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dimanche 19 janvier 2020

« La mélodie secrète » (1988) de Trinh Xuan Thuan


La lumière du Soleil met environ 8 minutes pour nous parvenir (…) La lumière des étoiles que je vois à l’œil nu n’a mis, au plus, que quelques dizaines d’années pour me parvenir (…) L’étoile la plus proche est située à plus de 4 années-lumière (…) je peux capter de la lumière qui a quitté son point d’origine, il y a plus de 5 milliards d’années, quand le Soleil et la Terre n’existaient pas encore et quand les atomes qui constituent mon corps n’avaient pas encore été propulsés dans le milieu interstellaire par l’étoile qui les fabriquait (…)

Vers l’an 500 av. J-C, le philosophe Confucius introduisit la notion des pôles opposés, le Yin et le Yang…

(…) avec Pythagore, au VIè siècle av.-J.-C. (…) la Terre perdit sa forme aplatie et acquit la forme mathématique la plus « parfaite », celle d’une sphère (…) « planète » signifiait « vagabond » en grec (…) L’univers platonicien et aristotélicien atteignit son apogée (…) avec Ptolémée (vers 140 av J-C). Celui-ci fit la synthèse des connaissances acquises pendant les quatre siècles précédents et élabora un univers géométrique qui fut accepté sans réserve pendant plus de 1500 ans. Les trois principales propriétés des univers précédents étaient retenues. L’univers était géocentrique. La Terre était sphérique et au centre de tout. Les mouvements naturels des planètes étaient circulaires et uniformes (…)

Aristarque, au IIIè siècle av. J-C avait déjà rejeté l’univers géocentrique au profit d’un univers héliocentrique dont le Soleil serait le centre et autour duquel tourneraient la Terre et les autres planètes. Mais sa voix fut vite étouffée (…)

Ce fut (…) le chanoine polonais Nicolas Copernic, qui, finalement, délogea la Terre de sa place centrale dans l’univers. Avec son livre De la révolution des sphères célestes, publié en 1543 (…) Copernic devait repousser très loin la sphère des étoiles, car ces dernières restaient obstinément fixes les unes par rapport aux autres malgré la rotation annuelle autour du soleil dont il avait doté la Terre (…) l’Eglise fut satisfaite de l’interprétation de l’univers copernicien comme simple modèle mathématique. L’univers aristotélicien de Thomas d’Aquin était ainsi préservé et l’Eglise retint ses foudres contre Copernic (…)

Galilée fut jugé et mis sous résidence surveillée jusqu’à sa mort, en 1642, et son livre fut mis à l’index par l’Eglise jusqu’en 1835 (…)

Kepler dut se résigner à faire tomber le dernier bastion aristotélicien. Les orbites planétaires n’étaient plus circulaires, mais elliptiques (…)

… un Anglais du nom d’Isaac Newton, né l’année même de la mort de Galilée, soit trente-six ans après la disparition de Kepler. Grâce à lui, la gravité fit une entrée fracassante dans l’univers scientifique (…) Les mouvements, une fois déclenchés, n’avaient donc plus besoin d’intervention divine ou autre. L’univers newtonien état mécanique. Il fonctionnait comme une horloge à ressort qu’on remontait. Une fois remonté, l’univers fonctionnait de lui-même en respectant les lois de la gravitation universelle (…) Si un homme et une femme s’éloignent l’un de l’autre à une distance dix fois plus grande, la force d’attraction gravitationnelle entre eux diminue du carré de dix, soit de cent fois. D’autre part, la force gravitationnelle est proportionnelle à la masse de chaque objet. La masse  mesure l’inertie d’un objet, sa résistance au mouvement (…) Le caillou jeté dans l’air retombe au sol en raison de la force gravitationnelle que la Terre exerce sur lui. Cette force est réciproque et le caillou exerce exactement la même force sur la Terre. Seulement, le déplacement de la Terre vers le caillou est imperceptible parce que la Terre, étant beaucoup plus massive, offre une résistance au mouvement bien supérieure au caillou (…) Tout objet attire un autre objet avec une force qui est proportionnelle au produit de leurs masses (…)

L’univers devait être infini car, s’il possédait des limites, il devait y avoir quelque part une position  centrale privilégiée. Si c’était le cas, la gravité qui attirait tout ferait s’effondrer vers cette position toutes les parties de l’univers pour y former une grande masse centrale (…) Neptune fut découverte en 1846 à la position prédite. Neptune n’avait pas été découverte en cherchant dans le ciel à travers un télescope, mais avec un crayon, du papier et la raison humaine (…)

Délogé de sa place centrale par Copernic, rendu insignifiant dans un univers infini et éloigné  de dieu dans un univers mécanique par Newton, l’homme occidental du XIXè siècle se consolait en songeant à sa filiation céleste. Il était, après tout, le descendant d’Adam et Eve, eux-mêmes engendrés par Dieu. Même en ayant perdu sa place centrale dans l’univers, il était encore l’enfant chéri de Dieu. Charles Darwin, en publiant en 1859 son Origine des espèces, ne lui laisse même pas cette consolation.

Le physicien autrichien Johann Christian Doppler (…) découvrit à Prague, en 1842, que le son émis par un objet en mouvement était plus aigu quand l’objet s’approchait de l’observateur et plus grave quand celui-ci s’en éloignait.

Quand un objet s’éloigne de nous, sa lumière devient plus « grave », elle est décalée vers le rouge et perd de l’énergie, tandis que si l’objet lumineux vient vers nous, sa lumière devient plus « aiguë », elle est décalée vers le bleu et acquiert plus d’énergie.

Hubble nota en 1929 [qu’une] galaxie deux fois plus distante s’éloignait deux fois plus vite, tandis qu’une galaxie dix fois plus distante fuyait dix fois plus vite (…) L’univers en expansion était né.

Einstein libère l’espace de sa rigidité. L’espace élastique peut s’étirer, se rétrécir, se déformer et se contorsionner à souhait au gré  de la gravité.

Le trou noir, le résultat de l’effondrement d’une étoile massive (quelques dizaines de masses solaires), qui passe d’un rayon initial de quelques centaines de millions de kilomètres à un rayon final de moins de 20 kilomètres, a une gravité si grande que l’espace se replie sur lui-même, empêchant la lumière de sortir.

Comme l’espace, le temps devient élastique. Il s’étire ou se raccourcit selon le mouvement de celui qui le mesure. Le temps unique et universel de l’univers newtonien a fait place à une multitude de temps individuels, tous différents les uns de autres dans l’univers d’Einstein.

Quand le temps s’étire, quand il passe plus lentement, l’espace se rétrécit.

L’univers a désormais quatre dimensions. La dimension du temps s’ajoute aux trois dimensions de l’espace.

Si Jules voyageait à 99% de la vitesse de la lumière, il vieillirait sept fois moins mais la masse de la fusée serait aussi sept fois plus importante. Il faudrait donc plus de carburant pour faire avancer le vaisseau spatial (…) Une fusée se déplaçant à la vitesse de la lumière aurait une masse infinie et elle aurait donc besoin d’une source d’énergie infinie, ce qui est inconcevable.

Le passé et le futur doivent être aussi réels que le présent puisque Einstein nous dit que le passé d’une personne peut être le présent d’une autre personne ou encore le futur d’une troisième personne.
Pour le physicien, le temps n’est plus marqué par une succession d’évènements. Les distinctions entre passé, présent et futur sont désormais inutiles. Tous les instants se valent (…) le temps (…) ne s’écoule plus. Il est simplement là, immobile, comme une droite s’étendant à l’infini dans les deux directions (…)

La température d’un objet se traduit par l’agitation des atomes ou molécules qui le composent (…) le passage de l’organisation à la désorganisation, du plus d’information au moins d’information, du déséquilibre à l’équilibre, définit la direction du temps physique. Le physicien résume « désordre », « moins d’information » et « moins de déséquilibre » par le mot « entropie » (…) l’entropie doit toujours augmenter. Le désordre doit s’accroître, l’information doit se perdre et le déséquilibre doit disparaître. Ce principe est connu sous le nom du « deuxième principe de la thermodynamique », science qui étudie les propriétés de la chaleur (…) la loi de l’entropie (…) est une loi statistique. En moyenne, l’entropie doit croître (…)

Comme tous les phénomènes ondulatoires, les ondes de lumière divergent de la source qui les produit, elles ne convergent pas vers cette dernière. La lumière va vers le futur et non vers le passé (…) 

A  mesure que les distances entre les galaxies augmentent, la lumière s’épuise de plus en plus pour nous parvenir. Elle perd son énergie et l’univers se refroidit. Des quelques millions de degrés Kelvin qu’elle avait à la troisième minute de l’univers, la lumière universelle n’a plus maintenant de 3°K (…) les étoiles rejettent leur lumière chaude dans la lumière plus froide où elles baignent et accentuent le désordre général de l’univers (…)

Pour ralentir son vieillissement (…) Jules aurait pu aussi freiner le temps en dirigeant son vaisseau spatial près d’une étoile, car Einstein, dans sa Relativité générale publiée en 1915, nous appris que le champs de gravité engendré par l’étoile et par toute matière retarde le temps.

Le temps ralentit quand la pesanteur est plus élevée (…) Il y a même des endroits dans le cosmos ou la gravité est tellement intense qu’elle réussit à freiner complètement le temps. Ces endroits résultent de la mort d’étoiles massives (…) L’étoile effondrée devient un trou noir (…) pour se brosser les dents à mesure qu’il approche du trou noir, cette action prend deux heures, deux années, deux siècles (…) Du point de vue de Jim, le trou noir a arrêté le temps de Jules (…) Jules voit les évènements se dérouler de tout autre façon. Pour lui, le temps qu’il lit sur l’horloge de bord s’écoule normalement (…) Jules voit le temps de Jim s’accélérer de plus en plus et, à l’instant où il franchit le rayon du non-retour, toute l’éternité passe devant ses yeux en un seul instant (…) Parce qu’il a dépassé le temps du monde extérieur, Jules est condamné à rester dans le trou noir et à périr.

Si deux mains géantes vous comprimaient à moins de 10-23 centimètres (…) un rayon 10 milliards de fois plus petit que celui de l’électron, vous deviendriez un trou noir (…) la Terre deviendrait un trou noir si son rayon (…) était réduit à 1 centimètre (moins qu’une balle de ping-pong) (…)

Le trou noir se trahit par sa gloutonnerie. Une fois né, il attire tout ce qui passe à proximité, en dehors du rayon de non-retour, pour l’engloutir, gagner de la masse et croître (…)

L’existence de ce rayonnement fossile universel avait été annoncée dès 1946 par le physicien américano-russe George Gamow (…) Toute matière est énergie, nous enseigne Einstein. La matière domine l’univers actuel de son énergie qui est environ 3000 fois supérieure à celle de la lumière. La situation s’inverse dans les premiers instants de l’univers. Entre 1 seconde et 300 000 années après l’explosion initiale, les températures et les densités étaient si extrêmes qu’aucune des structures que nous observons aujourd’hui, galaxies, étoiles ou même atomes, ne pouvait exister. C’était le règne de la lumière. Cette lumière, à l’origine chaude et énergétique, et qui baigne tout l’univers, doit encore nous parvenir aujourd’hui, mais considérablement refroidie (…) elle n’a plus qu’une température frigorifique de –270°C (3°K au dessus du zéro absolu) dans l’univers actuel. Cette lumière, si froide et si peu énergétique, ne pourrait être captée qu’avec un radiotéléscope (…) 

Les grains de lumière fossiles dominent l’univers de leur nombre. Ils sont 1 milliard pour chaque particule de matière. Mais leur énergie est si faible qu’ils ne représentent que moins d’un millième de l’énergie totale de l’univers (…)

Les objets cosmiques montraient toujours la même proportion d’environ un quart d’hélium pour trois quarts d’hydrogène en masse (…)

Les galaxies n’aiment pas être seules. Elles semblent avoir l’instinct grégaire et préfèrent s’associer.

La Terre (…) nous entraîne d’abord à travers l’espace à raison de 30 kilomètres par seconde, dans son voyage annuel autour du Soleil. Celui-ci emmène à son tour la Terre dans son périple autour du centre de la Voie lactée à 230 kilomètres par seconde. La Voie lactée tombe à 90 kilomètres par seconde vers sa compagne Andromède…

Le carbone 14 a une demi-vie de 6000 années, c’est-à-dire que la moitié des atomes de carbones présent au début disparaissent après 6000 ans (…) Il suffit donc de compter le nombre d’atomes de carbone 14 pour obtenir l’âge d’un objet.

L’antimatière est l’image de la matière, mais vue dans un miroir qui inverse les signes des charges électriques. Hormis la charge électrique, les propriétés physiques de la matière et de l’antimatière sont exactement les mêmes (…) Une poignée de main et vous devenez tous les deux lumière. Car la matière et l’antimatière s’annihilent quand elles entrent en contact et se métamorphosent en radiation (…) L’univers semble être dépourvu d’antimatière (…) Où est passée toute l’antimatière qui devait être présente aux premiers instants de l’univers ?

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