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samedi 4 janvier 2020

"Les souffrances du jeune Werther" de Johann W. von Goethe (1774)


Ou plutôt la mauvaise humeur ne vient-elle pas d’un mécontentement de nous-mêmes, d’un dépit causé par le sentiment du peu que nous valons, d’un dégoût de nous-mêmes, auquel se joint l’ennuie excitée par une folle vanité ?

…car là-dessus les femmes sont très adroites, et elles ont raison ; quand elles peuvent entretenir deux adorateurs en bonne intelligence, quelque rare que cela soit, c’est tout profit pour elles.

J’ai été plus d’une fois pris de vin, et souvent mes passions ont approché de la démence, et je ne me repens ni de l’un ni de l’autre : car j’ai appris à concevoir, dans la mesure de mes moyens, comment tous les hommes extraordinaires qui ont fait quelque chose de grand, quelque chose qui semblait impossible, ont dû de tout temps être déclarés par la foule ivres et insensés.

Tu sais que j’aime beaucoup Albert ; mais je n’aime pas ses « cependant » : car n’est-il pas évident que toute règle générale a des exceptions ? Mais telle est la scrupuleuse équité de cet excellent homme : quand il croit avoir avancé quelque chose d’exagéré, de trop général, ou de douteux, il ne cesse de limiter, de modifier, d’ajouter ou de retrancher, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de sa proposition.

Malheur à celui qui, devant ce spectacle, oserait dire : l’insensée ! si elle eût attendu, si elle eût laissé agir le temps, son désespoir se serait calmé ; elle aurait trouvé bientôt un consolateur. C’est comme si l’on disait : l’insensé qui meurt de la fièvre, s’il avait attendu que ses forces fussent revenues, que son sang fût purifié, tout se serait rétabli, et il vivrait encore aujourd’hui.

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