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mardi 2 avril 2013

« Le visage de Dieu » d’Igor et Grichka Bogdanov (2010)


… vous ne trouverez aucune marguerite avec sept pétales. Ou seize.

Le cosmos est soumis à une formidable expansion qui le propulse vers l’infini.

Einstein le sait mieux que personne : si la théorie défendue par Lemaître est correcte, alors l’Univers doit avoir un commencement, loin dans le passé. Et dans ce cas, ce n’est pas seulement la matière qui jaillit du néant, mais l’espace et le temps eux-mêmes !

Jusqu’en 1924, l’idée qu’on se faisait de l’Univers était des plus simples, pour ne pas dire naïve. L’univers ? Il se réduisait à la Voie lactée, voilà tout ! Il ne pouvait exister en tout et pour tout qu’une seule galaxie – la nôtre  et rien d’autre. Or, coup de tonnerre : les observations d’ Hubble et Humason montrent, sans contestation possible, que l’Univers n’est pas fait d’une seule galaxie mais de millions (peut-être même de milliards) d’autres.

(…) la publication en 1948, d’un des articles les plus célèbres en cosmologie : l’article « Alpha, Bêta, Gamma », nommé ainsi parce que les noms des trois auteurs Alpher, Bethe et Gamow ressemblaient au trois lettres de l’alphabet grec (…) l’hydrogène et l’hélium n’ont peu être formés que durant les cinq premières minutes qui ont suivi le Big Bang ! Et plus jamais après !

En 1949 apparaît le mot Big Bang lui-même, durant une émission de radio sur les ondes de la BBC (…) l’un des astronomes les plus célèbres d’Angleterre (…) en se moquant ouvertement des « idées saugrenues » de Gamow, lâche dans le feu de la discussion une trouvaille qui fait mouche : « Big Bang ».

Dans les écoles et les cercles soviétiques (…) on apprend que la matière est le fondement de la réalité, qu’elle est infinie et, bien sûr, éternelle (…) pour le physicien marxiste David Bohm, les partisans du Big Bang sont des « traîtres à la science qui rejettent la vérité scientifique pour parvenir à des conclusions en accord avec l’Eglise catholique. »

En cette année 1965, pour les deux découvreurs du rayonnement fossile, le choc est immense (…) Une sorte de souffle thermique absolument uniforme, écho lointain de la phénoménale « explosion » qui, il y a plus de 13 milliards d’années, a donné naissance à notre espace-temps. Cette immense tempête de photons, d’une puissance inimaginable, s’est levée 380 000 ans après le Big Bang.

Le Big Bang a été un instant de brusque création à partir de rien.

(…) toutes les cinq secondes, notre Univers s’accroît d’un volume égal à celui de notre galaxie !

Les auteurs de ce qui allait devenir les fameux « théorèmes de Singularité » sont deux jeunes théoriciens anglais, encore pratiquement inconnus, Stephen Hawking de Cambridge et Roger Penrose d’Oxford. Leur démonstration est sans faille : il existe une Singularité – un point mathématique – l’origine de notre Univers !

Les deux employés de Bell ont débusqué ce qu’on appelle le rayonnement fossile, ou encore le fond diffus cosmologique. Il s’agit d’une onde froide. Et même très froide : à peine 2 degrés 7 au-dessus du zéro absolu.

(…) bien avant l’an 380 000, cet étrange magma qui n’avait pas du tout le visage de l’Univers tel qu’il apparaît de nos jours, était dominé par la lumière. Un océan de lumière écrasant. Mais aussi tellement brûlant que toute cette lumière était, en quelque sorte, « engluée » dans la matière primordiale. Les photons étaient déjà là, mais ils étaient prisonniers des particules de la matière naissante. A chaque fois que l’un d’eux s’échappait, il était presque immédiatement rattrapé par la matière. Les fugues de ces photons primordiaux se comptaient par milliards mais elles ne duraient que quelques fractions de seconde. A cette époque démentielle, la lumière prisonnière était brûlante : des milliards de degrés. Puis les choses se sont calmées. Vers l’an 380 000, la température est tombée à 3000 degrés. La lumière quitte alors la matière pour toujours. Bien plus tard, la lueur primordiale est devenue tiède, tout juste 25 degrés (…) jusqu’à atteindre plus de 270 degrés au-dessous de 0. Ou encore les fameux 2,7 degrés Kelvin que l’on observe de nos jours (…) le rayonnement fossile n’est pas plus visible que les rayons qui réchauffent votre potage dans un four à micro-ondes. Et pourtant, en ce moment même, ces photons primordiaux pleuvent sur vous en une brume fine et incessante (…) Dans chaque centimètre cube d’espace, on trouve environ quatre cents photons de la première lumière. Cela veut dire qu’en ce moment même, à portée de vos mains, il y au autour de vous environ un milliard de photons cosmologiques qui zigzaguent dans tous les sens.

(…) la fameuse théorie d’Einstein porte de nom de « relativité » pour nous rappeler que le temps varie avec la vitesse : plus un objet va vite, moins le temps s’écoule pour lui (…) Autrement dit, alors que pour nous, treize milliards sept cent millions d’années ont passé depuis que le cosmos s’est allumé, nos photons voyageurs, eux, n’ont pas vieilli d’une seule seconde ! (…) l’espace lui-même, avec ses distances à franchir, ne signifie rien pour le photon (…) Car pour lui, il n‘existe aucune distance –même pas un millimètre – entre le fond de l’Univers et votre salon !

(…) le contenu de l’Univers serait fait de seulement 4% de la bonne vieille matière de tous les jours, faite à partir d’atomes. Et le reste ? Un peu moins du quart serait composé de ce qu’on appelle la matière noire (…) tandis que près des trois quarts restants seraient tout simplement de l’énergie noire.

A priori, ni la Terre ni l’homme ne sont au centre de l’immense Univers. Et pourtant : tout semble « ajusté » comme si le cosmos entier, de l’atome à l’étoile, avait exactement les propriétés requises pour que l’homme puisse y faire son apparition.

Partout dans l’Univers mais aussi jusqu’à la moindre parcelle à l’intérieur de votre corps, rien, absolument rien, n’échappe à ces fameuses constantes universelles (…) en assignant des valeurs légèrement différentes à ces constantes et en calculant, grâce à de puissants ordinateurs, ce qui se serait alors produit à l’échelle du cosmos, on découvre que dans la totalité des cas possibles, les univers qui en auraient résulté seraient soit stériles, soit chaotiques, soit encore inorganisés et informes (…)
(Ces constantes) semblent avoir une existence abstraite, indépendante, non réductible aux systèmes sur lesquelles elles agissent, uniquement saisissable par leurs effets et seulement descriptible par les mathématiques…
(…)la constante en question a une chance sur un milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de tomber juste sur la « bonne valeur » (c’est-à-dire la sienne) par hasard !

(…) la constante cosmologique (…) Un tant soit peu plus grande et l’Univers se serait dilaté trop vite pour que les étoiles et les galaxies aient le temps de se former. Au contraire, à peine plus petite et le cosmos se serait effondré sur lui-même depuis bien longtemps.

Se poser la question de savoir ce qu’il y avait « avant le Big Bang » équivaut un peu à se demander ce qu’il y avait avant que vous n’introduisiez le CD dans le lecteur : la mélodie était bien « là », mais sous forme d’information (…) Evidemment, dire que le Big Bang vient de l’information ne nous dit pas – ne nous dira sans doute jamais - d’où vient l’information elle-même.

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