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dimanche 12 octobre 2025

« Trois nouvelles » de Mme de Staël (1786)

Ce n'était pas un homme qui eût un système de moralité ni d’immoralité ; il déjouait en général tout ce qui était suivi, tout ce qui était profond, tout ce qui donnait de la peine, ou demandait un effort…

Quand les femmes d'un certain âge ne sont pas jalouses d'une jeune personne, elles placent leur vanité sur elle; il faut qu'un succès leur appartienne d'une manière ou d'une autre pour qu'elles le voient avec plaisir. 


(…) il réunit à beaucoup de gaieté dans l'esprit une profonde mélancolie dans le cœur…


Ils regagnèrent lentement le château, appuyés l'un sur l'autre, plongés dans la mélancolie du bonheur, et si certains de s'entendre qu'ils n'avaient pas besoin de se parler. Mme d'Orfeuil les contemplait avec un sentiment doux et triste, ce spectacle lui rappelait ses peines : ils s'en aperçurent, et cette pensée leur fit rompre un silence qu'ils auraient pu longtemps garder ; ils s'occupèrent à la consoler, parce qu'ils ne voulaient pas qu'il y eût de malheur sur la terre. Mme d'Orfeuil n'était pas plus pour eux ce jour-là qu'une autre personne ; ils aimaient tout le monde également.


Le jour où l'on s'impose la loi de cacher un seul de ses sentiments à l'objet qu'on aime, l'impression de ce sentiment au-dedans de soi devient incalculable : les explications, les plaintes, les reproches, peuvent ne point laisser de trace ; mais le silence dévore le cœur qui se le commande.


Ah! Madame, je ne suis plus nécessaire à son bonheur : pourquoi vivrais-je ? Je vais cependant seul sur le sommet des montagnes, en présence du ciel et de la terre, réfléchir sur ma destinée, sur le droit qu'ont les hommes de terminer leur existence. 


(Adélaïde et Théodore)


Cependant elle examinait Édouard en silence, et ses observations la forçaient à l'estimer, et à l'admirer. Son âme était pleine d’énergie ; il n'avait de la jeunesse que l'exagération du bien ; son esprit voyait juste, mais son cœur sentait peut-être trop vivement. Un défaut, ou si on le veut, une qualité singulière à son âge et dans son pays, le caractérisait : c’était une grande austérité de mœurs (…) il avait un sentiment de la perfection si vif et si sûr, qu'il s'était détaché successivement de tous ses amis parce qu'il ne pouvait être entendu par eux…


(Histoire de Pauline)

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