Le monde musulman, qui compte un
milliard de croyants, est loin d'être majoritairement composé d'Arabes. La
population totale de ces derniers n'est en effet que de 180 millions, moins
d'un cinquième du total.
Pour la prière collective du
vendredi, la présence d'un imâm est obligatoire. Derrière lui les fidèles se
rangent en file et imitent ses mouvements et ses postures : inclinaison ;
agenouillement… C'est l'imâm qui fait le sermon (khutba) qui
accompagne la prière du vendredi.
Le père de Mahomet, Abdallah, est
mort avant sa naissance. Sa mère, Amina, meurt alors qu'il n'a que 6 ans (…)
C'est un oncle paternel, Abû Tâlib, devenu chef du clan, qui l’accueille. Il est père de nombreux
enfants ; l'un d'eux, Ali, deviendra son compagnon. (…)
Par son mariage Mahomet devient
un notable de la Mecque. (…)
La nouvelle religion qui ordonne
de détruire les idoles et de n'adorer qu'un seul Dieu est une véritable menace
pour le pèlerinage qui rapporte tant d'argent (…)
Abû Lahab, un autre oncle, prend
la tête du clan des Banû Hâchim. Or c'est l'ennemi juré du Prophète. Pour lui,
ce neveu qui ne respecte pas le culte des ancêtres ne mérite pas sa protection.
Dès lors, n'importe qui peut le tuer sans craindre la vengeance. Mahomet veut
fuir mais ne sait où aller (…) Lors du pèlerinage à la Mecque de l'été 620, il
rencontre des Arabes de la ville de Yathrib, oasis situées à 350 km au
nord-ouest de la Mecque. Impressionné par la personnalité de cet homme qui se
dit prophète, il pense qu'il pourrait, dans leur ville, arbitrer les querelles
entre tribus juives et arabes. Mahomet accepte d'être cet arbitre. Ainsi, la
loi du clan est dépassée. Les liens d'alliance ont remplacé les liens du sang.
À la notion de tribu se substitue celle de communauté (umma) fondée sur un idéal religieux. En 622, Mahomet et ses
disciples quittent la Mecque. C'est cette émigration, cet exil, qu'on appelle
l'Hégire (hijra). C'est en réalité
une fuite peu glorieuse ; mais pour l'histoire musulmane future, la date
de 622 marquera le début d'une ère nouvelle et d'un nouveau calendrier, le
calendrier hégirien. La ville de Yathrib change de nom et prend celui de
Médine.
De chef religieux qu'il était à
la Mecque, Mahomet va, Médine, devenir un chef politique et militaire, et
organiser la communauté des croyants. Son premier acte important et de signer
un pacte avec les autres groupes. Ce pacte, connu sous le nom de Constitution de Médine, est qualifié par
certains de chef-d'œuvre de politique « internationale ». Il fait entrer les
tribus juives et arabes dans une sorte de confédération dont les membres se
doivent une protection mutuelle. C'est à ce moment-là seulement que les
disciples de Mahomet prennent le nom de muslimûn,
« musulmans », c'est-à-dire adeptes de l'islam.
En 624 (an 2 de l'Hégire), c'est
la victoire de Badr contre les Mecquois. Désormais on ne parlera plus de razzia
mais de guerre sainte (jihâd) contre
les ennemis d'Allah (…) D'ailleurs, la tribu juive des Qaynuqâ va apprendre
qu'on ne se moque pas de l'envoyé de Dieu ! De jeunes juifs de cette tribu
ayant osé tourner en dérision une bédouine convertie à l'islam et la querelle
entre juifs et musulmans ayant dégénéré, Mahomet saisi ce prétexte pour
confisquer les biens des Qaynuqâ.
Et pour la dernière tribu juive
de Médine, celle des Banû Qurayza, cette victoire signe leur arrêt de mort. Ces
juifs railleurs vont être décapités et jetés dans des fosses creusées dans le
marché de Médine (…)
Parmi les juifs emmenés en
captivité se trouve un belle jeune fille de 17 ans, Saffiya, que Mahomet prend
pour épouse (…) Il éprouve le besoin de se réconcilier avec son clan et, pour
sceller l'alliance, prend pour femmes Maymûna (…) Il épouse également Umm
Habiba, la fille du puissant Abû Sufyân, et devient ainsi le gendre du
personnage le plus influent de la Mecque (…) Le prophète s'est ainsi constitué
un véritable harem pour faire honneur à ses compagnons et conclure des
alliances (…) En tout, neuf femmes donc - certains disent onze - en comptant
les concubines dont les plus célèbres sont Maria la copte, une chrétienne, et
Rayhana la juive. En janvier 630, Mahomet rompt le pacte d’Hudaybiyya et marche
sur la Mecque.
Il faudra attendre 652 pour que
soit franchi un pas décisif. Le troisième successeur du prophète, le calife Uthmân,
ordonne en effet que soit réalisée la version définitive du texte coranique (…)
L'ordre du livre sacré est fondé sur la longueur des sourates, les plus longues
étant au début et les plus courtes, à la fin (…) Il semble que les chapitres les
plus longs soient ceux révélés lorsque le prophète était à Médine, entre 622 et
632, d'où leur nom de sourates médinoises. Leur ton et juridique et solennel.
Les chapitres les plus courts correspondent à la révélation à La Mecque, entre
612 et 622. Aussi les qualifie-t-on de sourates mecquoises. Leur style
s'apparente parfois à de la poésie.
(…) C'est ainsi qu'une femme qui
a ses règles ne peut tourner les pages du Coran. Tout cela est extrêmement
difficile à admettre pour un occidental qui bien souvent ne voit dans le Coran qu’un
texte obscur, sans logique, sans ordre et dont la lecture est décevante.
En 1647, la traduction du consul
André du Ryer, L’Alcoran de Mahomet,
est plus honnête. Mais on ne saurait oublier que l'expression « s'en
moquer comme de l'an 40 » est en réalité la version déformée de « s'en moquer
comme de l’Alcoran » !
(…) peu de livres religieux
d'origine orientale rebutent tant le lecteur occidental. Faut-il en chercher la
cause dans le très petit nombre de concepts contenus dans le texte coranique ?
( …) Pour les musulmans, le Coran possède une beauté littéraire
difficilement traduisible. (…) Pour comprendre cette espèce d'envoûtement que
produit la magie du verbe coranique, il faut avoir conscience de la place
qu'occupe le Coran dans la formation du musulman. Appris par cœur dans le jeune
âge, il imprègne la vie du croyant, du berceau jusqu'à la tombe. On le récite
dans toutes les circonstances de la vie.
Le mot « sunna », à l'origine, désigne la coutume des ancêtres. Appliquée à
Mahomet, ce terme signifie « l'ensemble de ses paroles, de ses gestes, de ses
façons de manger et de boire, de se vêtir, d’accomplir les devoirs religieux,
de traiter avec autrui ». La sunna et
donc, en islam, la tradition, mais la tradition venant du Prophète. Elle
constitua rapidement pour les croyants la source d'une véritable « imitation de
Mahomet » (…) Le détail du comportement de l’envoyé d’Allah est raconté dans de
courts récits, appelés hadiths. La
somme de tous les hadiths forment la sunna.
Mahomet, de son vivant, a
toujours affirmé qu'il était un homme comme les autres, le seul miracle de
l'islam étant l'inimitabilité du Coran.
En cas de contradiction entre le
Coran et la sunna, c’est même la sunna qui l'emporte ! Cette
surévaluation de la sunna, un homme
au XXe siècle l’a dénoncée, affirmant que le Coran était la seule source digne
de foi : Mouammar Kadhafi.
(…) Le dogme de l'unicité de Dieu
(tawhîd)) et le dogme essentiel de
l'islam. (…) Le dogme de l'unicité de Dieu aboutit au pouvoir absolu : Dieu
fait ce qu'Il veut, sa Volonté est arbitraire. Les hommes doivent Lui obéir et
se soumettre.
Pour l'islam, Jésus est bien et
de Marie et du souffle de l'Esprit saint mais il n'est pas le Fils de Dieu et
il n'est pas mort sur la croix.
La prière musulmane ne peut pas
se faire n'importe comment. Il faut être propre car la propreté fait partie de
la foi.
Ramadan est le nom arabe d'un des
douze mois de l'année lunaire. C'est la vingt-septième nuit de ramadan que la
révélation est descendue sur le Prophète.
(…) La circoncision existait bien
avant l'islam en Arabie et était commune aux juifs et aux Arabes.
Se marier est un devoir. Le Coran
autorise un maximum de quatre femmes… Le divorce (talaq) est en réalité une répudiation. Le mari peut renvoyer sa femme
s'il n'est pas satisfait (ou seulement s'ils le souhaite). Mais l'inverse est
impossible. (…) Une des grandes innovations de l'islam concerne l'héritage des
femmes. La femme hérite de ses parents (…) Elle a droit à la moitié de la part
d'un homme alors qu'avant l'islam, elle n'avait droit à rien. La demi-part
serait justifiée par le fait qu'elle est entretenue par son mari.
(…) La femme adultère (…) En
Arabie Saoudite, la première pierre est lancée par l'imam et un camion-benne
déverse le reste des pierres sur la coupable !
Certes, nombreuses sont les
femmes musulmanes qui sont maintenant ministres, avocates, professeurs ;
mais (sauf en Turquie) l'islam est religion d'État, et il est toujours interdit
à une femme musulmane d’épouser un non-musulman. Le gouvernement tunisien
lui-même a dû revenir, en 1973, sur cette liberté pourtant accordée au moment
de l'indépendance, dans le code de la famille (Majallat, de 1956).
Le pèlerinage à La Mecque. Le
nombre très élevé de pèlerins (plus de 3 millions)…
(…) Le rite du sacrifice du
mouton : plus de 500 000 bêtes sont égorgées en trois jours…
Le calife est le successeur du Prophète.
Pour les uns, la majorité des musulmans, le calife doit être élu parmi les
membres de la tribu de Mahomet. On les nomme sunnites. Pour d'autres, beaucoup
moins nombreux, le calife ne peut être qu'un membre de la famille du Prophète.
(…) On les appelle chiites. (…) Au total, les chiites comptent un peu plus de
100 millions d'adeptes, répartis en une multitude de sectes. (…) La secte des
chiites ismaéliens (…) que dirige l'Aga Khan, lequel possède une maison à Paris
dans l'île Saint-Louis, est en majorité indienne. Les druzes se trouvent dans
la montagne libanaise, en Syrie et en Israël (Galilée). Les Alaouites ont pris
une importance en Syrie du fait de la prise de pouvoir par Assad et sa famille
à partir de 1970.
Les chiites zaïdites limitent à cinq le nombre des imams. Ils sont connus pour
avoir créé l'État du Yémen.
(…) Ce mysticisme est étranger à
l'islam, du moins celui que prêchait Mahomet à la Mecque et à Médine.
D'ailleurs les juristes se sont toujours inquiétés de ce phénomène de
mysticisme qu'ils appellent le soufisme, du nom de l'étoffe en laine blanche (soûf=laine) que portaient les premiers
mystiques. (…) Ils s'inquiètent aussi, ces juristes sérieux et réalistes, de la
réunion de soufis sous l'autorité d'un maître (cheikh) dans une confrérie (tariqa).
(…) Lorsque les Arabes
conquièrent la Perse (l'Iran actuel), les Persans, habitués à pratiquer la
religion des mages, ne se satisfont pas des règles de la loi islamique. Il
donne à la fois musulmane une interprétation mystique. Beaucoup de soufis sont
persans…
(…) Si la réaction des juristes est
si violente, c'est que la notion de salut individuel est étrangère à l'islam.
L'islam est avant tout une communauté.
Les hadiths non seulement vont
tisser des liens entre la religion et l'histoire de la communauté, mais ils
vont former la mémoire de l'islam : une mémoire sélective qui fournit une image
merveilleuse et idéalisée de la communauté des croyants à Médine (…)
Tout État musulman, même
aujourd'hui, voit dans la communauté de Médine une « lumière sur la
route », et le modèle idéal de l'organisation politique.
Entre 633 et 646, la Syrie tout
entière est passée au pouvoir des musulmans.
Militairement parlant, les Arabes
sont spécialistes des razzias et des attaques par surprise, et leur armement
est léger : sabres, lances et arcs. Leur mobilité affole l’adversaire, paralysé
par de lourds équipements : c'est le cas des armées byzantine et persane (…)
Leur tolérance à l'égard des
peuples soumis peut être considérée comme une des raisons de leur foudroyant
succès
Alli doit affronter Mu’awiyya.
Les armées des deux adversaires se rencontrent en 657 dans la plaine de Siffin.
Là se déroulent l’un des affrontements les plus célèbres dans l'histoire de l'islam
car la communauté (umma) va éclater
(…) On met des feuillets du Coran au bout des lances, ce qui signifie qu'un
arbitrage est demandé. Ali accepte. Quelques-uns de ses partisans lui reproche
sa faiblesse. Ils quittent les rangs et se retirent. Ce sont ceux que
l'histoire musulmane appelle kharéjites (ceux qui sont sortis). Les partisans
d'Ali prennent à ce moment-là le nom de chiites. Les musulmans qui soutiennent
le gouverneur Mu’awiyya contre Ali reçoivent l'appellation de sunnites.
(…) Le chah Ismaïl imposera le
chiisme comme religion d'État à l'Iran, au XVIe siècle. La victoire de l’imam
Khomeyni dans l'Iran de 1979 aura été la revanche sur l'Occident mais aussi et
aussi sur l'islam sunnite !
Avec l’avènement de Mu’awiyya en
661, commence la dynastie des Omeyyades et prend fin le califat des califes
Bien Guidés (Rachidûn), compagnons de
Mahomet, et qui avaient connu personnellement le Prophète (…) À partir de la
dynastie des Omeyyades, c'est en fait une royauté temporelle qui s'instaure. Mais
c’est toujours le titre de calife qui est employé et jamais celui de roi.
En 732, les armées musulmanes
sont arrêtées à Poitiers par les troupes de Charles Martel.
La capitale de l'empire est transférée
de Médine à Damas. La vie de cour reste rudimentaire, très proche de l'ancienne
simplicité bédouine. Les concours de poésie sont fréquents.
L'arrivée au pouvoir des Abbassides
-ces arrière-petits-fils d’Abbas, l'oncle de Mahomet- est précédée par un
véritable massacre de la famille régnante des Omeyyades (…)
La dynastie des Abbassides va
régner de 750 à 1258. La capitale n’est plus Damas mais Bagdad.
La première croisade aboutit, en
1100, à la proclamation du royaume franc de Jérusalem. En 1187, le kurde
Saladin reprend Jérusalem. La dernière croisade date de 1270. Louis IX, dit
Saint-Louis, meurt à Tunis de la peste. Mais les Abbassides vont devoir
affronter un adversaire autrement plus redoutable que les croisés, les hordes
mongoles !
Bagdad, la merveilleuse ville des
Mille et une nuits, est pillée en 1258 par les hordes mongoles du bouddhiste Hûlagû.
Damas est pris en 1260. Heureusement les Mamelouks, ces descendants des anciens
esclaves qui ont fondé un empire, accourent d'Égypte et les chassent hors du
pays. En 1402, c'est le mongol islamisé Timur Lenk, Tamerlan, qui devient
menaçant. Il a battu le Turc ottoman islamisé Bayazid 1er (…)
L'Europe de la Renaissance
assiste avec terreur à la prise de Constantinople par Mehmet II en 1453. Du XVe
au début du XXe siècle (1924) l'Empire ottoman va être pour l'Occident le
symbole même de la puissance de l'islam, l'adversaire redouté, à combattre, à
ménager. Sous Soliman le magnifique, qui régna de 1520 à 1566, les avancées des
troupes ottomanes jusqu'à Vienne font trembler l'Europe. François Ier signe
avec le « Grand Turc » un traité d'alliance contre l'Autriche. C'est
l'apogée de la puissance militaire ottomane. Pourtant, les sultans de la
Sublime Porte sont peu aimés par les autres musulmans, surtout par les Arabes
qui se sentent méprisés par ces Turcs hautains.
Mustafa Kemal (1881-1938), le
« Père des Turcs » qualifiait l'islam de « théologie absurde d'un bédouin immoral », de « cadavre putréfié qui empoisonne nos vies »…
Le titre suprême, dans l'histoire
de l'islam, fut pendant des siècles celui de calife, chef spirituel et temporel
de la communauté (umma). Mais (…)
quand le pouvoir passe aux turcs ottomans, ceux-ci prennent le titre uniquement
temporel de sultan, mais le titre spirituel de calife n'est cependant pas
abandonné.
Les trois inégalités sont
consacrées par la loi : l'inégalité entre le maître et l'esclave, entre l'homme
et la femme, entre musulmans et non musulmans.
Si le sujet d’un gouvernement ne
peut pratiquer sa religion, l'islam est bafoué, alors l'obéissance ne se
justifie plus.
Il faudra très longtemps aux
chrétiens pour comprendre que la cause de la peste n’est pas le péché mais
l'absence totale d'hygiène corporelle. Or, dans le monde musulman, les rues
sont régulièrement nettoyées, les bains publics abondent et le contrôle
sanitaire des aliments est obligatoire.
Les écoles juridiques restent
fondamentalement attachées aux sources traditionnelles de la loi religieuse, le
Coran et la Sunna, mais à ces deux sources intangibles elles ajoutent d’autres
sources d'interprétation : l'accord de la communauté des savants (ijmâ’), le raisonnement par analogie (qiyâs). C'est ainsi que la consommation
de vin, qui n'est pas sanctionné par une peine dans le Coran, sera puni de la
flagellation allant jusqu'à 80 coups de fouet, avec toutefois une possibilité
de réduction par le juge (39 coups de fouet, mais très violents !). C’est
que cette élaboration du droit musulman par les quatre grandes écoles
juridiques à été précédée par la constitution, sous les Omeyyades, d’un corps
de juristes professionnels : les cadis.
En 1890, le modèle des officiers
jeunes-turcs et celui de la Révolution française (…) Le choix du 14 juillet
montre l'impact de la Révolution française sur ces officiers arabes nationalistes.
(…) Et au moment de prendre le pouvoir, à la suite des indépendances, un grand
nombre de pays musulmans ont adopté des institutions républicaines, soit
spontanément, soit après avoir aboli le régime monarchique qui était en place.
Ce fut le cas de l'Égypte en 1952, de la Tunisie en 1957, de l'Irak en 1958, du
Yémen en 1962, de la Libye en 1969, de l'Afghanistan en 1973, de l’Iran en
1979. Le choix républicain en pays d'islam s'explique par plusieurs facteurs :
d'abord l'exemple de la Turquie, première République musulmane, ensuite
l'influence du modèle français de révolution, enfin le discrédit qui entourait
les monarchies.
En fait, tous les socialismes en
terre d'islam éprouvent le besoin d'une légitimation islamique. Michel Aflaq,
chrétien syrien, un des membres les plus importants du parti socialiste syrien,
le Baath (ou Baas), est obligé de dire que le souffle de Mahomet, le Prophète
arabe, animera toujours le nationalisme arabe du parti Baath.
Les groupes ethniques musulmans
les plus nombreux en URSS sont les Ouzbeks (16,7 millions en 1989), les Kazakhs
(8,1 million), les Azéris (6,8 millions), les Tatars (6,6 millions), les
Tadjiks (4,2 millions), les Turkmènes (2,7 millions) et les Kirghizes (2,5
millions).
Qu'est-ce donc qu’être arabe ? On
ne peut pas parler de race. Le véritable lien, c'est l'unité de langue et de
civilisation (…) Certains Libanais chrétiens maronites ont si bien senti cette
ambiguïté et ce malaise qu’ils se veulent phéniciens et non arabes.
Ce n’est pas un hasard si les
Noirs méprisés ont recours à la notion de Mahdi. Pour les Blacks Muslims, c’est
le mystérieux Wallace Ford qui est considéré comme the Mahdi (…) La plus grande
fête religieuse des Muslims, le 26 février, est l’anniversaire de la naissance
de Wallace Ford Muhammad, apparu à Detroit en 1930 et disparu sans laisser de
traces en 1934. Il avait eu cependant le temps de désigner son
successeur : Elijah Muhammad, le « saint Paul » du mouvement des
Blacks Muslims, c’est Malcolm X, un ancien proxénète et trafiquant de drogue,
dit Detroit Red, le « Rouquin de Detroit », converti en prison en
1947.
La confrérie est une organisation
sous l'autorité d'un maître spirituel, le
cheikh (…) Il faut faire confiance au cheikh et s'en remettre totalement à
lui (…) Après le travail, les gens du peuple se rendent à des séances de dhikr qui consiste dans la répétition
sans relâche de formules comme Allah Akhbar (« Dieu est le plus grand »)
accompagnées parfois de danse, comme dans la confrérie des derviches tourneurs.
(…)
En Afrique du Nord et en Afrique
Noire, les cheikhs sont appelés « marabouts » (…) Au Sénégal, la confrérie des Mourides
est très puissante. Sa richesse est liée à la culture de l'arachide et son
influence doit beaucoup à la personnalité de son fondateur, Amadou Bamba (…) Si
le fondateur des Mourides ne perdait pas de vue les réalités matérielles pour
les membres de sa confrérie, il était pour lui-même indifférent aux richesses
comme au pouvoir et ne gardait rien des offrandes qu'il recevait (…)
La Moulaviya, fondée au XIIIe
siècle par le célèbre mystique Jalal ad-dîn Roumi, est la fameuse confrérie des
derviches tourneurs. A l'avènement de Mustafa Kemal en Turquie, elle s'est
réfugiée en Syrie.
Au XVIIIe siècle, Ibn Abd
al-Wahhâb naît en Arabie et va convertir à sa doctrine la famille des Séoud.
Lorsque, après des luttes sanglantes contre le pouvoir ottoman, les partisans
de Séoud fondent un royaume qui prend le nom d'Arabie Saoudite, le wahhabisme
devient la doctrine d'État.
Le wahhabisme est un hanbalisme
déformé. L’école juridique d’Ibn Hanbal est déjà la plus traditionnelle, la
plus fermée à toute innovation ; avec le wahhabisme, cette fermeture se
trouva décuplée. Tout est dénoncé comme innovation coupable : le chiisme,
le mysticisme, la théologie dogmatique (kalâm),
la philosophie, le culte des saints, la musique, le théâtre, la poésie… Le
wahhabisme s’oppose à la civilisation de l’Islam classique.
Pour les Frères musulmans, dont
le mouvement a été créé en 1928 en Égypte par Hassan al-Bannâ (…) le Coran doit
être la seule constitution des Etats islamiques (…)
C’est sous les balles des Frères
musulmans qu’est tombé Anouar El Sadate, en 1981 (…)
Les Frères musulmans se
présentent comme un mouvement fortement structuré, intransigeant, profondément
masculin et xénophobe. Aucune ouverture vers l'Occident n'est tolérée, car, à
leurs yeux, l'Occident c’est Satan.
Le Hamas, mouvement de résistance
islamique, avait, lui, été créé à la fin de 1987 comme division de la branche
palestinienne des Frères musulmans
En France, le CFCM subit
notamment l'influence de l'islamisme avec l’UOIF, proche à certains égards de
l’Arabie wahhabite et du mouvement des Frères musulmans.
La Salafiyya, ou l'islam
moderniste réformateur (…) L'islam moderniste pense que ce ne sont pas les armes
et la guerre sainte, mais la pensée, la réflexion qui redonneront à l'islam son
prestige et son rayonnement universel. L'encre du savant devient alors plus
importante que le sang des martyrs et la plume est préférée au sabre.
Or la femme, comparée dans le
Coran à un champ que l'homme peut labourer comme il l'entend, est un capital
qu'il n'est pas permis de laisser improductif. Une femme célibataire est comme
une terre laissée en friche. C'est un gâchis est un non-sens pour les
musulmans, d'où cette condamnation dans la sunna : « Ceux qui est vivent en célibataires sont de la pire espèce ; ce qui
meurent en célibataires sont de la plus ignoble ».
La vie musulmane tout entière
baigne dans une ambiance où la sexualité est toujours présente (…) C'est
toujours un choc pour les musulmanes ayant vécu en Occident de se voir, en
rentrant dans leur pays, jaugées et examinées par les autres femmes avec une
précision de marchand de chevaux (…) Il ne suffit pas que le corps de la femme
soit blanc, gras et mou. Il faut aussi qu'il soit lisse. D'où l'importance
accordée à l'épilation. Une femme au pubis et aux aisselles non rasés est
réputée répugnante, sale.
Le Prophète a recommandé de se
faire des cadeaux. On se ruine donc pour soutenir une réputation de générosité.
(…) C'est ainsi qu'une extrême importance est accordée à la «bonne éducation »
(…) On ne saurait trop insister sur le rôle du « savoir-vivre » en islam. Par
politesse (adam) on entend non
seulement la politesse mondaine mais l'ornement d'un esprit qui sait dire les
choses avec grâce (…) Ce n'est pas un hasard en effet si le mot arabe adam signifie à la fois politesse et…
littérature !
Il faut que l'individu se plie au
groupe (…) La morale islamique qui exige soumission serait donc, dans son application
la plus prosaïque, une morale du dressage, de la répression, ayant pour
objectif de répondre aux devoirs commandés par une religion de la loi. Elle
s'opposerait ainsi à la morale de l'expression et de l'exception qui serait la
morale chrétienne, morale ouverte propre à la religion du Christ qui privilégie
non pas la loi mais l'amour.
La viande reste un luxe et la chair
des animaux sacrifiés aux dieux revêtait un caractère sacré (…) Toute chair sur
laquelle n'avait pas été invoqué le nom d’Allah était interdite, donc celle de
l'animal mort naturellement ou accidentellement (…) Les chasseurs doivent
prononcer la formule « au nom d'Allah » en frappant le gibier de leurs armes ou
en lançant sur lui l'animal dressé (faucon) (…)
Le poisson est toujours licite
quel qu'ait été le moyen employé pour le capturer. L'interdiction side la viande de porc est une imitation
des pratiques juives. Le Prophète paraît avoir fait aux juifs de Médine cette
concession qui était facile car le porc, animal vorace, ne tenait qu'une place
infime en Arabie. (…)
Quant à l'interdiction de l'usage
du khamr, boisson fermentée extraite
des raisins, des dattes ou des céréales (…) en Arabie, une foule d'hommes - devins,
sorciers, magiciens -, à la faveur d'une ivresse sacrée, se pénétraient de l'influence
des démons (djinns) ou d'un dieu pour
prédire l'avenir. Mahomet condamna ses pratiques idolâtres.
Né en 1886, le philosophe René
Guénon a exercé une influence considérable sur toute une génération. Sa
philosophie est la suivante : l'Occident a perdu son âme en perdant ses
traditions. De là vient la crise du monde moderne dont on ne peut sortir qu'en
retrouvant les valeurs spirituelles que l’Orient conserve encore. Ainsi Guénon,
comme d'ailleurs Massignon et Corbin, s'intéresse uniquement au mysticisme de
l'islam.
Tariq Ramadan, le prédicateur
charismatique des banlieues, est un enseignant musulman de philosophie et
d’islamologie à l'université de Fribourg en Suisse. Né à Genève en 1962, son
père est le gendre de Hassan al-Banna, fondateur du mouvement égyptien des
Frères musulmans, assassiné en 1948. Son frère Hani a, dans les pages « Débats
» du journal Le Monde, tenté de justifier la lapidation de la femme adultère…
Pour les musulmans, l'innovation
et le péché par excellence, l’hérésie (bid’a).
L’imitation servile (taqlîd) est
préférable. Il n’y a pas de pensée libre ni de libre pensée en Islam.
Le musulman n’est humble et
obéissant que devant son Dieu. Mais la modestie sociale, de même que la
modestie scientifique lui sont étrangères. En effet, le « moi » social est
surdéveloppé au point que toute attaque est ressenti comme une atteinte à la
fierté ; tous les problèmes sont personnalisés (…) Le problème se pose toujours
en termes d'amis ou d’ennemis, d'humiliation ou de triomphe personnel. (…) Tout
musulman est un être entièrement social, toujours exposé au regard d'autrui.
Ses voisins ont un droit de surveillance sur sa vie.
La névrose est née lorsque l'Islam
s'est heurté à la supériorité technico-militaire de l'Occident. Allah
n'avait-il pas abandonné les siens ? Seul Satan pouvez faire triompher
l'Occident matérialiste et athée ! Cela explique l'immense espoir qu’a fait
naître Khomeyni en 1979…
Le pétrole de l'islam équivaut à
la moitié de la production pétrolière totale.
Dans les pays pétroliers, aucun
étranger ne peut trouver de travail, signer un contrat commercial ou avoir une
activité quelconque sans la caution ou la garantie d'un national, sponsor, qui
sera rémunéré par un pourcentage variant selon l'importance de l'activité qu'il
cautionne.
Les prêts sont sans intérêt,
l'usure, ou prêt à intérêts, étant interdite par le Coran (…) De nombreux hadîths affirment que l'usurier sera
possédé par Satan qui l’étranglera de ses propres mains… Cependant les versets
et les hadiths n'étaient pas assez
précis pour que la doctrine en arrive à conclure à l'interdiction absolue du
prêt à intérêts ce qui eût été d'ailleurs une entrave à la vie économique.
Dans les villes, le marché (le
souk) se tient presque toujours à l'ombre des mosquées.
(…) Cette famille à laquelle les
musulmans s'accrochent, cette structure patriarcale n’est, à l'origine, pas
plus musulmane que chrétienne ou juive : on la retrouve chez tous les peuples
du pourtour méditerranéen (…) Ces structures patriarcales et claniques préexistaient
à l'islam.
L'islam de l'époque de Mahomet
n'avait rien de révolutionnaire. Dans le Coran, on s'aperçoit que la polygamie
est limitée mais maintenue, le talion n'est pas supprimé, la razzia est utilisée,
le pèlerinage est maintenu avec tous les anciens rites, la Mecque reste la
ville de pèlerinage et le centre du nouveau culte (…)
L'empire musulman qui va se
construire deux siècles après la mort de Mahomet, avec pour capitale Bagdad, la
ville des « Mille et une nuits », cet empire cosmopolite et ses savants,
souvent des convertis étrangers, vont créer un passé musulman mythique et faire
du prophète et de ses compagnons des hommes parfaits. Ils sacralisaient ainsi
pour les siècles à venir des comportements « embellis » qui n’avaient
plus rien à voir avec la réalité de l’Arabie du VIIè siècle. Or aujourd’hui
l’islam du troisième millénaire s’appuie toujours sur cette construction des
savants de Bagdad de l’an mil, pour le culte comme pour la loi.
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