Juvénal [c. 60-c.140], très latin, donc doté d'un esprit plutôt pratique, l'adaptera en idéal de « mens sana in corpore sano » (un esprit sain dans un corps sain). Dans la même Satire X de l'auteur, son lecteur pouvait comparer cet apophtegme avec la formule centrale de l'Empire romain : « panem et circenses » (du pain et des jeux)…
La plus grande partie de tout ce que l'on peut lire, ou entendre, se révèle erronée... pour peu que l'on cherche à en savoir plus, que l'on se livre à une petite enquête (…) les formes du faux et du mensonge sont beaucoup plus nombreuses que celles de la vérité.
La familiarité de l'environnement dans lequel on évolue, y compris celle de son propre corps, participe d'un sentiment de proprioception, au sens large, d'un sens du nid ou du terrier, enfin d'un sentiment que l'espace autour de soi est circonscrit et reconnu : on y a ses repères.
Dès lors, une telle familiarité contribue à rassurer, elle fait naître un sentiment de sécurité contre l'inconnu hostile du monde. En principe.
En effet, d'une façon plus rigoureuse, le verbe interpréter a pleinement son sens en présence d'œuvres anciennes pour lesquelles on manque de certaines indications musicales (…) Il y a donc une prétention un peu gênante dans l'abus que l'on fait du verbe interpréter... A ce qu'il me semble, les œuvres des très grands compositeurs n'ont pas tant besoin d'être interprétées que bien jouées…
Vers ma trentième année je compris que je n'étais pas grand-chose, par rapport aux maîtres que j'avais lus et relus, ou relativement à d'étonnants personnages que j'avais rencontrés. Il me fallut dix ans de plus pour réaliser que l'on peut faire une vie d'un petit rien.
(…) une doctrine puritaine. Doctrine dont une des convictions centrales peut se résumer à ceci : « pour que le monde soit meilleur, il faut d'abord extirper / exterminer ceci / cela ».
Alors que pour les représentants de cultures anciennes, vénérant l'équilibre, la raison et l'harmonie, une telle approche, fondée sur l'hostilité la plus implacable, rend le monde infernal.
(…) j'ai vécu ma vie. Pas grand-chose, vraiment... mais je me suis appliqué.
(…) le goût anglo-saxon pour le conformisme moralisateur, nourriture à la fois lourde et insipide pour un individualiste de langue française… (…) Je pensais aller à la quête d'informations locales, je me retrouvais englué dans des séances d'initiation... à la volonté de formation morale clamée haut et fort, mais à la densité d'information très faible, voire négative car on y usait allègrement de désinformation. On n'y faisait preuve d'aucun sens pratique (malgré les multiples déclarations en ce sens)... et d'aucun goût pour les manifestations de la culture ou de l’intelligence.
Il arrive, même aux plus bienveillants, de faire du mal (…)
Les mots ou les gestes de ce genre, dont j'ai moi-même été à l'origine, reviennent me hanter quand je tombe malade, ou que l'insomnie se joue de moi. Tant de maladresses de ma part...
Rien toutefois ne me consume autant que les trois paroles délibérément cruelles que j'ai pu prononcer, toutes les trois dans ma jeunesse, sous le coup de l'irritation ou de la colère. Honte.
Ce faisant, je m'étais moi-même marqué au fer rouge, par trois fois... et ça brûle encore.
Ce qui avait été dit, ou fait, se révélait ineffaçable - irréparable. Il me restait à ne pas recommencer.
Ce n'est donc pas à la légère que j'ai organisé ma vie autour d'un principe bouddhiste de base : exercer un effort de vigilance qui soit constant, de chaque instant, afin de ne pas être cause de souffrance - parole juste, action juste. Ne pas faire de mal - ne pas occasionner de nouveaux remords.
Cela dit, vague n'est pas elliptique. Elliptique : les points de départ et d'arrivée sont indiqués sur la carte... mais pas le chemin.
Dans la novlangue contemporaine, on dit "comportement à risque », plutôt que crétin, ou criminel.
"Incivilités", au lieu de vandalisme, ou agression.
(…) ceux qui ont prétention à sophistication et brillance, alors qu'ils ne sont que bruit de fond et bêtise, pièges gluants et affolants de narcissisme, d'irraison et de délire.
(…) après le démembrement de l'Union Soviétique en décembre 1991 et la longue tentative de main-mise des Occidentaux sur leur grand pays - par tous les moyens possibles... et bien au-delà. Les Russes avaient résumé leur nouveau malheur politique et économique par une fine plaisanterie, typique de leur humour : « Ce que l'on nous disait de l'Union Soviétique était mensonger, mais ce que l'on nous disait sur l'Occident était vrai. »
L'interprétation en musique classique, qu'elle fût orchestrale ou non, connut son apogée durant les années 1960 et 1970 - on privilégiait alors la rigueur et la sobriété. Auparavant, la lourdeur germanique, très romantisante, tendait à régner, de façon générale. Lourde, grasse... mais pas trop sucrée, encore.
A partir des années 1980, l'emphase la plus lourde revint tout écraser. Elle était d'inspiration américaine cette fois, avec encore plus de graisse que dans la tradition germanique et beaucoup plus de sucre. Plus de la gélatine en surface, afin que ça brille.
Surtout, en 1931 le Japon s'était lancé dans la conquête de la Chine, une guerre d'expansion coloniale qui à partir de 1937 était devenue une entreprise d'extermination du peuple chinois.
Même après qu'il eut étendu ses activités belliqueuses à l'Indochine française en septembre 1940, puis en décembre 1941 à l'Empire britannique et aux États-Unis, de décembre 1941 à août 1945 80% de l'effort de guerre (hommes et matériel) de l'Empire du Soleil Levant restera dirigé contre les Chinois.
De juin 1941 à mai 1945 (…) pendant toutes ce quatre années, 85% de l'effort de guerre du 3e Reich fut dirigé contre l’URSS (…)
En août 1945, une offensive soviétique décisive dans le nord-est de la Chine ainsi que sur les îles Sakhaline et Kouriles, un épisode bref mais très intense de la guerre au cours duquel le Japon subit un tiers de ses pertes militaires totales de la seconde guerre mondiale…(…)
85% de [l’effort de guerre] des Allemands [fut dirigé] contre l’URSS…
Un exemple frappant est celui des populations amérindiennes, originaires de Sibérie, qui, au cours de leur avancée sur le continent américain, un territoire gigantesque et nouveau qu'elles avaient investi depuis son nord-ouest, par l'Alaska, il y a 13 000 ans, exterminèrent ses plus grands mammifères. Il y a un avant, d'une diversité zoologique extraordinaire (bien plus que l'Afrique de l'époque... l'Amérique était un continent où, jusqu'alors, la faune n'avait subi aucune pression humaine, selon toute apparence)... et un après, où la méga-faune se révélait soudainement (en moins d'un millénaire) beaucoup plus pauvre en espèces animales, de l'Alaska à la Terre de Feu (…) des mammouths, des mastodontes, des paresseux gigantesques, des tatous tout aussi gigantesques, des castors géants, des ongulés géants de tous genres (…) Les prédateurs géants (félins à dents de sabre, félins à dents de cimeterre, lions géants, puma-guépards géants, hyènes coureuses, loups géants et massifs, ours géants encore plus massifs, dont des ours coureurs) disparaîtront en même temps que leurs proies de prédilection.
La capacité de chanter et la bipédie, communes aux êtres humains et aux oiseaux…
(…) le museau pointu en 'V' des crocodiles, au lieu du museau plus court, plus obtus et plus arrondi, en ‘U’, caractéristique des alligators.
On aura compris que je vénérais la diversité des choses et des êtres qu'offrait la nature. Pour moi, le mystère du monde résidait dans sa pluralité, qui me séduisait. J'aimais contempler cette diversité, que je trouvais belle en soi. Que ce fût celle des minéraux, des mammifères ou des oiseaux, la diversité des formes et des couleurs m'enchantait. Un enchantement dans lequel mon inclination vers les sciences naturelles puisait sa source (…)
Toutes ces choses, tous ces êtres... Il fallait connaître et reconnaître les horribles, certes, pour mieux s'en garder, car ils étaient sources de dangers multiples qu'il valait mieux prendre en compte... mais y penser faisait peur, faisait mal. Par contre, tout ce qui était joli et aimable méritait d'être longuement contemplé, cela faisait du bien, Aussi je triais dans mon esprit, sans cesse (…)
Par ailleurs, durant mes onze premières années d'enfance, soudanaise, j'avais peu de livres à ma disposition. Après Pourquoi ? Comment ?, En vol et Mon premier tour du monde, un bel album illustré de géographie culturelle, reçus pour mes sept ans, je recevrai quatre livres de sciences au cours des quatre années qui suivraient. En tout et pour tout. Des ouvrages magnifiquement illustrés toutefois, qui m'apporteront beaucoup sur le plan onirique, en plus du plan cognitif.
Derrière tout être, réside un mystère.
On l'approche en lui donnant un nom. Le nom permet de le distinguer d'un autre mystère.
En procédant de la sorte, le monde naturel se peuple d'une multitude de connaissances. En reconnaissant telle fleur, tel insecte, tel chant d'oiseau, on se retrouve environné d'êtres que l'on peut aimer car on sait mieux les regarder, les écouter, d'une fois à l’autre (…)
Grâce à la systématique, on dispose ainsi d'une série hiérarchisée de repères cognitifs pour se retrouver dans le foisonnement des formes du vivant et pour observer plus avant : famille, genre, espèce (…)
La famille botanique des fabacées, ou papilionacées, ou légumineuses, aux formes très variables, inclut plus de 700 genres, plus de 19'000 espèces ! (…)
Cette fabacée est florissante même dans un terrain d'apparence pauvre grâce à sa symbiose très particulière avec des bactéries fixant l'azote de l'air.
Tous les animaux, sans exception, qui présentent un sac amniotique appartiennent à la catégorie systématique des amniotes (…)
Au cours de leur adaptation à la vie sur la terre ferme, il y a 395-390 millions d'années, les premiers tétrapodes on perdu leurs branchies, leur nageoire caudale s'est transformée en queue, et leurs nageoires Pelviennes et pectorales se sont progressivement transformées, respectivement, en deux pattes postérieures et en deux pattes antérieures - ils sont devenus quadrupèdes.
(…) les poumons n'ont anatomiquement rien à voir avec les branchies (qui permettent de respirer le dioxygène présent dans l'eau), celles-ci n'ont pas évolué en poumons, qui se sont développés à partir du pharynx (…)
Si un vertébré présente des poils, il est certain que la femelle allaite ses petits, quand elle en a (…) Si l'on voit un petit animal à bec de canard et pondeur d'œufs, néanmoins couvert de poils et produisant du lait pour ses petits, il s'agit quand même d'un mammifère (c'est un ornithorynque).
(…) du grec phylon, 'race, tribu, (vieille) famille’
Plutôt, il y a 395 Ma environ, des proto-tétra-podes ont dérivé de poissons à mâchoire articulée très particuliers, des proto-dipneustes : les dipneustes, D, ne sont pas quadrupèdes et ont conservé la nageoire caudale, mais ils ont développé des poumons, permettant de respirer l'oxygène de l’air.
(…) conditions climatiques et écologiques extrêmes du début du Mésozoïque, alors que la planète sortait de la catastrophe de la fin du Permien, il y a 252 Ma. Catastrophe qui avait été à l'origine de l'extinction de la plus grande partie des formes de vie, qu'elles fussent marines ou terrestres, et de la fin de l'ère primaire ou paléozoïque. Cette catastrophe planétaire majeure avait crée un immense vide écologique qui avait permis aux proto-dinosauriens de s'imposer sur la terre ferme, d'autres archo-sauriformes, étonnants, les ptérosaures, investissant les airs... (…)
A la suite d'une nouvelle catastrophe planétaire majeure, celle de la fin du Mésozoïque, il y a 66 millions d’années, les oiseaux et les mammifères occuperont les niches écologiques que l'extinction des dinosaures et de plusieurs autres taxons de vertébrés avait rendues vacantes.
Ce n'est qu'au milieu du XVIIIe siècle, le siècle des lumières, que le mot "systématique" se trouvera associé principalement aux sciences naturelles (…) Cela, suite à la publication en Suède des douze premières éditions (en latin) du Systema Naturae ('Système de la Nature'), de 1735 à 1768. Une œuvre considérable, le produit du travail intense et persistant d'un naturaliste suédois, Linné, assisté de ses étudiants (…)
La tomate, bien que sa découverte dans le Nouveau Monde fût relativement récente (datant du XVIe siècle seulement), se voyait quand même attribuée de nombreux noms vernaculaires, parfois plusieurs dans une même langue (…)
La clef de voûte du système linnéen était le nom binomial (…) Linné l'étendra à la zoologie. Le nom de genre, qui prend toujours une majuscule (par exemple Lycopersicon), est biunivoque, c'est-à-dire que chaque type générique a son nom de genre qui lui est exclusif. Un genre peut contenir plusieurs espèces, des formes qui, dans la nature, ne se croisent pas entre elles, soit par impossibilité biologique, soit par un comportement d'évitement, ou à cause d'une barrière géographique.
Le nom d'espèce est binomial, c'est-à-dire qu'il est constitué du nom de genre suivi de la partie spécifique (p. ex. esculentum), qui est un qualificatif épithète (un adjectif le plus souvent, p. ex. l'espèce Homo sapiens, l'être humain, ainsi qualifié de 'sage ou savant' ; plus rarement un substantif, p. ex. Canis lupus, le loup) (…) le Systema Naturae. La dernière édition de celui-ci à se trouver rédigée par les soins de Linné, la 12e, faisait 2'441 ages (en trois volumes, de zoologie, botanique et minéralogie, publiés en 1766-1768) et sera un pilier des sciences naturelles, dans les dernières décennies du XVIII siècle (…)
On sait maintenant, grâce à un siècle et demi de sciences évolutionnistes (dont la paléontologie), que sans le fil d'Ariane de l'évolution et de la phylogénétique, toute tentative de classification naturelle des êtres vivants se révèle une tâche plus que délicate... car on ne sait pas par quel bout l'entreprendre. Que signifie un "ordre naturel" s'il n'est pas fondé sur les dérivations évolutives et phylogénétiques des espèces ? (…)
Si l'on détermine que l'oreille moyenne d'un crâne fossilisé est formée de trois petits os, ni plus ni moins... alors il s'agit d'un mammifère.
(…) on réalisa au XVIII siècle que la catégorie "vertébrés volants" était elle aussi une vue de l’es-prit ; d'une part parce que, selon un critère décisif (la présence de plumes) les oiseaux incapables de vol (les ratites) devaient quand même être rattachés aux oiseaux normaux, capables de vol ; d'autre part parce que les chiroptères (les chauves-souris) devaient être rattachés aux mammifères, selon d'autres critères importants (lactation, présence de poils) (…)
En 1784 on découvrait un fossile de ptérodactyle et en 1801 le naturaliste français Georges Cuvier [1773-1838] déterminait qu'il s'agissait d'un reptile volant. Seuls les adeptes de l'existence (passée) des dragons trouvèrent cela tout à fait normal… (…) Aussi fallut-il la découverte d'un fossile de ptéranodon en 1870 pour que la communauté scientifique reconnaisse qu'en définitive la capacité de soutenir un vol actif s'était, dans ce cas également, développée de façon indépendante : les ptérosaures n'avaient été ni des chauve-souris, ni des oiseaux (…) les ptérosaures étaient plus proches des oiseaux que des chiroptères (…) Au sol, lorsqu'ils se dressaient debout, certains d'entre eux avaient la taille d'une girafe ! (…)
Le Mésozoïque fut l'ère secondaire [252-66 Ma], celle des dinosaures, mais aussi celle des reptiles marins (…) ainsi que celle des reptiles volants, les ptérosaures (…)
La conclusion s’impose : le vol battu ou actif est apparu par cinq fois au moins dans l'histoire naturelle, indépendamment les unes des autres - plusieurs fois parmi les insectes, et parmi les vertébrés une fois avec les ptérosaures, une fois avec les oiseaux, une troisième fois avec les chiroptères. Des phylons qui avaient des caractéristiques bien déterminées et au sein desquels, dans certaines lignées, le vol actif s'était surajouté (…)
Ces caractéristiques étant apparues et s'étant développées plus d'une fois au cours de l'évolution, elles informent mal sur un héritage évolutif commun et on ne peut pas compter sur elles pour définir des relations phylétiques.
Par contre, le discernement et la sagacité exigent une suspension du sujet dans son élan vital... puis un travail ardu de recherche et de réflexion.
Tout le long d'une vie, trop chaotique à mon goût et si courte en définitive (sauf en alignant les mauvais moments), je me suis appliqué à comprendre le monde dans sa stimulante pluralité, enchanteresse. À l'apprécier pour ce qu'il est, malgré ses nombreux aspects déplaisants... et à en discerner les beautés, si rassurantes.
Par ailleurs, la créativité, qui permet l'établissement de nouveaux liens en cours de réflexion, est informalisable, donc improgrammable, même au sens le plus large du terme. Aussi s'efforce-t-on de l'imiter par des méthodes informatiques ne faisant pas vraiment appel à une programmation proprement dite.
Un mirage... Malgré ce que l'on essaie de faire accroire (et de vendre), un détecteur de motifs aussi efficace soit-il, n'est pas de l'intelligence - cette dernière n'est pas qu'une affaire d'étiquetage massif de données ("data labeling") par le biais d'un dit "réseau neuronal" (« neural network »). Pour autant qu'elle soit compétente et honnête, toute personne ayant travaillé dans le domaine l'I. A. reconnaît que des gens très compétents dans leur spécialité doivent longuement, laborieusement définir et programmer (quand même) beaucoup de connaissances, en tout genre... avant d'escompter un peu d'intelligence artificielle.
Que fait une petite araignée, enfermée pour des mois dans un placard, toute seule dans le noir, sans rien à manger? Elle tisse une toile, quand même... car c'est tout ce qu'elle sait faire. Et ça l'aide à finir sa vie... à défaut de survivre.
En science, les théoriciens sont tout aussi nécessaires que les observateurs et que les expérimentateurs. Certains sont un peu rémunérés pour leur travail, d'autres à peine. L'avantage matériel (et moral) des théoriciens reste qu'ils ont relativement peu de besoins financiers pour leur activité - ils sont donc les plus indépendants des chercheurs (…)
Il en est de même de la mathématique purement théorique, de la linguistique purement théorique, de la philosophie purement théorique (c'est-à-dire l'ontologie et la logique), l'informatique purement théorique... (…) ces disciplines n'appartiennent pas à la science, puisqu'elles ne traitent pas de sujets sur lesquels on puisse tenir des propos réfutables (…)
La frontière entre l'ingénierie et la science est assez mouvante, mais dans les grandes lignes l'ingénierie se préoccupe de faire... et la science de comprendre (…) Or, s'il n'y a pas d'ingénierie théorique, il y a des sciences qui sont théoriques dans une bonne mesure (par exemple celle des trous noirs : on ne peut les détecter qu’indirectement (…)
Un exemple typique : la théorie des cordes. Aussi difficile d'accès sur le plan intellectuel qu'elle est dénuée d'assise, cette théorie n'est pas prouvable, car on ne peut pas concevoir des observations ou des expériences qui la confirmeraient, encore moins l’infirmeraient (…)
Une théorie, ou une hypothèse, si elles ne prêtent pas le flanc à une infirmation éventuelle, si, par la façon même dont elles sont conçues et construites, elles ne se montrent pas réfutables, d'aucune manière… alors elles n'appartiennent pas au monde de la science.
(…) une science digne de ce nom se doit d'être à la fois descriptive et prédictive.
Mais on peut aussi se rappeler qu'il s'agit là d'une réalité où règne le chaos déterministe... et que l'on ne pourra jamais, de façon générale, mettre au point des modèles climatiques prédictifs pour le très long terme, que c'est une vue de l’esprit (…)
Notre planète a connu de nombreux âges glaciaires au cours de ses quatre milliards d'années d'existence (quatre millions de millénaires), de durées très variables (…) Le redoux actuel a commencé il y a 146 siècles (14,6 millénaires) ; abruptement interrompu il y a 128 siècles par un épisode de reglaciation, il reprit son cours il y a 116 siècles (…)
Dès 1980, les seuls modèles climatiques à être cotés et dont les simulations se trouvaient publiées étaient ceux-là qui annonçaient un réchauffement planétaire irréversible d'origine anthropogénique, des conditions torrides qui entraîneraient une fonte extensive des pôles pour l'an 2000. A partir de la fin des années 90, l'échéance fatale était repoussée à 2020. Depuis 2015, on évoque plutôt 2035, ou 2040 (on remarque qu'il s'agit tout le long d'échéances assez proches pour que l'on sonne l'alerte, assez éloignées toutefois pour que leurs auteurs n'aient pas à assumer, dans leur carrière professionnelle, la responsabilité de leurs propos alarmants).
Pourtant, comme on l'a vu, le chaos déterministe ne permet pas ce genre de prévisions à moyen ou long terme. Cela n'empêche pas que des décisions planétaires majeures de gestion des ressources énergétiques ont été prises et sont prises en se basant sur des prévisions de ce type.
Évidemment, il se peut que dans les coulisses les objectifs réels soient d'ordre politique et liés à la grande finance internationale (…)
La Terre aussi connaît un effet de serre, qui est bénéfique pour la troisième planète du système solaire. Sans cet effet de serre, elle ne serait qu'une boule de glace. Pourrait-il s'emballer toutefois, et cette belle planète pourrait-elle connaître le sort de Vénus?
On se rassure en se rappelant que la planète Terre est 39% plus éloignée du soleil que ne l'est Vénus, la deuxième planète du système solaire, et reçoit de la sorte environ moitié moins de rayonnement solaire par unité de surface (…) dans le passé de la Terre il y a eu nombre d’épisodes climatiques beaucoup plus chauds, globalement, que l'époque actuelle. Ces épisodes climatiques très chauds étaient généralement (mais pas toujours, et c'est là une difficulté) associés à un taux CO2 atmosphérique plusieurs fois plus élevé que le taux actuel (…)
Si on a de l'intérêt pour les plantes et de la mémoire, le réchauffement local de ces dernières décennies se voit.
Il reste à savoir si ce réchauffement évident est dû à des circonstances météorologiques se répétant sur des décennies, ou à des conditions climatiques ayant légèrement changé dans l'espace alpin voire dans l'espace européen et péri-européen (on pense aux grands courants marins, le Gulf Stream en particulier)... ou alors, à un changement essentiel du régime thermique global.
Dans le troisième cas, il importerait d'en déterminer les causes réelles, probablement plurielles, sans que l'on se trouve contraint de prendre en compte uniquement celle qu'ont supputée les intérêts de la grande finance et de la grande politique (une augmentation anthropique CO2 atmosphérique) (…)
Plus essentiellement, il faut garder à l'esprit que le chaos déterministe (c'est-à-dire l'extrême sensibilité aux conditions initiales) règne en climatologie, rendant illusoires toutes les prévisions... et excessive la panique monomaniaque actuelle. Il y a bien d'autres sujets de préoccupation environnementaux, incontestablement anthropogéniques, plus immédiats, plus réels... et beaucoup plus inquiétants pour la planète. Par exemple, la pollution par le plastique. Ou encore la
destruction irréversible des derniers biotopes naturels et l'extinction à grande échelle des espèces animales et végétales, directement causées par les êtres humains... La liste est longue.
Si l'on ne dispose pas de données paléontologiques en nombre suffisant, permettant de bien contraindre la reconstitution phylogénétique, on se retrouve très vite en présence d'une multitude de scénarios évolutifs possibles... tous aussi faiblement probables les uns que les autres.
C'est également par goût personnel, et non par conviction morale ou intellectuelle, que je préfère, sur n'importe quel sujet de vie ou de réflexion, disposer de quelques données, même ternes et éparses, même sans lien apparent entre elles, que de quelques idées, même brillantes, si ces dernières ne semblent pas solidement fondées.
En quelques décennies, on aura vu, dans une tendance générale de la société, le monde de la science glisser vers le subjectif et l'imaginaire.
Le constat de l'auteur n'est pas du tout imaginaire, et à peine subjectif de sa part. En l'espace de cinquante ans, il aura lu une dizaine de milliers d'articles scientifiques (sans compter les entrefilets), dans des revues spécialisées comme dans des magazines de vulgarisation qui étaient de qualité.
Il a toujours en sa possession, entre autres, les numéros du Scientific American de 1962-1997, ainsi que ceux de La Recherche de 1976-1998. Cette continuité dans le temps lui a permis de comparer, attentivement, des articles ayant pratiquement le même titre, destinés au même public, publiés à une ou deux décennies d'intervalle. En dehors des détails scientifiques qui peuvent varier d'une décennie à l'autre (mais pas autant que ce à quoi l'on aurait pu s’attendre !), cette comparaison dans le temps se révèle très intéressante...
Ces deux mensuels étaient de haute tenue jusqu’à 1990 environ (…)
Un exemple typique d'idées para-scientifiques de ce genre, qui ne sont pas cadrées ni bornées par des éléments objectifs : la théorie des cordes, obscure et compliquée à souhait… Malheureusement, elle est non seulement sans la moindre assise observationnelle, si l'on peut dire, mais elle est impossible à tester !
(…) au cours d'une nuit passée à dormir il y a cinq stades de sommeil, physiologiquement très différents les uns des autres.
Les stades 1 et 2 forment le sommeil léger ; les stades 3 et 4, opaques, le sommeil profond. Les stades 2 et 5 sont peuplés de rêves ou de cauchemars (le stade 5 est qualifié de "sommeil paradoxal").
(…) si l'on investigue en profondeur, le constat s’impose : le savoir est superficiel... et très incomplet.
Voyons... Ai-je contribué à un monde un peu moins cruel ? Hum... J'ai à peine influé sur le déroulement de ma vie... encore moins sur son orientation.
Au fond, le mieux que je pourrai dire, c'est que j'aurai tenté de comprendre, afin d'agir au mieux, afin de faire le moins de mal possible autour de moi. Énergie nette très limitée toutefois, petite portée…
La connaissance est un dédale, l'absence de connaissances est un marécage.
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