Un jour, on se rebelle ou l’on désarme […] Il n’y aurait donc
pas d’autre issue pour le poète que pour tout être humain : la révolte ou
l’adoration.
Il suffit que certains n’échappent pas à la nostalgie ou à la
contagion de quelque splendeur, il suffit qu’un très petit nombre perçoive
quelque chose pour que nous soyons finalement tous embarqués dans un singulier
voyage. Celui qui a fait écrire à Picasso, lorsqu’il avait quatre-vingts ans, « Toute
ma vie, je n’ai fait qu’aimer. S’il n’y avait plus personne au monde, j’aimerais
une plante ou un bouton de porte. On ne peut concevoir la vie sans amour. »
Jamais une émotion n’a
sauvé le monde.
La poésie naît d’un regard d’enfant lorsqu’il découvre une
harmonie entre deux secrets. […] Certes, on aura toujours tendance à réduire l’analogie ou l’harmonie à une
idée ou à la recherche d’impressions […] Reste qu’on n’a quand même rien trouvé
d’autre que les poètes pour éviter à notre esprit de se dessécher entre les
idées et les idoles.
Après tout, Jeanne d’Arc à ses juges et Aristote à ses élèves
avaient bien dit que l’on peut apprendre davantage dans les choses que dans les
livres.
Dieu aurait-il inscrit la musique du monde pour la réserver à
des esthètes ? […] Ou bien Dieu a inscrit la musique du monde dans les
choses pour qu’elle soit entendue. Alors cela veut dire qu’il faut peut-être se
préparer à l’entendre. Il n’y a qu’une solution. Elle dépend de chacun :
accepter une humble et longue patience, accepter d’apprendre à écouter ;
accepter de recevoir ces « correspondances » où résonnent le sens des
choses.
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