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vendredi 29 novembre 2019

"Chants et Psaumes d’automne" de Marie Noël (1947)


Mais pour qui n’aime pas ou qui aime peu, être aimé trop est à grand ‘charge. Prends garde à toi, toi qui aimes, c’est un grand poids pour l’amour, pour l’amitié – et quel poids pour l’indifférence ! – que celui d’un cœur excessif. […] Mal-amour, l’élan massif du chien qui renverse son maître ; mal-amour, la chute d’eau brutale qui écrase sans désaltérer. Que ton amour soit léger comme l’air pur de la montagne qui allège un corps de soi-même sans lui rappeler qu’il respire ; soit ton amour invisible comme la perpétuelle veillée de l’ange qui garde une âme ; soit ton amour insensible et éternellement présent comme la grâce de Dieu.

*

Juge-moi ! mais sauve-moi comme Tu m’aimes

*

Quand tu verras, ton Dieu cessant de te défendre,
Qu’à jamais tout regard s’est retiré de lui,
Rien ne te sera plus que vide, sauf apprendre
Un seul mot, ta leçon, un seul sans autre : Oui.

Dis-le, docile, et coule. Avale tout l’abîme
Où le ciel renversé sombrement t’engloutit.
Coule, joignant les mains…C’est au fond qu’est la cime
Où le ciel se retourne et rentre au Paradis.

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