Nombre total de pages vues

mardi 10 décembre 2019

« Abba, dis-moi une parole ! » des Pères du désert (200-300)


Un ancien a dit : Levé au petit matin, dis-toi : « Corps, travaille pour te nourrir ; âme, sois vigilante pour obtenir héritage. »

Un ancien a dit : L’amour du travail manuel est la ruine de l’âme, mais sa pratique paisible est repos en Dieu.
Si donc tu veux être humble, sache supporter courageusement ce que les autres t’infligent, et ne répands pas sur toi-même des paroles creuses.

Un frère demanda à abba Pœmen : « Des frères habitent avec moi ; veux-tu que je leur commande ? » L’ancien répondit : « Non pas ! Mais agis d’abord, et s’ils veulent vivre, à eux de voir ! »  Le frère lui dit : « Eux-mêmes, Père, veulent que je leur commande. » L’ancien lui dit : « Pas du tout ! Sois pour eux un modèle et non un législateur."

Abba Poemen a dit : En tout ce que tu fais prends conseil, car il est écrit : « Agir sans conseil est de la folie. » […] L’homme qui voit le dommage causé à son âme, a-t-il besoin d’interroger ? On interroge sur les pensées cachées, et c’est aux anciens à les éprouver ; mais pour les fautes manifestes, il ne faut pas interroger, mais les retrancher aussitôt.
Il en est de même pour ton âme : même si elle ne retient rien des réponses qu’elle reçoit, elle est purifiée davantage que celle qui n’interroge pas du tout.

Tant que la marmite est sur le feu, une mouche n’y peut toucher pas plus qu’une autre bestiole. Mais quand la marmite est froide, alors elles s’y posent. Ainsi en est-il du moine : tant qu’il persévère dans les pratiques spirituelles, l’Ennemi ne trouve pas le moyen de le faire tomber. 

Un frère demanda à abba Poemen : « Est-il mieux de parler ou de se taire ? » L’ancien répondit : « Qui parle pour Dieu, fait bien, et qui se tait pour Dieu, de même. »
Il a dit encore : Il y a un homme qui paraît se taire, et son cœur condamne les autres ; un tel homme parle sans cesse. Au contraire il en est un autre qui parle du matin au soir, et qui pourtant garde le silence, parce qu’il ne dit rien qui n’ait une utilité spirituelle.

Un frère racontait qu’il y eut une discussion dans un monastère d’Egypte ; tous prirent la parole, grands et petits. Un seul ne parla pas et lorsqu’ils sortirent, un frère lui demanda : « Pourquoi n’as-tu pas parlé ? » Celui-là, pressé par le frère, dit : « Pardonne-moi, mais j’ai dit à ma pensée : Si le coussin qui est sous moi ne parle pas, tu ne parleras pas non plus. Voilà pourquoi j’ai gardé le silence sans parler. »

 « Tu as trouvé avec toi de bons frères, abba ». L’ancien dit : « Certes ils sont bons, mais leur habitation n’a pas de porte et n’importe qui entre dans l’étable et délie l’âme. » Il disait cela parce que les frères disaient tout ce qui leur venait à la bouche.

Un frère vint chez abba Théodore et se mit à parler et à s’enquérir de choses qu’il n’avait pas encore mises en pratique. Et l’ancien lui dit : « Tu n’as pas encore trouvé le navire, ni embarqué ta cargaison, et avant d’avoir navigué, te voilà déjà arrivé dans cette ville-là. Quand tu auras d’abord fait l’œuvre, tu en viendras à ce dont tu parles maintenant."

On disait d’abba Ammonas que certains vinrent pour être jugés par lui. Mais l’ancien simulait la folie. Et voici qu’une femme qui se tenait près de lui dit : « Cet ancien est fou ». L’ancien l’entendit et, l’ayant appelée, il lui dit : « Combien de labeurs n’ai-je pas accompli dans les déserts pour acquérir cette folie, et à cause de toi, je la perdrais aujourd’hui ! » »

L’habitude cache les défauts. Si tu la renverses, ils apparaissent, uniquement parce que ce n’est plus l’habituel. Renversez tout… toujours ! En vous-mêmes ! L’habituel, c’est la mort, c’est le dissimulateur, c’est le sournois, c’est l’ennemi qui se cache dans le mort, dans l’insensible, dans le rien.

« Que dois-je garder pour plaire à Dieu ? ». L’ancien répondit : « Garde ce que je commande : Où que tu ailles, aie toujours Dieu devant les yeux ; quoi que tu fasses, aie le témoignage des saintes Ecritures ; et en quelque lieu que tu te tiennes, n’en bouge pas facilement. Garde ces trois choses et tu seras sauvé."

Si nous cherchons Dieu, il nous apparaîtra ; et si nous le retenons, il restera auprès de nous. (Abba Arsène)

Un frère demanda à Abbe Poemen : « Si je vois une faute de mon frère, est-t-il bien de la cacher ? » L’ancien lui dit : « A l’heure même où nous cachons la faute de notre frère, Dieu cache la nôtre ; et à l’heure où nous manifestons la faute du frère, Dieu manifeste la nôtre. »

Si tu vois quelqu’un en train de pécher, prie le Seigneur en disant : « Pardonne-moi, car j’ai péché. »

Voyez ces moutons, nous les avons reçus de nos parents ; et tout le profit que Dieu nous donne d’en tirer, nous en faisons trois parts : une pour les pauvres, la seconde pour l’hospitalité, et la troisième pour nos propres besoins.

Les anciens disaient : Alors même qu’un ange t’apparaîtrait, ne l’accueille pas facilement ; humilie-toi plutôt en disant : « Je ne suis pas digne de voir un ange, moi qui vis dans le péché."

Abbe Benjamin dit à ses fils au moment de mourir : Faites ces trois choses et vous pourrez être sauvés : Soyez toujours joyeux, priez sans cesse, en tout rendez grâces.

Abba Jacques a dit : Il n’y pas besoin de paroles seules. Il y a en effet beaucoup de paroles chez les hommes à notre époque. Mais on a besoin de pratique, car c’est là ce qui est recherché, et non les paroles qui ne produisent pas de fruit. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire