A propos de Trouble in Paradise (Haute Pègre, 1932)
(…) tout
le film a cette perfection lointaine et éthérée qu’on attribue au royaume des
cieux. On y boit du champagne où se reflète la lune ; on y parle une
langue douce et harmonieuse. On y gagne sa vie par des vols toujours
invisibles, ou par le commerce de l‘impalpable : parfums, savons qui se
dissipent. On n’y voit jamais ce qu’on y voudrait voir, et qui nous est caché
par une porte, une horloge, ou un agile changement de plan.
Comment
s’autorise-t-on de telles répliques ? Comment fait-on accepter que Lily,
puis Mariette trempent furtivement un croissant dans leur tasse, ou que Gaston
mette sur le compte de Mme Collet les roses qu’il lui envoie en guise
d’adieu ? Tant cela tient du même miracle : une fois campés, en
quelques traits rapides et sûrs, ces êtres parfaitement stylisés peuvent tout
se permettre…
Le
sang-froid… surtout cette capacité de s’adapter d’une seconde à l’autre, qui
fait des personnages principaux un trio de prestes illusionnistes—comme
Lubitsch lui-même.
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