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vendredi 29 mai 2020

« Richesse de la pauvreté » de Sœur Emmanuelle (2001)

L’idéal, c’est d’abord de jouir tout bonnement de ce que l’on a et de ce que l’on est, sans comparaison avec les autres.

S’accorder les plaisirs qui sont bons, pourquoi pas, à la condition de savoir qu’ils nous laissent sur notre faim…

Au plus secret, chacun reste assoiffé. Il y a dans l’être comme une béance. Chercher à la masquer serait une tentative vaine. La ligne de partage se situe entre ceux qui tentent de la combler en accaparant pour soi et ceux qui font de cette béance l’occasion d’un mouvement hors de soi…

On peut entrer dans ce cercle de l’avoir sans, pour autant, posséder beaucoup (…) Une seule chose suffit pour qu’on s’y attache !

Seule la recherche du bien commun confère à l’homme sa richesse d’être. Il me semble qu’il s’agit d’abord de prendre conscience, d’ausculter cette perte de quiétude, ce vide, ce manque de joie. Il est alors possible de prendre le virage, une direction contraire à la recherche de la brillance superficielle, intéressée, éphémère. Il est alors possible d’ajouter une note de gratuité, de choisir une forme de pauvreté dans sa vie. Le but n’est plus de s’approprier toujours plus, de pomper tout ce qu’on peut chez l’autre pour s’engraisser soi-même, mais de se « dés-approprier » de la partie la plus artificielle de soi, de laisser jaillir son cœur profond, ce cœur qui trouve plus de bonheur à donner qu’à recevoir. Car s’ouvrir à l’autre, se pencher vers lui, c’est répondre à sa nature propre et s’accomplir au maximum.

(…) plus on sort de soi pour aller vers les autres, plus on prend de volume et de densité. Le quotient relationnel est plus important que le quotient intellectuel  ; le rapport juste aux choses et aux autres ne vient pas du cerveau mais de la fine pointe de l’âme.

(…) se libérer, enfin, et libérer en soi l’être de relation.

(…) un regard d’amitié, une écoute chaleureuse, une main tendue. Entre d’abord en relation.

(… ) « l’exaltation » d’un objectif pour lequel on a choisi de se dépouiller engendre aussi une grande « exultation », un bondissement de joie !

Cette soif n’est-elle pas de vivre chaque instant éphémère en établissant une harmonie avec son environnement ? Cette harmonie suppose cependant d’offrir soi-même un terrain vierge, ouvert, libre de l’encombrement des désirs égoïstes.

Dans un pays dit évolué, ce mode d’existence n’est pas facile. En effet, il ne s’agit plus de rester immergé mais d’« émerger » parmi les autres, de développer au maximum son individualité (…) Chacun rêve d’être libre pour marcher sans entrave vers son propre épanouissement. Il faut accumuler le plus de connaissances possibles, apprendre à s’opposer pour s’affirmer, développer au maximum sa seule valeur.

Coupé de la relation essentielle à l’autre l’homme s’appauvrit. Il devient moins humain parce que moins « politikon », moins relié à un groupe, une communauté.

Je te souhaite, ami lecteur, d’entrer dans la confrérie des bienheureux, de ceux qui ne croient pas leur identité fondée sur leurs richesses matérielles, spirituelles, intellectuelles, mais sur la richesse de leurs alliances.

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