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mercredi 19 septembre 2012

« L’Islam » de Anne-Marie Delcambre (1990)


Le monde musulman, qui compte un milliard de croyants, est loin d'être majoritairement composé d'Arabes. La population totale de ces derniers n'est en effet que de 180 millions, moins d'un cinquième du total.

Pour la prière collective du vendredi, la présence d'un imâm est obligatoire. Derrière lui les fidèles se rangent en file et imitent ses mouvements et ses postures : inclinaison ; agenouillement… C'est l'imâm qui fait le sermon  (khutba) qui accompagne la prière du vendredi.

Le père de Mahomet, Abdallah, est mort avant sa naissance. Sa mère, Amina, meurt alors qu'il n'a que 6 ans (…) C'est un oncle paternel, Abû Tâlib, devenu chef du clan, qui  l’accueille. Il est père de nombreux enfants ; l'un d'eux, Ali, deviendra son compagnon. (…)

Par son mariage Mahomet devient un notable de la Mecque. (…)

La nouvelle religion qui ordonne de détruire les idoles et de n'adorer qu'un seul Dieu est une véritable menace pour le pèlerinage qui rapporte tant d'argent (…)
Abû Lahab, un autre oncle, prend la tête du clan des Banû Hâchim. Or c'est l'ennemi juré du Prophète. Pour lui, ce neveu qui ne respecte pas le culte des ancêtres ne mérite pas sa protection. Dès lors, n'importe qui peut le tuer sans craindre la vengeance. Mahomet veut fuir mais ne sait où aller (…) Lors du pèlerinage à la Mecque de l'été 620, il rencontre des Arabes de la ville de Yathrib, oasis situées à 350 km au nord-ouest de la Mecque. Impressionné par la personnalité de cet homme qui se dit prophète, il pense qu'il pourrait, dans leur ville, arbitrer les querelles entre tribus juives et arabes. Mahomet accepte d'être cet arbitre. Ainsi, la loi du clan est dépassée. Les liens d'alliance ont remplacé les liens du sang. À la notion de tribu se substitue celle de communauté (umma) fondée sur un idéal religieux. En 622, Mahomet et ses disciples quittent la Mecque. C'est cette émigration, cet exil, qu'on appelle l'Hégire (hijra). C'est en réalité une fuite peu glorieuse ; mais pour l'histoire musulmane future, la date de 622 marquera le début d'une ère nouvelle et d'un nouveau calendrier, le calendrier hégirien. La ville de Yathrib change de nom et prend celui de Médine.
De chef religieux qu'il était à la Mecque, Mahomet va, Médine, devenir un chef politique et militaire, et organiser la communauté des croyants. Son premier acte important et de signer un pacte avec les autres groupes. Ce pacte, connu sous le nom de Constitution de Médine, est qualifié par certains de chef-d'œuvre de politique « internationale ». Il fait entrer les tribus juives et arabes dans une sorte de confédération dont les membres se doivent une protection mutuelle. C'est à ce moment-là seulement que les disciples de Mahomet prennent le nom de muslimûn, « musulmans », c'est-à-dire adeptes de l'islam.

En 624 (an 2 de l'Hégire), c'est la victoire de Badr contre les Mecquois. Désormais on ne parlera plus de razzia mais de guerre sainte (jihâd) contre les ennemis d'Allah (…) D'ailleurs, la tribu juive des Qaynuqâ va apprendre qu'on ne se moque pas de l'envoyé de Dieu ! De jeunes juifs de cette tribu ayant osé tourner en dérision une bédouine convertie à l'islam et la querelle entre juifs et musulmans ayant dégénéré, Mahomet saisi ce prétexte pour confisquer les biens des Qaynuqâ.

Et pour la dernière tribu juive de Médine, celle des Banû Qurayza, cette victoire signe leur arrêt de mort. Ces juifs railleurs vont être décapités et jetés dans des fosses creusées dans le marché de Médine (…)
Parmi les juifs emmenés en captivité se trouve un belle jeune fille de 17 ans, Saffiya, que Mahomet prend pour épouse (…) Il éprouve le besoin de se réconcilier avec son clan et, pour sceller l'alliance, prend pour femmes Maymûna (…) Il épouse également Umm Habiba, la fille du puissant Abû Sufyân, et devient ainsi le gendre du personnage le plus influent de la Mecque (…) Le prophète s'est ainsi constitué un véritable harem pour faire honneur à ses compagnons et conclure des alliances (…) En tout, neuf femmes donc - certains disent onze - en comptant les concubines dont les plus célèbres sont Maria la copte, une chrétienne, et Rayhana la juive. En janvier 630, Mahomet rompt le pacte d’Hudaybiyya et marche sur la Mecque.

Il faudra attendre 652 pour que soit franchi un pas décisif. Le troisième successeur du prophète, le calife Uthmân, ordonne en effet que soit réalisée la version définitive du texte coranique (…) L'ordre du livre sacré est fondé sur la longueur des sourates, les plus longues étant au début et les plus courtes, à la fin (…) Il semble que les chapitres les plus longs soient ceux révélés lorsque le prophète était à Médine, entre 622 et 632, d'où leur nom de sourates médinoises. Leur ton et juridique et solennel. Les chapitres les plus courts correspondent à la révélation à La Mecque, entre 612 et 622. Aussi les qualifie-t-on de sourates mecquoises. Leur style s'apparente parfois à de la poésie.

(…) C'est ainsi qu'une femme qui a ses règles ne peut tourner les pages du Coran. Tout cela est extrêmement difficile à admettre pour un occidental qui bien souvent ne voit dans le Coran qu’un texte obscur, sans logique, sans ordre et dont la lecture est décevante.

En 1647, la traduction du consul André du Ryer, L’Alcoran de Mahomet, est plus honnête. Mais on ne saurait oublier que l'expression « s'en moquer comme de l'an 40 » est en réalité la version déformée de « s'en moquer comme de l’Alcoran » !
(…) peu de livres religieux d'origine orientale rebutent tant le lecteur occidental. Faut-il en chercher la cause dans le très petit nombre de concepts contenus dans le texte coranique ? ( …) Pour les musulmans, le Coran possède une beauté littéraire difficilement traduisible. (…) Pour comprendre cette espèce d'envoûtement que produit la magie du verbe coranique, il faut avoir conscience de la place qu'occupe le Coran dans la formation du musulman. Appris par cœur dans le jeune âge, il imprègne la vie du croyant, du berceau jusqu'à la tombe. On le récite dans toutes les circonstances de la vie.

Le mot « sunna », à l'origine, désigne la coutume des ancêtres. Appliquée à Mahomet, ce terme signifie « l'ensemble de ses paroles, de ses gestes, de ses façons de manger et de boire, de se vêtir, d’accomplir les devoirs religieux, de traiter avec autrui ». La sunna et donc, en islam, la tradition, mais la tradition venant du Prophète. Elle constitua rapidement pour les croyants la source d'une véritable « imitation de Mahomet » (…) Le détail du comportement de l’envoyé d’Allah est raconté dans de courts récits, appelés hadiths. La somme de tous les hadiths forment la sunna.

Mahomet, de son vivant, a toujours affirmé qu'il était un homme comme les autres, le seul miracle de l'islam étant l'inimitabilité du Coran.

En cas de contradiction entre le Coran et la sunna, c’est même la sunna qui l'emporte ! Cette surévaluation de la sunna, un homme au XXe siècle l’a dénoncée, affirmant que le Coran était la seule source digne de foi : Mouammar Kadhafi.

(…) Le dogme de l'unicité de Dieu (tawhîd)) et le dogme essentiel de l'islam. (…) Le dogme de l'unicité de Dieu aboutit au pouvoir absolu : Dieu fait ce qu'Il veut, sa Volonté est arbitraire. Les hommes doivent Lui obéir et se soumettre.

Pour l'islam, Jésus est bien et de Marie et du souffle de l'Esprit saint mais il n'est pas le Fils de Dieu et il n'est pas mort sur la croix.

La prière musulmane ne peut pas se faire n'importe comment. Il faut être propre car la propreté fait partie de la foi.

Ramadan est le nom arabe d'un des douze mois de l'année lunaire. C'est la vingt-septième nuit de ramadan que la révélation est descendue sur le Prophète.

(…) La circoncision existait bien avant l'islam en Arabie et était commune aux juifs et aux Arabes.

Se marier est un devoir. Le Coran autorise un maximum de quatre femmes… Le divorce (talaq) est en réalité une répudiation. Le mari peut renvoyer sa femme s'il n'est pas satisfait (ou seulement s'ils le souhaite). Mais l'inverse est impossible. (…) Une des grandes innovations de l'islam concerne l'héritage des femmes. La femme hérite de ses parents (…) Elle a droit à la moitié de la part d'un homme alors qu'avant l'islam, elle n'avait droit à rien. La demi-part serait justifiée par le fait qu'elle est entretenue par son mari.
(…) La femme adultère (…) En Arabie Saoudite, la première pierre est lancée par l'imam et un camion-benne déverse le reste des pierres sur la coupable !

Certes, nombreuses sont les femmes musulmanes qui sont maintenant ministres, avocates, professeurs ; mais (sauf en Turquie) l'islam est religion d'État, et il est toujours interdit à une femme musulmane d’épouser un non-musulman. Le gouvernement tunisien lui-même a dû revenir, en 1973, sur cette liberté pourtant accordée au moment de l'indépendance, dans le code de la famille (Majallat, de 1956).

Le pèlerinage à La Mecque. Le nombre très élevé de pèlerins (plus de 3 millions)…
(…) Le rite du sacrifice du mouton : plus de 500 000 bêtes sont égorgées en trois jours…

Le calife est le successeur du Prophète. Pour les uns, la majorité des musulmans, le calife doit être élu parmi les membres de la tribu de Mahomet. On les nomme sunnites. Pour d'autres, beaucoup moins nombreux, le calife ne peut être qu'un membre de la famille du Prophète. (…) On les appelle chiites. (…) Au total, les chiites comptent un peu plus de 100 millions d'adeptes, répartis en une multitude de sectes. (…) La secte des chiites ismaéliens (…) que dirige l'Aga Khan, lequel possède une maison à Paris dans l'île Saint-Louis, est en majorité indienne. Les druzes se trouvent dans la montagne libanaise, en Syrie et en Israël (Galilée). Les Alaouites ont pris une importance en Syrie du fait de la prise de pouvoir par Assad et sa famille à partir de 1970.
Les chiites zaïdites limitent à cinq le nombre des imams. Ils sont connus pour avoir créé l'État du Yémen.

(…) Ce mysticisme est étranger à l'islam, du moins celui que prêchait Mahomet à la Mecque et à Médine. D'ailleurs les juristes se sont toujours inquiétés de ce phénomène de mysticisme qu'ils appellent le soufisme, du nom de l'étoffe en laine blanche (soûf=laine) que portaient les premiers mystiques. (…) Ils s'inquiètent aussi, ces juristes sérieux et réalistes, de la réunion de soufis sous l'autorité d'un maître (cheikh) dans une confrérie (tariqa).
(…) Lorsque les Arabes conquièrent la Perse (l'Iran actuel), les Persans, habitués à pratiquer la religion des mages, ne se satisfont pas des règles de la loi islamique. Il donne à la fois musulmane une interprétation mystique. Beaucoup de soufis sont persans…
(…) Si la réaction des juristes est si violente, c'est que la notion de salut individuel est étrangère à l'islam. L'islam est avant tout une communauté.

Les hadiths non seulement vont tisser des liens entre la religion et l'histoire de la communauté, mais ils vont former la mémoire de l'islam : une mémoire sélective qui fournit une image merveilleuse et idéalisée de la communauté des croyants à Médine (…)
Tout État musulman, même aujourd'hui, voit dans la communauté de Médine une « lumière sur la route », et le modèle idéal de l'organisation politique.

Entre 633 et 646, la Syrie tout entière est passée au pouvoir des musulmans.

Militairement parlant, les Arabes sont spécialistes des razzias et des attaques par surprise, et leur armement est léger : sabres, lances et arcs. Leur mobilité affole l’adversaire, paralysé par de lourds équipements : c'est le cas des armées byzantine et persane (…)
Leur tolérance à l'égard des peuples soumis peut être considérée comme une des raisons de leur foudroyant succès

Alli doit affronter Mu’awiyya. Les armées des deux adversaires se rencontrent en 657 dans la plaine de Siffin. Là se déroulent l’un des affrontements les plus célèbres dans l'histoire de l'islam car la communauté (umma) va éclater (…) On met des feuillets du Coran au bout des lances, ce qui signifie qu'un arbitrage est demandé. Ali accepte. Quelques-uns de ses partisans lui reproche sa faiblesse. Ils quittent les rangs et se retirent. Ce sont ceux que l'histoire musulmane appelle kharéjites (ceux qui sont sortis). Les partisans d'Ali prennent à ce moment-là le nom de chiites. Les musulmans qui soutiennent le gouverneur Mu’awiyya contre Ali reçoivent l'appellation de sunnites.
(…) Le chah Ismaïl imposera le chiisme comme religion d'État à l'Iran, au XVIe siècle. La victoire de l’imam Khomeyni dans l'Iran de 1979 aura été la revanche sur l'Occident mais aussi et aussi sur l'islam sunnite !

Avec l’avènement de Mu’awiyya en 661, commence la dynastie des Omeyyades et prend fin le califat des califes Bien Guidés (Rachidûn), compagnons de Mahomet, et qui avaient connu personnellement le Prophète (…) À partir de la dynastie des Omeyyades, c'est en fait une royauté temporelle qui s'instaure. Mais c’est toujours le titre de calife qui est employé et jamais celui de roi.

En 732, les armées musulmanes sont arrêtées à Poitiers par les troupes de Charles Martel.

La capitale de l'empire est transférée de Médine à Damas. La vie de cour reste rudimentaire, très proche de l'ancienne simplicité bédouine. Les concours de poésie sont fréquents.

L'arrivée au pouvoir des Abbassides -ces arrière-petits-fils d’Abbas, l'oncle de Mahomet- est précédée par un véritable massacre de la famille régnante des Omeyyades (…)
La dynastie des Abbassides va régner de 750 à 1258. La capitale n’est plus Damas mais Bagdad.

La première croisade aboutit, en 1100, à la proclamation du royaume franc de Jérusalem. En 1187, le kurde Saladin reprend Jérusalem. La dernière croisade date de 1270. Louis IX, dit Saint-Louis, meurt à Tunis de la peste. Mais les Abbassides vont devoir affronter un adversaire autrement plus redoutable que les croisés, les hordes mongoles !

Bagdad, la merveilleuse ville des Mille et une nuits, est pillée en 1258 par les hordes mongoles du bouddhiste Hûlagû. Damas est pris en 1260. Heureusement les Mamelouks, ces descendants des anciens esclaves qui ont fondé un empire, accourent d'Égypte et les chassent hors du pays. En 1402, c'est le mongol islamisé Timur Lenk, Tamerlan, qui devient menaçant. Il a battu le Turc ottoman islamisé Bayazid 1er (…)

L'Europe de la Renaissance assiste avec terreur à la prise de Constantinople par Mehmet II en 1453. Du XVe au début du XXe siècle (1924) l'Empire ottoman va être pour l'Occident le symbole même de la puissance de l'islam, l'adversaire redouté, à combattre, à ménager. Sous Soliman le magnifique, qui régna de 1520 à 1566, les avancées des troupes ottomanes jusqu'à Vienne font trembler l'Europe. François Ier signe avec le « Grand Turc » un traité d'alliance contre l'Autriche. C'est l'apogée de la puissance militaire ottomane. Pourtant, les sultans de la Sublime Porte sont peu aimés par les autres musulmans, surtout par les Arabes qui se sentent méprisés par ces Turcs hautains.

Mustafa Kemal (1881-1938), le « Père des Turcs »  qualifiait l'islam de « théologie absurde d'un bédouin immoral », de « cadavre putréfié qui empoisonne nos vies »…

Le titre suprême, dans l'histoire de l'islam, fut pendant des siècles celui de calife, chef spirituel et temporel de la communauté (umma). Mais (…) quand le pouvoir passe aux turcs ottomans, ceux-ci prennent le titre uniquement temporel de sultan, mais le titre spirituel de calife n'est cependant pas abandonné.

Les trois inégalités sont consacrées par la loi : l'inégalité entre le maître et l'esclave, entre l'homme et la femme, entre musulmans et non musulmans.

Si le sujet d’un gouvernement ne peut pratiquer sa religion, l'islam est bafoué, alors l'obéissance ne se justifie plus.

Il faudra très longtemps aux chrétiens pour comprendre que la cause de la peste n’est pas le péché mais l'absence totale d'hygiène corporelle. Or, dans le monde musulman, les rues sont régulièrement nettoyées, les bains publics abondent et le contrôle sanitaire des aliments est obligatoire.

Les écoles juridiques restent fondamentalement attachées aux sources traditionnelles de la loi religieuse, le Coran et la Sunna, mais à ces deux sources intangibles elles ajoutent d’autres sources d'interprétation : l'accord de la communauté des savants (ijmâ’), le raisonnement par analogie (qiyâs). C'est ainsi que la consommation de vin, qui n'est pas sanctionné par une peine dans le Coran, sera puni de la flagellation allant jusqu'à 80 coups de fouet, avec toutefois une possibilité de réduction par le juge (39 coups de fouet, mais très violents !). C’est que cette élaboration du droit musulman par les quatre grandes écoles juridiques à été précédée par la constitution, sous les Omeyyades, d’un corps de juristes professionnels : les cadis.

En 1890, le modèle des officiers jeunes-turcs et celui de la Révolution française (…) Le choix du 14 juillet montre l'impact de la Révolution française sur ces officiers arabes nationalistes. (…) Et au moment de prendre le pouvoir, à la suite des indépendances, un grand nombre de pays musulmans ont adopté des institutions républicaines, soit spontanément, soit après avoir aboli le régime monarchique qui était en place. Ce fut le cas de l'Égypte en 1952, de la Tunisie en 1957, de l'Irak en 1958, du Yémen en 1962, de la Libye en 1969, de l'Afghanistan en 1973, de l’Iran en 1979. Le choix républicain en pays d'islam s'explique par plusieurs facteurs : d'abord l'exemple de la Turquie, première République musulmane, ensuite l'influence du modèle français de révolution, enfin le discrédit qui entourait les monarchies.

En fait, tous les socialismes en terre d'islam éprouvent le besoin d'une légitimation islamique. Michel Aflaq, chrétien syrien, un des membres les plus importants du parti socialiste syrien, le Baath (ou Baas), est obligé de dire que le souffle de Mahomet, le Prophète arabe, animera toujours le nationalisme arabe du parti Baath.

Les groupes ethniques musulmans les plus nombreux en URSS sont les Ouzbeks (16,7 millions en 1989), les Kazakhs (8,1 million), les Azéris (6,8 millions), les Tatars (6,6 millions), les Tadjiks (4,2 millions), les Turkmènes (2,7 millions) et les Kirghizes (2,5 millions).

Qu'est-ce donc qu’être arabe ? On ne peut pas parler de race. Le véritable lien, c'est l'unité de langue et de civilisation (…) Certains Libanais chrétiens maronites ont si bien senti cette ambiguïté et ce malaise qu’ils se veulent phéniciens et non arabes.

Ce n’est pas un hasard si les Noirs méprisés ont recours à la notion de Mahdi. Pour les Blacks Muslims, c’est le mystérieux Wallace Ford qui est considéré comme the Mahdi (…) La plus grande fête religieuse des Muslims, le 26 février, est l’anniversaire de la naissance de Wallace Ford Muhammad, apparu à Detroit en 1930 et disparu sans laisser de traces en 1934. Il avait eu cependant le temps de désigner son successeur : Elijah Muhammad, le « saint Paul » du mouvement des Blacks Muslims, c’est Malcolm X, un ancien proxénète et trafiquant de drogue, dit Detroit Red, le « Rouquin de Detroit », converti en prison en 1947.

La confrérie est une organisation sous l'autorité d'un maître spirituel, le cheikh (…) Il faut faire confiance au cheikh et s'en remettre totalement à lui (…) Après le travail, les gens du peuple se rendent à des séances de dhikr qui consiste dans la répétition sans relâche de formules comme Allah Akhbar (« Dieu est le plus grand ») accompagnées parfois de danse, comme dans la confrérie des derviches tourneurs. (…)
En Afrique du Nord et en Afrique Noire, les cheikhs sont appelés « marabouts » (…) Au Sénégal, la confrérie des Mourides est très puissante. Sa richesse est liée à la culture de l'arachide et son influence doit beaucoup à la personnalité de son fondateur, Amadou Bamba (…) Si le fondateur des Mourides ne perdait pas de vue les réalités matérielles pour les membres de sa confrérie, il était pour lui-même indifférent aux richesses comme au pouvoir et ne gardait rien des offrandes qu'il recevait (…)
La Moulaviya, fondée au XIIIe siècle par le célèbre mystique Jalal ad-dîn Roumi, est la fameuse confrérie des derviches tourneurs. A l'avènement de Mustafa Kemal en Turquie, elle s'est réfugiée en Syrie.

Au XVIIIe siècle, Ibn Abd al-Wahhâb naît en Arabie et va convertir à sa doctrine la famille des Séoud. Lorsque, après des luttes sanglantes contre le pouvoir ottoman, les partisans de Séoud fondent un royaume qui prend le nom d'Arabie Saoudite, le wahhabisme devient la doctrine d'État.
Le wahhabisme est un hanbalisme déformé. L’école juridique d’Ibn Hanbal est déjà la plus traditionnelle, la plus fermée à toute innovation ; avec le wahhabisme, cette fermeture se trouva décuplée. Tout est dénoncé comme innovation coupable : le chiisme, le mysticisme, la théologie dogmatique (kalâm), la philosophie, le culte des saints, la musique, le théâtre, la poésie… Le wahhabisme s’oppose à la civilisation de l’Islam classique.

Pour les Frères musulmans, dont le mouvement a été créé en 1928 en Égypte par Hassan al-Bannâ (…) le Coran doit être la seule constitution des Etats islamiques (…)
C’est sous les balles des Frères musulmans qu’est tombé Anouar El Sadate, en 1981 (…)
Les Frères musulmans se présentent comme un mouvement fortement structuré, intransigeant, profondément masculin et xénophobe. Aucune ouverture vers l'Occident n'est tolérée, car, à leurs yeux, l'Occident c’est Satan.
Le Hamas, mouvement de résistance islamique, avait, lui, été créé à la fin de 1987 comme division de la branche palestinienne des Frères musulmans
En France, le CFCM subit notamment l'influence de l'islamisme avec l’UOIF, proche à certains égards de l’Arabie wahhabite et du mouvement des Frères musulmans.

La Salafiyya, ou l'islam moderniste réformateur (…) L'islam moderniste pense que ce ne sont pas les armes et la guerre sainte, mais la pensée, la réflexion qui redonneront à l'islam son prestige et son rayonnement universel. L'encre du savant devient alors plus importante que le sang des martyrs et la plume est préférée au sabre.

Or la femme, comparée dans le Coran à un champ que l'homme peut labourer comme il l'entend, est un capital qu'il n'est pas permis de laisser improductif. Une femme célibataire est comme une terre laissée en friche. C'est un gâchis est un non-sens pour les musulmans, d'où cette condamnation dans la sunna : « Ceux qui est vivent en célibataires sont de la pire espèce ; ce qui meurent en célibataires sont de la plus ignoble ».

La vie musulmane tout entière baigne dans une ambiance où la sexualité est toujours présente (…) C'est toujours un choc pour les musulmanes ayant vécu en Occident de se voir, en rentrant dans leur pays, jaugées et examinées par les autres femmes avec une précision de marchand de chevaux (…) Il ne suffit pas que le corps de la femme soit blanc, gras et mou. Il faut aussi qu'il soit lisse. D'où l'importance accordée à l'épilation. Une femme au pubis et aux aisselles non rasés est réputée répugnante, sale.

Le Prophète a recommandé de se faire des cadeaux. On se ruine donc pour soutenir une réputation de générosité. (…) C'est ainsi qu'une extrême importance est accordée à la «bonne éducation » (…) On ne saurait trop insister sur le rôle du « savoir-vivre » en islam. Par politesse (adam) on entend non seulement la politesse mondaine mais l'ornement d'un esprit qui sait dire les choses avec grâce (…) Ce n'est pas un hasard en effet si le mot arabe adam signifie à la fois politesse et… littérature !
Il faut que l'individu se plie au groupe (…) La morale islamique qui exige soumission serait donc, dans son application la plus prosaïque, une morale du dressage, de la répression, ayant pour objectif de répondre aux devoirs commandés par une religion de la loi. Elle s'opposerait ainsi à la morale de l'expression et de l'exception qui serait la morale chrétienne, morale ouverte propre à la religion du Christ qui privilégie non pas la loi mais l'amour.

La viande reste un luxe et la chair des animaux sacrifiés aux dieux revêtait un caractère sacré (…) Toute chair sur laquelle n'avait pas été invoqué le nom d’Allah était interdite, donc celle de l'animal mort naturellement ou accidentellement (…) Les chasseurs doivent prononcer la formule « au nom d'Allah » en frappant le gibier de leurs armes ou en lançant sur lui l'animal dressé (faucon) (…)
Le poisson est toujours licite quel qu'ait été le moyen employé pour le capturer. L'interdiction  side la viande de porc est une imitation des pratiques juives. Le Prophète paraît avoir fait aux juifs de Médine cette concession qui était facile car le porc, animal vorace, ne tenait qu'une place infime en Arabie. (…)

Quant à l'interdiction de l'usage du khamr, boisson fermentée extraite des raisins, des dattes ou des céréales (…) en Arabie, une foule d'hommes - devins, sorciers, magiciens -, à la faveur d'une ivresse sacrée, se pénétraient de l'influence des démons (djinns) ou d'un dieu pour prédire l'avenir. Mahomet condamna ses pratiques idolâtres.

Né en 1886, le philosophe René Guénon a exercé une influence considérable sur toute une génération. Sa philosophie est la suivante : l'Occident a perdu son âme en perdant ses traditions. De là vient la crise du monde moderne dont on ne peut sortir qu'en retrouvant les valeurs spirituelles que l’Orient conserve encore. Ainsi Guénon, comme d'ailleurs Massignon et Corbin, s'intéresse uniquement au mysticisme de l'islam.

Tariq Ramadan, le prédicateur charismatique des banlieues, est un enseignant musulman de philosophie et d’islamologie à l'université de Fribourg en Suisse. Né à Genève en 1962, son père est le gendre de Hassan al-Banna, fondateur du mouvement égyptien des Frères musulmans, assassiné en 1948. Son frère Hani a, dans les pages « Débats » du journal Le Monde, tenté de justifier la lapidation de la femme adultère…

Pour les musulmans, l'innovation et le péché par excellence, l’hérésie (bid’a). L’imitation servile (taqlîd) est préférable. Il n’y a pas de pensée libre ni de libre pensée en Islam.

Le musulman n’est humble et obéissant que devant son Dieu. Mais la modestie sociale, de même que la modestie scientifique lui sont étrangères. En effet, le « moi » social est surdéveloppé au point que toute attaque est ressenti comme une atteinte à la fierté ; tous les problèmes sont personnalisés (…) Le problème se pose toujours en termes d'amis ou d’ennemis, d'humiliation ou de triomphe personnel. (…) Tout musulman est un être entièrement social, toujours exposé au regard d'autrui. Ses voisins ont un droit de surveillance sur sa vie.

La névrose est née lorsque l'Islam s'est heurté à la supériorité technico-militaire de l'Occident. Allah n'avait-il pas abandonné les siens ? Seul Satan pouvez faire triompher l'Occident matérialiste et athée ! Cela explique l'immense espoir qu’a fait naître Khomeyni en 1979…

Le pétrole de l'islam équivaut à la moitié de la production pétrolière totale.
Dans les pays pétroliers, aucun étranger ne peut trouver de travail, signer un contrat commercial ou avoir une activité quelconque sans la caution ou la garantie d'un national, sponsor, qui sera rémunéré par un pourcentage variant selon l'importance de l'activité qu'il cautionne.

Les prêts sont sans intérêt, l'usure, ou prêt à intérêts, étant interdite par le Coran (…) De nombreux hadîths affirment que l'usurier sera possédé par Satan qui l’étranglera de ses propres mains… Cependant les versets et les hadiths n'étaient pas assez précis pour que la doctrine en arrive à conclure à l'interdiction absolue du prêt à intérêts ce qui eût été d'ailleurs une entrave à la vie économique.

Dans les villes, le marché (le souk) se tient presque toujours à l'ombre des mosquées.

(…) Cette famille à laquelle les musulmans s'accrochent, cette structure patriarcale n’est, à l'origine, pas plus musulmane que chrétienne ou juive : on la retrouve chez tous les peuples du pourtour méditerranéen (…) Ces structures patriarcales et claniques préexistaient à l'islam.

L'islam de l'époque de Mahomet n'avait rien de révolutionnaire. Dans le Coran, on s'aperçoit que la polygamie est limitée mais maintenue, le talion n'est pas supprimé, la razzia est utilisée, le pèlerinage est maintenu avec tous les anciens rites, la Mecque reste la ville de pèlerinage et le centre du nouveau culte (…)
L'empire musulman qui va se construire deux siècles après la mort de Mahomet, avec pour capitale Bagdad, la ville des « Mille et une nuits », cet empire cosmopolite et ses savants, souvent des convertis étrangers, vont créer un passé musulman mythique et faire du prophète et de ses compagnons des hommes parfaits. Ils sacralisaient ainsi pour les siècles à venir des comportements « embellis » qui n’avaient plus rien à voir avec la réalité de l’Arabie du VIIè siècle. Or aujourd’hui l’islam du troisième millénaire s’appuie toujours sur cette construction des savants de Bagdad de l’an mil, pour le culte comme pour la loi.

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