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vendredi 31 janvier 2020

"Mythologies" de Roland Barthes (1957)


Mais c’est précisément parce que Charlot figure une sorte de prolétaire brut, encore extérieur à la Révolution que sa force représentative est immense […] Il montre sa cécité au public de telle sorte que le public voit à la fois l’aveugle et son spectacle ; voir quelqu’un ne pas voir, c’est la meilleure façon de voir intensément ce qu’il ne voit pas…
(Le pauvre et le prolétaire)

… tout le strip-tease est donné dans la nature même du vêtement de départ : si celui-ci est improbable, comme dans le cas de la Chinoise ou de la femme enfourrurée, le nu qui suit reste lui-même irréel […] : c’est la signification profonde du sexe de diamant ou d’écailles, qui est la fin même du strip-tease : ce triangle ultime, par sa forme pure et géométrique, par sa manière brillante et dure, barre le sexe comme une épée de pureté et repousse définitivement la femme dans un univers minéralogique…

Contrairement au préjugé courant, la danse, qui accompagne la durée du strip-tease, n’est nullement un facteur érotique.

[…] Car le dénuement est ici relégué au rang d’opérations parasites, menées dans un lointain improbable.
(Strip-tease)

…le mythe est un système de communication, c’est un message […] c’est un mode de signification, c’est une forme.

… c’est l’histoire humaine qui fait passer le réel à l’état de parole, c’est elle et elle seule qui règle la vie et la mort du langage mythique. Lointaine ou non, la mythologie ne peut avoir qu’un fondement historique, car le mythe est une parole choisie par l’histoire : il ne saurait surgir de la « nature » des choses.

…le mythe est […] un système sémiologique second. Ce qui est signe (c’est-à-dire total associatif d’un concept et d’une image) dans le premier système, devient simple signifiant dans le second.
(Le mythe, aujourd’hui)

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