Loin de « soustraire »
quelque chose au bonheur immédiat (…) l’espérance ajoute une dimension.
(…) lorsqu’une société humaine se
sait menacée, dans la hâte et parfois la confusion, elle s’arrange pour mettre
hors d’atteinte ce qui la constitue (…)
Dès le milieu du IVè siècle,
tandis que le christianisme « se mêle au monde » et s’y compromet, de
grands personnages font le choix du maquis et s’enfoncent dans le désert pour
sauver l’essentiel du message. S’exprime là un réflexe salvateur : le pas
de côté, l’exil précautionneux. C’est le début du grand mouvement érémitique
conduit par les « Pères du désert »…
Une société n’existe que parce
qu’elle fait place, en son sein, à des activités non rentables comme l’école,
la justice, la santé publique etc…
Le messianisme des prophètes
brisait net avec la représentation circulaire du temps des Grecs, des
Orientaux, des Mésopotamiens ou des Perses. Ce qui fut sera, et ce qui est
reviendra : ce thème de l’éternel retour - qui invite à une acceptation
« sage » du monde t’el qu’il est – est ainsi subverti par le
prophétisme juif.
Le premier psaume est
explicite : « Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des
méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui
ricanent. »
Les quatre siècles d’hégémonie
militaire, économique et culturelle de l’Occident que j’ai mentionnés plus haut
furent la résultante de ce « progressisme » culturel qui tranchait
avec l’auto-célébration satisfaite des autres grandes cultures, qu’elles soient
indiennes, chinoises ou arabe.
Au XIXè siècle, l’hérésie – ou
contrefaçon – marxiste aura consisté à absolutiser ce concept d’Histoire.
(…) l’espérance chrétienne fait
toute sa place à l’attente.
A la télévision, quand un
animateur ou une animatrice veut se moquer (gentiment !) d’un invité, la
question est toujours la même : « Alors, comme ça, vous voulez
changer le monde ? » (…) La dérision contemporaine campe dans
l’insolence, mais la posture est sans conséquence. Il est commode de rire du
curé, du pape ou du rabbin, du politique ou du juge, du policier, du préfet ou
du prof. Ce sont des cibles fragiles sur lesquelles chacun peut tirer sans
péril. En revanche, on se gardera de rire de l’argent omniprésent, du riche à
paillettes, du brasseur d’affaires ou du boursicoteur, vraies puissances du
moment. Ainsi se trouvent le plus souvent épargnés par le rire ceux-là mêmes
que l’époque vénère sans se l’avouer : gagneurs tous azimuts, mondains
branchés et pessimistes chics.
(…) si l’on quantifie en nombre
de morts la violence guerrière (…) la décennie 2011-2011 aura été la moins meurtrière
que le monde ait connu depuis plus d’un siècle.
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