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samedi 1 février 2020

"Le mur" de Jean-Paul Sartre (1939)


La lumière avait vieilli, elle grisonnait : elle s’était alourdie, comme l’eau d’un vase de fleurs, quand on ne l’a pas renouvelée depuis la veille.(La chambre)

Rien n’embête plus les femmes que de marcher quand elles sont nues. Elles n’ont pas l’habitude de poser les talons à plat. (Erostrate)

Et puis Berliac était terrible avec sa manie d’emprunter de l’argent qu’il ne rendait pas […] Lucien lui dit tout net, un jour, qu’il ne comprenait pas, cela, et qu’on devait, entre camarades, partager tous les frais des sorties. Berliac le regarda avec profondeur et lui dit : « Je m’en doutais : tu es un anal » et il lui expliqua le rapport freudien : fèces=or et la théorie freudienne de l’avance. « Je voudrais savoir une chose, dit-il ; jusqu’à quel âge ta mère t’a-t-elle essuyé ? » Ils faillirent se brouiller.

« Quand vous pourrez, en passant sur la place de la Concorde, voir distinctement et à volonté une négresse à genoux en train de sucer l’obélisque, vous pourrez vous dire que vous avez crevé le décor et que vous êtes sauvé. »

« Moi, dit-il en riant, j’ai fait l’amour avec des mouches. J’ai connu un fusilier marin qui couchait avec des canards. Il leur mettait la tête dans un tiroir, les tenait solidement par les pattes et allez donc ! » Bergère pinça distraitement l’oreille de Lucien et conclut. « Le canard en mourait, et le bataillon le mangeait ». (L’enfance d’un chef)


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