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dimanche 15 octobre 2023

« Le camp des saint » de Jean Raspail (1973)

Préface - Big Other (2011)

(…) tous ces gens - de droite comme de gauche, j'insiste là-dessus - qui participent ou participaient au gouvernement du pays ou au modelage de l'opinion, pratiquent un double langage : l’un publique et proclamé, l’autre personnel et dissimulé, comme s'ils avaient une double conscience, celle qu'on arbore comme un drapeau et celle qui s'est réfugié dans le maquis des pensées inavouables, qu'on n’exprime qu'en petit comité, entre amis sûrs, et encore… (…) Il me semble juste de reconnaître, en guise de circonstances atténuantes, que s’ils s’engageaient à rebrousse-poil face à la meute médiatique, showbiztique, artistique, droits de l'hommiste, universitaire, enseignante, sociologue, littéraire, publicitaire, judiciaire, gaucho-chrétienne, épiscopale, scientifique, psy, militante humanitaire, politique, associative, mutualiste et j’en passe, ils signeraient, dans la minute, leur condamnation à mort civile.


Et pourtant, sur ce point, depuis peu, j’ai cessé d'être pessimiste. La minorité catholique se bat, le dos au mur. Le nombre de ses fidèles ne diminuera plus. La tendance s’inverse. Les jeunes prêtres sont peu nombreux, mais intensément « motivés ».

Là aussi, le retournement s’amorce. Comme aux temps barbares du haut Moyen Âge, dans leurs abbayes, leur prieurés, les moines et les moniales veillent et prient - et chez eux, les vocations affluent.


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Le monde semble soumis, non pas un chef d'orchestre identifié, mais une nouvelle bête apocalyptique, une sorte de monstre anonyme doué d’ubiquité et qui se serait juré, dans un premier temps, la destruction de l'Occident. La bête n'a pas de plan précis (…) Peut-être est-elle d’origine divine, plus certainement démoniaque ? Ce phénomène peu vraisemblable, né il y a plus de deux siècles, a été analysé par Dostoïevski. Il l’a été aussi par Péguy sous d'autres formes. Et encore par l'un de nos précédents pape, Paul VI, ouvrant enfin les yeux au déclin de son pontificat.


La sirène de l’India Star produisit un hurlement si tragique qu’il aurait pu faire frémir n’importe quel capitaine vaguement superstitieux. On aurait dit un géant sourd-muet martyrisant sans s’entendre, au plus fort de l’orgasme, ses cordes vocales déréglées.


Sept mille deux cent douze professeurs de lycée se promirent en même temps d’ouvrir leurs cours du lendemain par un débat sur le racisme. Qu’ils fussent professeurs de mathématiques, d’anglais, de chimie ou de géographie, voire de latin, ne changeait rien à l’affaire.


Se croyant coupable en bloc, depuis le temps qu'on le lui affirmait, l'opinion occidentale s'imagina, cette fois, être coupable pour de bon, avec un motif précis à la clef. La bête tenait un nouveau symbole, inespéré, le capitaine Notaras, et elle le fit savoir à son de trompe. Luc Notaras entra dans l'histoire atroce du monde contemporain au chapitre des bouchers blancs, chapitre soigneusement tenu à jour par les serviteurs de la bête, qui ne manquaient jamais une occasion de clamer très haut les noms les plus funestes, en vrac et sans nuance, comme une menace, un rappel et un épouvantail. Il n'y eut pas d'affaire Dreyfus.

Arrêté à Marseille et jeté en prison, le capitaine Notaras fit l'unanimité contre lui. Alors qu'à n'importe quel assassin, fût-il coupable de crimes horribles, viol et dépeçage de petites filles ou massacre de vieillards à coups de marteau pour cent francs, la justice moderne apporte toujours l'aide de la psychiatrie et l'excuse d'une société mal faite, au geste effroyable du capitaine Notaras on ne chercha pas d'explications profondes. Le capitaine Notaras représentait la race blanche, il était convaincu de haine raciale aveugle, point à la ligne.


Deux camps se font face. L’un croit aux miracles. L’autre n’y croit plus. Celui qui soulèvera les montagnes est celui qui a conservé la foi. Il vaincra. Chez l’autre, le doute mortel a détruit tout ressort. Il sera vaincu.


Après cela, dans quel recoin de soi-même, au fond de quel labyrinthe d’idées reçues et de sentiments imposés faudra-t-il fouiller pour y trouver un reste d’odieux courage à opposer à la pitié ? Inutile de refaire le compte des mandements d’évêques, éditoriaux de presse, pétitions de ligues, rédactions d’enfants, sermons de professeurs, prises de conscience en tout genre, colloques d’irresponsables, propos de living, mots de salon, larmes vulgaires…


L’armada de la dernière chance, sur la route de l’Occident, se nourrissait de haine. Haine quasi philosophique, si pure et profonde qu’elle ne se traduit plus en termes de revanche, de mort ou de sang, mais rejette simplement dans le néant ceux qui en sont l’objet. En la circonstance, les Blancs. Pour les croisés de la faim en route vers l’Europe, les Blancs n’existent plus. On les nie.


L’ONU parlait déjà de se saisir du problème et qui sait ce que ces gens-là sont capables d’inventer lorsqu’on les laisse jouer entre eux, tiers monde majoritaire, avec l’impérialisme, le racisme et autres joujoux du même genre ? (…) Un chef-d’œuvre de pâtisserie humanitaire, fourré d’antiracisme à la crème, nappé d’égalitarisme sucré, lardé de remords à la vanille, avec cette inscription gracieuse festonnée en guirlandes de caramel : mea culpa !


Contrairement à la plupart des gens, je crois que, c’est dans la vieillesse, finalement, que l’homme s’accomplit, lorsqu’il découvre enfin, et tristement, la vérité.


« Avec tous ses cochons qui s’enfuient vers le nord, pour s’offrir des vacances au soleil, le coin ne manquera pas de villas ! J’espère qu’ils n’ont pas vidé leurs piscines. La révolution, pour une fois qu’on la tient, c’est d’abord du bon temps ! »


Seul M. Jules Machefer, rédacteur en chef du journal La Pensée nationale, écrit, je cite : «Si le gouvernement ne donne pas l'ordre à l'armée de s'opposer par tous les moyens à ce débarquement, c'est le devoir de tout citoyen conscient de sa culture, de sa race, de sa religion traditionnelle et de son passé, de prendre spontanément les armes. Paris, même notre cher Paris est déjà investi par les complices de l'envahisseur. Mes bureaux ont été saccagés et occupés par des commandos irresponsables auxquels s'étaient joints les pires éléments étrangers vomis par les bas-fonds de la capitale. Les équipes de vente de mon journal ont été toute la journée pourchassées dans les rues par des groupes d'extrémistes ouvertement tolérés par la police et, je dois le dire, sous l'œil indifférent de la population. Dans ces conditions, je me vois obligé d'interrompre jusqu'à des jours meilleurs la parution de La Pensée nationale pour entreprendre un autre combat. Je déclare, moi, vieil homme pacifique, que c'est le fusil de chasse à la main que j'attendrai, dans le Midi, l'armée en haillons de l’Antéchrist. J'espère que nous serons nombreux !»


« En ce jour de vendredi saint, jour d’espérance de tous les chrétiens, nous adjurons nos frères en Jésus-Christ d’ouvrir leurs âmes, leurs cœurs et leurs biens matériels à tous les malheureux que Dieu envoie frapper à nos portes. Il n’existe pas d’autre voie, pour un chrétien, que celle de la charité » (…) On ne pouvait rien attendre d’autre d’un pape brésilien !


Les nations d’Occident croient posséder des armées fortes. En réalité, elles n’ont plus d’armées. Depuis des années, par tous les moyens, on inspire à nos peuples la honte de leurs armées (…) On a travesti des guerres de survie, bien qu’elles eussent été toutes perdues par l’Occident, en tentatives barbares d’établir l’hégémonie blanche. Parce qu’il ne restait pas assez de militaires vivants à haïr, on s’est rabattu sur les fantômes guerriers du passé, lesquels sont innombrables, multipliables à l’infini et incapables de protester, morts muets et abandonnés, livrés sans risques à la vindicte populaire. Ne parlons pas de littérature, de pièces de théâtre ou d'oratorios, destinés à un public restreint. Parlons plutôt des mass media, de l'utilisation scandaleusement faussée d'un instrument de communication de masse par ceux qui, sous le masque de la liberté, pratiquent le terrorisme intellectuel. En dépit des avertissements des survivants de la lucidité, nous avons laissé une frénésie masochiste, hors de toute mesure, nous emporter vers d'hallucinantes aventures, et à force de vouloir tout admettre, nous avons pris le risque insensé de devoir tout affronter en même temps, et seuls (…) Désormais, le bon peuple a horreur de son armée accusée de trop de génocides (…)

- Il y aura cependant génocide, et c’est nous qui disparaîtront

- Je le sais, monsieur le président (…) Nous mourrons lentement…


(…) l’histoire du monde blanc n’était plus qu’affaire de millions de moutons. C’est sans doute l’explication.


Dans cinq heures, un million d'immigrants de race, de langue, de religion, de culture et de traditions différentes des nôtres, mettront le pied pacifiquement sur le sol de notre pays. Ce sont principalement des femmes, des enfants, des paysans sans travail et sans ressources, chassés par la famine, la misère et le malheur, surplus dramatique et toujours croissant de cette surpopulation qui est le fléau de notre fin de siècle. Leur destin est tragique, mais, par voie de conséquence, le nôtre ne l'est pas moins.


(…) la lâcheté devant les faibles, est une des formes les plus actives, les plus subtiles et les plus mortelles de la lâcheté. 


(…) si bien que nous sommes en état, dans la mesure où nous le voulons, de repousser l'envahissement et d'anéantir l'envahisseur. À la seule condition, évidemment, de tuer avec ou sans remords un million de malheureux. Les guerres précédentes ont été prodigues de ce genre de crime, mais les consciences, à l'époque, n'avaient point encore appris à hésiter. La survie absolvait le massacre (…) Les forces occultes qui s'acharnent à détruire notre société occidentale le savent bien, prêtes à s'engouffrer dans le sillage de l'envahisseur, sous le bouclier commode que leur offrent nos consciences troublées. 


(…) lorsque l'Occident régnait, au moins le tiers monde travaillait-il efficacement. Le mieux eût été de s'en faire une gloire et d'imposer de justes rapports de maître à subordonné au lieu de gémir de honte au sommet de notre prospérité. Mais pourquoi le regretter? Nous aurions tenu un peu plus longtemps, c'est tout, millions face aux milliards. Maintenant que le tiers monde a déferlé sur nous, on peut bien constater que sa dynamique inconsciente a eu raison de tout. Le langage, les rapports humains, le rythme, les rythmes, l'émotivité, le rendement, la conception de tout, même la façon de ne rien foutre, tout a changé (…) Pour un vieil Ahmed qui gémit en secret que « c'était mieux du temps des Français », ne sachant même plus s'il parle de son Algérie natale ou de la France qu'il habite, combien de millions d'autres émargent chichement à nos monstrueux budgets sociaux en se disant que la roue a tourné et que l'égalité n'est enfin plus un vain mot ? 


Car cela s'entend, cinq milliards d'êtres humains, debout sur toute la terre, et qui grondent ! Tandis qu'avec Marcel et Josiane, sept cents millions de Blancs ferment les yeux et se bouchent les oreilles.


(…) ce qui n'était pour moi que la simple constatation de l'incompatibilité des races lorsqu'elles se partagent un même milieu ambiant, devenait aussitôt, pour la plupart de mes contemporains, un appel à la haine et un crime contre la dignité humaine. Tant pis, ils penseront ce qu'ils voudront !


Car la Suisse, elle aussi, était minée de l'intérieur. La bête y avait creusé toutes ses sapes, mais avec tant de précautions qu’elles furent plus longues à s'écrouler. 

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