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dimanche 23 août 2020

"Opium" de Jean Cocteau (1930)

Certains organismes naissent pour devenir la proie des drogues. Ils exigent un correctif sans lequel ils ne peuvent prendre contact, avec l’extérieur. Ils flottent. Ils végètent entre chien et loup. Le monde reste fantôme avant qu’une substance lui donne corps.
Il arrive que ces malheureux vivent sans jamais trouver le moindre remède. Il arrive aussi que le remède qu’ils trouvent les tue.

Nous sommes à une telle époque d’individualisme qu’on ne parle plus jamais de disciples ; on parle de voleurs.
D’un individualisme de plus en plus vif ne résultent que solitudes. Maintenant on ne se déteste plus entre artistes d’un autre bord, mais entre artistes du même bord, entre homme qui partagent la même solitude, la même cellule, qui exploitent le même carré de fouilles. C’est ce qui fait que notre pire ennemi sera seul capable de nous comprendre à fond et vice versa.

Profitons de l’insomnie pour tenter l’impossible : décrire le besoin (…) Une absence qui règne, un despotisme négatif.

Le grave, c’est de fumer contre un déséquilibre moral. Alors il est difficile d’approcher la drogue comme il faut l’approcher et comme il convient d’approcher les fauves : sans peur.

Tous les enfants ont un pouvoir féérique de se changer en ce qu’ils veulent.

La mort sépare complètement nos eaux lourdes et nos eaux légères. L’opium les sépare un peu.

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