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dimanche 29 novembre 2020

« Vingt mille lieux sous les mers » de Jules Verne (1870)

La mer n'appartient pas aux despotes (…) à trente pieds au-dessous de son niveau, leur pouvoir cesse, leur influence s’éteint, leur puissance disparaît ! ! Monsieur, vivez, vivez au sein des mers ! Là seulement et l’indépendance ! Là je ne reconnais pas de maîtres ! Là je suis libre !

J'observais que toutes ces productions du règne végétal ne tenaient au sol que par un empattement superficiel. Dépourvues de racines, indifférentes aux corps solide, sable, coquillage, test ou galet, qui les supporte, elles ne lui demandent qu'un point d'appui, non la vitalité.


Les sels, dit-il, sont en quantité considérable dans la mer, monsieur le professeur, et si vous enleviez tout ceux qu'elle contient en dissolution, vous en feriez une masse (…) qui, étalée sur le globe, formerait une couche de plus de dix mètres de hauteur (…) Ils rendent les eaux marines moins évaporables…


En somme, on estime que si le fond de la mer était nivelé, sa profondeur moyenne serait de sept kilomètres environ.


(…) L'huître est le seul mets qui ne provoque jamais d’indigestion. En effet, il ne faut pas moins de seize douzaines de ses mollusques acéphales pour fournir les 315 g de substances azotées, nécessaires à la nourriture quotidienne d'un seul homme.


La Pérouse et son second, le capitaine de Langle, furent envoyés par Louis XVI, en 1785, pour accomplir un voyage de circumnavigation. Ils montaient les corvettes La Boussole et L'Astrolabe, qui ne reparurent plus (…) Ce fut un vieux routier du Pacifique, le capitaine Dillon, qui, le premier, retrouva des traces indiscutables des naufragés. Le 15 mai 1824, son navire, le Saint-Patrick, passa près de l’île de Tikopia, l'une des Nouvelles-Hébrides. Là, un lascar, l’ayant accosté dans une pirogue, lui vendit une poignée d'épées en argent qui portait l'empreinte de caractères gravés au burin. Ce lascar prétendait, en outre, que, six ans auparavant, pendant un séjour à Vanikoro, il avait vu deux Européens qui appartenaient à des navires échoués depuis de longues années sur les récifs de l’île. (…) Dumont d’Urville, interrogeant les naturels, apprit aussi que La Pérouse, après avoir perdu ses deux navires sur les récifs de l’île, avait construit un bâtiment plus petit, pour aller se perdre une seconde fois… Où ? On ne savait (…) Ils se dirigèrent vers les îles Salomon, et ils périrent corps et biens, sur la côte occidentale de l’île principale du groupe…


(…) Le corail, curieuse substance qui fut tour à tour classé dans les règnes minéral, végétal et animal. Remède chez les anciens, bijou chez les modernes, ce fut seulement en 1694 que le Marseillais Peysonnel le rangea définitivement dans le règne animal. Le corail est un ensemble d’animalcules, réunis sur un polypier de nature cassante et pierreuse. Ces polypes ont un générateur unique qui les a produits par bourgeonnement, elle possède une existence propre, tout en participant à la vie commune. C'est donc une sorte de socialisme naturel.


Vers sept heures du soir, le Nautilus à demi émergé navigua au milieu d'une mer de lait. À perte de vue l'océan semblait être lactifié. Était-ce le fait des rayons lunaires ? Non, car la lune, ayant deux jours à peine (…) Cette blancheur qui te surprend n’est due qu’à la présence de myriades de bestioles infusoires, sorte de petits vers lumineux, d'un aspect gélatineux et incolore, de l’épaisseur d'un cheveux, et dans la longueur ne dépasse pas un cinquième de millimètre.


Une perle ? (…) Pour le naturaliste, c'est une simple sécrétion maladive de l'organe qui produit la nacre chez certains bivalves (…) La perle n'est qu'une concrétion nacrée qui se dispose sous une forme globuleuse. Ou elle adhère à la coquille de l'huître, ou elle s’incruste dans les plis de l’animal (…) Elle a toujours pour noyau un petit corps dur, soit un ovule stérile, soit un grain de sable, autour duquel la matière nacrée se dépose en plusieurs années, successivement et par couches minces et concentriques (…) selon leur eau, c'est-à-dire leur couleur, et selon leur orient, c'est-à-dire cet éclat chatoyant et diapré qui les rend si charmantes à l'œil. Les plus belles perles sont appelées perles vierges ou parangons…


L'éponge n'est point un végétal comme l'admettent encore quelques naturalistes, mais un animal du dernier ordre, un polypier inférieur à celui du corail.


La mer de Sargasses, à proprement parler, couvre toute la partie immergée de l'Atlantide. Certains auteurs ont même admis que ces nombreuses herbes dont elle est semée sont arrachés aux prairies de cet ancien continent. Il est plus probable, cependant, que ces herbages, algues et fucus, enlevés au rivage de l'Europe et de l'Amérique, sont entraînés jusqu'à cette zone par le Gulf Stream. Ce fut là une des raisons qui amenèrent Colomb à supposer l'existence d'un nouveau monde. Lorsque les navires de ce hardi chercheur arrivèrent à la mer de Sargasses, il naviguèrent non sans peine au milieu de ces herbes qui arrêtaient leur marche au grand effroi des équipages, et ils perdirent trois longues semaines à les traverser (…) 

Ce nom de Sargasses vient du mot espagnol « sargazzo » qui signifie varech (…) 

Si l’on place dans un vase des fragments de bouchons ou de corps flottants quelconques, et que l'on imprime à l’eau de ce vase un mouvement circulaire, on verra les fragments éparpillés se réunir en groupe au centre de la surface liquide, c'est-à-dire au point le moins agité. Dans le phénomène qui nous occupe, le vase, c'est l'Atlantique, le Gulf Stream, c'est le courant circulaire, et la mère de Sargasses, le point central où viennent se réunir les corps flottants.


L'acharnement barbare est inconsidéré des pêcheurs fera disparaître un jour la dernière baleine de l’océan.


(…) La congélation de l'eau de mer ne se produit qu'à -2°…


Les lamantins, comme le dugong et le stellère, appartiennent à l'ordre des siréniens. Ces beaux animaux, paisibles et inoffensifs, longs de six à sept mètres, devaient peser au moins 4000 kg. J'appris à Ned Land et à Conseil que la prévoyante nature avait assigné à ces mammifères un rôle important. Ce sont eux, en effet, qui, comme les phoques, doivent paître les prairies sous-marines et détruire ainsi les agglomérations d'herbes qui obstruent l'embouchure des fleuves tropicaux. 

« Et savez-vous, ajoutai-je, ce qui s'est produit, depuis que les hommes ont presque entièrement anéanti ces races utiles ? C’est que les herbes putréfiées ont empoisonné l'air, et l'air empoisonné, c'est la fièvre jaune qui désole ces admirables contrées (…) Les végétations vénéneuses se sont multipliées sous ces mers torrides (…) 

Et s’il faut en croire Toussenel, ce fléau n'est rien encore auprès de celui qui frappera nos descendants, lorsque les mers seront dépeuplées de baleines et de phoques. Alors, encombrées de poulpes, de méduses, de calmars, elles deviendront de vastes foyers d'infections, puisque leurs flots ne posséderont plus « ces vastes estomacs, que Dieu avait chargés d’écumer la surface des mers. » »

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