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dimanche 19 avril 2020

« Black Cherry Blues » de James Lee Burke (1989)

Chaque matin, j’entamais la journée par une prière : je remerciais mon Tout-Puissant pour ma sobriété de la veille en Lui demandant de m’aider à faire de même aujourd’hui. Aujourd’hui, j’inclus Dixie Lee à ma prière.

(…) les berges autour du Vermillion Bridge avaient vu leur sol se paver d’asphalte avec tous les parcs de stationnement qui s’y étaient installés autour d’un semis de commerces et d’entreprises toujours et encore liés au pétrole, dont l’architecture de parpaings offrait aux regards une esthétique, un sens de la forme et de la ligne dignes d’une usine de traitement des eaux d’égout.
Mais il restait toujours un café sur Pinhook qui remontait à nos années d’étudiant à Southwestern dans les années cinquante. Le sol du parking était de coquilles d’huîtres concassées et damées, les hauts-parleurs aujourd’hui défunts reliés au juke-box étaient toujours coincés dans les fourches des grands chênes parasols et les tubes de néon rose, bleu et vert autour des fenêtres ressemblaient toujours à un baiser mouillé sous la pluie.

C’est pourquoi en vieillissant, je crois de plus en plus dans la prière. Au moins, j’ai l’impression que je traite avec quelqu’un qui possède une autorité réelle.

(…) je crois sincèrement qu’en bien des façons, le monde qui m’a vu grandir était meilleur que celui que nous vivons aujourd’hui. 

Ce fut le meilleur été de ma vie. Pour la première fois, je tombais sérieusement amoureux, d’une fille qui vivait sur Spanish Lake, en dehors de la ville, et ainsi qu’il en est toujours avec un premier amour, je me rappelai le plus petit détail de la saison, comme si jamais encore je n’avais vécu l’expérience d’un été, avec parfois une telle intensité qu’elle m’en brisait presque le cœur (…) C’était une de ces filles qui aiment tout de l’homme qu’elles se sont choisi. Jamais elle ne discutait, jamais elle ne rouspétait, elle était heureuse, partout, en tout lieu, en toute situation, lorsque nous étions ensemble, et il me suffisait de lui toucher la joue de mes doigts pour qu’elle vint se blottir tout contre moi, se pressant de tout son corps, avant de m’embrasser dans le cou et glissant une main à l’intérieur de ma chemise (…) Mais jamais je n’oublierai cet été-là. C’est la cathédrale que je visite encore parfois, lorsque tout le reste a échoué, lorsque le cœur semble pris de poison, la terre frappée et meurtrie, et que les feuilles mortes viennent voler devant les fenêtres de l’âme comme autant de débris de parchemin desséché.

Aujourd’hui adulte, je continue à croire que nous devenons ce que nous voyons se refléter dans le regard des autres ; il est par conséquent important que quelqu’un nous dise que nous sommes bien.

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