« Ingmar Bergman » de Peter Cowie (1982)

Le sexe et l'argent étaient des sujets tabous dans la maison Bergman, et pour un jeune chez qui les lectures et les expériences scolaires ouvraient de nouvelles perspectives, l'atmosphère devenait étouffante. Les punitions étaient un rite fréquent, et les parents n'adressaient pas la parole à l'enfant délinquant jusqu'à ce qu'il ait fait preuve de repentir. Cette forme de châtiment provoqua à la longue un bégaiement chez Ingmar et même se répercuta sur son écriture… "Je ne pouvais pas dessiner, je ne pouvais pas chanter… je ne pouvais pas danser. J'étais bloqué dans tous les domaine."

(…) il introduit un peu de sa propre personnalité dans chacun de ses personnages, et il crée chaque rôle en pensant à un acteur en particulier.

Dans Le Septième Sceau, Bergman établit avec une maîtrise qu’il retrouvera rarement dans ses autres films un équilibre entre le sérieux et l’insouciance.

Lorsque Mia, dans la lumière du matin, demande à Jof d’arrêter de jongler, pour lui dire en souriant : « Je t’aime », ses mots sont si tendres et sincères que la Mort n’est plus qu’un masque aplati qui pend au flanc du chariot.

Mia prépare un bol de lait et un bol de fraises, fruit qui symbolise chez Bergman un bonheur éphémère.

Block (…) aspire à croire, cherche à concilier la souffrance et la beauté du monde.

Karin et Maria [dans Cris et chuchotements], élevées dans le luxe, sont définitivement dépourvues de sens pratique. La seule indication que donne Bergman à Liv Ullman pour son rôle se résume à une phrase : « C’est le genre de femme qui ne ferme jamais une porte derrière elle. »

Resté seule près du lit, Anna serre Agnès contre sa poitrine pour la réchauffer, tandis qu’au-dehors le vent soupire. L’image soigneusement composée par Bergman comme une évocation de la Pietà…

Le calme de la mer toute proche et l’aspect désert de la plage rocailleuse [dans A travers le miroir] entraînent une telle réceptivité au son et à l’mage que la moindre déviance et faiblesse de l’homme peut être perçue, comme une vibration, même infime, s’enregistre sur un sismographe.

Dans l’univers bergmanien, ce n’est qu’à travers l’acte de confession et d’expiation que la paix spirituelle peut s’accomplir.