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vendredi 24 mai 2013

« Voyage au-delà de mon cerveau » de Dr Jill Bolte Taylor (2006)

Quand nous venons au monde, les cellules de notre système limbique se connectent les unes aux autres en réaction à certains stimuli sensoriels. Il n’est pas anodin de noter que notre système limbique n’évolue ensuite pratiquement plus jusqu’à la fin de nos jours. Voilà pourquoi, même à l’âge adulte, il nous arrive encore de réagir à telle ou telle situation comme lorsque nous avions deux ans.

Parce que les AVC se produisent quatre fois plus souvent dans l’hémisphère gauche que dans le droit, ils mettent souvent en péril l’aptitude au langage.

83% des accidents vasculaires cérébraux sont de type ischémique (…) un caillot de sang circule dans l’artère jusqu’à ce que le rétrécissement de son diamètre lui interdise de poursuivre sa route. Le caillot empêche l’oxygène du sang de parvenir aux cellules situées au-delà du « barrage », qui finissent souvent par en mourir.

Les accidents vasculaires hémorragiques ont lieu lorsque le sang s’échappe des artères pour inonder le cerveau en entrant en contact direct avec les neurones, qu’il détruit alors (…) Une rupture d’anévrisme, un cas particulier d’AVC, se produit lorsque la paroi d’un vaisseau sanguin enfle tout à coup en formant une poche de sang qui finit par éclater en répandant d’importantes quantités de sang à l’intérieur du crâne.

Voici une liste des signes avant-coureurs d’un AVC : anesthésie (perte de sensibilité d’une partie du corps), violents maux de taux, confusion mentale (troubles de mémoire), aphasie, troubles de la vue et de l’équilibre…

C’est notre hémisphère droit qui nous rend capables de saisir l’infinie richesse de l’ « ici et maintenant » (…) notre hémisphère droit se sent libre de se fier à son intuition en explorant les possibilités créatrices que nous offre chaque instant (…) Notre empathie (…) prend naissance dans notre cortex frontal droit.

C’est notre hémisphère gauche qui entre en jeu dans les raisonnements déductifs de type : si A est plus grand que B et B plus grand que C, alors A est plus grand que C.

Tandis que notre hémisphère droit pense par images en se formant une vue d’ensemble de l’instant présent, notre hémisphère gauche, lui, s’attache aux détails, à une infinité de détails.

Le « centre du langage » de notre hémisphère gauche nous parle sans arrêt. Je qualifie de « babil de cerveau » la voix qui nous rappelle d’acheter des bananes en rentrant du travail…

Notre ego prend racine dans notre centre du langage.

C’est dans notre hémisphère gauche que siège notre esprit critique et c’est lui qui, en nous comparant sans cesse à ceux que nous côtoyons, nous informe de notre position sur l’échelle de la réussite financière ou professionnelle.

Notre hémisphère droit complète le gauche en interprétant tout ce qui relève de la communication non verbale.

Certaines cellules de notre hémisphère gauche nous indiquent les limites de note corps par rapport à notre environnement.
Notre hémisphère droit nous aide quant à lui à nous orienter.

Les ondes cérébrales thêta correspondent à un état de veille subconsciente et de détente, comme lorsqu’on prie ou qu’on médite.

Mon hémorragie, en entravant le fonctionnement de mon hémisphère gauche, m’a libérée de ma tendance à décortiquer puis cataloguer tout ce qui m’entourait. La moitié gauche de mon cerveau a cessé d’inhiber la droite et mon esprit s’est laissé gagner par la quiétude.

Comme mon aire associative pour l’orientation ne jouait plus son rôle habituel, je ne percevais plus les limites de mon corps, qui ne s’arrêtait par conséquent plus à l’endroit où ma peau entrait en contact avec l’air ambiant (…) Mon énergie spirituelle flottait en suspens autour de moi, telle une baleine gérante dans un océan d’euphorie muette. La disparition des frontières de mon corps, plus subtile que le plus subtil des plaisirs à notre portée en tant que créatures de chair et de sang, m’a plongée dans un bonheur sans nom.

La détérioration de mon hémisphère gauche a marqué l’arrêt de l’horloge interne qui me donnait la notion du temps. Les instants ne se succédaient plus les uns aux autres mais demeuraient éternellement en suspens (…) Rien ne me pressait plus de me lancer dans la moindre activité. J’ai renoncé à l’action au profit de l’être ; à mon hémisphère gauche au bénéfice du droit.

Les AVC sont la principale cause de handicap dans notre société, or il s’en produit quatre fois dans l’hémisphère gauche, c’est-à-dire dans les centres du langage que dans le droit.

Honnêtement, par bien des côtés, cette existence me plaisait plus que la précédente. Je ne souhaitais pas mettre en péril ma nouvelle conscience de moi-même et de l’univers au nom d’une hypothétique guérison. Cela me plaisait de me percevoir comme un fluide fusionnant avec le reste du monde. Ma sensibilité accrue aux variations d’énergie et au langage corporel me fascinait. Surtout, je raffolais du sentiment de paix qui se diffusait au plus profond de mon être.

Il est rarement permis aux victimes d’un AVC de dormir autant qu’elles le souhaiteraient. Le sommeil offrait pourtant à mon cerveau un répit temporaire aux stimuli de mon environnement.

L’une des clés de mon rétablissement a été l’extrême patience dont G.G. et moi avons toutes deux fait preuve (…) Nous avons fêté chacune de mes réussites. Maman m’aidait à définir mes priorités et ce qui m’empêchait encore de les atteindre (…) Le manque d’espoir reste à mon sens le principal frein à la guérison (…) Elle m’a témoigné une infinie bienveillance en me laissant dormir tout mon soûl (…) Mon cerveau n’a pas tardé à se ménager une routine : je dormais six heures d’affilée avant de rester en éveil une vingtaine de minutes (…) Il m’arrivait de recevoir de la visite mais G.G. n’a pas tardé à remarquer que cela m’épuisait en me désintéressant du moindre effort.

Le plus difficile pour moi, et de loin, a été de réapprendre à lire (…) je ne me souvenais même plus d’avoir su lire par le passé. La notion même de lecture me semblait ridicule et d’une complexité telle qu’il me paraissait inconcevable qu’une idée pareille ait pu germer un jour.

Quand G.G. m’a demandé : « Combien font un plus un ? », j’ai réfléchi un moment en silence avant de lui répondre : « C’est quoi, un ? »

Je considère mon expérience comme une véritable bénédiction dans la mesure où elle m’a permis de comprendre que la paix intérieure est accessible à n’importe qui, n’importe quand. Je reste persuadée qu’il est possible d’atteindre le nirvana grâce à notre hémisphère droit, et de nous y réfugier chaque fois que nous le souhaitons (…) la quiétude est à note portée ; il nous suffit, pour y parvenir, de faire taire la voix de notre hémisphère gauche dominant.

J’ai entendu des médecins affirmer que l’on pouvait dire adieu aux facultés qui ne revenaient pas au bout de six mois ; croyez-moi : c’est faux. J’ai remarqué des améliorations significatives du fonctionnement de mon cerveau pendant les huit années qui ont suivi mon hémorragie.

J’avis beau savourer la quiétude de mon esprit muet, ma reprise du monologue intérieur de mon hémisphère gauche m’a rassurée sur mon sort.

En tout cas, je ne me suis jamais appesantie sur ma situation, et j’ai surveillé de près les propos que je tenais en mon for intérieur (…) Heureusement la joie de mon hémisphère droit a su résister à la neurasthénie et à la dépréciation de moi-même.

Je supportais mal la présence des anxieux de nature (…) Les gens nerveux ou aigris entravaient à leur insu mon rétablissement.

Des émotions telles que la colère, la frustration ou la peur me pèsent. J’ai déclaré à mon cerveau que je n’en voulais plus et qu’il ne devait surtout pas activer les réseaux de neurones correspondants. J’ai découvert la capacité de mon hémisphère gauche à « raisonner » mon cerveau en lui dictant ce qu’il tolère ou pas.

Je sais cependant que personne ne peut m’obliger à ressentir quoi que ce soit, excepté moi-même. Rien d’extérieur à ma conscience n’a le pouvoir de m’ôter ma tranquillité d’esprit. Celle-ci ne dépend que de moi.

Aider les gens à parvenir à la paix intérieure et à découvrir la joie innée qu’ils recèlent en eux, telle est aujourd’hui ma mission.

Notre hémisphère gauche jouit d’une réputation d’esprit vif, méthodique et rationnel, car c’est là que siège notre conscience.

Des moines tibétains et des sœurs franciscaines ont été invités à méditer ou prier dans l’appareil d’imagerie cérébrale puis à tirer sur une cordelette quand ils se sentaient au plus proche de Dieu ou au plus haut degré de leur méditation (…) Les centres du langage de leur hémisphère gauche ont cessé de fonctionner et la petite voix qui babillait d’ordinaire en eux s’est tue.

(…) nous adapter au changement (grâce à notre cerveau droit) sans dévier pour autant du chemin que nous nous sommes tracé (à l’aide de notre cerveau gauche)

(…) plus nous passons de temps à entretenir telle ou telle pensée, plus notre influx nerveux aura tendance à suivre le même parcours à l’avenir.

Mon hémisphère droit ne se soucie que de l’ici et maintenant. Il batifole avec un enthousiasme débridé sans s’inquiéter de quoi que ce soit. Il sourit sans cesse et se montre très amical (…) Mon cerveau droit a un tempérament aventureux sociable et généreux (…) Il déborde d’empathie (…) Il se sent prêt à considérer n’importe quelle éventualité (…) Il sait que le chaos constitue la première étape de tout processus d’invention (…) Notre hémisphère droit ne perçoit du spectre lumineux que les longueurs d’onde les plus élevées ; ce qui lui donne une vision estompée, adoucie en quelque sorte, de notre environnement. Notre cerveau droit ne s’attache pas aux contours. Il se concentre sur l’ensemble du décor pour en conclure que « tout est lié ».

Si je me considère comme une entité solide indépendante du flux cosmique de l’univers et du monde infini qui m’entoure, c’est parce que le centre du langage de mon hémisphère gauche n’arrête pas de me rappeler qui je suis.

Mon hémisphère gauche n’hésite pas à se charger de plusieurs corvées à la fois (…) il se jauge à l’aune du nombre de lignes qu’il a gagné le droit de biffer sur ma liste quotidienne de choses à faire.

Prenons l’exemple de la colère : il nous arrive de nous emporter comme par réflexe dans certaines circonstances. Des substances chimiques qui perturbent notre équilibre physiologique nous envahissent alors pendant une minute et demie. Elles se dissipent ensuite et notre réaction automatique n’a plus lieu d’être (…) Je n’en reste pas moins libre à tout moment d’attendre  que ma réaction se dissipe en me concentrant sur l’instant présent plutôt que de me laisser happer par le fonctionnement répétitif de mes neurones.
Ce qu’il y a de bien dans cette histoire de cerveaux droit et gauche, c’est que je dispose toujours de deux points de vue différents sur chaque situation.

Cela m’a libérée de savoir que rien ne m’empêchait de chasser mes pensées négatives quand j’en avais assez. Quelle délivrance de me convaincre qu’il ne dépendait que de moi de me laisser envahir par l’amour et la quiétude (de mon hémisphère droit), peu importe ce qui m’arrivait ! Il me suffisait de « virer à droite » en me focalisant sur l’instant présent.

… il est de notre intérêt de nous laisser envahir autant que possible par la quiétude dans laquelle baigne notre hémisphère droit, et de n’utiliser les facultés de notre hémisphère gauche que pour interagir avec le monde extérieur.

Si je tiens à conserver ma paix intérieure, je dois accepter de cultiver sans relâche le jardin de mon esprit, et de renouveler ma décision un bon millier de fois chaque jour.

Mon hémisphère gauche me considère comme un individu fragile qui risque fatalement, à un moment ou un autre, de perdre la vie. Mon hémisphère droit s’attache au contraire à l’essence éternelle de mon être.

Manger ou boire ou encore jouir d’une excellente humeur nous rattache à l’instant présent (…) N’hésitez pas à noter les sensations que vous procure tel ou tel aliment (…) Rien de plus facile que de nous en remettre à notre nez pour nous ancrer dans l’instant présent (…) Si vous voulez affiner votre odorat, humez l’air en permanence !

Plus finement nous prenons note des sensations de notre organisme dans telles ou telles circonstances, plus il devient facile à notre cerveau de se rappeler le moment où elles nous ont envahi. Substituer des souvenirs agréables à des idées malvenues nous mène en général à la paix intérieure.

Je veille sans cesse à la tension des muscles de mon front et, quand je ne parviens pas à m’endormir le soir, je relâche ma mâchoire avant de sombrer aussitôt dans les bras de Morphée. La surveillance permanente de l’état de vos muscles vous fournira un excellent moyen de vous concentrer sur l’ici et maintenant.

La douleur ne relève pas d’un choix conscient, alors que la souffrance, si.


Peu importe la parcelle de terre que m’a transmise mon hérédité ; à partir du moment où j’assume la responsabilité de son entretien, plus rien ne m’empêche de cultiver les réseaux que je souhaite voir fleurir, ni d’extirper les mauvaises herbes dont j’aime autant me passer. Bien qu’il vaille mieux arracher une plante quand elle entame à peine se croissance, même la plus tenace des ronces finit par dépérir à partir du moment où elle n’est plus alimentée.

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