif, pour le plaisir de La saluer.


Chaque âme a sa façon d'aimer. Ne Me prive pas de la tienne.


Jésus le lui rappelle souvent : ce qui compte dans ses œuvres, c'est leur poids d'amour, son désir de Lui faire plaisir en les réalisant.


N'as-tu pas compris que n'importe quelle action peut être faite pour moi ? Je ne donne pas aux choses la différence que vous leur donnez. Je ne vois les degrés que dans l’amour.


(…) des petits instants qui n'ont l'air de rien mais qui sont à Moi, si tu me les donnes. 


Ce que vous appelez « petites choses » ont cependant employé à Mon service votre entendement, votre mémoire et votre volonté. Et c'est votre être.


Même celui qui n'aura enseigné qu'un seul Pater à un seul enfant, celui qui lui aura appris à dire : « Mon Dieu, je Vous donne mon cœur», celui-là connaîtra Ma joie et Ma reconnaissance.


Ah ! Votre tendresse... Comme Je la cherche en vous, en vos œuvres !


Donne-Moi tout. La vie ne se compose que de toutes petites choses. 


Comme j'avais égaré ma carte de demi-tarif. Offre-Moi ces petites contrariétés comme des épines à toi pour soulager les épines à Moi.


Si tu remplaçais tes pensées soucieuses par des pensées de tendresse envers Moi, ne crois-tu pas que ce serait plus utile et que tu serais plus heureuse ? 


Quand tu as un souci auquel tu ne peux rien, pense : « Lui arrangera cela », et rentre dans la Paix en Moi.


Ô vous, Mes intimes ! ayez grande confiance dans Ma richesse d'amour. Alors, Je me précipiterai avec la chose que vous désirez, car vous serez irrésistibles.


Quand tu vas voir de petits enfants, tu as toujours quelque objet pour le leur offrir. Moi qui suis Dieu, le Riche, est-ce que Je pourrais entrer dans une âme et ne rien lui laisser ?


Si tu savais combien Je suis heureux quand on Me demande quelque chose…


Quand tu pries, crois que tu es exaucée. Cela transformera ta prière et cela Me fera plaisir.


Alors, Vois-Moi Douceur, Délicatesse, Tendresse.


Pour Qui me prend-on ? Comment M'envisages-tu?... Je suis là pour t'aimer et pour t’excuser.


Comme tu as été heureuse, l'autre jour, quand on t'a annoncé que ton pauvre voisin avait si bien préparé sa dernière confession et qu'il avait communié !... Vois-tu, il faut toujours prendre patience et toujours prier. Alors, Je ne résiste pas. 


« Pense donc que Jésus est là dans le tabernacle exprès pour toi, pour toi seule, écrit sainte Thérèse à sa cousine Marie Guérin le 30 mai 1989, Il brûle du désir d'entrer dans ton cœur ».

Jésus se plaint souvent de la désinvolture avec laquelle trop de chrétiens apparemment fervents, allant à la messe tous les jours, bâclent leur action de grâce. Et Gabrielle se sent totalement concernée par cette sévérité de Jésus, car ce sont précisément ses distractions personnelles qu'il lui reproche du fait qu'elle se laisse aller, durant ces précieuses minutes, à ruminer ses soucis au lieu d'entrer dans la grande préoccupation de Jésus: le salut des âmes.

Distraite après la communion : Quand on possède dans son salon quelqu'un de très aimé, on ne se met pas à la fenêtre pour regarder lés passants (…)

Après la communion. Cette personne quitte l'église sans faire d'action de grâces et elle passera la journée sans se souvenir de la grâce que Je lui ai faite ce matin. Pense à Moi, d'ici demain. Cause avec Moi. Remercie-Moi. Aime-Moi (…)

Après la Communion. Quand tu fermes les yeux, c'est comme si tu mettais à Mon service tout ton intérieur. Quand tu regardes au dehors, ce n'est plus « nous », tu t’éparpilles (…)

Après la communion. (…) Ce n'est pas parce que tu es dans l'aridité et le poids que tu n'es pas avec Moi.


Il confie à Gabrielle combien Il « souffre » de rester seul dans les tabernacles des églises ou dans le tabernacle de nos cœurs : Il lui dit un jour avec un accent de détresse : « Il ne faut pas Me laisser seul !..


Toi qui viens chaque jour dans Ma Maison, parle-Moi pour eux, afin qu'avant d'entrer, portés sous un catafalque pour une dernière fois, ils M'aient donné leur corps vivant, leurs facultés et tout leur être. Oh ! comme Je saurai bien les recevoir et répondre à leur confiance…


Le 6 novembre 1939, alors qu'elle passait devant une église Jésus lui dit: Pourquoi n'entres-tu pas Me voir ? Et si j’avais quelque chose à te dire ?


S'ils croyaient bien que Je suis dans la petite maison de l'autel, est-ce que tout de même, ils ne Me diraient pas mieux leur amour ? Ou, tout au moins, une sympathie? Et leurs besoins, puisque Je suis riche et puissant.


« Au soir d'amour, parlant sans parabole

Jésus disait: « Si quelqu'un veut m'aimer, 

Toute sa vie, qu'il garde ma Parole 

Mon Père et moi viendrons le visiter.

Et de mon cœur faisant notre demeure

Venant à lui, nous l'aimerons toujours I...

Rempli de paix, nous voulons qu'il demeure

En notre Amour ! » (Vivre d’Amour, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus)


Thérèse s'est toujours émerveillée de cette présence continuelle de Dieu dans son cœur: « Qu'il faut qu'une âme soit grande pour contenir un Dieu !... Et pourtant l'âme d'un enfant d'un jour lui est un Paradis de délices ».


Gabrielle entend souvent Jésus lui rappeler l'importance de cette « garde du cœur ». Il l'invite à Le rejoindre souvent dans le fond de son cœur, au lieu de laisser errer sa pensée dans toutes les directions. Il est là, Il l'y attend et Il a de belles surprises à lui faire.


Jouis de Dieu en toi. Il y aura une peine spéciale au Purgatoire pour les âmes qui n'auront pas cherché cette jouissance. Dans le fond de l'âme, descendre la lampe d’Amour.


Prends un moment pour nous aimer mieux. Pour te raconter à Moi - surtout tes défaillances. Je les connais bien mais, en Me les disant, tu les effaces.


Dans le Métro. Mais oui, cela Me fait plus de plaisir quand tu approches de Moi dans ces foules, que quand tu es dans ta chambre. Les foules de Paris Me laissent Seul, comme si J'étais toujours mort.

Ma pauvre petite Fille, que la vie terrestre est courte. Tout s'arrête à moitié chemin. Sens-tu bien que votre demeure est ailleurs ? Pourquoi s'attarder à s'attacher ici-bas? C'est demain, l'autre Vie.

Est-ce que tu n'as pas envie de Me voir ? de mieux Me connaître ? Demande-Moi le désir. Je puis te donner tout ce qui te manque. Tu ne demandes pas. Surtout ne crains pas de Me lasser, de M'importuner. Tu es Mon petit Enfant. Rien de toi ne Me fatigue.


(…) Thérèse n'éprouvait pas le besoin de se représenter le Cœur de Jésus pour penser à son Amour ; elle préférait de beaucoup évoquer l'Enfant Jésus dans sa crèche ou la Sainte Face.


« Entre ses bras Divins je ne crains pas l'orage 

Le total abandon, voilà ma seule loi, 

Sommeiller sur son Cœur, tout près de son visage

Voilà mon Ciel à moi ! » (Mon Ciel à moi, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus)


Pose ta tête sur Mon Cœur, afin que tes pensées ne soient que pour Moi. Laisse les choses de la terre, ne les laisseras-tu pas un jour ? Entre déjà dans l'Amour éternel, d'où les soucis de la terre sont exclus.


Je t'en prie, oublie tout, car tout mérite d'être oublié, hormis Ma tendresse ouverte à tous.


Un grand Géant penché tendrement sur sa petite créature. Tu Le sais infiniment bon. [...] Pour Lui, c'est ta faiblesse qui force Son Cœur. Montre-Lui à quel point tu as été misérable dans ton jour, dans ta vie. Loin de te rebuter, il ouvrira Ses bras et t'appuiera sur son Cœur : la place de Jean.


Entre tout entière dans ce désir de savoir Me consoler. 


Et Jésus explique à Gabrielle les deux grandes souffrances dont Il désire être consolé : l'indifférence de tous ceux qui croient en Lui et qui devraient L'aimer et le malheur éternel de tous ceux qui se ferment définitivement à sa Miséricorde.


La souffrance la plus atroce de Jésus à Gethsémani fut de penser à la souffrance éternelle de tous ceux qui ne profiteraient pas de son Sacrifice rédempteur : Ma grande douleur fut que cette agonie soit inutile pour beaucoup.


Les hommes peuvent en effet refuser d'écouter tous les appels que le Seigneur leur adresse. Un jour Gabrielle Lui demande : « S'il Vous plaît, embrasez d'amour tous ceux qui sont dans ce tramway ». Il lui répond avec tristesse : Ils ne veulent pas.


Songe au malheur du damné qui ne peut que Me haïr ! Ne plus pouvoir aimer Dieu, c'est l'épouvantable chose.


Demande-Moi pour les pécheurs cette disposition à s’humilier. Que peux-tu faire de plus beau dans les jours qui te restent à passer sur la terre, que de M'aider à sauver les pécheurs. Il y en a tant !…


Quelle tristesse, mi Fille, si vous arriviez seuls ! Prémunissez-vous d'un cortège de sauvés par vos soins. Que ce soit dans les Missions, que ce soit autour de votre demeure...« Comment faire ?» demande Gabrielle. Nommez-les-Moi souvent, vos protégés, vos incrédules, vos sourds-muets. Je les recouvrirai de Ma robe sans couture, toute sanglante.


Oh ! quand tu seras bien sûre de cet Amour qui vit en toi, quel changement, Ma Fille, dans ta vie... Tu sais la différence qu'il y a entre un voyage solitaire et un voyage à deux, deux amis chers, deux Époux.


Alors, fais-Moi de la place dans ton cœur…

Tu pourrais arriver, en espérant en Moi, à une haute sainteté. Et c'est quand tu te fies à tes petits moyens que tu végètes dans ton ordinaire misère.


Dans « La petite Veilleuse de nuit », Jocelyne, l'aveugle pleine de douceur, montre bien que la grâce qui nous fait faire de belles choses n'est pas une espèce de fluide qui nous rendrait plus forts, mais Quelqu'un qui nous aide à chaque instant, si nous L'invoquons et Le laissons faire: « La grâce? Ce n'est pas quelque chose, c’est Quelqu'un ».


Offre ton moment présent. Demande chaque jour la sainteté, afin de rendre saints ceux qui t'entourent. Tu ne leur donnes que ce que tu es. 


Un saint est un homme comme les autres hommes. Mais il s'est vidé de lui-même et a invité l'Esprit à prendre la place. Et c'est l'Esprit qui est saint.


Oh ! l'intention de toujours Me faire plaisir, Me tenir compagnie, Me consoler. Tout à T'heure, tu M'offrais une des premières violettes, en Me disant :« Peut-être que personne n'a pensé à Vous en donner aujourd'hui ? » Ce n'était rien, et c'était beaucoup pour Moi, qui suis tenu à l'écart sur la terre. Moi !


Cherche à éviter les plus petites fautes. C'est là ton travail, puisque tu es appelée à la sainteté et que la sainteté est l'absence de toute souillure consentie. Travail d’amour.


Surveille ta pensée. Ta pensée qui précède ton acte et ta parole. Mets en Moi ta pensée continuelle.


À chaque minute, tu peux sauver des milliers d'âmes ! Pense. Demande. Aime !


Après la communion. Tu vois comme tu entres dans les distractions quand tu quittes le moment présent. Je te recommande encore le moment présent. Imagine une vie où tous les moments présents auraient été vécus pour la Gloire de Dieu !


N'attache aucune importance à tes impressions. Fais ce que dois.


Supporte les épines de chaque jour par amour pour Moi (…) l’acceptation amoureuse des poids quotidiens.


Thérèse exhortait régulièrement ses novices à offrir à Jésus leurs sourires…


Quand tu cherches à Me faire plaisir, ne sens-tu pas comme une Vie dans ta vie ?


Pour Le rendre « fou de joie », il faut effectivement qu'Il prenne toute la place et qu'elle renonce à tout projet personnel de réussite humaine ! (…) « J'avais mille pensées, projets, souvenirs, dans la tête et je disais : "Seigneur, descendez chez moi". Me montrant le fouillis de toutes ces choses étrangères, Il m'a dit: Il n'y a pas la place. Comprends que, pour que J'entre dans une âme, il faut que J'y sois chez Moi et non chez elle (…) Vise à n'avoir chez toi rien qui puisse déplaire à Mon Regard.


Dans l'avenue. Ne dis pas tes prières comme une corvée obligatoire, mais comme une histoire charmante et nouvelle, à l'oreille de ton bien-aimé. Et comme tu la diras encore mieux encore avec un sourire intérieur. Et comme elle sera mieux écoutée...


Tu sais comme c'est fort une habitude (…) Prends, maintenant, celle du sourire intérieur, fidèle et régulier à tout événement.


Vois-moi en les autres. Cela t'aidera à être plus humble.


Sois aimable pour Me faire plaisir.

Plus tu te donneras aux autres, plus Je me donnerai à toi.


Je voudrais te voir faire la guerre même à une pensée d’égoïsme. Comprends-tu le détachement de soi par amour des autres ?


Invente une manière nouvelle de faire plaisir, sans retour sur toi. Compte-toi pour rien. N'est-ce pas facile quand on voit d'abord Moi dans le prochain ? Même s'il ne Me ressemble pas, c'est quand même Moi, car tous sont Mes créatures et tous sont Mes sauvés, s'ils le veulent.


Demande-Moi l’amour. C'est Moi qui le possède. Je donne à qui Je veux. Mais il faut demander, il faut le prendre dans mon Cœur. « Tu veux bien ? »


Qu'il en soit fini de l'esprit moqueur. Est-ce le Mien ? (…) Quel bien ne peux-tu faire par le charme d'une conversation, par une bonté patiente.


Tu comprends, si tu tiens habituellement ton visage souriant devant Ma Face, tu le conserveras souriant devant le prochain qui s'y réchauffera.


Sois dure pour toi et douce pour les autres (…) Parle aux autres comme tu penses que Je te parlerais. Je t’aiderai.


Est-ce que les trois quarts des gens méchants, ne sont pas devenus méchants parce qu'on ne les a pas assez aimés ? (…) Ayez cet art délicat d'être avec le prochain comme si vous lui tendiez les bras intérieurement. Serait-ce si difficile ? Si nous considérions Dieu en lui...


Ne juge pas. Connais-tu son âme ?


Fais attention à ne pas parler du mal. Il y a toujours un peu de Bien, ne serait-ce qu'en germe, dans chaque âme. 


Même en l'absence du prochain, parles-en bien. Surveille ta manière, les nuances. C'est ce qui fait le charme de la charité


Chaque soir, examine bien tes paroles du jour : rappelle-toi, celui qui ne pèche pas en paroles est un homme parfait.


Thérèse (…) savait que Dieu récompense toujours au centuple tous les sacrifices que nous offrons…


Et voici qu'à soixante-deux ans, elle entend Jésus lui rappeler « en direct» que, pour sauver le monde, il ne suffit pas de proclamer la bonne nouvelle en jouant et en dansant sur les planches ; il faut surtout prier et se sacrifier « pour le salut des âmes: qu'elles ne se perdent pas ! (…)

Jésus ne cesse de lui redire que c'est surtout par la ferveur de son amour, l'offrande de ses sacrifices et la persévérance de sa prière, qu'elle pourra sauver les âmes.


La prière ! Quand tu ne peux pas pénétrer chez un malade ou chez un cœur : prie ! Ta prière entrera.


Mes mérites sont assez grands pour ton pécheur. Demande sa conversion au nom de Mes mérites.


Qui sauve un pécheur se sauve lui-même.


(…) les plus ordinaires, les plus communes souffrances de chaleur, d'insectes, d'imprévus contre-temps, tout petits ennuis que tu M'offres en expiation…


Endors-toi toujours dans Mes bras. Tu sauras mourir.

Dans une intime douceur. Au moment de la mort de Mes amis, ne crois-tu pas que je vienne les prendre doucement, avec les délicatesses que tu sais, pour introduire leur âme dans Mon royaume ? Ne ferais-tu pas de même pour jouir de leur surprise et de leur joie, à l’entrée de l'une de tes belles demeures ? Alors, Moi, Dieu, qui aime plus, qui possède mieux, comment Me désintéresserais-Je de leur sortie du temps ?


Est-ce que tu n'as pas envie de Me voir, de mieux Me connaître ? Demande-Moi le désir. Je puis te donner tout ce qui te manque. Tu ne demandes pas. Surtout ne crains pas de Me lasser, de M'importuner. 


La sainteté n'est pas une addition : un seul acte d'amour au moment de la mort peut faire un saint, dans l'abandon et la confiance absolue.


N'est-ce pas qu'il te faudrait simplement un petit effort de pensée ? Ne te semble-t-il pas que ce tout petit effort aurait un grand effet ? L'union ininterrompue, métamorphosant ta vie.


(…) ne crains plus rien. Je ne serais pas content.


N'aie pas peur de passer du temps à penser à Moi, à Me faire plaisir. Ce sera du temps bien employé !