Quand nous venons au monde, les
cellules de notre système limbique se connectent les unes aux autres en
réaction à certains stimuli sensoriels. Il n’est pas anodin de noter que notre
système limbique n’évolue ensuite pratiquement plus jusqu’à la fin de nos
jours. Voilà pourquoi, même à l’âge adulte, il nous arrive encore de réagir à
telle ou telle situation comme lorsque nous avions deux ans.
Parce que les AVC se produisent
quatre fois plus souvent dans l’hémisphère gauche que dans le droit, ils
mettent souvent en péril l’aptitude au langage.
83% des accidents vasculaires
cérébraux sont de type ischémique (…) un caillot de sang circule dans l’artère
jusqu’à ce que le rétrécissement de son diamètre lui interdise de poursuivre sa
route. Le caillot empêche l’oxygène du sang de parvenir aux cellules situées
au-delà du « barrage », qui finissent souvent par en mourir.
Les accidents vasculaires
hémorragiques ont lieu lorsque le sang s’échappe des artères pour inonder le
cerveau en entrant en contact direct avec les neurones, qu’il détruit alors (…)
Une rupture d’anévrisme, un cas particulier d’AVC, se produit lorsque la paroi
d’un vaisseau sanguin enfle tout à coup en formant une poche de sang qui finit
par éclater en répandant d’importantes quantités de sang à l’intérieur du
crâne.
Voici une liste des signes
avant-coureurs d’un AVC : anesthésie (perte de sensibilité d’une partie du
corps), violents maux de taux, confusion mentale (troubles de mémoire),
aphasie, troubles de la vue et de l’équilibre…
C’est notre hémisphère droit qui
nous rend capables de saisir l’infinie richesse de l’ « ici et
maintenant » (…) notre hémisphère droit se sent libre de se fier à son
intuition en explorant les possibilités créatrices que nous offre chaque
instant (…) Notre empathie (…) prend naissance dans notre cortex frontal droit.
C’est notre hémisphère gauche qui
entre en jeu dans les raisonnements déductifs de type : si A est plus
grand que B et B plus grand que C, alors A est plus grand que C.
Tandis que notre hémisphère droit
pense par images en se formant une vue d’ensemble de l’instant présent, notre
hémisphère gauche, lui, s’attache aux détails, à une infinité de détails.
Le « centre du
langage » de notre hémisphère gauche nous parle sans arrêt. Je qualifie de
« babil de cerveau » la voix qui nous rappelle d’acheter des bananes
en rentrant du travail…
Notre ego prend racine dans notre
centre du langage.
C’est dans notre hémisphère
gauche que siège notre esprit critique et c’est lui qui, en nous comparant sans
cesse à ceux que nous côtoyons, nous informe de notre position sur l’échelle de
la réussite financière ou professionnelle.
Notre hémisphère droit complète
le gauche en interprétant tout ce qui relève de la communication non verbale.
Certaines cellules de notre
hémisphère gauche nous indiquent les limites de note corps par rapport à notre
environnement.
Notre hémisphère droit nous aide
quant à lui à nous orienter.
Les ondes cérébrales thêta
correspondent à un état de veille subconsciente et de détente, comme lorsqu’on
prie ou qu’on médite.
Mon hémorragie, en entravant le
fonctionnement de mon hémisphère gauche, m’a libérée de ma tendance à
décortiquer puis cataloguer tout ce qui m’entourait. La moitié gauche de mon
cerveau a cessé d’inhiber la droite et mon esprit s’est laissé gagner par la
quiétude.
Comme mon aire associative pour
l’orientation ne jouait plus son rôle habituel, je ne percevais plus les
limites de mon corps, qui ne s’arrêtait par conséquent plus à l’endroit où ma
peau entrait en contact avec l’air ambiant (…) Mon énergie spirituelle flottait
en suspens autour de moi, telle une baleine gérante dans un océan d’euphorie
muette. La disparition des frontières de mon corps, plus subtile que le plus
subtil des plaisirs à notre portée en tant que créatures de chair et de sang,
m’a plongée dans un bonheur sans nom.
La détérioration de mon
hémisphère gauche a marqué l’arrêt de l’horloge interne qui me donnait la
notion du temps. Les instants ne se succédaient plus les uns aux autres mais
demeuraient éternellement en suspens (…) Rien ne me pressait plus de me lancer
dans la moindre activité. J’ai renoncé à l’action au profit de l’être ; à
mon hémisphère gauche au bénéfice du droit.
Les AVC sont la principale cause
de handicap dans notre société, or il s’en produit quatre fois dans
l’hémisphère gauche, c’est-à-dire dans les centres du langage que dans le
droit.
Honnêtement, par bien des côtés,
cette existence me plaisait plus que la précédente. Je ne souhaitais pas mettre
en péril ma nouvelle conscience de moi-même et de l’univers au nom d’une
hypothétique guérison. Cela me plaisait de me percevoir comme un fluide
fusionnant avec le reste du monde. Ma sensibilité accrue aux variations
d’énergie et au langage corporel me fascinait. Surtout, je raffolais du
sentiment de paix qui se diffusait au plus profond de mon être.
Il est rarement permis aux
victimes d’un AVC de dormir autant qu’elles le souhaiteraient. Le sommeil
offrait pourtant à mon cerveau un répit temporaire aux stimuli de mon
environnement.
L’une des clés de mon
rétablissement a été l’extrême patience dont G.G. et moi avons toutes deux fait
preuve (…) Nous avons fêté chacune de mes réussites. Maman m’aidait à définir
mes priorités et ce qui m’empêchait encore de les atteindre (…) Le manque
d’espoir reste à mon sens le principal frein à la guérison (…) Elle m’a
témoigné une infinie bienveillance en me laissant dormir tout mon soûl (…) Mon
cerveau n’a pas tardé à se ménager une routine : je dormais six heures
d’affilée avant de rester en éveil une vingtaine de minutes (…) Il m’arrivait
de recevoir de la visite mais G.G. n’a pas tardé à remarquer que cela
m’épuisait en me désintéressant du moindre effort.
Le plus difficile pour moi, et de
loin, a été de réapprendre à lire (…) je ne me souvenais même plus d’avoir su
lire par le passé. La notion même de lecture me semblait ridicule et d’une
complexité telle qu’il me paraissait inconcevable qu’une idée pareille ait pu
germer un jour.
Quand G.G. m’a demandé :
« Combien font un plus un ? », j’ai réfléchi un moment en
silence avant de lui répondre : « C’est quoi, un ? »
Je considère mon expérience comme
une véritable bénédiction dans la mesure où elle m’a permis de comprendre que
la paix intérieure est accessible à n’importe qui, n’importe quand. Je reste
persuadée qu’il est possible d’atteindre le nirvana grâce à notre hémisphère
droit, et de nous y réfugier chaque fois que nous le souhaitons (…) la quiétude
est à note portée ; il nous suffit, pour y parvenir, de faire taire la
voix de notre hémisphère gauche dominant.
J’ai entendu des médecins
affirmer que l’on pouvait dire adieu aux facultés qui ne revenaient pas au bout
de six mois ; croyez-moi : c’est faux. J’ai remarqué des
améliorations significatives du fonctionnement de mon cerveau pendant les huit
années qui ont suivi mon hémorragie.
J’avis beau savourer la quiétude
de mon esprit muet, ma reprise du monologue intérieur de mon hémisphère gauche
m’a rassurée sur mon sort.
En tout cas, je ne me suis jamais
appesantie sur ma situation, et j’ai surveillé de près les propos que je tenais
en mon for intérieur (…) Heureusement la joie de mon hémisphère droit a su
résister à la neurasthénie et à la dépréciation de moi-même.
Je supportais mal la présence des
anxieux de nature (…) Les gens nerveux ou aigris entravaient à leur insu mon
rétablissement.
Des émotions telles que la
colère, la frustration ou la peur me pèsent. J’ai déclaré à mon cerveau que je
n’en voulais plus et qu’il ne devait surtout pas activer les réseaux de
neurones correspondants. J’ai découvert la capacité de mon hémisphère gauche à
« raisonner » mon cerveau en lui dictant ce qu’il tolère ou pas.
Je sais cependant que personne ne
peut m’obliger à ressentir quoi que ce soit, excepté moi-même. Rien d’extérieur
à ma conscience n’a le pouvoir de m’ôter ma tranquillité d’esprit. Celle-ci ne
dépend que de moi.
Aider les gens à parvenir à la
paix intérieure et à découvrir la joie innée qu’ils recèlent en eux, telle est
aujourd’hui ma mission.
Notre hémisphère gauche jouit
d’une réputation d’esprit vif, méthodique et rationnel, car c’est là que siège
notre conscience.
Des moines tibétains et des sœurs
franciscaines ont été invités à méditer ou prier dans l’appareil d’imagerie
cérébrale puis à tirer sur une cordelette quand ils se sentaient au plus proche
de Dieu ou au plus haut degré de leur méditation (…) Les centres du langage de
leur hémisphère gauche ont cessé de fonctionner et la petite voix qui babillait
d’ordinaire en eux s’est tue.
(…) nous adapter au changement
(grâce à notre cerveau droit) sans dévier pour autant du chemin que nous nous
sommes tracé (à l’aide de notre cerveau gauche)
(…) plus nous passons de temps à
entretenir telle ou telle pensée, plus notre influx nerveux aura tendance à
suivre le même parcours à l’avenir.
Mon hémisphère droit ne se soucie
que de l’ici et maintenant. Il batifole avec un enthousiasme débridé sans
s’inquiéter de quoi que ce soit. Il sourit sans cesse et se montre très amical
(…) Mon cerveau droit a un tempérament aventureux sociable et généreux (…) Il
déborde d’empathie (…) Il se sent prêt à considérer n’importe quelle
éventualité (…) Il sait que le chaos constitue la première étape de tout
processus d’invention (…) Notre hémisphère droit ne perçoit du spectre lumineux
que les longueurs d’onde les plus élevées ; ce qui lui donne une vision
estompée, adoucie en quelque sorte, de notre environnement. Notre cerveau droit
ne s’attache pas aux contours. Il se concentre sur l’ensemble du décor pour en
conclure que « tout est lié ».
Si je me considère comme une
entité solide indépendante du flux cosmique de l’univers et du monde infini qui
m’entoure, c’est parce que le centre du langage de mon hémisphère gauche
n’arrête pas de me rappeler qui je suis.
Mon hémisphère gauche n’hésite
pas à se charger de plusieurs corvées à la fois (…) il se jauge à l’aune du
nombre de lignes qu’il a gagné le droit de biffer sur ma liste quotidienne de
choses à faire.
Prenons l’exemple de la
colère : il nous arrive de nous emporter comme par réflexe dans certaines
circonstances. Des substances chimiques qui perturbent notre équilibre
physiologique nous envahissent alors pendant une minute et demie. Elles se
dissipent ensuite et notre réaction automatique n’a plus lieu d’être (…) Je
n’en reste pas moins libre à tout moment d’attendre que ma réaction se dissipe en me concentrant sur l’instant
présent plutôt que de me laisser happer par le fonctionnement répétitif de mes
neurones.
Ce qu’il y a de bien dans cette
histoire de cerveaux droit et gauche, c’est que je dispose toujours de deux
points de vue différents sur chaque situation.
Cela m’a libérée de savoir que
rien ne m’empêchait de chasser mes pensées négatives quand j’en avais assez.
Quelle délivrance de me convaincre qu’il ne dépendait que de moi de me laisser
envahir par l’amour et la quiétude (de mon hémisphère droit), peu importe ce
qui m’arrivait ! Il me suffisait de « virer à droite » en me
focalisant sur l’instant présent.
… il est de notre intérêt de nous
laisser envahir autant que possible par la quiétude dans laquelle baigne notre
hémisphère droit, et de n’utiliser les facultés de notre hémisphère gauche que
pour interagir avec le monde extérieur.
Si je tiens à conserver ma paix
intérieure, je dois accepter de cultiver sans relâche le jardin de mon esprit,
et de renouveler ma décision un bon millier de fois chaque jour.
Mon hémisphère gauche me
considère comme un individu fragile qui risque fatalement, à un moment ou un
autre, de perdre la vie. Mon hémisphère droit s’attache au contraire à
l’essence éternelle de mon être.
Manger ou boire ou encore jouir
d’une excellente humeur nous rattache à l’instant présent (…) N’hésitez pas à
noter les sensations que vous procure tel ou tel aliment (…) Rien de plus
facile que de nous en remettre à notre nez pour nous ancrer dans l’instant
présent (…) Si vous voulez affiner votre odorat, humez l’air en
permanence !
Plus finement nous prenons note
des sensations de notre organisme dans telles ou telles circonstances, plus il
devient facile à notre cerveau de se rappeler le moment où elles nous ont
envahi. Substituer des souvenirs agréables à des idées malvenues nous mène en
général à la paix intérieure.
Je veille sans cesse à la tension
des muscles de mon front et, quand je ne parviens pas à m’endormir le soir, je
relâche ma mâchoire avant de sombrer aussitôt dans les bras de Morphée. La
surveillance permanente de l’état de vos muscles vous fournira un excellent
moyen de vous concentrer sur l’ici et maintenant.
La douleur ne relève pas d’un
choix conscient, alors que la souffrance, si.
Peu importe la parcelle de terre
que m’a transmise mon hérédité ; à partir du moment où j’assume la
responsabilité de son entretien, plus rien ne m’empêche de cultiver les réseaux
que je souhaite voir fleurir, ni d’extirper les mauvaises herbes dont j’aime
autant me passer. Bien qu’il vaille mieux arracher une plante quand elle entame
à peine se croissance, même la plus tenace des ronces finit par dépérir à
partir du moment où elle n’est plus alimentée.
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