… vous ne trouverez aucune
marguerite avec sept pétales. Ou seize.
Le cosmos est soumis à une
formidable expansion qui le propulse vers l’infini.
Einstein le sait mieux que
personne : si la théorie défendue par Lemaître est correcte, alors
l’Univers doit avoir un commencement, loin dans le passé. Et dans ce cas, ce
n’est pas seulement la matière qui jaillit du néant, mais l’espace et le temps
eux-mêmes !
Jusqu’en 1924, l’idée qu’on se
faisait de l’Univers était des plus simples, pour ne pas dire naïve.
L’univers ? Il se réduisait à la Voie lactée, voilà tout ! Il ne
pouvait exister en tout et pour tout qu’une seule galaxie – la nôtre et rien d’autre. Or, coup de
tonnerre : les observations d’ Hubble et Humason montrent, sans
contestation possible, que l’Univers n’est pas fait d’une seule galaxie mais de
millions (peut-être même de milliards) d’autres.
(…) la publication en 1948, d’un
des articles les plus célèbres en cosmologie : l’article « Alpha,
Bêta, Gamma », nommé ainsi parce que les noms des trois auteurs Alpher,
Bethe et Gamow ressemblaient au trois lettres de l’alphabet grec (…)
l’hydrogène et l’hélium n’ont peu être formés que durant les cinq premières
minutes qui ont suivi le Big Bang ! Et plus jamais après !
En 1949 apparaît le mot Big Bang
lui-même, durant une émission de radio sur les ondes de la BBC (…) l’un des
astronomes les plus célèbres d’Angleterre (…) en se moquant ouvertement des
« idées saugrenues » de Gamow, lâche dans le feu de la discussion une
trouvaille qui fait mouche : « Big Bang ».
Dans les écoles et les cercles
soviétiques (…) on apprend que la matière est le fondement de la réalité,
qu’elle est infinie et, bien sûr, éternelle (…) pour le physicien marxiste
David Bohm, les partisans du Big Bang sont des « traîtres à la science qui rejettent la vérité scientifique pour
parvenir à des conclusions en accord avec l’Eglise catholique. »
En cette année 1965, pour les
deux découvreurs du rayonnement fossile, le choc est immense (…) Une sorte de
souffle thermique absolument uniforme, écho lointain de la phénoménale
« explosion » qui, il y a plus de 13 milliards d’années, a donné
naissance à notre espace-temps. Cette immense tempête de photons, d’une
puissance inimaginable, s’est levée 380 000 ans après le Big Bang.
Le Big Bang a été un instant de
brusque création à partir de rien.
(…) toutes les cinq secondes,
notre Univers s’accroît d’un volume égal à celui de notre galaxie !
Les auteurs de ce qui allait
devenir les fameux « théorèmes de Singularité » sont deux jeunes
théoriciens anglais, encore pratiquement inconnus, Stephen Hawking de Cambridge
et Roger Penrose d’Oxford. Leur démonstration est sans faille : il existe
une Singularité – un point mathématique – l’origine de notre Univers !
Les deux employés de Bell ont
débusqué ce qu’on appelle le rayonnement fossile, ou encore le fond diffus
cosmologique. Il s’agit d’une onde froide. Et même très froide : à peine 2
degrés 7 au-dessus du zéro absolu.
(…) bien avant l’an 380 000, cet
étrange magma qui n’avait pas du tout le visage de l’Univers tel qu’il apparaît
de nos jours, était dominé par la lumière. Un océan de lumière écrasant. Mais
aussi tellement brûlant que toute cette lumière était, en quelque sorte,
« engluée » dans la matière primordiale. Les photons étaient déjà là,
mais ils étaient prisonniers des particules de la matière naissante. A chaque
fois que l’un d’eux s’échappait, il était presque immédiatement rattrapé par la
matière. Les fugues de ces photons primordiaux se comptaient par milliards mais
elles ne duraient que quelques fractions de seconde. A cette époque
démentielle, la lumière prisonnière était brûlante : des milliards de
degrés. Puis les choses se sont calmées. Vers l’an 380 000, la température est
tombée à 3000 degrés. La lumière quitte alors la matière pour toujours. Bien
plus tard, la lueur primordiale est devenue tiède, tout juste 25 degrés (…)
jusqu’à atteindre plus de 270 degrés au-dessous de 0. Ou encore les fameux 2,7
degrés Kelvin que l’on observe de nos jours (…) le rayonnement fossile n’est
pas plus visible que les rayons qui réchauffent votre potage dans un four à
micro-ondes. Et pourtant, en ce moment même, ces photons primordiaux pleuvent
sur vous en une brume fine et incessante (…) Dans chaque centimètre cube
d’espace, on trouve environ quatre cents photons de la première lumière. Cela
veut dire qu’en ce moment même, à portée de vos mains, il y au autour de vous
environ un milliard de photons cosmologiques qui zigzaguent dans tous les sens.
(…) la fameuse théorie d’Einstein
porte de nom de « relativité » pour nous rappeler que le temps varie
avec la vitesse : plus un objet va vite, moins le temps s’écoule pour lui
(…) Autrement dit, alors que pour nous, treize milliards sept cent millions
d’années ont passé depuis que le cosmos s’est allumé, nos photons voyageurs,
eux, n’ont pas vieilli d’une seule seconde ! (…) l’espace lui-même, avec
ses distances à franchir, ne signifie rien pour le photon (…) Car pour lui, il
n‘existe aucune distance –même pas un millimètre – entre le fond de l’Univers et
votre salon !
(…) le contenu de l’Univers
serait fait de seulement 4% de la bonne vieille matière de tous les jours,
faite à partir d’atomes. Et le reste ? Un peu moins du quart serait
composé de ce qu’on appelle la matière noire (…) tandis que près des trois
quarts restants seraient tout simplement de l’énergie noire.
A priori, ni la Terre ni l’homme
ne sont au centre de l’immense Univers. Et pourtant : tout semble
« ajusté » comme si le cosmos entier, de l’atome à l’étoile, avait
exactement les propriétés requises pour que l’homme puisse y faire son
apparition.
Partout dans l’Univers mais aussi
jusqu’à la moindre parcelle à l’intérieur de votre corps, rien, absolument
rien, n’échappe à ces fameuses constantes universelles (…) en assignant des
valeurs légèrement différentes à ces constantes et en calculant, grâce à de
puissants ordinateurs, ce qui se serait alors produit à l’échelle du cosmos, on
découvre que dans la totalité des cas possibles, les univers qui en auraient
résulté seraient soit stériles, soit chaotiques, soit encore inorganisés et
informes (…)
(Ces constantes) semblent avoir
une existence abstraite, indépendante, non réductible aux systèmes sur
lesquelles elles agissent, uniquement saisissable par leurs effets et seulement
descriptible par les mathématiques…
(…)la constante en question a une
chance sur un milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de
milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de milliard de
milliard de milliard de tomber juste sur la « bonne valeur »
(c’est-à-dire la sienne) par hasard !
(…) la constante cosmologique (…)
Un tant soit peu plus grande et l’Univers se serait dilaté trop vite pour que
les étoiles et les galaxies aient le temps de se former. Au contraire, à peine
plus petite et le cosmos se serait effondré sur lui-même depuis bien longtemps.
Se poser la question de savoir ce
qu’il y avait « avant le Big Bang » équivaut un peu à se demander ce
qu’il y avait avant que vous n’introduisiez le CD dans le lecteur : la
mélodie était bien « là », mais sous forme d’information (…)
Evidemment, dire que le Big Bang vient de l’information ne nous dit pas – ne
nous dira sans doute jamais - d’où vient l’information elle-même.
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