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dimanche 14 avril 2013

« Quatre petits bouts de pain », de Magda Hollander-Lafon (2012)


Je n’envie pas, cependant, ceux qui n’ont pas connu la faim, parce qu’ils ne connaîtront jamais la joie d’une miette de pain.

Je ne peux oublier nombre de mes compagnes qui s’entraidaient, la nuit, à se pendre dans la toilettes, au fond de la baraque, avec pour corde des lambeaux de leurs vêtements.

J’entends encore la voix chaude d’une camarade qui était là depuis cinq ans et nous disait : «  Ayez confiance dans la vie. Chassons le désespoir. Cultivons l’amitié entre nous. Rassemblons nos forces. Ne perdons pas courage : les faibles ne vivent pas ici. Il nous faut survivre. Il nous faut des témoins. »

Ma vie s’est arrêtée à seize ans, en pleine crise avec mes parents. A Auschwitz, j’ai quitté ma mère et ma sœur, sans un regard, sans un geste, et lorsque je me suis interrogée sur leur absence, une kapo polonaise d’un ton indifférent m’a dit : « Regardez la cheminée en flammes, ils sont déjà tous dedans ». Ma vie s’est arrêtée, une seconde fois.
J’étais pétrifiée par l’horreur de cette vision, par le remords de n’avoir pu dire au revoir aux miens, leur demander pardon.

J’ai senti qu’en moi, il y avait un espace où les bourreaux n’avaient aucun accès.

J’ai demandé à l’arbre : « Parle-moi de Dieu » et il a fleuri. » J’ai fait mienne cette parole de Rabîndranâth Tagore.

Mes traversées m’ont fait comprendre que rien ne m’est dû.
Que tout est don.

Nous ne sommes jamais guéris. Nous sommes en chemin vers la guérison.

Les nuages noirs cachent souvent le soleil, mais nous savons qu’il est là et n’attend que de se lever dans nos cœurs.

Je l’avais ouvert à une page au hasard et j’avais été touchée et émerveillée par la lecture de Matthieu 25 : « J’avais faim et tu m’as donné à manger. J’avais soif et tu m’as donné à boire. J’étais nu et m’as vêtu. » Je me suis dit en moi-même : « Voilà quelqu’un que j’aimerais connaître. » Et Il n’a jamais cessé de m’accompagner depuis.

Lorsque c’est Toi qui m’inspires, les mots attendent en silence pour être inscrits dans un moment de grâce.

L’amour est gratuit, léger comme un souffle. Il transfigure le quotidien en un royaume où il fait bon vivre.

L’amour m’a appris à vivre chaque instant comme s’il était le dernier. Je me laisse recevoir par l’instant présent. Chaque présence m’offre un moment unique. Sa beauté m’apaise ; de là, j’entends ce que Tu ne dis pas. La joie de vivre, c’est le ciel sur la terre.

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