Nombre total de pages vues

lundi 3 août 2020

"L’imitation de Jésus-Christ" de Thomas A. Kempis (XVè siècle)

Appliquez-vous, mon fils, à faire plutôt la volonté d’autrui que la vôtre.
Choisissez toujours d’avoir moins que plus.
Cherchez toujours la dernière place, et à être au-dessous de tout.
Désirez toujours et priez que la volonté de Dieu s’accomplisse parfaitement en vous.
Celui qui agit ainsi est dans la voie de la paix et du repos.

L’homme vraiment patient n’examine point qui l’éprouve, si c’est son supérieur, son égal ou son inférieur, un homme de bien ou un méchant.
Mais, indifférent sur les créatures, il reçoit de la main de Dieu, avec reconnaissance, et aussi souvent qu’il le veut, tout ce qui lui arrive de contraire, et l’estime un grand gain.
Car Dieu ne laissera sans récompense aucune peine, même la plus légère, qu’on aura soufferte pour lui.

J’ai, vous le savez, peu de force pour souffrir ; la moindre adversité m’abat aussitôt.
Faites que j’aime, que je désire d’être exercé, affligé pour votre nom, car subir l’injure et souffrir pour vous est très salutaire à mon âme.

« Mon fils, si tu viens te mettre au service du Seigneur, prépare-toi à subir l’épreuve ! Fais-toi un cœur droit, et tiens bon ; ne te tourmente pas à l’heure de l’adversité. Attache-toi au Seigneur, ne l’abandonne pas, afin d’être comblé dans tes derniers jours. Toutes les adversités, accepte-les ; dans les revers de ta vie pauvre, sois patient ; car l’or est vérifié par le feu, et les hommes agréables à Dieu, par le creuset de la pauvreté. Mets ta confiance en lui, et il te viendra en aide. » (Ben Sirac le Sage, 2,1-11)

Ce qui surtout éloigne de vous les consolations célestes, c’est que vous recourez trop tard à la prière. Car, avant de me prier avec instance, vous cherchez au-dehors du soulagement et une multitude de consolations. Mais tout cela vous sert peu, et il vous faut enfin reconnaître que c’est moi seul qui délivre ceux qui espèrent en moi, et que hors de moi il n’est point de secours efficace, point de conseil utile, point de remède durable.

Que votre cœur donc ne se trouble point, et ne craigne point. Croyez en moi, et confiez-vous en ma miséricorde.

Et même ce doit être votre unique joie que je vous frappe sans vous épargner.
Comme mon Père m’a aimé, moi aussi je vous aime, ai-je dit à mes disciples en les envoyant, non pour goûter les joies du monde, mais pour soutenir de grands combats ; non pour posséder les honneurs, mais pour souffrir les mépris ; non pour vivre dans l’oisiveté, mais dans le travail ; non pour se reposer, mais pour porter beaucoup de fruits par la patience. Souvenez-vous, mon fils, de ces paroles.

Quittez tout, et vous trouverez tout. Renoncez à vos désirs, et vous goûterez le repos.

C’est ainsi qu’au milieu de tant de mouvements divers, fixant sur moi seul ses regards, (l’homme sage) demeure inébranlable et toujours le même.

(…) suivre nu Jésus-Christ nu, mourir à vous-même, afin de vivre pour moi éternellement.

Seigneur, je vous remets tout avec beaucoup de joie, car j’avance bien peu quand je n’ai que mes propres lumières.
Oh ! que ne puis-je, oubliant l’avenir, m’abandonner dès ce moment sans réserve à votre volonté souveraine !
Jésus-Christ : Mon fils, souvent l’homme poursuit avec ardeur une chose qu’il désire ; l’a-t-il obtenue, il commence à s’en dégoûter, parce qu’il n’y a rien de durable dans ses affections et qu’elles l’entraînent incessamment d’un objet à un autre.
Ce n’est donc pas peu de se renoncer soi-même dans les plus petites choses. Le vrai progrès de l’homme est l’abnégation de soi-même ; et l’homme qui ne tient plus à soi est libre et en assurance.

Demandez, non ce qui vous est doux, non ce qui vous offre quelque avantage, mais ce qui m’honore et me plaît (…)

De temps en temps vous recevrez des consolations, mais jamais assez pour rassasier vos désirs.

Plus et mieux vous savez, plus vous serez sévèrement jugé, si vous n’en vivez pas plus saintement.
Quelque art et quelque science que vous possédiez, n’en tirez donc point de vanité ; craignez plutôt à cause des lumières qui vous ont été données.
Si vous croyez beaucoup savoir et être perspicace, souvenez-vous que c’est peu de chose près de ce que vous ignorez.

Ne vous appuyez point sur vous-même, et ne vous reposez que sur Dieu seul.

Si nous déracinions chaque année un seul vice, bientôt nous serions parfaits.

(…) Dieu regarde moins à l’action, qu’au motif qui fait agir. Celui-là fait beaucoup qui aime beaucoup.
Les justes, dans leurs résolutions, comptent bien plus sur la grâce de Dieu que sur leur propre sagesse ; et quelque chose qu’ils entreprennent, c’est en lui seul qu’ils mettent leur confiance.

Réprimez l’intempérance, et vous réprimerez plus aisément tous les autres désirs de la chair.

Dans toutes vos actions, dans toutes vos pensées, vous devriez être tel que vous seriez s’il vous fallait mourir aujourd’hui.

(…) il ne faut pas vous livrer à une sécurité trop profonde, de peur de tomber dans le relâchement ou dans la présomption.

Attachez-vous aussi particulièrement à éviter et à vaincre les défauts qui vous déplaisent le plus dans les autres.

Quand un homme s’humilie de ses défauts, il apaise aisément les autres et se concilie sans peine ceux qui sont irrités contre lui.
Dieu protège l’humble et le délivre, il aime l’humble et le console, il s’incline vers l’humble et lui prodigue ses grâces, et, après l’abaissement, il l’élève dans la gloire.

Celui qui est affermi dans la paix ne pense mal de personne ; mais l’homme inquiet et mécontent est agité de divers soupçons ; il n’a jamais de repos, et n’en laisse point aux autres.

S’il est quelque joie dans le monde, le cœur pur la possède.
Et s’il y a des angoisses et des tribulations, avant tout elles sont connues de la mauvaise conscience.

Quand Dieu vous accorde quelque consolation spirituelle, recevez-la avec action de grâces ; mais reconnaissez-y le don de Dieu, et non votre propre mérite.
Ne vous en élevez pas, n’en ayez point trop de joie, n’en concevez point une vaine présomption. Que cette grâce, au contraire, vous rende plus humble, plus vigilant, plus timide dans toutes vos actions ; car ce moment passera, et sera suivi de la tentation.

Car, soit que j’aie près de moi des hommes vertueux, des religieux fervents, des amis fidèles ; soit que je lise des saints livres et d’éloquents traités, soit que j’entende le doux chant des hymnes, tout cela aide peu et ne touche guère, quand la grâce se retire, et que je suis délaissé dans ma propre indigence. Alors il n'est point de meilleur remède qu'une humble patience et l'abandon de soi-même à la volonté de Dieu.

Ne sont-ce pas des mercenaires ceux qui cherchent toujours des consolations ? Ne prouvent-ils pas qu'ils s’aiment eux-mêmes plus que Jésus-Christ, ceux qui pensent toujours à leurs gains et à leurs avantages ?

Nul n'est plus riche, plus puissant, plus libre, que celui qui sait quitter tout et soi-même, et se mettre au dernier rang.

Ainsi tout est dans la Croix, et tout consiste à mourir.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire