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lundi 16 décembre 2019

"La sobre ivresse de l’Esprit" de Raniero Cantalamessa (1994)


Avant Jésus, se convertir signifiait généralement changer de vie, changer de conduite (…) mériter son salut, ou hâter le salut ; avec un sens ascétique et moral (…) Jésus a renversé ce rapport : conversion et salut ont été intervertis. Ce n’est pas d’abord la conversion et ensuite le salut, mais d’abord le salut, puis la conversion. Se convertir signifie croire à la bonne nouvelle que le salut est offert à l’homme comme un don gratuit de Dieu (…) dans l’Eglise les œuvres ne sont plus recommandées en tant que condition ou cause de salut, mais comme conséquence du salut. On ne dit plus : « Fais telle ou telle chose et tu seras sauvé ». On dit  : « Fais telle ou telle chose parce que tu es sauvé ». Les bonnes œuvres sont la conséquence logique, l’expression naturelle du salut reçu du Christ (…) Ces œuvres ne sont plus les fruits de la chair, le résultat du seul effort humain, mais elles sont le fruit de l’Esprit. (…) Le figuier qui n’avait que des feuilles, et pas de fruits, et que Jésus maudit, symbolise celui qui s’arrête à la première conversion, sans parvenir à la deuxième, c’est-à-dire sans parvenir à porter du fruit (…) Le fruit qui qualifie tous les autres est celui qui est placé d’abord : la charité, l’agapé. 

La loi nouvelle est la vie nouvelle. C’est pourquoi la loi nouvelle est appelée tout simplement grâce : « Vous n’êtes pas sous la Loi, mais sous la grâce » (Rm, 6, 14) (…) il y a deux façons pour l’homme d’être poussé à faire ou à ne pas faire quelque chose : soit par contrainte soit par attraction. La loi agit par contrainte, par la menace du châtiment ; l’amour agit par attraction. Tout le monde est attiré par ce qu’il aime, sans en subir aucune contrainte.

Ce danger a été reconnu depuis longtemps sous le nom de « quiétisme », qui consiste à croire que tout, en nous, s’opère par la seule grâce divine, et qu’il suffit de s’y abandonner passivement, dans une attitude quiète et inactive… 

(…) l’appel à la conversion est pour nous rendre heureux. Se convertir, c’est la joie la plus grande que l’on puisse éprouver. Cet homme qui avait trouvé un trésor caché dans son champ, il « partit avec joie » pour tout vendre ; au contraire le jeune homme riche, qui n’eut pas le courage de sauter à l’eau « s’en alla contristé".

L’exode du peuple élu est comme un symbole et une parabole de notre condition de « voyageurs » de « pèlerins et étrangers » dans ce monde, en marche vers une patrie différente. 

Nous devons découvrir ce que nous sommes devenus dans le baptême, pour savoir ce que nous devons faire dans la vie.

Tomber amoureux d’une personne quand il s’agit d’un véritable sentiment d’amour – est l’acte d’humilité le plus radical que l’on puisse imaginer. Il signifie aller vers quelqu’un et lui dire : je ne me suffis pas ; j’ai besoin de toi.

Les époux sont « conjoints » » ou « conjugués », c’est-à-dire « unis sous le même joug ». Si le joug est celui de la chair, du plaisir, ou tout simplement celui du devoir, il devient bien vite lourd et insupportable. Jésus offre aux époux chrétiens qui vivent selon l’Esprit la possibilité de devenir « conjoints » dans un sens complètement différent : conjoints, puisque placés sous le même joug, celui de Jésus-Christ, le joug de son amour. 

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