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vendredi 9 octobre 2020

"L’art de croire" d'André Frossard (1979)

(…) l’histoire du monde est celle d’un amour méprisé. 

Ce n’est pas en soi que l’enfant de Dieu se trouve, mais dans l’autre, en celui qui recueille notre faible rayonnement errant avant qu’il ne se perde dans l’indifférence, et qui laisse comme dans la chambre noire notre image se former dans son cœur. 

(…) tout commence avec l’humilité et (…) sans l’humilité rien ne commence…

(…) pour Vous le bon ordre du monde va de degré en degré de l’assourdissante profusion de l’être à l’ultime dénouement où rien ne reste, que l’amour… 

(…) n’était-ce pas déjà chacun d’entre nous, qui cherchons en ce monde la fin d’une phrase commencée dans un paradis perdu, et qui parfois bien las d’attendre que le Jour Vous ramène, voguons nauséeux dans les temps avec des souvenirs d’éternité ? 

Ceux qui prétendent prouver le contraire et qui s’emploient à subvertir l’ordre de la charité en rapportant tout à eux-mêmes rassemblent à ces autres mourants qui ne donnent plus de lumière, et attirent tout ce qui les environne dans leur effondrement ; selon le périmètre de leur génie, c’est leur entourage ou des peuples entiers qu’ils emportent avec eux dans leur entonnoir de néant. 

(…) cette miraculeuse contradiction qui veut que l’on soit dans la mesure où l’on fait exister l’autre, et qui est l’amour ! 

(…) devant l’amoureuse prodigalité de Dieu c’était un avantage décisif de n’être rien du tout ! 

(…) la justice de Dieu (…) Sa pureté nous révélera nos ténèbres, et il n’y aura pas d’autre jugement que celui que nous porterons nous-mêmes sur notre indignité. 

Plus nous en aurons conscience, plus nous serons pardonnés : personne n’a jamais mesuré la miséricorde de Dieu. 

Nous avons rêvé des dieux qui ne connaissant ni la souffrance ni la mort ne savaient rien de l’âme (…) et ne parvenant jamais, faute d’amour, à réussir ce chef d’œuvre impossible : un homme ! (…) les plus avides d’omnipotence dévoraient des enfants pour s’assimiler cette nature humaine qui leur échappait victorieusement par l’insignifiance et la précarité ! 

Nous avons rêvé des absolus de remplacement, entêtés à clore toute brèche en nous propice à l’évasion, et il nous ont fait des semaines emmurées, et des fêtes carcérales. 

(…) Que pèsent nos pensées devant le terrible réalisme de l’Esprit qui vivifie, ou devant l’humour énorme de la nature qui répond à nos convocations sublimes en nous posant un moucheron sur le nez…

Il est le croisement de la croix (…) et le témoin que toutes choses au ciel et sur la terre se résolvent dans l’amour ! 

Esprit Saint qui êtes Seigneur et qui donnez la vie, donnez-nous aujourd’hui notre humilité quotidienne, (…) Vous que l’on compare au vent, aidez-nous à faire le vide en nous - ça ne devrait pas être long ! - afin que ce qu’aucune richesse intellectuelle ne peut se procurer, nous l’obtenions par l’indigence ! 

(…) cette crainte qui n’est pas de la peur, mais un amour inquiet de ne pas vous infliger une blessure de plus ?

Dieu vous appartient, il s’est donné, il est à vous, et c’est peu dire qu’il vous aime : étant tout entier en tout, il vous préfère ! 

(…) l’âme contemplative n’est pas celle qui voit, mais qui est vue, qui le sait…

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