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lundi 17 août 2020

"La nuit privée d’étoiles" de Thomas Merton (1961)

(…) j’ai toujours résisté à toute tentative d’emprise de la part de qui que ce soit, obéissant à un instinct profond de me garder libre, ne me sentant vraiment défendu et en paix qu’au milieu d’êtres profondément surnaturels. Je fus tout heureux de l’affection des Privat, et prêt à la leur rendre, car elle ne brûlait pas, ne possédait pas, n’essayait pas d’emprisonner dans des démonstrations extérieures, de prendre au piège d’une affection intéressée.

(…) le prototype du péché : le refus formel, délibéré, de l’amour désintéressé, simplement parce que nous n’en voulons pas, parce qu’il ne nous convient pas d’être aimés.

Si notre besoin d’aimer Dieu en esprit et en vérité par la dignité de nos vies n’est qu’un élan passager et sentimental, c’est notre faute ; c’est nous qui réduisons un instinct profond, puissant et durable, surnaturel dans son origine et sa fin, à n’être plus qu’un désir faible, instable et vain.

Un catholique ne peut s’imaginer la gêne qu’éprouvent les convertis à prier ainsi publiquement dans une église. Ils se disent que tout le monde les regarde, les trouve fous ou ridicules. Ce jour-là, dans l’église déserte de Sainte Sabine, je marchais, tremblant de tous mes membres, parce qu’une vieille Italienne dévote qui était là me suivait des yeux.

« New York, tu es à moi, et je t’aime ! » Ce sentiment qu’inspire à ceux qui l’aiment, la grande ville sauvage, amène, à la fin, leur ruine : ce fut mon cas.

Les notions claires que nous trouvons dans les livres nous trompent parfois, en nous faisant croire que nous comprenons des choses dont nous n’avons aucune connaissance pratique.

C’est une sorte d’orgueil de refuser que nos prières soient des demandes pour nos propres besoins, car c’est une tentative détournée et subtile de nous mettre sur le même plan que Dieu- d’agir comme si nous n’avions aucun besoin, et n’étions pas des créatures, dépendantes de lui et des choses matérielles, puisqu’Il l’a voulu ainsi.

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