(…) il
me semblait que le mot le plus juste pour désigner […] l’attrait que certaines
photos exercent sur moi, c’était celui d’aventure. Telle photo m’advient,
telle autre non.
La photo
elle-même n’est en rien animée […] mais elle m’anime : c’est ce que fait
toute aventure.
(…) le
studium, qui ne veut pas dire […] l’ « étude », mais
l’application à une chose, le goût pour quelqu’un, une sorte d’investissement
général, empressé, certes, mais sans acuité particulière.
[…]
Le second élément vient casser (ou scander) le studium. Cette fois, ce
n’est pas moi qui vais le chercher […] c’est lui qui part de la scène, comme
une flèche, et vient me percer.
Le studium
est de l’ordre du « to like », et non du « to love » ;
il mobilise un demi-désir, un demi-vouloir.
Le punctum
d’une photo, c’est ce hasard qui, en elle, me point (mais aussi me
meurtrit, me poigne).
On
connaît le rapport originel du théâtre et du culte des Morts : les
premiers acteurs se détachaient de la communauté en jouant le rôle des
Morts : se grimer, c’était se désigner comme un corps à la fois vivant et
mort : buste blanchi du théâtre totémique, homme au visage peint du
théâtre chinois, maquillage à base de pâte de riz du Katha Kali indien, masque
du Nô japonais.
Pour
moi, les photographies de paysages (urbains ou campagnards) doivent être habitables,
et non visitables. Ce désir d’habitation […] est fantasmatique, et relève d’une
sorte de voyance qui semble me porter en avant, vers un temps utopique, ou me
reporter en arrière, je ne sais où de moi-même : double mouvement que
Baudelaire a chanté dans L’Invitation au Voyage et La Vie Antérieure.
Devant ces paysages de prédilection, tout se passe comme si j’étais sûr
d’y avoir été ou de devoir y aller.
La
voyance du Photographe ne consiste pas à « voir » mais à se trouver
là.
La Photographie
peut être en effet un art : lorsqu’il n’y a plus en elle aucune folie,
lorsque son noème est oublié et que par conséquent son essence n’agit plus sur
moi.
Voyez
les Etats-Unis : tout s’y transforme en images : il n’existe, ne se
produit et ne se consomme que des images. Exemple extrême : entrez dans
une boîte porno de New York ; vous n’y trouverez pas le vice, mais
seulement ses tableaux vivants […] la jouissance passe par l’image : voilà
la grande mutation.
Regardez une photographie d’Avedon : vous y verrez en action le paradoxe de tout grand art, de tout art de grande race ; l’extrême fini de l’image ouvre à l’extrême infini de la contemplation, de la sidération […]
(…) cet art réaliste est aussi un art fantastique.
(…) tout d’abord, le vrai, la vérité, la sensation de vérité, l’exclamation de vérité (« comme c’est vrai ! »).
Regardez une photographie d’Avedon : vous y verrez en action le paradoxe de tout grand art, de tout art de grande race ; l’extrême fini de l’image ouvre à l’extrême infini de la contemplation, de la sidération […]
(…) cet art réaliste est aussi un art fantastique.
(…) tout d’abord, le vrai, la vérité, la sensation de vérité, l’exclamation de vérité (« comme c’est vrai ! »).
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