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dimanche 9 juin 2013

« Une autre vie est possible » de Jean-Claude Guillebaud (2012)

Loin de « soustraire » quelque chose au bonheur immédiat (…) l’espérance ajoute une dimension.

(…) lorsqu’une société humaine se sait menacée, dans la hâte et parfois la confusion, elle s’arrange pour mettre hors d’atteinte ce qui la constitue (…)
Dès le milieu du IVè siècle, tandis que le christianisme « se mêle au monde » et s’y compromet, de grands personnages font le choix du maquis et s’enfoncent dans le désert pour sauver l’essentiel du message. S’exprime là un réflexe salvateur : le pas de côté, l’exil précautionneux. C’est le début du grand mouvement érémitique conduit par les « Pères du désert »…

Une société n’existe que parce qu’elle fait place, en son sein, à des activités non rentables comme l’école, la justice, la santé publique etc…

Le messianisme des prophètes brisait net avec la représentation circulaire du temps des Grecs, des Orientaux, des Mésopotamiens ou des Perses. Ce qui fut sera, et ce qui est reviendra : ce thème de l’éternel retour - qui invite à une acceptation « sage » du monde t’el qu’il est – est ainsi subverti par le prophétisme juif.

Le premier psaume est explicite : « Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent. »

Les quatre siècles d’hégémonie militaire, économique et culturelle de l’Occident que j’ai mentionnés plus haut furent la résultante de ce « progressisme » culturel qui tranchait avec l’auto-célébration satisfaite des autres grandes cultures, qu’elles soient indiennes, chinoises ou arabe.

Au XIXè siècle, l’hérésie – ou contrefaçon – marxiste aura consisté à absolutiser ce concept d’Histoire.

(…) l’espérance chrétienne fait toute sa place à l’attente.

A la télévision, quand un animateur ou une animatrice veut se moquer (gentiment !) d’un invité, la question est toujours la même : « Alors, comme ça, vous voulez changer le monde ? » (…) La dérision contemporaine campe dans l’insolence, mais la posture est sans conséquence. Il est commode de rire du curé, du pape ou du rabbin, du politique ou du juge, du policier, du préfet ou du prof. Ce sont des cibles fragiles sur lesquelles chacun peut tirer sans péril. En revanche, on se gardera de rire de l’argent omniprésent, du riche à paillettes, du brasseur d’affaires ou du boursicoteur, vraies puissances du moment. Ainsi se trouvent le plus souvent épargnés par le rire ceux-là mêmes que l’époque vénère sans se l’avouer : gagneurs tous azimuts, mondains branchés et pessimistes chics.


(…) si l’on quantifie en nombre de morts la violence guerrière (…) la décennie 2011-2011 aura été la moins meurtrière que le monde ait connu depuis plus d’un siècle.

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